C’était en octobre 2021 en Italie. La vieille dame « Alitalia » âgée de 74 ans, vénérable, mais ruinée s’était muée avec l’aide du gouvernement italien en une « bella ragazza » prête à se marier avec un grand d’Europe avec comme dot le marché italien, l’un des plus importants d’Europe.
Courtisée par Air France - KLM et le groupe Lufthansa et après bien des rebondissements, le mariage vient de se conclure avec le groupe allemand qui avait finalement emporté la mise.
Un accord permettant au groupe Lufthansa de contrôler 41% de la compagnie italienne a finalement été signé ces derniers jours.
Cependant, lorsqu’un contrat est à ce point relu et retoqué par des avocats, on en conclut qu’il s’agit là d’un mariage de raison avec pour seule boussole la rentabilité financière. Normal...mais gros challenge.
Quelques indiscrétions ont filtré cette semaine sur les conditions du rachat d’ITA et le moins que l’on puisse dire c’est que les Allemands ne sont pas encore tout à fait convaincus qu’ils fassent une bonne affaire.
Courtisée par Air France - KLM et le groupe Lufthansa et après bien des rebondissements, le mariage vient de se conclure avec le groupe allemand qui avait finalement emporté la mise.
Un accord permettant au groupe Lufthansa de contrôler 41% de la compagnie italienne a finalement été signé ces derniers jours.
Cependant, lorsqu’un contrat est à ce point relu et retoqué par des avocats, on en conclut qu’il s’agit là d’un mariage de raison avec pour seule boussole la rentabilité financière. Normal...mais gros challenge.
Quelques indiscrétions ont filtré cette semaine sur les conditions du rachat d’ITA et le moins que l’on puisse dire c’est que les Allemands ne sont pas encore tout à fait convaincus qu’ils fassent une bonne affaire.
ITA - Lufthansa : résumé des épisodes précédents
Initié par l’ancien gouvernement italien présidé par Mario Draghi, la vente d’ITA Airways a fait l’objet d’une compétition entre les Français d’Air France – KLM et les Allemands de Lufthansa l’un passant devant l’autre avant de se faire de nouveau doubler au gré des discussions avec l’État italien.
En octobre de l’année dernière, Air France tenait le bon bout, mais l’État italien allait bientôt changer de visage en la personne de Giorgia Meloni nommée Première ministre le 21 octobre dernier et pas forcément très encline à laisser ITA Airways aux Français.
Dans son livre « La grande tempête », Bruno Vespa raconte la brouille entre la Première ministre italienne et le Président français à qui elle aurait dit « contester l’attitude prédatrice dont la France a fait preuve à certaines occasions. ».
Est-ce un désamour entre les deux chefs d’État, la volonté de Giorgia Meloni de marquer son début de mandat en déconstruisant le plan de son prédécesseur Mario Draghi ou comme l’avançait le nouveau ministre de l’Économie Giancarlo Giorgetti «l'absence de progrès dans les discussions » ? Les trois peut-être ?
Toujours est-il que la décision fut prise de ne pas renouveler la période de discussion exclusive avec Air France - KLM laissant définitivement la place aux Allemands.
En octobre de l’année dernière, Air France tenait le bon bout, mais l’État italien allait bientôt changer de visage en la personne de Giorgia Meloni nommée Première ministre le 21 octobre dernier et pas forcément très encline à laisser ITA Airways aux Français.
Dans son livre « La grande tempête », Bruno Vespa raconte la brouille entre la Première ministre italienne et le Président français à qui elle aurait dit « contester l’attitude prédatrice dont la France a fait preuve à certaines occasions. ».
Est-ce un désamour entre les deux chefs d’État, la volonté de Giorgia Meloni de marquer son début de mandat en déconstruisant le plan de son prédécesseur Mario Draghi ou comme l’avançait le nouveau ministre de l’Économie Giancarlo Giorgetti «l'absence de progrès dans les discussions » ? Les trois peut-être ?
Toujours est-il que la décision fut prise de ne pas renouveler la période de discussion exclusive avec Air France - KLM laissant définitivement la place aux Allemands.
Un protocole d’accord âprement discuté des deux côtés
Dès lors, les Allemands se retrouvaient seuls en lice, mais entretemps, ITA Airways avait continué de perdre de l’argent et donc de l’attractivité.
Sur son propre marché et cas unique en Europe, elle n’arrive qu’en troisième position, distancée par Ryanair et EasyJet.
