TourMaG.com - Qu'avez-vous pensé des derniers mois écoulés ?
Guillaume Cromer : Il y a eu énormément d'appels et de manifestes, pour imaginer le monde d'après covid-19, plus durable et respectueux.
Le nôtre portait sur une transformation du tourisme, car nous pensons que le moment était propice pour changer les bases et ne pas repartir comme en 40.
Selon nous cette industrie du tourisme portée par une vision autour de la croissance à tout prix, et très libérale, ne va pas dans le bon sens, notamment en raison des urgences climatiques et sociales.
Voir l'écosystème phosphorer sur "l'après" était plutôt intéressant, même si à un moment trop de manifestes tuent les manifestes.
Néanmoins cela a permis de faire du bruit et de faire prendre conscience aux décideurs de la nécessité d'intégrer plus de durabilité dans le tourisme de demain.
TourMaG.com - Entre les paroles et les actes, la différence est bien souvent très grande...
Guillaume Cromer : Il va falloir transformer tout ça en une réalité.
Quand je vois les groupes Facebook, je trouve ça très bien, mais il sera important pour eux d'élaborer des stratégies, s'ils veulent faire changer les choses.
C'est en quelque sorte ce que nous essayons de faire chez ATD.
Nous sommes dans le concret en travaillant avec les décideurs, pour concrétiser nos idées par des amendements, des modifications de la législation, etc.
TourMaG.com - Avec cette crise, la question de la durabilité du tourisme n'a jamais autant été mise en avant. Le soufflet peut-il retomber ?
Guillaume Cromer : Je pense que des choses vont rester.
Quand je lis l'interview de Jean Pinard dans TourMaG.com, vous voyez bien que nous avons des décideurs qui ont une vision forte et concrète d'une autre trajectoire pour le tourisme.
Nous sentons bien que l'enjeu du tourisme en France est politique, il est lié aux décideurs pas simplement à une vision de marché.
J'ai pu échanger avec différents sénateurs, lors des travaux durant la crise, et certains m'ont dit que le tourisme durable est tout petit et qu'il a du mal à prendre, sauf qu'ils se trompent !
Le tourisme durable n'est pas un marché, c'est politique. Les choix que nous ferons, modifieront la manière de consommer des voyageurs.
Il est triste de voir l'archaïsme de personnes qui valident les lois, concernant les enjeux du tourisme.
Guillaume Cromer : Il y a eu énormément d'appels et de manifestes, pour imaginer le monde d'après covid-19, plus durable et respectueux.
Le nôtre portait sur une transformation du tourisme, car nous pensons que le moment était propice pour changer les bases et ne pas repartir comme en 40.
Selon nous cette industrie du tourisme portée par une vision autour de la croissance à tout prix, et très libérale, ne va pas dans le bon sens, notamment en raison des urgences climatiques et sociales.
Voir l'écosystème phosphorer sur "l'après" était plutôt intéressant, même si à un moment trop de manifestes tuent les manifestes.
Néanmoins cela a permis de faire du bruit et de faire prendre conscience aux décideurs de la nécessité d'intégrer plus de durabilité dans le tourisme de demain.
TourMaG.com - Entre les paroles et les actes, la différence est bien souvent très grande...
Guillaume Cromer : Il va falloir transformer tout ça en une réalité.
Quand je vois les groupes Facebook, je trouve ça très bien, mais il sera important pour eux d'élaborer des stratégies, s'ils veulent faire changer les choses.
C'est en quelque sorte ce que nous essayons de faire chez ATD.
Nous sommes dans le concret en travaillant avec les décideurs, pour concrétiser nos idées par des amendements, des modifications de la législation, etc.
TourMaG.com - Avec cette crise, la question de la durabilité du tourisme n'a jamais autant été mise en avant. Le soufflet peut-il retomber ?
Guillaume Cromer : Je pense que des choses vont rester.
Quand je lis l'interview de Jean Pinard dans TourMaG.com, vous voyez bien que nous avons des décideurs qui ont une vision forte et concrète d'une autre trajectoire pour le tourisme.
Nous sentons bien que l'enjeu du tourisme en France est politique, il est lié aux décideurs pas simplement à une vision de marché.
