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Jean-François Rial : "Comment voyagerons-nous après la pandémie ?"

Une crise totalement inédite


Touché de plein fouet par la crise du COVID-19, le secteur du tourisme fait face à une profonde remise en question. Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde, livre au Think Tank Terra Nova, son analyse sur le présent et l’avenir de cette activité, qu’elle concerne la France ou les autres pays du monde qui sont confrontés à la même situation. Extraits.


Rédigé par le Dimanche 19 Avril 2020

L’époque des voyages à prix toujours plus bas, réservés au dernier moment, la multiplication des séjours courts et des city breaks semble bien en passe d’être révolue... - DR : Stéphanie Tétu
L’époque des voyages à prix toujours plus bas, réservés au dernier moment, la multiplication des séjours courts et des city breaks semble bien en passe d’être révolue... - DR : Stéphanie Tétu
Pour voyager après la pandémie, "cela nécessite bien sûr que chaque pays (de départ ou de destination) ait retrouvé un état sanitaire stable.

À cela s’ajoute la nécessité d’avoir sur place une logistique et des infrastructures qui fonctionnent à nouveau, c’est-à-dire un retour à la normale pour les compagnies aériennes, l’hôtellerie, la restauration, les lieux culturels. Avec une incertitude sur la capacité économique de ces logisticiens clefs de l’industrie du tourisme à résister et à rester vivants. (...)

Cette situation sanitaire grave devrait vraisemblablement perdurer jusqu'à l’automne 2021. (...) Le secteur pourrait connaître une transformation en deux phases.

Dans un premier temps - jusqu'au début 2021, voire jusqu'au printemps 2021 -, il faut imaginer une reprise intermédiaire « dégradée » au sein des pays qui seront sortis (ou pratiquement) de la crise.

(...) Les personnes reconnues non porteuses du virus, pourraient, elles aussi, être autorisées à voyager, mais la période de non détection de l’infection (a priori quelques jours) rend cette hypothèse plus fragile et nécessite une logistique compliquée.

Le tourisme de masse n’est pas en voie d’extinction

Un autre scénario complémentaire est possible dans ce redémarrage intermédiaire de l’activité : la mise en place de voyages bilatéraux entre deux pays ou un groupe de pays qui auraient éradiqué le virus et resteraient fermés au reste du monde.

Imaginons, par exemple, des voyages uniquement entre la France, l’Italie et l’Allemagne. (...)

(...) Ce scénario reste plus fragile que celui basé sur l’immunité étant donné la difficulté d’assurer l’éradication à 100 % du virus. En revanche, les voyages au sein d’un même pays, à huis clos, devraient reprendre de façon importante durant cette phase. (...)

(...) Cette terrible épreuve du COVID-19 n’emportera pas notre envie de voyager. (...)

(...) À quoi ressembleront les voyages dans 3 ou 5 ans ? Ne rêvons pas trop : le tourisme de masse n’est pas en voie d’extinction car les consommateurs le plébiscitent.

(...) Même si le marché se rétrécit pendant quelques années, les modifications des habitudes de voyage ne viendront pas naturellement des
voyageurs (...) La grande métamorphose du voyage viendra de la politique.

Si d’un côté la crise va générer des replis nationalistes à travers le monde, elle va également nourrir la prise de conscience écologique entamée avant l’épidémie. (...)

(...) Le confinement de la moitié de la population mondiale durant cette longue période est aussi l’occasion d’une prise de conscience écologiste collective qui aura des répercussions dans les urnes du monde entier.

Le voyage subira la mise en place de taxes écologiques diverses

(...) À son niveau, le secteur du voyage subira la mise en place de taxes écologiques diverses, comme des taxes sur la biodiversité, les réserves naturelles et une véritable taxe carbone conséquente, calculée sur les émissions liées aux déplacements, (...)

L’impact de ces taxes conduira forcément à renchérir les prix et poussera les voyageurs à partir moins souvent et plus longtemps. (...)

La baisse continue des prix dans ce métier, observée depuis 25 ans, va donc cesser. L’époque des voyages à prix toujours plus
bas, réservés au dernier moment, la multiplication des séjours courts et des city breaks semble bien en passe d’être révolue. (...)

