Patricia Linot : "En tant que femme, je pense que nous sommes habituées à nous réinventer, à aller toujours de l'avant et à anticiper, c'est dans notre ADN féminin !" - DR
TourMaG.com - En mars dernier, comment avez-vous vécu le premier jour du confinement, mais aussi les six semaines qui ont suivi ? Comment avez-vous géré la situation, entre famille, travail et relations amicales ? Avez-vous été épaulée ?
Patricia Linot : Je ne me suis pas arrêtée au premier jour du confinement, parce que notre activité s'était déjà arrêtée depuis le mois de janvier.
Je dirige une agence réceptive, Rendez-vous Fontainebleau, et travaille avec des clientèles internationales et dès le mois de janvier, nous avions enregistré des annulations en cascade de la part des clientèles asiatiques et nord-américaines.
A ce moment-là, nous avions très vite compris que nous nous dirigions vers une crise, sans en mesurer vraiment les contours. Nous n'imaginions pas alors qu'un an plus tard, nous serions encore dedans.
Le premier jour du confinement correspond plutôt à un souvenir personnel, ce jour où j'ai rapatrié mes parents, et mon mari sa maman, pour confiner nos trois seniors avec nous à la maison.
D'un point de vue professionnel, mon quotidien n'a pas changé puisque mon bureau est installé à la maison depuis deux ans maintenant. Le télétravail n'a pas été un changement radical.
En revanche, j'ai dû gérer les annulations, les reports, garder le lien avec les clients, les rassurer tout en conciliant la partie familiale, en passant de deux à cinq personnes, avec la gestion quotidienne d'une femme...
Le plus difficile, c'est lorsque le travail s'arrête, mais sans vraiment s'arrêter, puisqu'il faut gérer tous les à-côtés. C'est cela qui m'a le plus chargée émotionnellement.
J'ai également perdu mon père durant ce premier confinement, un deuil qui a rajouté davantage à ma détresse, puisqu'il a fallu respecter les règles sanitaires en vigueur qui m'ont empêchée de l'accompagner durant les derniers jours à l'hôpital.
Durant ces six semaines, j'ai mis quelques temps entre parenthèses ma vie professionnelle pour gérer cette situation familiale et c'est là que j'ai pu voir l'importance de faire partie d'un groupe comme France DMC Alliance.
J'ai pu compter sur les membres de mon bureau et aussi sur tous les autres adhérents, qui m'ont apporté de l'aide pour l'association, mais également personnellement.
Ce socle solide a permis à l'association de continuer, c'est la force de ce réseau et son état d'esprit : la même philosophie, les mêmes valeurs et une grande bienveillance entre nous.
Parce que je n'ai pas été la seule à vivre des épreuves difficiles, mais grâce à ce lien très fort, nous sommes toujours tous debout.
Patricia Linot : Je ne me suis pas arrêtée au premier jour du confinement, parce que notre activité s'était déjà arrêtée depuis le mois de janvier.
Je dirige une agence réceptive, Rendez-vous Fontainebleau, et travaille avec des clientèles internationales et dès le mois de janvier, nous avions enregistré des annulations en cascade de la part des clientèles asiatiques et nord-américaines.
A ce moment-là, nous avions très vite compris que nous nous dirigions vers une crise, sans en mesurer vraiment les contours. Nous n'imaginions pas alors qu'un an plus tard, nous serions encore dedans.
Le premier jour du confinement correspond plutôt à un souvenir personnel, ce jour où j'ai rapatrié mes parents, et mon mari sa maman, pour confiner nos trois seniors avec nous à la maison.
D'un point de vue professionnel, mon quotidien n'a pas changé puisque mon bureau est installé à la maison depuis deux ans maintenant. Le télétravail n'a pas été un changement radical.
En revanche, j'ai dû gérer les annulations, les reports, garder le lien avec les clients, les rassurer tout en conciliant la partie familiale, en passant de deux à cinq personnes, avec la gestion quotidienne d'une femme...
Le plus difficile, c'est lorsque le travail s'arrête, mais sans vraiment s'arrêter, puisqu'il faut gérer tous les à-côtés. C'est cela qui m'a le plus chargée émotionnellement.
J'ai également perdu mon père durant ce premier confinement, un deuil qui a rajouté davantage à ma détresse, puisqu'il a fallu respecter les règles sanitaires en vigueur qui m'ont empêchée de l'accompagner durant les derniers jours à l'hôpital.
