Même estimées, ces données sont clairement fausses pour la raison parfaitement démontrable qu’on ne sait pas compter le nombre de touristes étrangers qui se rendent sur notre territoire, exceptés les très minoritaires qui entrent avec un visa. Cet aspect n’a pas été traité par le rapporteur de la commission - Photo Depositphotos.com alphaspirit
Madame la Présidente,
C’est avec un grand intérêt que j’ai pris connaissance de l’enregistrement vidéo du 3 octobre 2018 concernant la restitution du travail de votre commission sur le thème de la promotion touristique vers la clientèle étrangère. Je lirai avec enthousiasme le rapport parlementaire dès qu’il sera publié.
Il a été clairement indiqué lors de votre débat que nous avons un problème avec les statistiques touristiques de la France, ce que nous sommes nombreux à penser. Et que, très justement, on ne pouvait envisager de poser les bases d’une stratégie de promotion sans détenir au préalable des données fiables - qualitativement et quantitativement - sur la demande touristique.
En effet, on navigue depuis longtemps à l’aveugle.
Pour autant, si le rapporteur de la commission a expliqué que les recettes touristiques émanant des visiteurs étrangers avaient été revues (à la hausse) par la Banque de France et aussi « qu’un grand nombre de données échappent aux radars de la statistique », à aucun moment le chiffre principal du nombre de touristes internationaux fréquentant notre pays n’a été remis en cause.
C’est avec un grand intérêt que j’ai pris connaissance de l’enregistrement vidéo du 3 octobre 2018 concernant la restitution du travail de votre commission sur le thème de la promotion touristique vers la clientèle étrangère. Je lirai avec enthousiasme le rapport parlementaire dès qu’il sera publié.
Il a été clairement indiqué lors de votre débat que nous avons un problème avec les statistiques touristiques de la France, ce que nous sommes nombreux à penser. Et que, très justement, on ne pouvait envisager de poser les bases d’une stratégie de promotion sans détenir au préalable des données fiables - qualitativement et quantitativement - sur la demande touristique.
En effet, on navigue depuis longtemps à l’aveugle.
Pour autant, si le rapporteur de la commission a expliqué que les recettes touristiques émanant des visiteurs étrangers avaient été revues (à la hausse) par la Banque de France et aussi « qu’un grand nombre de données échappent aux radars de la statistique », à aucun moment le chiffre principal du nombre de touristes internationaux fréquentant notre pays n’a été remis en cause.
Des données sont clairement fausses
Autres articles
Les données officielles servies par le Ministère en charge du tourisme ont ainsi été répétées : « nous recevrons près de 90 millions de visiteurs en 2018 », comme 87, 85, 83 millions auparavant. Or, le fond du problème se situe dans ces annonces qui ne sont pas correctes.
Même estimées, ces données sont clairement fausses pour la raison parfaitement démontrable qu’on ne sait pas compter le nombre de touristes étrangers qui se rendent sur notre territoire, exceptés les très minoritaires qui entrent avec un visa. Cet aspect n’a pas été traité par le rapporteur de la commission.
Comme vous le savez, le principe de libre circulation des ressortissants de la CE et de la Suisse dans le périmètre européen, qui sont la grande majorité de nos visiteurs étrangers, rend impossible leur comptage dans les points d’entrées et de sorties du territoire.
Aussi, les méthodes utilisées pour dénombrer les touristes ne le permettent tout simplement pas.
Enquêter auprès des hébergements touristiques est trop partiel et donne des résultats trop approximatifs, d’autant que tous les types d’hébergeurs ne sont pas interrogés. Par ailleurs, une grande part des touristes logent chez des particuliers (locations, amis, famille) qui sortent du champ de l’enquête.
Concernant les recettes touristiques, si la Banque de France les a effectivement recalculées, le résultat n’en est pas moins insatisfaisant. En effet, beaucoup de touristes étrangers ne paient pas leurs dépenses par carte bancaire.
Mais surtout dès lors où nous ignorons combien nous recevons de visiteurs ne sachant ni les identifier, ni les compter, comment pourrions-nous déterminer combien ils dépensent, quelle est leur consommation en services associés au tourisme (culture / visites, restauration, hébergement, transport, alimentation, biens…), quelles est la durée de leur(s) séjour(s) ?
Pour ces raisons, il n’est pas davantage possible de définir le volume de recettes touristiques qu’ils rapportent, par les moyens utilisés. Pour s’en convaincre, il suffit de calculer, comme nous l’avons fait (*), les dépenses moyennes par touriste international. La France se retrouve alors au 63e rang des destinations touristiques sur la base de l’année 2016. Lire notre article : Les suspectes statistiques sur le tourisme par l'OMT.