Ainsi le tourisme va s’insérer dans la transition écologique des pays qui ne pourront plus continuer à détruire leurs écosystèmes. Fini les dommages infligés aux parcs naturels pour édifier des complexes hôteliers, terminés les paquebots de 5000 passagers qui polluent les écosystèmes marins. (...)

Il n’est plus possible d’observer, d’une part, le tourisme et, de l’autre, le tourisme responsable. L’ensemble de l’activité doit être en phase avec la planète. (...) le tourisme post COVID-19 ne peut plus espérer survivre sans se réinventer.

(...) Notre pays sera bien sûr touché et plus encore que les autres du fait de sa place de leader dans le tourisme international et moyen terme, une grande partie de ses effectifs sera au chômage technique.

(...) Les exemples caricaturaux du tourisme de masse du Mont-Saint-Michel ou du tourisme de shopping dans les grands magasins nous le rappellent. Par sa diversité unique et son patrimoine exceptionnel, la France a les moyens d’inventer un nouveau modèle. Et elle n’aura guère d’autre choix.

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Commentaires

1.Posté par Bukhari Françoise le 19/04/2020 22:15 | Alerter
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Le métier aurait toujours dû rester entre les mains des véritables connaisseurs et des passionnés du vrai voyage qui savaient respecter les terres d'accueil ... Les gros rouleaux financiers compresseurs (grande distribution & Co) ont malheureusement contribué au tourisme de masse qui n'aurait jamais dû exister ... Ce sont eux les responsables de la destruction de notre planète ... Il y a 35 ans, un vol sec Paris/Pékin//Hong Kong/Paris coûtait 8900 Francs sur une compagnie asiatique et il fallait beaucoup produire et travailler pour se l'offrir. Espérons redonner la vraie valeur aux choses pour avoir un autre regard sur le voyage et militons pour une limitation du trafic aérien et maritime et aussi par la même occasion pour la fin des guerres illégales ... Voyager moins et mieux être ... Un jour, peut-être, vous remercierez Covid d'être passé par là !

2.Posté par Rachel le 20/04/2020 09:15 | Alerter
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« Tourisme de masse »
Cette expression lassante à lire et à relire... il faut que les organisateurs de voyages et les pays réceptifs quantifient et dosent les flux de touristes🤷‍♀️. Le Tourisme ne doit plus être un terme péjoratif, un vilain mot, non il faut le dire le Tourisme est tout une économie et nous enrichie tous humainement😉.Que l'on me cite un lieux où un endroit, une rencontre humaine au retour d’un voyage qui ne vous a pas touché, ému.
Arrêtez de tout vouloir changer vous avez déjà les lieux, les structures, les moyens de transport il vous suffit de les manager de façons responsables, afin que le nom Tourisme ne soit plus associé à des qualificatifs négatifs.
Voyager doit rester une chance pour tous🙋‍♀️

3.Posté par beaumont le 20/04/2020 10:14 | Alerter
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Beaucoup de certitudes dans les propos de JF Rial induites par l'emploi du futur plutôt que le conditionnel.
Ce n'est pas la première fois que l'on nous dit que les choses vont changer, que l'on ne pensera plus comme avant, que les paquebots de 5000 passagers c'est fini, que l'on ne construira plus d'hôtels qui massacrent les sites, que l'on voyagera moins souvent, etc. Prédir l'avenir... lourde tâche. C'est tout de même bien d'avoir essayé.