J'ai pu échanger avec différents sénateurs, lors des travaux durant la crise, et certains m'ont dit que le tourisme durable est tout petit et qu'il a du mal à prendre, sauf qu'ils se trompent !
Le tourisme durable n'est pas un marché, c'est politique. Les choix que nous ferons, modifieront la manière de consommer des voyageurs.
Il est triste de voir l'archaïsme de personnes qui valident les lois, concernant les enjeux du tourisme.
"Mon optimisme par rapport au vent de changement qui soufflait... est en train de retomber"
TourMaG.com - Pour continuer sur la politique, le tourisme durable a été dans toutes les bouches des ministres, députés et sénateurs français. Sauf qu'au moment de dévoiler les plans de relance, où se trouve-t-il ?
Guillaume Cromer : Je ne sais pas vraiment, il faut aussi se demander comment nos politiques perçoivent la notion de durabilité du tourisme.
Ils ont une vision qui se résume seulement à la croissance verte, ils ne veulent pas entendre parler de décroissance.
Pour Bruno Le Maire la dette contractée, durant le covid, sera remboursée par la croissance et non par les impôts.
Il faut arrêter de croire que la croissance va perdurer ad vitam aeternam, nous ne sommes plus pendant les 30 glorieuses. Nous allons devoir considérer que notre économie ne peut fonctionner sur ce seul levier.
TourMaG.com - D'autant plus que nous avons vu les limites de notre économie et de notre monde globalisés...
Guillaume Cromer : Bien sûr, c'est étonnant que nous puissions repartir avec les mêmes codes.
Quand je vois les annonces du président Macron sur le plan de relance de l'automobile, le monde d'après pourrait fortement ressembler à celui d'avant.
Mon optimisme par rapport au vent de changement qui soufflait pendant le confinement est en train de retomber un petit peu, avec les annonces.
Nous allons encore avoir des combats à mener pour essayer de bousculer le système.
TourMaG.com - Dans le manifeste d'ATD, quels étaient les grands axes pour que, selon vous, le tourisme prenne la bonne trajectoire ?
Guillaume Cromer : Le premier est logique, il vise à intégrer la sobriété carbone au plan de développement et de transition du tourisme.
Le président Macron en avait parlé lors d'une conférence récente, mais l'idée a été vite abandonnée.
La base de la stratégie touristique doit reposer sur la sobriété carbone, tout en adaptant l'ensemble de la politique touristique par rapport à cette fameuse question.
Aujourd'hui, nous faisons tout le contraire en donnant 7 milliards d'euros à Air France et que derrière l'engagement environnemental pèse 0,5% des émissions de gaz à effet de serre, d'après certains acteurs engagés sur la question.
Un moment donné, il va falloir des engagements forts et faire re-basculer la stratégie du tourisme de la France, autour de la sobriété carbone.
TourMaG.com - L'Europe représente plus de 440 millions d'habitants mais nous n'avons toujours aucun réseau ferroviaire de dimension continentale. L'Europe a-t-elle loupé quelque chose ?
Guillaume Cromer : C'est une évidence, je partage votre analyse.
L'Europe a un véritable rôle à jouer pour que derrière, nous ayons un maillage européen pour se déplacer facilement en train de jour ou nuit.
Des acteurs comme Trainline ont fait un travail impressionnant en nouant des partenariats avec l'ensemble des compagnies, mais à un moment donné la question des lignes et du maillage doit être posée.
L'Union européenne devrait plutôt soutenir ce développement plutôt que d'appuyer sur l'aérien, il y a un enjeu très fort.
La députée européenne Karima Delli travaille énormément sur cette problématique, il serait bien que la France soutienne ses travaux.
Guillaume Cromer : Je ne sais pas vraiment, il faut aussi se demander comment nos politiques perçoivent la notion de durabilité du tourisme.
Ils ont une vision qui se résume seulement à la croissance verte, ils ne veulent pas entendre parler de décroissance.
Pour Bruno Le Maire la dette contractée, durant le covid, sera remboursée par la croissance et non par les impôts.
Il faut arrêter de croire que la croissance va perdurer ad vitam aeternam, nous ne sommes plus pendant les 30 glorieuses. Nous allons devoir considérer que notre économie ne peut fonctionner sur ce seul levier.
TourMaG.com - D'autant plus que nous avons vu les limites de notre économie et de notre monde globalisés...