Les discussions pour trouver un protocole d’accord et qui viennent d’aboutir furent donc plutôt difficiles, les Allemands voulant absolument inclure des clauses de sauvegarde.
Sur son propre marché et cas unique en Europe, elle n’arrive qu’en troisième position, distancée par Ryanair et EasyJet.
Les discussions pour trouver un protocole d’accord et qui viennent d’aboutir furent donc plutôt difficiles, les Allemands voulant absolument inclure des clauses de sauvegarde.
La prudence des Allemands
Quelques indiscrétions nous arrivant depuis l’autre côté des Alpes nous renseignent sur ce que le groupe Lufthansa a réussi à négocier.
Dans une note confidentielle des avocats du ministère de l'Économie sur le contrat ITA - Lufthansa, il est souligné que les Allemands pourront légitimement se retirer dans deux cas.
La première si une continuité d'activité est trouvée entre l'ex-Alitalia et ITA.
La seconde, dans le cadre des poursuites d'anciens employés d'Alitalia obligeant ITA à les réintégrer.
Deux circonstances qui ont déjà eu lieu avec la condamnation du tribunal de Rome ayant donné raison à 77 anciens salariés d'Alitalia qui doivent désormais, sous réserve de recours, être embauchés par l'entreprise dirigée par Fabio Lazzerini.
"Il est envisagé que si de tels événements se produisent, après la date d'exécution, Lufthansa aura le droit de se retirer d'ITA et de recevoir, en remboursement intégral, le montant de l'intégralité de l'investissement réalisé dans ITA jusqu’à cette date", peut-on lire dans la note du cabinet d'avocats Gianni & Origoni, en date du 14 juin dernier.
Concernant les détails de l’opération, Lufthansa entrera au capital d'ITA avec une augmentation de capital réservée de 350 millions.
Mais l'opĂ©ration aura lieu "sous rĂ©serve de la souscription par le MEF (Ministerio de EconomĂa y Finanzas) d'une nouvelle augmentation de capital de la sociĂ©tĂ© de 250 millions".
Preuve que la compagnie italienne n’est pas en grande forme en cette année 2023 après une année 2022 qui s’est soldée par une perte d’environ 498 millions d’euros.
La cession complète de la participation par le Trésor interviendra au plus tard en 2033 via une option d'achat accordée à Lufthansa et une option de vente entre les mains du MEF qui conservera une participation dans ITA qui "sera garantie d'une gouvernance adaptée à la gestion de l'entreprise visant à assurer la réalisation des objectifs du plan industriel", peut-on encore lire dans le document avec "l'implication prééminente de Lufthansa dans la gestion d'ITA et un pouvoir de contrôle sur la gestion par la MEF".
Cette notion de continuité d’activité entre l’ex-ATALIA et ITA semble quelque peu problématique et fait peur à Lufthansa qui ne veut pas hériter des 1300 dossiers de contentieux en cours tout en voulant bien sûr récupérer l’intégralité des précieux slots et créneaux d’Alitalia.
Les rédacteurs de l’accord de vente auront dû faire dans la dentelle.
Dans une note confidentielle des avocats du ministère de l'Économie sur le contrat ITA - Lufthansa, il est souligné que les Allemands pourront légitimement se retirer dans deux cas.
La première si une continuité d'activité est trouvée entre l'ex-Alitalia et ITA.
La seconde, dans le cadre des poursuites d'anciens employés d'Alitalia obligeant ITA à les réintégrer.
Deux circonstances qui ont déjà eu lieu avec la condamnation du tribunal de Rome ayant donné raison à 77 anciens salariés d'Alitalia qui doivent désormais, sous réserve de recours, être embauchés par l'entreprise dirigée par Fabio Lazzerini.
"Il est envisagé que si de tels événements se produisent, après la date d'exécution, Lufthansa aura le droit de se retirer d'ITA et de recevoir, en remboursement intégral, le montant de l'intégralité de l'investissement réalisé dans ITA jusqu’à cette date", peut-on lire dans la note du cabinet d'avocats Gianni & Origoni, en date du 14 juin dernier.
Concernant les détails de l’opération, Lufthansa entrera au capital d'ITA avec une augmentation de capital réservée de 350 millions.
Mais l'opĂ©ration aura lieu "sous rĂ©serve de la souscription par le MEF (Ministerio de EconomĂa y Finanzas) d'une nouvelle augmentation de capital de la sociĂ©tĂ© de 250 millions".
Preuve que la compagnie italienne n’est pas en grande forme en cette année 2023 après une année 2022 qui s’est soldée par une perte d’environ 498 millions d’euros.
