"Tout le monde est conscient qu'il faut réformer la garantie voyage, y compris chez nos voisins européens. L'idée n'est pas de revenir sur la garantie illimitée, mais de la gérer." - Depositphotos @chekman1
TourMaG.com - Dernièrement, Jean-Baptiste Lemoyne a dévoilé ce que pourrait être la solution proposée par le gouvernement. Que pouvez-vous nous dire de ce projet ?
Cédric Dugardin : Je voudrais dire qu'une garantie illimitée, en matière d'assurance ça n'existe pas. C'est le seul exemple que je connaisse et c'est assez problématique.
Tout le monde est conscient qu'il faut réformer la garantie voyage, y compris chez nos voisins européens. L'idée n'est pas de revenir sur la garantie illimitée, mais de la gérer.
TourMaG.com - Comment mieux gérer cette garantie illimitée ? L'Etat doit-il prendre en charge la garantie des grands comptes ?
Cédric Dugardin : L'idée n'est pas de sortir les grands risques.
Il est possible d'imaginer deux systèmes. Le plus simple reste la garantie à deux niveaux, avec un premier qui correspond à l’actuel, puis un 2e de réassurance pour venir couvrir les risques au-delà d'un certain montant de sinistre.
Nous pouvons aussi imaginer que les grands risques soient mutualisés entre les différents acteurs du marché. Les risques de plus de X millions d'euros pourraient être répartis entre tous les garants du marché.
Cette démarche existe dans différents domaines, comme le nucléaire ou le pétrole. Une fois que ce système de réassurance sera en place et que le marché sera stabilisé, nous pourrons alors réfléchir à la phase suivante.
Cédric Dugardin : Je voudrais dire qu'une garantie illimitée, en matière d'assurance ça n'existe pas. C'est le seul exemple que je connaisse et c'est assez problématique.
Tout le monde est conscient qu'il faut réformer la garantie voyage, y compris chez nos voisins européens. L'idée n'est pas de revenir sur la garantie illimitée, mais de la gérer.
TourMaG.com - Comment mieux gérer cette garantie illimitée ? L'Etat doit-il prendre en charge la garantie des grands comptes ?
Cédric Dugardin : L'idée n'est pas de sortir les grands risques.
Il est possible d'imaginer deux systèmes. Le plus simple reste la garantie à deux niveaux, avec un premier qui correspond à l’actuel, puis un 2e de réassurance pour venir couvrir les risques au-delà d'un certain montant de sinistre.
Nous pouvons aussi imaginer que les grands risques soient mutualisés entre les différents acteurs du marché. Les risques de plus de X millions d'euros pourraient être répartis entre tous les garants du marché.
Cette démarche existe dans différents domaines, comme le nucléaire ou le pétrole. Une fois que ce système de réassurance sera en place et que le marché sera stabilisé, nous pourrons alors réfléchir à la phase suivante.
Retrouvez la partie 1 de notre interview exclusive de Cédric Dugardin, le manager de transition de l'APST :
APST : "en fonction du niveau du risque, la réassurance traite les risques d'une façon différente"
TourMaG.com - A quel niveau pourrait être fixé le système de réassurance ?
Cédric Dugardin : Pour l'heure, nous discutons avec Bercy.
Tout dépend des cotisations qui seront demandées aux garants, car la réassurance se paye. Cela dépend aussi de la façon dont nous traitons le risque. Nous pouvons très bien imaginer qu'en fonction du niveau du risque la réassurance intervienne d'une façon différente.
Par exemple, les risques jusqu'à telle taille sont considérés statistiquement et, au-dessus, ils sont gérés de manière individuelle.
Tout est envisageable, mais nous sommes encore en train d'étudier les pistes, pour une mise en place, je l'espère l'année prochaine.
TourMaG.com - Vous qui êtes extérieur à l'APST et au secteur du tourisme, ne pensez-vous pas que le problème de l'APST ne vient pas de ses origines. Je m'explique, ne fallait-il pas laisser gérer l'instance par des personnes extérieures ?
Cédric Dugardin : L'APST existe depuis 1964 et depuis cette année-là, il y a des représentants de l'Etat à son conseil d'administration.
L'APST a été gérée comme une association depuis le départ, il y a eu différentes crises à traverser, dont celle de Thomas Cook. Maintenant que l'APST fait face à la pire crise de l'industrie, les gens disent qu'il fallait faire autrement.
Pendant 35 ans, les décisions ont été validées par les ministères de tutelle, sans la moindre remarque. Cela arrangeait tout le monde que l'APST gère la garantie voyage.
Quand tout se passe bien, personne ne dit rien, ni ne regarde, puis quand ça se passe mal, certains disent : vous auriez dû faire différemment. Le passé c'est le passé, regardons vers l'avenir.
Je vous rappelle que l'APST n'a touché durant cette crise aucune subvention, n'a reçu aucune somme de la part de l'Etat. Aujourd'hui si l'APST s'en est sortie, c'est en grande partie par elle même.
Ce que nous mettons en place, avec le renforcement des équipes et de la gouvernance, mais aussi le travail avec le gouvernement, permettra d'éviter un 2e Thomas Cook, dans le futur.
