Entre février 2020 et février 2021, le secteur de l'hôtellerie-restauration a perdu 237 000 salariés (DARES). Pour pallier ce déficit, l’UMIH préconise d’augmenter les salaires, de verser un 13e mois et de libérer un week-end par mois. - DR : Depositphotos.
Augmenter les salaires, percevoir un 13e mois, bénéficier d’un week-end de repos mensuel... C’est en substance ce que préconise l’UMIH pour lutter contre la pénurie de main-d'œuvre du secteur de l’hôtellerie-restauration.
Les organisations patronales et syndicales de l’hôtellerie-restauration cherchent à rendre attractif le secteur et à fidéliser leurs collaborateurs. Elles se réuniront d’ailleurs le 18 novembre 2021 pour traiter du sujet.
« Qu’il faille se remettre en cause, c’est évident. On réfléchit à rendre attractif notre branche. Oui, ce sont des sujets discutés avec les organismes sociaux et patronaux.
C’est en négociation. D’ici la fin de l’année, sortira une liste de propositions. On espère arriver à un accord pour redorer le blason de notre activité », répond prudemment Emmanuel Achard, président de la commission sociale du GNI.
Lire aussi : Hausse des salaires, 13e mois : que propose l'UMIH pour la restauration ?
Les organisations patronales et syndicales de l’hôtellerie-restauration cherchent à rendre attractif le secteur et à fidéliser leurs collaborateurs. Elles se réuniront d’ailleurs le 18 novembre 2021 pour traiter du sujet.
« Qu’il faille se remettre en cause, c’est évident. On réfléchit à rendre attractif notre branche. Oui, ce sont des sujets discutés avec les organismes sociaux et patronaux.
C’est en négociation. D’ici la fin de l’année, sortira une liste de propositions. On espère arriver à un accord pour redorer le blason de notre activité », répond prudemment Emmanuel Achard, président de la commission sociale du GNI.
Lire aussi : Hausse des salaires, 13e mois : que propose l'UMIH pour la restauration ?
Recommandations réalistes ou effet d’annonce ?
Si dans l’ensemble, les professionnels interrogés s’accordent à dire qu’augmenter les salaires est nécessaire, ils pensent aussi que cela ne sera pas suffisant.
« Une incitation financière seule ne convaincra pas nos salariés à rester dans la profession et ne permettra pas d’en recruter de nouveaux », affirme Frédéric Puythorac, président de la coopérative The Originals.
Le réseau d’indépendants est d’accord sur le principe d’augmenter les salaires, mais veut aller plus loin en renforçant l'amplitude de la grille conventionnelle pour accroitre les perspectives d’évolution. « Les salaires des premiers échelons sont trop proches de ceux des niveaux intermédiaires si bien que la perspective d'une meilleure rémunération, quand on prend des responsabilités n'existe plus », justifie-il.
La priorité selon Florent Malbranche, CEO de Brigad, plateforme de mise en relation de travailleurs en freelance avec des hôtels et restaurants, est « que toutes les heures travaillées soient payées ! Aujourd’hui, dans l’hôtellerie-restauration, quand on signe un contrat à 35h hebdomadaires, on en réalise 50 avec un salaire au smic. C’est le plus gros problème. »
Pour lui, la solution : c’est de « Mieux payer les gens, les payer pour la quantité de travail fournie et leur donner plus de flexibilité. »
« Il faut absolument changer notre façon de travailler pour que les collaborateurs s’épanouissent. Pour lutter contre la pénurie de main d’œuvre, le marché doit se transformer pour conquérir de nouveaux travailleurs.
Ça passe par des mesures pour le bien-être et le confort des salariés. Il existe des solutions, mais elles doivent être adaptées à chaque employeur. Les préconisations de l’UMIH sont des mesures correctives et d’amélioration, mais ça ne peut pas être le triptyque à appliquer pour chaque entreprise », exprime Valentin Fétiveau, directeur de la restauration de Pedzouille, le rooftop de l’Hôtel Novotel Paris Porte de Versailles.
LIRE AUSSI : Hôtellerie-Restauration : Brigad, l’appli qui permet de recruter des extras par SMS
« Une incitation financière seule ne convaincra pas nos salariés à rester dans la profession et ne permettra pas d’en recruter de nouveaux », affirme Frédéric Puythorac, président de la coopérative The Originals.