Guillaume Cromer : Bien sûr, c'est étonnant que nous puissions repartir avec les mêmes codes.
Quand je vois les annonces du président Macron sur le plan de relance de l'automobile, le monde d'après pourrait fortement ressembler à celui d'avant.
Mon optimisme par rapport au vent de changement qui soufflait pendant le confinement est en train de retomber un petit peu, avec les annonces.
Nous allons encore avoir des combats à mener pour essayer de bousculer le système.
TourMaG.com - Dans le manifeste d'ATD, quels étaient les grands axes pour que, selon vous, le tourisme prenne la bonne trajectoire ?
Guillaume Cromer : Le premier est logique, il vise à intégrer la sobriété carbone au plan de développement et de transition du tourisme.
Le président Macron en avait parlé lors d'une conférence récente, mais l'idée a été vite abandonnée.
La base de la stratégie touristique doit reposer sur la sobriété carbone, tout en adaptant l'ensemble de la politique touristique par rapport à cette fameuse question.
Aujourd'hui, nous faisons tout le contraire en donnant 7 milliards d'euros à Air France et que derrière l'engagement environnemental pèse 0,5% des émissions de gaz à effet de serre, d'après certains acteurs engagés sur la question.
Un moment donné, il va falloir des engagements forts et faire re-basculer la stratégie du tourisme de la France, autour de la sobriété carbone.
TourMaG.com - L'Europe représente plus de 440 millions d'habitants mais nous n'avons toujours aucun réseau ferroviaire de dimension continentale. L'Europe a-t-elle loupé quelque chose ?
Guillaume Cromer : C'est une évidence, je partage votre analyse.
L'Europe a un véritable rôle à jouer pour que derrière, nous ayons un maillage européen pour se déplacer facilement en train de jour ou nuit.
Des acteurs comme Trainline ont fait un travail impressionnant en nouant des partenariats avec l'ensemble des compagnies, mais à un moment donné la question des lignes et du maillage doit être posée.
L'Union européenne devrait plutôt soutenir ce développement plutôt que d'appuyer sur l'aérien, il y a un enjeu très fort.
La députée européenne Karima Delli travaille énormément sur cette problématique, il serait bien que la France soutienne ses travaux.
"Il faut repenser le tourisme, en y voyant une opportunité économique"
TourMaG.com - Discutez-vous avec Jean-Baptiste Lemoyne sur le tourisme d'après ? Notamment social ?
Guillaume Cromer : Nous avons des échanges réguliers par le biais du comité de filière tourisme, nous lui avons fait remonter tout ce dont nous avons parlé plus haut.
Pour en venir au tourisme social ou solidaire, historiquement le bébé a été donné à l'UNAT, sauf qu'il nous faut une vision plus stratégique.
Le tourisme social doit être inclus dans les réflexions des professionnels du tourisme classique.
Bien souvent, le traitement de cette problématique se résume par une aide au départ, puis l'adaptation de certains hébergements en fonction de ce public.
Il faut repenser tout ça, en voyant dans ce tourisme une opportunité économique, comme un levier.
Il faut aussi se rendre compte que ces acteurs sont un peu perdus, car leur modèle économique est lié aux subventions publiques. Ils ont pourtant des offres de qualité, il serait plus malin de communiquer sur le rapport qualité-prix.
Il serait judicieux de les accompagner dans un travail marketing, pour faire prendre conscience à leur public qu'aller chez eux c'est aussi passer un moment agréable et pas seulement un produit réservé à une clientèle n'ayant pas les moyens.
C'est un sujet complexe, car certains acteurs ne sont pas armés.
TourMaG.com - Nous en revenons toujours à cette problématique du tourisme : un secteur qui avance comme un poulet sans tête...
Guillaume Cromer : Il n'y a aucune stratégie.
Personne n'a jamais lu un document avec des grandes lignes directrices et un plan pour le tourisme en France.
Dans d'autres pays, des stratégies existent, elles sont rédigées de A à Z, avec un plan d'action précis, un positionnement assumé, des cibles prioritaires à toucher, des outils de pilotage pour savoir si le travail marketing fonctionne ou pas.
Ce travail est fait dans les territoires, mais pourquoi n'est-il pas mené au niveau national ? Nous réclamons une stratégie forte, assumée et ambitieuse de développement du tourisme en France.