4.Posté par Nicolas le 20/04/2020 12:51 | Alerter
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Le secteur du Tourisme doit se réinventer. D’accord avec vous JF Rial. Cette pause que nous subissons tous peut être une formidable bénédiction si nous en tirons les leçons et si nous agissons en conséquence par la suite.
Nous devons changer de paradigme et arrêter les voyages à 299€ TTC en AI. Les prix ne veulent plus rien dire. A force de démocratiser le voyage nous l’avons vulgarisé, banalisé. Aujourd’hui, on prend l’avion au prix d’un paquet de clope. Le désastre écologique, empreinte carbone, pollution qu’engendre le tourisme de masse est désormais connu de tous et prouvé par des faits scientifiques. Et que dire de ces villes qui meurent de la surfréquentation -Venise, DBV...-et du gâchis alimentaire que représente les all inclusive dans ces gros complexes hôteliers et dans ces paquebots de 5000pax. C’est insupportable. Nous devons s’en indigner. Cela à trop durer ! Cela suffit.
Oui les prix doivent remonter. Des taxes écologiques sur chaque voyage doivent soutenir les ONG qui défendent et luttent pour la survie de l’humanité. La planète elle survivra, elle a 4 milliards d’années, elle en connu d’autres. L’humanité est revanche, au vu ce que nous mangeons et nous respirons…C’est moins sûr ! Donc nous devons contribuer à cette survie, à ce combat, tous les jours d’ ailleurs, et les voyages ne doivent pas y échapper.
Voyager moins et voyager mieux pour limiter notre impact sur l'environnement. Je suis favorable à l’initiative de F Ruffin d’imposer un quota carbone par personne sur l’année. Le marché se rétrécira et s’ajustera de fait mais l’urgence climatique ne nous en laisse hélas pas le choix. Pour les voyages d’affaires, on a vu qu’en période de confinement les Zoom, Skype .. peuvent faire l’affaire pour l'organisation des meetings et autres réunions. Les voyages purement loisirs seront donc limités.. pour le bien de l’humanité.
Rester c’est exister et voyager c’est vivre, disait G Nadaud. Nous continuerons donc à voyager et à « faire voyager » mais différemment d’avant, autrement, que le voyage ne soit plus un simple produit de consommation – j’ai fait un pays- ! L’heure est peut être venue que notre profession redonne toutes ses lettres de noblesses au vrai sens du mot VOYAGE, celui qui enrichi personnellement à travers de formidable rencontres, d’échanges, de contact avec de nouvelles cultures, à travers la contemplation de paysages magnifiques plein de sérénité….Il faut certainement que notre profession (re)mette du sens dans les voyages. Que ça soit écologiques, humanitaires, éthiques….
Nous devons mieux voyager au même titre que nous devons mieux consommer. Rééduquer nos chers clients, leur faire prendre conscience des enjeux écologiques, humanitaires qu’il y a dans chaque déplacement, chaque voyages, dans la visite de chaque pays en leur proposant des expériences de voyages. .. et en finir avec le tourisme de masse. I have a dream…

5.Posté par Sebastien le 20/04/2020 12:58 | Alerter
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Bonjour,
Il faut arrêter les poncifs...
Non, je ne vois pas en quoi le covid-19 va tout d'un coup éveiller les consciences écologiques ; au contraire, il sera sacrifier sur l'autel de la reprise économique à tout prix. Et on aura beau jeu de mettre en avant la pause qu'on aura accordé à la planète pendant le confinement...
On veut que les gens soient libres d'aller et venir... mais pas trop quand même ; à pied, à vélo et en bateau à voile... alors que l'aviation commerciale représente moins de 5% des émissions de co2 et déploie beaucoup d'efforts pour les limiter encore...
Quant au tourisme de masse, c'est une vilaine expression qui regroupe toutes nos contradictions.
Plein de bons sentiments, on veut que tout le monde puisse profiter des voyages, que ce soit un droit et une liberté pour chacun... mais pas au détriment des environnements... et si possible pas en même temps que moi...
On veut faire profiter les populations locales des devises étrangère touristiques... mais pas trop quand même, ça empêchent ces mêmes populations de vivre tranquillement...

On veut limiter le tourisme ? C'est simple : il faut augmenter les prix. Mais le voyage et les vacances ne seront plus démocratiques, les populations locales auront moins de rentrées d'argent et l'industrie outgoing des pays émetteurs va péricliter. Et de toute façon, il y aura toujours un petit malin pour breaker les prix, car vous comprenez, "il faut bien prendre des parts de marché"...
Bref : chassez le naturel, il revient au galop...