Le réseau d’indépendants est d’accord sur le principe d’augmenter les salaires, mais veut aller plus loin en renforçant l'amplitude de la grille conventionnelle pour accroitre les perspectives d’évolution. « Les salaires des premiers échelons sont trop proches de ceux des niveaux intermédiaires si bien que la perspective d'une meilleure rémunération, quand on prend des responsabilités n'existe plus », justifie-il.
La priorité selon Florent Malbranche, CEO de Brigad, plateforme de mise en relation de travailleurs en freelance avec des hôtels et restaurants, est « que toutes les heures travaillées soient payées ! Aujourd’hui, dans l’hôtellerie-restauration, quand on signe un contrat à 35h hebdomadaires, on en réalise 50 avec un salaire au smic. C’est le plus gros problème. »
Pour lui, la solution : c’est de « Mieux payer les gens, les payer pour la quantité de travail fournie et leur donner plus de flexibilité. »
« Il faut absolument changer notre façon de travailler pour que les collaborateurs s’épanouissent. Pour lutter contre la pénurie de main d’œuvre, le marché doit se transformer pour conquérir de nouveaux travailleurs.
Ça passe par des mesures pour le bien-être et le confort des salariés. Il existe des solutions, mais elles doivent être adaptées à chaque employeur. Les préconisations de l’UMIH sont des mesures correctives et d’amélioration, mais ça ne peut pas être le triptyque à appliquer pour chaque entreprise », exprime Valentin Fétiveau, directeur de la restauration de Pedzouille, le rooftop de l’Hôtel Novotel Paris Porte de Versailles.
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Quid du 13e mois et du week-end off ?
Le secteur de l’hôtellerie-restauration est marqué par un fort taux de turn-over. Un 13e mois permettrait-il de maintenir en poste les travailleurs ?
« Les gens ne restent pas un an dans l’entreprise. Le 13e mois ne sert à rien », balaye d’un revers Florent Malbranche, CEO de Brigad, qui compte aujourd’hui 18 000 freelances et 10 000 restaurants répartis dans les 10 plus grandes villes de France. La plateforme enregistre d’ailleurs deux fois plus de demandes, aujourd’hui, par rapport à la période avant la crise sanitaire.
Frédéric Puythorac, de The Originals ne se montre pas plus convaincu par cette proposition : « Les saisonniers sont-ils concernés ? Sur quelle base ? S'agit-il d'un véritable treizième mois ou d'une prime avec un intéressement afin de redistribuer la richesse produite ? Les petites entreprises risquent d'y laisser des plumes si cette prime n'est pas corrélée à la performance de l'entreprise », s’inquiète-t-il.
Quid du week-end libéré ? Pour le président de la coopérative The Originals, il faudrait plutôt travailler sur un troisième jour de repos. « Souvent les salariés atteignent les 35 heures en quatre jours de travail. Peu importe que ces jours coïncident ou pas avec un week-end, le dialogue existe encore dans nos entreprises qui à 80% sont de petites entreprises », avance-t-il.
Dans son restaurant, Pedzouille, la Grange, Valentin Fétiveau libère des week-ends sur demande de ses salariés. « Il faut que les collaborateurs de la restauration ne se sentent pas lésés par les horaires et le travail le soir. Mais là encore, donner des week-ends dans l’hôtellerie-restauration veut dire augmenter la masse salariale. C’est le serpent qui se mord la queue. »
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« Les gens ne restent pas un an dans l’entreprise. Le 13e mois ne sert à rien », balaye d’un revers Florent Malbranche, CEO de Brigad, qui compte aujourd’hui 18 000 freelances et 10 000 restaurants répartis dans les 10 plus grandes villes de France. La plateforme enregistre d’ailleurs deux fois plus de demandes, aujourd’hui, par rapport à la période avant la crise sanitaire.
Frédéric Puythorac, de The Originals ne se montre pas plus convaincu par cette proposition : « Les saisonniers sont-ils concernés ? Sur quelle base ? S'agit-il d'un véritable treizième mois ou d'une prime avec un intéressement afin de redistribuer la richesse produite ? Les petites entreprises risquent d'y laisser des plumes si cette prime n'est pas corrélée à la performance de l'entreprise », s’inquiète-t-il.