Durant ces six semaines, j'ai mis quelques temps entre parenthèses ma vie professionnelle pour gérer cette situation familiale et c'est là que j'ai pu voir l'importance de faire partie d'un groupe comme France DMC Alliance.
J'ai pu compter sur les membres de mon bureau et aussi sur tous les autres adhérents, qui m'ont apporté de l'aide pour l'association, mais également personnellement.
Ce socle solide a permis à l'association de continuer, c'est la force de ce réseau et son état d'esprit : la même philosophie, les mêmes valeurs et une grande bienveillance entre nous.
Parce que je n'ai pas été la seule à vivre des épreuves difficiles, mais grâce à ce lien très fort, nous sommes toujours tous debout.
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TourMaG.com - Vous faites également partie de l'association Femmes du Tourisme...
Patricia Linot : Oui et l'association nous a apporté énormément de soutien, grâce à des visios et des nouvelles régulières qui mettaient en avant les unes et les autres, qui permettaient de savoir ce que nous faisions chacune dans nos métiers respectifs.
Cela a été un énorme soutien psychologique de savoir que l'on n'est pas seule et que l'on est toutes dans une situation commune mais que l'on gère différemment. Le lien a vraiment été entretenu par Christine Giraud et Christine Pioli.
TourMaG.com - Dans quel état psychologique êtes-vous aujourd’hui ?
Patricia Linot : Un an après, nous avons reçu un nouveau coup sur la tête lors des annonces gouvernementales de janvier 2021, en apprenant que le couvre-feu perdurait, que les restaurants restaient fermés.
Nous espérions une reprise en mars-avril, elle sera décalée.
Avec les membres de France DMC Alliance, nous sommes à la fois dans un état d'esprit combatif, puisque nous nous sommes préparés à la relance, nous avons les outils, mais à la fois nous sommes extrêmement inquiets pour la pérennité de nos entreprises.
Nous sommes aujourd'hui sous perfusion et saluons les aides gouvernementales qui nous tiennent artificiellement en vie. Mais que va-t-il advenir de nos entreprises, de nos TPE, à partir de l'automne ?
Alors certains d'entre nous se réinventent. Par exemple, ceux qui étaient spécialistes des groupes se réadaptent avec des produits pour mini-groupes, voire pour des individuels ; les spécialistes du tourisme affaires doivent s'ouvrir à d'autres activités pour tenir en attendant que ça redémarre.
Chacun d'entre nous a été obligé de se remettre en question et moi la première !
Mais en tant que femme, je pense que nous sommes habituées à nous réinventer, à aller toujours de l'avant et à anticiper, c'est dans notre ADN féminin ! Nous sommes prêtes, armées, nous avons vraiment hâte de voir ce que va donner tout ce que nous avons construit !
D'autant plus en tant que chef d'entreprise : nous devons garder notre dynamisme pour nos équipes, alors que nous avons beaucoup de préoccupations économiques. Nous n'avons qu'une envie, c'est celle de garder nos compétences, notre savoir-faire, nos partenaires, pour pouvoir tous redémarrer ensemble.
Patricia Linot : Oui et l'association nous a apporté énormément de soutien, grâce à des visios et des nouvelles régulières qui mettaient en avant les unes et les autres, qui permettaient de savoir ce que nous faisions chacune dans nos métiers respectifs.
Cela a été un énorme soutien psychologique de savoir que l'on n'est pas seule et que l'on est toutes dans une situation commune mais que l'on gère différemment. Le lien a vraiment été entretenu par Christine Giraud et Christine Pioli.
TourMaG.com - Dans quel état psychologique êtes-vous aujourd’hui ?
Patricia Linot : Un an après, nous avons reçu un nouveau coup sur la tête lors des annonces gouvernementales de janvier 2021, en apprenant que le couvre-feu perdurait, que les restaurants restaient fermés.
Nous espérions une reprise en mars-avril, elle sera décalée.
Avec les membres de France DMC Alliance, nous sommes à la fois dans un état d'esprit combatif, puisque nous nous sommes préparés à la relance, nous avons les outils, mais à la fois nous sommes extrêmement inquiets pour la pérennité de nos entreprises.
Nous sommes aujourd'hui sous perfusion et saluons les aides gouvernementales qui nous tiennent artificiellement en vie. Mais que va-t-il advenir de nos entreprises, de nos TPE, à partir de l'automne ?