(*) diviser les recettes touristiques internationales annoncées par le nombre d’arrivées annoncées
Même estimées, ces données sont clairement fausses pour la raison parfaitement démontrable qu’on ne sait pas compter le nombre de touristes étrangers qui se rendent sur notre territoire, exceptés les très minoritaires qui entrent avec un visa. Cet aspect n’a pas été traité par le rapporteur de la commission.
Comme vous le savez, le principe de libre circulation des ressortissants de la CE et de la Suisse dans le périmètre européen, qui sont la grande majorité de nos visiteurs étrangers, rend impossible leur comptage dans les points d’entrées et de sorties du territoire.
Aussi, les méthodes utilisées pour dénombrer les touristes ne le permettent tout simplement pas.
Enquêter auprès des hébergements touristiques est trop partiel et donne des résultats trop approximatifs, d’autant que tous les types d’hébergeurs ne sont pas interrogés. Par ailleurs, une grande part des touristes logent chez des particuliers (locations, amis, famille) qui sortent du champ de l’enquête.
Concernant les recettes touristiques, si la Banque de France les a effectivement recalculées, le résultat n’en est pas moins insatisfaisant. En effet, beaucoup de touristes étrangers ne paient pas leurs dépenses par carte bancaire.
Mais surtout dès lors où nous ignorons combien nous recevons de visiteurs ne sachant ni les identifier, ni les compter, comment pourrions-nous déterminer combien ils dépensent, quelle est leur consommation en services associés au tourisme (culture / visites, restauration, hébergement, transport, alimentation, biens…), quelles est la durée de leur(s) séjour(s) ?
Pour ces raisons, il n’est pas davantage possible de définir le volume de recettes touristiques qu’ils rapportent, par les moyens utilisés. Pour s’en convaincre, il suffit de calculer, comme nous l’avons fait (*), les dépenses moyennes par touriste international. La France se retrouve alors au 63e rang des destinations touristiques sur la base de l’année 2016. Lire notre article : Les suspectes statistiques sur le tourisme par l'OMT.
(*) diviser les recettes touristiques internationales annoncées par le nombre d’arrivées annoncées
La France n’est pas le low cost
J’ai entendu un député dire que « les touristes étrangers dépensaient peu en France » et demander comment y remédier. Cela est vrai de la part de ceux qui ne font que traverser notre pays du nord au sud ou en transit, évalués par l’Insee à environ 15 à 20 % des touristes étrangers. Pour eux, assimilés à des touristes, la France n’est pas leur destination de vacances ou de séjours.
Sinon, non ; la France n’est pas le low cost ou le Lidl du tourisme mondial. Loin de là. C’est tout simplement, encore une fois, que les chiffres statistiques sont inexacts. Il ne sert par conséquent à rien de chercher à faire dépenser plus aux touristes, ce qui serait contre-productif, ni à ne sélectionner que ceux qui accepteront de dépenser plus... (sourire).
Enfin, que vous envisagiez de développer les moyens affectés à la promotion de la destination France, notamment via les taxes de séjour réformées, est probablement très bien. Même si les taxes de séjours touchent également les Français qui représentent près de 2/3 des nuitées hôtelières.
Je suis cependant surpris d’entendre lors de votre débat « qu’il faudra prélever des taxes de séjours et savoir ensuite quoi en faire » - je cite. Normalement, on trace des objectifs et on cherche ensuite comment les financer. C’est donc mettre un peu la charrue avant les boeufs.
Sinon, non ; la France n’est pas le low cost ou le Lidl du tourisme mondial. Loin de là. C’est tout simplement, encore une fois, que les chiffres statistiques sont inexacts. Il ne sert par conséquent à rien de chercher à faire dépenser plus aux touristes, ce qui serait contre-productif, ni à ne sélectionner que ceux qui accepteront de dépenser plus... (sourire).
Enfin, que vous envisagiez de développer les moyens affectés à la promotion de la destination France, notamment via les taxes de séjour réformées, est probablement très bien. Même si les taxes de séjours touchent également les Français qui représentent près de 2/3 des nuitées hôtelières.
Je suis cependant surpris d’entendre lors de votre débat « qu’il faudra prélever des taxes de séjours et savoir ensuite quoi en faire » - je cite. Normalement, on trace des objectifs et on cherche ensuite comment les financer. C’est donc mettre un peu la charrue avant les boeufs.
Le nombre de touristes étrangers se rendant en France est inconnu
Dans tous les cas, il faudrait au préalable savoir si les moyens déjà utilisés par Atout France et par les organisations de promotion touristique des territoires sont pertinents, productifs et efficaces.