La cession complète de la participation par le Trésor interviendra au plus tard en 2033 via une option d'achat accordée à Lufthansa et une option de vente entre les mains du MEF qui conservera une participation dans ITA qui "sera garantie d'une gouvernance adaptée à la gestion de l'entreprise visant à assurer la réalisation des objectifs du plan industriel", peut-on encore lire dans le document avec "l'implication prééminente de Lufthansa dans la gestion d'ITA et un pouvoir de contrôle sur la gestion par la MEF".
Cette notion de continuité d’activité entre l’ex-ATALIA et ITA semble quelque peu problématique et fait peur à Lufthansa qui ne veut pas hériter des 1300 dossiers de contentieux en cours tout en voulant bien sûr récupérer l’intégralité des précieux slots et créneaux d’Alitalia.
Les rédacteurs de l’accord de vente auront dû faire dans la dentelle.
Influence du Président français ?
Autres articles
Enfin, pour rajouter un peu de suspens dans ce feuilleton qui n’est pas terminé, il faut également considérer que l’accord est soumis au feu vert définitif de Bruxelles ou les jeux d’influence auront peut-être un certain poids…
C’est à Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence à qui il reviendra de valider définitivement l’accord entre Lufthansa et ITA.
Or Madame Vestager est candidate au très prestigieux poste de Présidente de la Banque européenne d'investissement.
Pour cela elle aura besoin de solides appuis. Celui du Président Emmanuel Macron, (qui ne voit pas d’un très bon œil une alliance pouvant nuire au groupe Air France-KLM), serait très précieux.
Nous suivrons donc attentivement ce dossier qui est loin d’être fini tant s’entremêlent la politique, le droit, les stratégies des entreprises et des enjeux de souveraineté.
Nous ne sommes pas à l’abri d’un scénario « à la Fincantieri » lorsqu’après des années de difficultés, les ministres de l'Économie français et italien ainsi que la vice-présidente exécutive de la Commission européenne (déjà Madame Margrethe Vestager) avaient acté l'échec de la reprise des Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire par les Italiens de Fincantieri.
Pour l’heure, l'actuel PDG, Fabio Lazzerini, quitte son poste tandis que le président d'ITA Antonino Turicchi, qui a participé aux négociations avec Lufthansa, conserve sa place.
La compagnie allemande est sur le point de nommer deux administrateurs supplémentaires, dont l'un sera le PDG.
Avec ITA qui dessert actuellement 64 destinations, dont dix intercontinentales, le groupe Lufthansa qui détient déjà Swiss, Brussels Airlines, Austrian Airlines, et une autre compagnie italienne, Air Dolomiti, devrait pouvoir se renforcer sur le continent américain, mais aussi en Afrique et Asie.
C’est à Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence à qui il reviendra de valider définitivement l’accord entre Lufthansa et ITA.
Or Madame Vestager est candidate au très prestigieux poste de Présidente de la Banque européenne d'investissement.
Pour cela elle aura besoin de solides appuis. Celui du Président Emmanuel Macron, (qui ne voit pas d’un très bon œil une alliance pouvant nuire au groupe Air France-KLM), serait très précieux.
Nous suivrons donc attentivement ce dossier qui est loin d’être fini tant s’entremêlent la politique, le droit, les stratégies des entreprises et des enjeux de souveraineté.
Nous ne sommes pas à l’abri d’un scénario « à la Fincantieri » lorsqu’après des années de difficultés, les ministres de l'Économie français et italien ainsi que la vice-présidente exécutive de la Commission européenne (déjà Madame Margrethe Vestager) avaient acté l'échec de la reprise des Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire par les Italiens de Fincantieri.
Pour l’heure, l'actuel PDG, Fabio Lazzerini, quitte son poste tandis que le président d'ITA Antonino Turicchi, qui a participé aux négociations avec Lufthansa, conserve sa place.
La compagnie allemande est sur le point de nommer deux administrateurs supplémentaires, dont l'un sera le PDG.
Avec ITA qui dessert actuellement 64 destinations, dont dix intercontinentales, le groupe Lufthansa qui détient déjà Swiss, Brussels Airlines, Austrian Airlines, et une autre compagnie italienne, Air Dolomiti, devrait pouvoir se renforcer sur le continent américain, mais aussi en Afrique et Asie.
Publié par Christophe Hardin
Journaliste AirMaG - TourMaG.com
Voir tous les articles de Christophe Hardin
Voir tous les articles de Christophe Hardin