Alors certains d'entre nous se réinventent. Par exemple, ceux qui étaient spécialistes des groupes se réadaptent avec des produits pour mini-groupes, voire pour des individuels ; les spécialistes du tourisme affaires doivent s'ouvrir à d'autres activités pour tenir en attendant que ça redémarre.
Chacun d'entre nous a été obligé de se remettre en question et moi la première !
Mais en tant que femme, je pense que nous sommes habituées à nous réinventer, à aller toujours de l'avant et à anticiper, c'est dans notre ADN féminin ! Nous sommes prêtes, armées, nous avons vraiment hâte de voir ce que va donner tout ce que nous avons construit !
D'autant plus en tant que chef d'entreprise : nous devons garder notre dynamisme pour nos équipes, alors que nous avons beaucoup de préoccupations économiques. Nous n'avons qu'une envie, c'est celle de garder nos compétences, notre savoir-faire, nos partenaires, pour pouvoir tous redémarrer ensemble.
TourMaG.com - Quelle est votre analyse / votre regard sur la situation actuelle ?
Patricia Linot : La situation actuelle nous oblige à tenir, nous n'avons pas d'autre choix, pour sortir de la tempête.
Nous avons tous l'objectif de redémarrer à plein régime en 2022, avec de grands événements qui arriveront en 2023 et 2024 en France.
2021 devrait être meilleure que 2020, mais ne sera pas malgré tout, à la hauteur de nos espoirs de l'année dernière.
Ce sera une année charnière, nous devrons tous sortir indemnes de cette sale période pour que 2022 nous redonne toute la lumière dont nous avons besoin.
Nous sommes quelque part les "sacrifiés", avec les restaurateurs, les musées. D'ailleurs je n'arrive pas à comprendre pourquoi les musées et les châteaux n'ont pas le droit d'organiser des jauges pour que les gens visitent dans de bonnes conditions sanitaires ?
Cela ouvrirait des opportunités de visites de proximité pour beaucoup de Français, qui pourraient (re)découvrir leur patrimoine.
TourMaG.com - Quels enseignements avez-vous tiré de cette période ? Quelles ressources également ?
Patricia Linot : Je pense que le terme à retenir c'est bien la solidarité entre professionnels, et le rôle des réseaux, des associations professionnelles.
Mais aussi l'adaptabilité en permanence, au premier puis au deuxième confinement, et maintenant avec le couvre-feu.
Dans les ressources, je pense au développement de la visioconférence, qui a permis de garder le lien. Et plus globalement cette transformation digitale qui était plus que nécessaire pour nos métiers. Le tourisme est enfin rentré dans le 21e siècle !
Patricia Linot : La situation actuelle nous oblige à tenir, nous n'avons pas d'autre choix, pour sortir de la tempête.
Nous avons tous l'objectif de redémarrer à plein régime en 2022, avec de grands événements qui arriveront en 2023 et 2024 en France.
2021 devrait être meilleure que 2020, mais ne sera pas malgré tout, à la hauteur de nos espoirs de l'année dernière.
Ce sera une année charnière, nous devrons tous sortir indemnes de cette sale période pour que 2022 nous redonne toute la lumière dont nous avons besoin.
Nous sommes quelque part les "sacrifiés", avec les restaurateurs, les musées. D'ailleurs je n'arrive pas à comprendre pourquoi les musées et les châteaux n'ont pas le droit d'organiser des jauges pour que les gens visitent dans de bonnes conditions sanitaires ?
Cela ouvrirait des opportunités de visites de proximité pour beaucoup de Français, qui pourraient (re)découvrir leur patrimoine.
TourMaG.com - Quels enseignements avez-vous tiré de cette période ? Quelles ressources également ?
Patricia Linot : Je pense que le terme à retenir c'est bien la solidarité entre professionnels, et le rôle des réseaux, des associations professionnelles.
Mais aussi l'adaptabilité en permanence, au premier puis au deuxième confinement, et maintenant avec le couvre-feu.
Dans les ressources, je pense au développement de la visioconférence, qui a permis de garder le lien. Et plus globalement cette transformation digitale qui était plus que nécessaire pour nos métiers. Le tourisme est enfin rentré dans le 21e siècle !
TourMaG.com - Où vous voyez-vous dans un an ?
Patricia Linot : Avec un carnet de commandes blindé !