Enfin, non, personne ne pourra remercier le covid-19 pour ça ni quoi que ce soit d'autre. Le voir comme une leçon ou une bénédiction sensée réveiller les consciences est d'une naïveté confondante et une insulte pour tous ceux qui en soufrent dans leur chair. C'est un virus, qui comme tout autre organisme vivant, tente de survivre. C'est une forme de vie parmi toutes celles de la planète qui se rappelle régulièrement à notre bon souvenir. Sauf qu'on les oublie vite, qui plus est lorsqu'elles ne perturbent pas l'occident.
Cette épidémie nous rappelle juste qu'il faut être plus prévoyant sur nos moyens de santé.
Aujourd'hui, personne ne remet en cause les mesures de sécurité anti-terrorisme dans les aéroports et les lieux publics. Demain, nous aurons intégré des mesures de détection et de prévention. Il faudra arriver encore plus tôt à l'aéroport... On fera avec...

6.Posté par Nicolas le 21/04/2020 12:02 | Alerter
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Bonjour Sébastien,
Article intéressant ce matin:
https://www.tourmag.com/Reinventer-le-tourisme-oui-mais-comment_a103285.html
Cette crise dramatique ne peut pas juste nous laisser des mesures de sécurités encore plus drastiques qu'avant .Tout ça juste pour ça !
Une réflexion profonde doit s'imposer. Quel est mon rôle, mon utilité, quel sens je donne à tout ça. Confinement Covid19 = châtiment- punition ou occasion de réinventer et d'améliorer notre profession? Un peu des deux ou ni l'un ni l'autre, chacun y mettra ce qu'il voudra .
Bon confinement et bonne réflexion !

7.Posté par Sebastien le 21/04/2020 18:48 | Alerter
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Bonjour Nicolas,

Je viens de lire l'article ; elle dresse un constat similaire au mien : le monde va s'adapter, comme il s'est adapté auparavant. Mais je ne suis pas d'accord sur l'arrivée imminente d'une "révolution covid".

Je suis peut-être pessimiste, mais la dernière crise majeure que nous avons traversée (les subprime en 2008) n'a rien changé au système, si ce n'est quelques petits ajustements. Celle que nous vivons actuellement est bien plus sévère dans ses conséquences, mais c'est un virus.
Donc, pour moi, ce qu'il va se passer, une fois qu'on s'en sera remis, c'est qu'on renforcera les protocoles de surveillance d'émergence des épidémies sras, les moyens de les circonscrire, les moyens de production des outils de protection, la capacité d'accueil des malades graves et les moyens de recherche et de production de vaccin/traitement. A la limite, on va réindustrialiser un peu le territoire pour certains produits stratégique afin de ne pas se taper la honte une 2e fois à côté des allemands qui eux ont conservé un tissus industriel suffisant afin de pouvoir adapter leur production avec leurs besoins.
Donc oui, tout ça pour ça.

Réinventer le monde, avec l'humain au centre de toute préoccupation ? Ce serait la nouvelle génération qui prendrait les choses en main ? On parle bien de celle qui veut tout, tout de suite ? Qui passe sa vie à réagir sur les réseaux sociaux plutôt qu'à essayer d'agir ? La même qui se "selfie" et qui ensuite va suivre des "influenceurs" ? Moi je veux bien, mais j'y crois moyen...

Réinventer le tourisme ? Pourquoi pas... Mais restons lucide.
Il y aura toujours des voyages et des voyageurs qui seront prêt à payer le prix de l'expertise.
Et il y aura toujours du tourisme et des touristes qui chercherons la bonne affaire, la promo, la dernière minute. Parce que c'est de la consommation. Donc à partir de là, c'est l'offre et la demande, la concurrence, la pression sur les prix, puis sur les marges, puis sur les salaires.
On entend souvent : "il faut remettre le client au centre de nos préoccupations". L'humain, c'est le client, et inversement. Et donc, la logique du chiffre est bien celle de l'humain.

Améliorer notre profession ? Les problèmes existaient déjà avant et se retrouvent même exacerbés (rapports prod/distrib, rapport cies aériennes/prod/distrib, entre autres...). Si déjà on arrivait à assainir ces rapports, avant même de réinventer la roue, ce serait pas mal, mais je n'y crois guère.

Pendant les semaines et mois qui viennent, on va s'abreuver de belles paroles et on se réveillera dans un an avec une belle gueule de bois...

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