Il ne faut pas que cela se résume à un chiffre de touristes internationaux.
TourMaG.com - Cela se résume à l'absence d'un ministre ad hoc selon vous ?
Guillaume Cromer : Avoir un ministère du tourisme, je ne vois pas l'intérêt, si nous avons toujours les mêmes aux manettes.
D'ailleurs, il serait intéressant de se pencher sur ce qu'il se passe dans le cabinet du secrétaire d'Etat où il y a un turn-over énorme depuis quelques années.
Personne ne se pose la question : pourquoi les salariés ne restent pas ? En ce moment, il n'y a même plus de directeur de cabinet.
Il est nécessaire d'avoir un pilote et pas nécessairement un ministre, qui pourrait être remis en question à chaque élection.
Guillaume Cromer : Nous avons des échanges réguliers par le biais du comité de filière tourisme, nous lui avons fait remonter tout ce dont nous avons parlé plus haut.
Pour en venir au tourisme social ou solidaire, historiquement le bébé a été donné à l'UNAT, sauf qu'il nous faut une vision plus stratégique.
Le tourisme social doit être inclus dans les réflexions des professionnels du tourisme classique.
Bien souvent, le traitement de cette problématique se résume par une aide au départ, puis l'adaptation de certains hébergements en fonction de ce public.
Il faut repenser tout ça, en voyant dans ce tourisme une opportunité économique, comme un levier.
Il faut aussi se rendre compte que ces acteurs sont un peu perdus, car leur modèle économique est lié aux subventions publiques. Ils ont pourtant des offres de qualité, il serait plus malin de communiquer sur le rapport qualité-prix.
Il serait judicieux de les accompagner dans un travail marketing, pour faire prendre conscience à leur public qu'aller chez eux c'est aussi passer un moment agréable et pas seulement un produit réservé à une clientèle n'ayant pas les moyens.
C'est un sujet complexe, car certains acteurs ne sont pas armés.
TourMaG.com - Nous en revenons toujours à cette problématique du tourisme : un secteur qui avance comme un poulet sans tête...
Guillaume Cromer : Il n'y a aucune stratégie.
Personne n'a jamais lu un document avec des grandes lignes directrices et un plan pour le tourisme en France.
Dans d'autres pays, des stratégies existent, elles sont rédigées de A à Z, avec un plan d'action précis, un positionnement assumé, des cibles prioritaires à toucher, des outils de pilotage pour savoir si le travail marketing fonctionne ou pas.
Ce travail est fait dans les territoires, mais pourquoi n'est-il pas mené au niveau national ? Nous réclamons une stratégie forte, assumée et ambitieuse de développement du tourisme en France.
Il ne faut pas que cela se résume à un chiffre de touristes internationaux.
TourMaG.com - Cela se résume à l'absence d'un ministre ad hoc selon vous ?
Guillaume Cromer : Avoir un ministère du tourisme, je ne vois pas l'intérêt, si nous avons toujours les mêmes aux manettes.
D'ailleurs, il serait intéressant de se pencher sur ce qu'il se passe dans le cabinet du secrétaire d'Etat où il y a un turn-over énorme depuis quelques années.
Personne ne se pose la question : pourquoi les salariés ne restent pas ? En ce moment, il n'y a même plus de directeur de cabinet.
Il est nécessaire d'avoir un pilote et pas nécessairement un ministre, qui pourrait être remis en question à chaque élection.
TourMaG.com - Un rôle qui pourrait revenir à Atout France ?
Guillaume Cromer : Peut-être, mais il faut lui donner les moyens de pouvoir le faire.
Atout France devrait avoir une légitimité sur la base, à savoir l'ensemble des territoires français, ce qui n'est pas le cas, ils sont plutôt critiques.
Ils font le boulot au niveau de la notoriété et la promotion, mais ils font aussi normalement un gros travail d'ingénierie, mais ils n'ont pas encore un travail de pilotage.
TourMaG.com - Vous êtes en contact avec les professionnels du tourisme, devant les micros, ils parlent tous d'une prise de conscience par rapport au tourisme durable. Dans la réalité est-ce aussi le cas ?
Guillaume Cromer : Je pense qu'ils vont dans le sens du discours latent autour du changement, mais au fond d'eux si derrière un nombre important de clients peut signer, ils vont en profiter.