Ou du moins, en cas de nouveau Thomas Cook, son impact sera moindre pour l'APST.
Cédric Dugardin : Pour l'heure, nous discutons avec Bercy.
Tout dépend des cotisations qui seront demandées aux garants, car la réassurance se paye. Cela dépend aussi de la façon dont nous traitons le risque. Nous pouvons très bien imaginer qu'en fonction du niveau du risque la réassurance intervienne d'une façon différente.
Par exemple, les risques jusqu'à telle taille sont considérés statistiquement et, au-dessus, ils sont gérés de manière individuelle.
Tout est envisageable, mais nous sommes encore en train d'étudier les pistes, pour une mise en place, je l'espère l'année prochaine.
TourMaG.com - Vous qui êtes extérieur à l'APST et au secteur du tourisme, ne pensez-vous pas que le problème de l'APST ne vient pas de ses origines. Je m'explique, ne fallait-il pas laisser gérer l'instance par des personnes extérieures ?
Cédric Dugardin : L'APST existe depuis 1964 et depuis cette année-là, il y a des représentants de l'Etat à son conseil d'administration.
L'APST a été gérée comme une association depuis le départ, il y a eu différentes crises à traverser, dont celle de Thomas Cook. Maintenant que l'APST fait face à la pire crise de l'industrie, les gens disent qu'il fallait faire autrement.
Pendant 35 ans, les décisions ont été validées par les ministères de tutelle, sans la moindre remarque. Cela arrangeait tout le monde que l'APST gère la garantie voyage.
Quand tout se passe bien, personne ne dit rien, ni ne regarde, puis quand ça se passe mal, certains disent : vous auriez dû faire différemment. Le passé c'est le passé, regardons vers l'avenir.
Je vous rappelle que l'APST n'a touché durant cette crise aucune subvention, n'a reçu aucune somme de la part de l'Etat. Aujourd'hui si l'APST s'en est sortie, c'est en grande partie par elle même.
Ce que nous mettons en place, avec le renforcement des équipes et de la gouvernance, mais aussi le travail avec le gouvernement, permettra d'éviter un 2e Thomas Cook, dans le futur.
Ou du moins, en cas de nouveau Thomas Cook, son impact sera moindre pour l'APST.
"Je suis au moins présent jusqu'à la fin de l'année, après nous verrons" selon Cédric Dugardin (APST)
TourMaG.com - Le gouvernement a renouvelé son soutien à l'ASPT ?
Cédric Dugardin : La preuve de son soutien c’est que nous avons eu l'autorisation de reprendre des adhésions début août 2021.
Nous avons déjà accepté presque 50 nouvelles adhésions et, au prochain bureau, presque cent dossiers doivent passer. Le gouvernement a reconnu le rôle central de l'APST dans la garantie voyage en France.
TourMaG.com - D'après nos informations, votre mission se termine en novembre, allez-vous prolonger au-delà ?
Cédric Dugardin : Pour le moment j'accompagne l'APST jusqu'à la prochaine assemblée générale. C'est ce qui a été décidé, lors du dernier bureau, cette semaine.
Et comme je n'ai pas l'habitude de quitter les entreprises pour lesquelles je travaille tant que le job n'est pas terminé, je continue ma mission.
TourMaG.com - Votre mission était de gérer les conséquences de la pandémie et des avoirs. Si je comprends bien, vous pourriez rester jusqu'en avril 2022, date de la fin des remboursements des avoirs ?
Cédric Dugardin : Peut-être, mais je suis au moins présent jusqu'à la fin de l'année.
Après nous verrons.
Cédric Dugardin : La preuve de son soutien c’est que nous avons eu l'autorisation de reprendre des adhésions début août 2021.
Nous avons déjà accepté presque 50 nouvelles adhésions et, au prochain bureau, presque cent dossiers doivent passer. Le gouvernement a reconnu le rôle central de l'APST dans la garantie voyage en France.
TourMaG.com - D'après nos informations, votre mission se termine en novembre, allez-vous prolonger au-delà ?
Cédric Dugardin : Pour le moment j'accompagne l'APST jusqu'à la prochaine assemblée générale. C'est ce qui a été décidé, lors du dernier bureau, cette semaine.
Et comme je n'ai pas l'habitude de quitter les entreprises pour lesquelles je travaille tant que le job n'est pas terminé, je continue ma mission.
TourMaG.com - Votre mission était de gérer les conséquences de la pandémie et des avoirs. Si je comprends bien, vous pourriez rester jusqu'en avril 2022, date de la fin des remboursements des avoirs ?
Cédric Dugardin : Peut-être, mais je suis au moins présent jusqu'à la fin de l'année.
Après nous verrons.
Thomas Cook : "les gens n'envoient pas les documents !"
TourMaG.com - Au sujet de Thomas Cook, seulement 30% des dossiers seraient déclarés comme complet par l'APST. Y a-t-il une explication à ce faible taux, deux ans après la faillite ?