Quid du week-end libéré ? Pour le président de la coopérative The Originals, il faudrait plutôt travailler sur un troisième jour de repos. « Souvent les salariés atteignent les 35 heures en quatre jours de travail. Peu importe que ces jours coïncident ou pas avec un week-end, le dialogue existe encore dans nos entreprises qui à 80% sont de petites entreprises », avance-t-il.
Dans son restaurant, Pedzouille, la Grange, Valentin Fétiveau libère des week-ends sur demande de ses salariés. « Il faut que les collaborateurs de la restauration ne se sentent pas lésés par les horaires et le travail le soir. Mais là encore, donner des week-ends dans l’hôtellerie-restauration veut dire augmenter la masse salariale. C’est le serpent qui se mord la queue. »
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Fin des coupures, formation, management… des pistes de réflexion
Reste que les recommandations de l’UMIH ont donné matière à réfléchir à la branche.
« Il faut mettre fin aux coupures, véritable frein à l’embauche. C’est un vrai casse-tête, quand le salarié ne peut pas rentrer chez lui, entre les coupures, ou que cela engendre des frais », note Alain Jacob, fondateur du cabinet AJ Conseil. « Cela peut se compenser avec une semaine de congés supplémentaires », estime-t-il.
Autre piste : « Plus de considération, c’est quelque chose qui nous est remonté en permanence par les freelances avec qui nous travaillons. Quand ils arrivent en mission, ils se sentent attendus, ils savent qu’on a besoin d’eux, c’est valorisant », note Florent Malbranche.
La formation continue est également nécessaire, notamment celle des managers. « Certains n’ont pas encore ressenti le besoin de leurs salariés de se sentir entourés et écoutés. Les syndicats devraient mettre en place un prélèvement exceptionnel auprès de leurs adhérents pour créer un fonds de formation dédié au management sur ces aspects d’écoute et d’empathie. Cela fera peut-être revenir des salariés qui sont partis dans le secteur », selon Alain Jacob.
Autre point à améliorer selon le spécialiste du recrutement : La création de places supplémentaires en école hôtelières.
« L’industrie reste très attractive, nous n’avons pas de problème de formation, mais de fidélisation. Après sept, huit, neuf ans, les salariés la quittent, quand ils ont envie de fonder une famille, de profiter de leurs vendredis et samedis soir … » observe Florent Malbranche, de Brigad.
Gare alors aux erreurs de casting… « Les candidats doivent savoir que c’est un métier pour lequel on travaille le week-end, qu’il y a des contraintes d’horaires. Il faut être attentif à la sélection des candidats », conclut Alain Jacob, spécialiste du recrutement.
« Il faut mettre fin aux coupures, véritable frein à l’embauche. C’est un vrai casse-tête, quand le salarié ne peut pas rentrer chez lui, entre les coupures, ou que cela engendre des frais », note Alain Jacob, fondateur du cabinet AJ Conseil. « Cela peut se compenser avec une semaine de congés supplémentaires », estime-t-il.
Autre piste : « Plus de considération, c’est quelque chose qui nous est remonté en permanence par les freelances avec qui nous travaillons. Quand ils arrivent en mission, ils se sentent attendus, ils savent qu’on a besoin d’eux, c’est valorisant », note Florent Malbranche.
La formation continue est également nécessaire, notamment celle des managers. « Certains n’ont pas encore ressenti le besoin de leurs salariés de se sentir entourés et écoutés. Les syndicats devraient mettre en place un prélèvement exceptionnel auprès de leurs adhérents pour créer un fonds de formation dédié au management sur ces aspects d’écoute et d’empathie. Cela fera peut-être revenir des salariés qui sont partis dans le secteur », selon Alain Jacob.
Autre point à améliorer selon le spécialiste du recrutement : La création de places supplémentaires en école hôtelières.
« L’industrie reste très attractive, nous n’avons pas de problème de formation, mais de fidélisation. Après sept, huit, neuf ans, les salariés la quittent, quand ils ont envie de fonder une famille, de profiter de leurs vendredis et samedis soir … » observe Florent Malbranche, de Brigad.
Gare alors aux erreurs de casting… « Les candidats doivent savoir que c’est un métier pour lequel on travaille le week-end, qu’il y a des contraintes d’horaires. Il faut être attentif à la sélection des candidats », conclut Alain Jacob, spécialiste du recrutement.