La prise de conscience n'est pas vraiment là.
Ils n'ont pas totalement vrillé, par rapport aux futures crises qui arriveront prochainement concernant le réchauffement climatique.
Si ce n'est les Capestan et Rial qui ont une vision d'anticipation de l'avenir, avec des voyages plus chers.
Ils prennent conscience que leur modèle économique est clairement en danger, ils se positionnent pour anticiper ces changements et les rendre acceptables à la clientèle.
Sauf que tout le monde ne fait pas cet exercice-là, alors que ces questions vont se poser et la véritable résilience se trouve là.
TourMaG.com - Pourtant Asia en a été le parfait exemple, mais un peu raillé aussi par une partie de la profession avec sa production France ?
Guillaume Cromer : En tant que chef d'entreprise d'un tour-opérateur spécialiste de l'international, j'aurais fait exactement la même chose.
Alors que les voyages en Asie ne sont pas près de reprendre, donc les commandes ne tomberont pas pendant de nombreux mois, il y a deux stratégies, celle de l'autruche et attendre, l'autre étant d'être proactif.
Il est possible de raconter une autre histoire par rapport à la culture asiatique, mais en France, en leur amenant une expérience autour de l'identité qui fait la force d'Asia auprès de sa clientèle.
C'est très malin, c'est exactement la définition même de l'agilité d'une entreprise. Il n'avait pas anticipé cette possibilité, provoqué par la crise, mais il profite aussi de ce temps pour réfléchir à un autre business modèle potentiel.
Je ne comprends pas ces railleries, c'est courageux et intelligent, puis ça montre une forme de résilience pour sauver les emplois.
Guillaume Cromer : Peut-être, mais il faut lui donner les moyens de pouvoir le faire.
Atout France devrait avoir une légitimité sur la base, à savoir l'ensemble des territoires français, ce qui n'est pas le cas, ils sont plutôt critiques.
Ils font le boulot au niveau de la notoriété et la promotion, mais ils font aussi normalement un gros travail d'ingénierie, mais ils n'ont pas encore un travail de pilotage.
TourMaG.com - Vous êtes en contact avec les professionnels du tourisme, devant les micros, ils parlent tous d'une prise de conscience par rapport au tourisme durable. Dans la réalité est-ce aussi le cas ?
Guillaume Cromer : Je pense qu'ils vont dans le sens du discours latent autour du changement, mais au fond d'eux si derrière un nombre important de clients peut signer, ils vont en profiter.
La prise de conscience n'est pas vraiment là.
Ils n'ont pas totalement vrillé, par rapport aux futures crises qui arriveront prochainement concernant le réchauffement climatique.
Si ce n'est les Capestan et Rial qui ont une vision d'anticipation de l'avenir, avec des voyages plus chers.
Ils prennent conscience que leur modèle économique est clairement en danger, ils se positionnent pour anticiper ces changements et les rendre acceptables à la clientèle.
Sauf que tout le monde ne fait pas cet exercice-là, alors que ces questions vont se poser et la véritable résilience se trouve là.
TourMaG.com - Pourtant Asia en a été le parfait exemple, mais un peu raillé aussi par une partie de la profession avec sa production France ?
Guillaume Cromer : En tant que chef d'entreprise d'un tour-opérateur spécialiste de l'international, j'aurais fait exactement la même chose.
Alors que les voyages en Asie ne sont pas près de reprendre, donc les commandes ne tomberont pas pendant de nombreux mois, il y a deux stratégies, celle de l'autruche et attendre, l'autre étant d'être proactif.
Il est possible de raconter une autre histoire par rapport à la culture asiatique, mais en France, en leur amenant une expérience autour de l'identité qui fait la force d'Asia auprès de sa clientèle.
C'est très malin, c'est exactement la définition même de l'agilité d'une entreprise. Il n'avait pas anticipé cette possibilité, provoqué par la crise, mais il profite aussi de ce temps pour réfléchir à un autre business modèle potentiel.
Je ne comprends pas ces railleries, c'est courageux et intelligent, puis ça montre une forme de résilience pour sauver les emplois.
Production France d'Asia : "je trouve que ce qu'a fait Guillaume Linton est très bien..."
TourMaG.com - Selon vous, la stratégie d'Asia aurait dû être la même pour les autres TO ?