Cédric Dugardin : Quand vous savez que votre dossier ne sera pas remboursé avant que vous ayez le certificat de créance, il n'y a pas nécessairement un encouragement à accélérer la constitution des dossiers.
Maintenant que l'état des créances a été déposé que les voyageurs ont commencé à recevoir leurs certificats de créance, je pense que la constitution des dossiers va s'accélérer.
Si seulement 30% des dossiers sont complets, c'est qu'il manque des pièces et donc que les gens ne nous les envoient pas. Le fait que la procédure arrive à son terme va les encourager à compléter leurs dossiers.
TourMaG.com - Si je comprends bien, vous expliquez ce faible taux, en raison d'une étape administrative qui était attendue...
Cédric Dugardin : Non ce taux s'explique par le fait que les gens n'envoient pas les documents. Nous avons étudié près de 90% des dossiers ce n'est pas anodin. Nous sommes prêts à rembourser très rapidement les 30% de dossiers complets.
Le reste va s'échelonner jusqu'à l'été prochain. ]b
De notre côté, nous avons mis les moyens pour traiter les dossiers. Le blocage n'est pas vraiment de notre fait.
Cédric Dugardin : Quand vous savez que votre dossier ne sera pas remboursé avant que vous ayez le certificat de créance, il n'y a pas nécessairement un encouragement à accélérer la constitution des dossiers.
Maintenant que l'état des créances a été déposé que les voyageurs ont commencé à recevoir leurs certificats de créance, je pense que la constitution des dossiers va s'accélérer.
Si seulement 30% des dossiers sont complets, c'est qu'il manque des pièces et donc que les gens ne nous les envoient pas. Le fait que la procédure arrive à son terme va les encourager à compléter leurs dossiers.
TourMaG.com - Si je comprends bien, vous expliquez ce faible taux, en raison d'une étape administrative qui était attendue...
Cédric Dugardin : Non ce taux s'explique par le fait que les gens n'envoient pas les documents. Nous avons étudié près de 90% des dossiers ce n'est pas anodin. Nous sommes prêts à rembourser très rapidement les 30% de dossiers complets.
Le reste va s'échelonner jusqu'à l'été prochain. ]b
De notre côté, nous avons mis les moyens pour traiter les dossiers. Le blocage n'est pas vraiment de notre fait.
Staff de l'APST : "nous aurons entre 25 et 28 personnes"
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TourMaG.com - L'APST, malgré sa situation financière compliquée, arrive à recruter et à attirer des profils permettant de professionnaliser l'association ?
Cédric Dugardin : Nous avons remplacé les départs des deux dernières années.
Dans le même temps, nous sommes en train de recruter et compléter les équipes, pour faire face au règlement de Thomas Cook mais aussi pour faire face au surcroit des adhésions.
Nous n'allons pas exploser les effectifs, et maintenant que nous avons une bonne vision de ce que sera l'APST dans le futur, nous arrivons à recruter. Nous aurons entre 25 et 28 personnes.
Un nombre suffisant, surtout avec des équipes complètes. Ce qui n'était pas le cas depuis 2 ans.
TourMaG.com - Pour finir, l'APST a été décriée depuis le début de la crise. Il y a eu de fortes tensions, avec TourMaG.com notamment. Vous ne pensez pas que tout cet épisode découle en partie d'un problème de transparence et de communication ?
Cédric Dugardin : Depuis que je suis arrivé, nous avons beaucoup travaillé sur la partie communication. Il y avait un travail à faire à ce niveau.
Après quand la presse critique systématiquement ce que nous faisons et pas nos confrères, vous comprendrez que les relations sont plus tendues. Ainsi, quand nos concurrents ont remboursé seulement 20% de leurs dossiers, il est dit qu'ils en ont "déjà remboursé 20%."
Quand nous en avons remboursé 60%, on dit que 40% ne sont toujours pas remboursés...
Cédric Dugardin : Nous avons remplacé les départs des deux dernières années.
Dans le même temps, nous sommes en train de recruter et compléter les équipes, pour faire face au règlement de Thomas Cook mais aussi pour faire face au surcroit des adhésions.
Nous n'allons pas exploser les effectifs, et maintenant que nous avons une bonne vision de ce que sera l'APST dans le futur, nous arrivons à recruter. Nous aurons entre 25 et 28 personnes.
Un nombre suffisant, surtout avec des équipes complètes. Ce qui n'était pas le cas depuis 2 ans.
TourMaG.com - Pour finir, l'APST a été décriée depuis le début de la crise. Il y a eu de fortes tensions, avec TourMaG.com notamment. Vous ne pensez pas que tout cet épisode découle en partie d'un problème de transparence et de communication ?
Cédric Dugardin : Depuis que je suis arrivé, nous avons beaucoup travaillé sur la partie communication. Il y avait un travail à faire à ce niveau.
Après quand la presse critique systématiquement ce que nous faisons et pas nos confrères, vous comprendrez que les relations sont plus tendues. Ainsi, quand nos concurrents ont remboursé seulement 20% de leurs dossiers, il est dit qu'ils en ont "déjà remboursé 20%."
Quand nous en avons remboursé 60%, on dit que 40% ne sont toujours pas remboursés...