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Karibea Hotels : "Nous avons soldé le passé et consolidé l'avenir"

L'interview de Patrice Fabre, président de GFD (Karibea Hôtels)


Plus de six ans après les grèves contre la vie chère aux Antilles, les professionnels du tourisme souffrent encore des répercussions de ces mouvements sur leur activité économique. Alors que Nouvelles Iles est en redressement judiciaire, le groupe Karibea Hôtels vient enfin de solder ses dettes. Il peut désormais se tourner vers l'avenir. Le point avec Patrice Fabre, président de GFD (Karibéa Hôtels).


Rédigé par A.B. le Mardi 7 Juillet 2015

Les hôtels Salako et Clipper et la résidence Prao en Guadeloupe sont fermés jusqu’au 15 novembre 2015 pour des travaux de rénovation - DR : Karibea Hotels
Les hôtels Salako et Clipper et la résidence Prao en Guadeloupe sont fermés jusqu’au 15 novembre 2015 pour des travaux de rénovation - DR : Karibea Hotels
TourMaG.com - Vous avez annoncé récemment la signature d'un accord avec vos créanciers, qui permet à Karibea de solder ses dettes, c'est bien cela ?

Patrice Fabre :
Oui, la holding GFD, qui possède les hôtels Karibea depuis 2007, est parvenue à élaborer un accord à l'amiable avec ses créanciers, qui lui a permis, en vendant les murs de 4 de ses hôtels de solder ses dettes.

Cette cession va également permettre au groupe de consolider son avenir, grâce à la rénovation de plusieurs établissements et à un investissement de 4M€ dans la formation des salariés.

TourMaG.com - D'où venaient ces dettes ? Avaient-elles un rapport avec la mise en redressement judiciaire du groupe en 2004 ?

Patrice Fabre :
Les hôtels Karibea n'ont jamais été en redressement judiciaire. C'est la holding GFD à laquelle ils appartiennent, qui a été placée en redressement judiciaire en 2004, alors qu'elle englobait diverses activités.

En 2007, un plan de continuation a été mis en place, et c'est dans ce cadre que la holding s'est spécialisée uniquement dans l'hôtellerie et a racheté les établissements Karibea.

L'activité hôtelière se déroulait bien, jusqu'en 2009, où elle a été impactée par les grèves.

Cette situation nous a amenés à céder une partie de nos actifs afin de consolider le groupe.

Nous avons donc trouvé un accord à l'amiable avec les créanciers, qui prévoyait le remboursement des dettes sous réserve de vendre les murs de 4 hôtels.

Pour le renforcer, nous l'avons fait homologuer auprès du tribunal de commerce de Fort-de-France, étant donné que le groupe ne fait l'objet d'aucune procédure juridique.

TourMaG.com - L'avenir du groupe sera donc orienté autour de la formation du personnel et de la rénovation des établissements ?

Patrice Fabre :
Cinq hôtels sont actuellement fermés jusqu'à fin novembre pour travaux.

Il s'agit des établissements Salako, Clipper et la résidence Prao (Karibea Beach Resort Gosier) en Guadeloupe et des hôtels Amandiers et Amyris (Karibea Resort Sainte-Luce) en Martinique. Nous rouvrirons juste avant la haute saison.

D'autres hôtels seront rénovés en 2016.

TourMaG.com - Que deviennent vos salariés durant cette période ?

Patrice Fabre :
Ils sont tous en formation depuis fin mai. Nous procédons à une remise à plat de tous les métiers, afin de motiver les équipes et d'améliorer le travail en équipe.

Nous avons même prévu une immersion sur l'île voisine de Sainte Lucie, en milieu anglophone, pour qu'ils découvrent de nouvelles façons de travailler.

TourMaG.com - Comment envisagez-vous l'avenir ? Une montée en gamme est-elle prévue ?

Patrice Fabre :
Pour l'instant, nous souhaitons rester sur le segment du 3*+. Les résidences de tourisme, lancées il y a 3 ans, nous permettent d'attirer une clientèle familiale, grâce à des tarifs plus compétitifs.

Aujourd'hui, l'essentiel de notre clientèle est française. Elle vient à nous soit en direct, via le site Internet, soit en B2B par l'action de nos partenaires tour-opérateurs et agences de voyages.

La clientèle directe est en majorité locale et réserve surtout hors saison. Elle pèse entre 12 et 15% du chiffre d'affaires annuel, un complément intéressant pour le groupe.

La clientèle Affaires vient souvent de métropole, tout comme les groupes, qui constituent 17% de nos parts de marché.

Nous aimerions désormais diversifier les nationalités, mais il faudrait d'abord améliorer la desserte aérienne.

TourMaG.com - Quels changements préconiseriez-vous ? Quatre compagnies françaises sont déjà positionnées sur les Antilles...

Patrice Fabre :
Hormis XL Airways, qui n'assure que 2 vols par semaine depuis Roissy, les autres compagnies partent d'Orly. Pour toucher une clientèle européenne, il faudrait changer d'aéroport, afin de faciliter les transferts.

Et puis, les Antilles sont soumises à un phénomène de saisonnalité toujours plus important. La réduction du programme de vols a fragilisé cette situation.

La bonne nouvelle, c'est qu'Air France vient d'annoncer une relance de 15% de son trafic vers la Martinique dès cet hiver.

Par ailleurs, la compagnie low cost Norwegian assurera 7 vols hebdomadaires en Guadeloupe et en Martinique au départ de New York, Washington et Boston, pour des tarifs inférieurs à 400€.

Cette arrivée a été négociée par les comités régionaux du tourisme des îles sœurs. Le CRT martiniquais travaillerait également sur des liaisons vers le Brésil.

Ces actions devraient désenclaver les Antilles et relancer l'activité.

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