Autrement dit, augmenter les moyens financiers n’a de sens que si l’on sait si les budgets dans ce domaine sont bien utilisés et si l’on mesure les retombées des actions de promotion engagées. Ce qui n’est jamais fait.
En résumé, Madame la Présidente :
• Le nombre de touristes étrangers se rendant en France est inconnu car nous ne disposons à l’heure actuelle d’aucune méthode d’enquête quantitative pour le savoir. 90 millions attendus en 2018 ne peut être qu’une donnée imaginaire. Sachez qu’il en va ainsi de la plupart des autres pays touristiques, sauf chez ceux qui exigent un visa pour tous les entrants.
• Le volume des recettes touristiques - fixées à 49 milliards d’euros en 2017 - est tout aussi incorrect pour les raisons évoquées ci-avant.
• Le pourcentage du PIB (7 %) lié au tourisme ne peut être qu’inventé, ne parvenant pas à compter les visiteurs et à évaluer leurs recettes, et aussi parce qu’on ne sait pas ce qui peut être attribué à ce secteur. Par exemple, quelles parts de recettes de la restauration concernent les touristes étrangers, les touristes français, la clientèle française de passage et la clientèle locale (particuliers et entreprises). Personne ne le sait.
• En somme, la seule chose qu’on sache sur le tourisme …est qu’on ne sait rien.
Je voulais vous faire part de cette observation que j’alimente chaque année depuis 2006 avec d’autres professionnels. Car si répéter à l’envie que la France est championne du monde du tourisme ne peut être qu’une bonne vitrine pour attirer des touristes, la réalité est que cette annonce victorieuse fait qu’on ne se remet jamais en question à force d’entendre que nous serions les meilleurs, crise ou pas crise.
Prétexter que l’Espagne nous prendrait des parts de marché et qu’il faudrait par conséquent trouver plus d’argent pour faire la promotion touristique, est un faux nez et nous fait passer à côté de l’essentiel.
Il a d’ailleurs été légitimement rappelé dans votre débat que la promotion n’est pas tout et qu’il faut adapter l’offre touristique aux clientèles. Ma démarche est éminemment politiquement neutre et ne se situe que dans l’intérêt du tourisme français.
Je vous prie de recevoir, Madame la Présidente, mes salutations très respectueuses.
Mark WATKINS
Président de Coach Omnium
Autrement dit, augmenter les moyens financiers n’a de sens que si l’on sait si les budgets dans ce domaine sont bien utilisés et si l’on mesure les retombées des actions de promotion engagées. Ce qui n’est jamais fait.
En résumé, Madame la Présidente :
• Le nombre de touristes étrangers se rendant en France est inconnu car nous ne disposons à l’heure actuelle d’aucune méthode d’enquête quantitative pour le savoir. 90 millions attendus en 2018 ne peut être qu’une donnée imaginaire. Sachez qu’il en va ainsi de la plupart des autres pays touristiques, sauf chez ceux qui exigent un visa pour tous les entrants.
• Le volume des recettes touristiques - fixées à 49 milliards d’euros en 2017 - est tout aussi incorrect pour les raisons évoquées ci-avant.
• Le pourcentage du PIB (7 %) lié au tourisme ne peut être qu’inventé, ne parvenant pas à compter les visiteurs et à évaluer leurs recettes, et aussi parce qu’on ne sait pas ce qui peut être attribué à ce secteur. Par exemple, quelles parts de recettes de la restauration concernent les touristes étrangers, les touristes français, la clientèle française de passage et la clientèle locale (particuliers et entreprises). Personne ne le sait.
• En somme, la seule chose qu’on sache sur le tourisme …est qu’on ne sait rien.
Je voulais vous faire part de cette observation que j’alimente chaque année depuis 2006 avec d’autres professionnels. Car si répéter à l’envie que la France est championne du monde du tourisme ne peut être qu’une bonne vitrine pour attirer des touristes, la réalité est que cette annonce victorieuse fait qu’on ne se remet jamais en question à force d’entendre que nous serions les meilleurs, crise ou pas crise.
Prétexter que l’Espagne nous prendrait des parts de marché et qu’il faudrait par conséquent trouver plus d’argent pour faire la promotion touristique, est un faux nez et nous fait passer à côté de l’essentiel.
Il a d’ailleurs été légitimement rappelé dans votre débat que la promotion n’est pas tout et qu’il faut adapter l’offre touristique aux clientèles. Ma démarche est éminemment politiquement neutre et ne se situe que dans l’intérêt du tourisme français.
Je vous prie de recevoir, Madame la Présidente, mes salutations très respectueuses.
Mark WATKINS
Président de Coach Omnium