Et avec beaucoup de commandes de nos voyageurs internationaux qui n'ont qu'une envie, celle de revenir dans notre beau pays.
Nous commençons d'ailleurs à avoir quelques demandes, il y a des frémissements encourageants, des demandes de devis pour 2022 de clientèles nord-américaines, australiennes. C'est encourageant de voir que les pros du tourisme sur la planète sont prêts à retravailler ensemble et les voyageurs prêts à rebouger.
TourMaG.com - Avez-vous pris des décisions majeures depuis un an ?
Patricia Linot : D'un point de vue personnel, je pense que je vais accorder encore plus de temps à mes proches.
D'un point de vue professionnel, cette sale période a laissé du monde sur le bord de la route. Et j'aimerais que l'on garde à l'esprit qu'il faut passer en mode "slow", notamment au niveau des relations entre professionnels.
Nous vendons du "slow travel" mais on nous demande toujours de le proposer en un temps record. Aujourd'hui, alors que les gens ont pris conscience de la nécessité de mieux voyager, de prendre le temps de se rencontrer et de replacer l'humain au cœur du voyage, j'aimerais que cela se retrouve au cœur de nos pratiques professionnelles.
Je suis aussi très fière d'être une femme du tourisme car, sans faire de féminisme, je pense que nous avons une vision bienveillante qui j'espère participera à la reconstruction de notre industrie.
Et cela passera par tous les niveaux de la pyramide. En effet, je pense qu'il faut revaloriser les compétences, repenser nos métiers tous ensemble car nous n'allons plus travailler comme avant : c'est cela l'enseignement que nous pouvons tirer un an après le début de la pandémie.
Nous avons tous été obligés de nous remettre en question. Et idéalement, il faudrait créer un groupe de travail, voire des assises du tourisme où l'on ferait intervenir des personnes de chaque métier et à chaque niveau de la pyramide, pour qu'elles viennent témoigner, parler des aspects positifs et négatifs, et à partir de là, nous pourrions construire une feuille de route.
Ce serait la conclusion positive des moments terribles que nous venons de traverser. Au moins que cela serve à quelque chose. Il faut réunir toute la famille du tourisme !
Patricia Linot : Avec un carnet de commandes blindé !
Et avec beaucoup de commandes de nos voyageurs internationaux qui n'ont qu'une envie, celle de revenir dans notre beau pays.
Nous commençons d'ailleurs à avoir quelques demandes, il y a des frémissements encourageants, des demandes de devis pour 2022 de clientèles nord-américaines, australiennes. C'est encourageant de voir que les pros du tourisme sur la planète sont prêts à retravailler ensemble et les voyageurs prêts à rebouger.
TourMaG.com - Avez-vous pris des décisions majeures depuis un an ?
Patricia Linot : D'un point de vue personnel, je pense que je vais accorder encore plus de temps à mes proches.
D'un point de vue professionnel, cette sale période a laissé du monde sur le bord de la route. Et j'aimerais que l'on garde à l'esprit qu'il faut passer en mode "slow", notamment au niveau des relations entre professionnels.
Nous vendons du "slow travel" mais on nous demande toujours de le proposer en un temps record. Aujourd'hui, alors que les gens ont pris conscience de la nécessité de mieux voyager, de prendre le temps de se rencontrer et de replacer l'humain au cœur du voyage, j'aimerais que cela se retrouve au cœur de nos pratiques professionnelles.
Je suis aussi très fière d'être une femme du tourisme car, sans faire de féminisme, je pense que nous avons une vision bienveillante qui j'espère participera à la reconstruction de notre industrie.
Et cela passera par tous les niveaux de la pyramide. En effet, je pense qu'il faut revaloriser les compétences, repenser nos métiers tous ensemble car nous n'allons plus travailler comme avant : c'est cela l'enseignement que nous pouvons tirer un an après le début de la pandémie.
Nous avons tous été obligés de nous remettre en question. Et idéalement, il faudrait créer un groupe de travail, voire des assises du tourisme où l'on ferait intervenir des personnes de chaque métier et à chaque niveau de la pyramide, pour qu'elles viennent témoigner, parler des aspects positifs et négatifs, et à partir de là, nous pourrions construire une feuille de route.
Ce serait la conclusion positive des moments terribles que nous venons de traverser. Au moins que cela serve à quelque chose. Il faut réunir toute la famille du tourisme !
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