Guillaume Cromer : Etre chef d'entreprise c'est aussi trouver des solutions et pas juste attendre la survie en provenance des aides de l'Etat français.
Je trouve que ce qu'a fait Guillaume Linton est très bien, après il va pouvoir regarder comment évolue son business.
TourMaG.com - Pour conclure, pensez-vous que le comportement des voyageurs va durablement changer ?
Guillaume Cromer : De ce que j'ai lu, sur l'Obsoco (Observatoire Société et Consommation, ndlr) nous risquons d'avoir un clivage exacerbé, entre ceux qui vont se radicaliser dans les questions de consommation, puis les autres qui seront passifs en continuant à consommer comme avant.
Nous risquons d'observer de plus en plus de conflits entre ces deux typologiques de consommateurs, chose observée sur les réseaux sociaux, avec les moqueries de ceux qui se sont rués chez MacDo ou Zara.
Pour conquérir cette clientèle qui sera dans la dé-consommation, l'enjeu sera énorme pour les tour-opérateurs afin de les convaincre à dépenser de l'argent dans un voyage.
Ce dernier devra avoir un sens énorme et les flux financiers très transparents.
TourMaG.com - Est-ce à l'Etat français de régler la problématique de l'éthique dans la distribution sur le digital ?
Guillaume Cromer : Le débat sur la création d'une OTA à la française est intéressant à vivre et animer. Après nous avons un petit historique sur les projets bancals du gouvernement français.
Il est intéressant de réfléchir à une stratégie de contre par rapport aux géants du tourisme, mais cela ne doit pas se faire à l'échelle nationale mais européenne.
Aujourd'hui il y a un quasi-monopole de Booking. A un moment nous allons devoir nous positionner pour améliorer non pas le canal de vente, mais le business modèle de la distribution.
Il va être important de casser les monopoles et les oligopoles, quand vous voyez la problématique de Qwant (moteur de recherche français, ndlr) pour exister, ce ne sera pas facile.
Je ne sais pas si la réponse réside dans la création d'un OTA ou alors doit-elle être législative, la réflexion doit être menée avec les acteurs publics et privés.
Guillaume Cromer : Etre chef d'entreprise c'est aussi trouver des solutions et pas juste attendre la survie en provenance des aides de l'Etat français.
Je trouve que ce qu'a fait Guillaume Linton est très bien, après il va pouvoir regarder comment évolue son business.
TourMaG.com - Pour conclure, pensez-vous que le comportement des voyageurs va durablement changer ?
Guillaume Cromer : De ce que j'ai lu, sur l'Obsoco (Observatoire Société et Consommation, ndlr) nous risquons d'avoir un clivage exacerbé, entre ceux qui vont se radicaliser dans les questions de consommation, puis les autres qui seront passifs en continuant à consommer comme avant.
Nous risquons d'observer de plus en plus de conflits entre ces deux typologiques de consommateurs, chose observée sur les réseaux sociaux, avec les moqueries de ceux qui se sont rués chez MacDo ou Zara.
Pour conquérir cette clientèle qui sera dans la dé-consommation, l'enjeu sera énorme pour les tour-opérateurs afin de les convaincre à dépenser de l'argent dans un voyage.
Ce dernier devra avoir un sens énorme et les flux financiers très transparents.
TourMaG.com - Est-ce à l'Etat français de régler la problématique de l'éthique dans la distribution sur le digital ?
Guillaume Cromer : Le débat sur la création d'une OTA à la française est intéressant à vivre et animer. Après nous avons un petit historique sur les projets bancals du gouvernement français.
Il est intéressant de réfléchir à une stratégie de contre par rapport aux géants du tourisme, mais cela ne doit pas se faire à l'échelle nationale mais européenne.
Aujourd'hui il y a un quasi-monopole de Booking. A un moment nous allons devoir nous positionner pour améliorer non pas le canal de vente, mais le business modèle de la distribution.
Il va être important de casser les monopoles et les oligopoles, quand vous voyez la problématique de Qwant (moteur de recherche français, ndlr) pour exister, ce ne sera pas facile.
Je ne sais pas si la réponse réside dans la création d'un OTA ou alors doit-elle être législative, la réflexion doit être menée avec les acteurs publics et privés.