La Normandie en camping-car, focus sur la Côte d’Albâtre

Dieppe, « port de pêche et de ferries vers l’Angleterre ». Telle est l’étiquette d’une cité située en Normandie qui n’est pas la plus charmante du littoral normand mais dont l’histoire mérite qu’on s’y attarde.

Principal bassin de commerce vers les colonies françaises aux 16ème et 17ème s., sa facilité d’accès avec Paris lui vaut de devenir la première station balnéaire de France au 19ème s. Elle en conserve un mélange étonnant de populisme et de bourgeoisie. Dieppe a belle allure quai Duquesne, face au port de plaisance. Comme sur la colline du château, dominée par la forteresse du 15ème s. Elle souffre en revanche dans le quartier populaire du Pollet, à l’âme ouvrière appauvrie.

Sur la route du Havre, par la D75, la première commune à s’offrir aux camping-caristes est Varengeville-sur-Mer. Arrêt exigé dans ce village résidentiel aux manoirs cossus.

Deux parcs, splendides, sont à visiter : le Bois des Moutiers et la collection Shamrock. Le premier est un parfait jardin anglais, planté d’arbres et de fleurs exotiques. Le second affiche la plus grande collection d’hortensias au monde. Fin de l’arrêt ? Non, Varengeville abrite aussi une église perchée au dessus de la Manche.

Le peintre Georges Braque en a dessiné l’un des vitraux. L’artiste avait installé son atelier à Varengeville et repose au cimetière attenant à l’église. Il ne fut pas le seul à être séduit : Monet, Corot, Renoir, Picasso, Léger et Miró ont eu aussi le coup de foudre pour les paysages marins de Varengeville, de même que Proust, Cocteau, Prévert, Debussy, Ravel…

Poursuivons par la D75. Elle conduit à Sainte-Marguerite et à Quiberville. Galets gris pour l’une, petit port de pêche à crustacés pour l’autre, l’atmosphère populaire est corrigée par des maisons chics à hauts pignons, posées en vigies au dessus des à-pics. A Sotteville, le panorama s’ouvre enfin sur la côte crayeuse à falaises.

Partout, leur verticalité est précédée d’un estran où gisent des éboulis, témoins de leur érosion. Quand la falaise s’adoucit, on peut dévaler jusqu’à la mer. On se glisse alors dans des valleuses, bassins entaillés par de courts fleuves côtiers. Ailleurs, ce sont de raides escaliers, comme les 231 marches de Sotteville.

La valleuse la plus célèbre s’appelle Veules-les-Roses. Trois kilomètres après Sotteville, on est charmé par ce bourg jalonné de moulins et de maisons à colombages, flirtant avec l’eau d’un mini fleuve, au milieu de plantes aquatiques et de parterres de roses. C’est romantique à souhait.

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Au-delà de Saint-Valéry-en-Caux, une autre valleuse brille : les Petites Dalles. Ce hameau côtier aux villas éparpillées dans la verdure offre un décor de rêve. Les façades bourgeoises y côtoient des cabanons de plage d’un blanc immaculé, à l’image des falaises qui les encadrent. Delacroix et Monet tombèrent sous le charme.

L’impressionniste entama ici une série de marines dont l’une, peinte en 1880, fait le bonheur du Museum of Fine Arts, à Boston.

Cap sur Fécamp par la D79. Capitale de la Côte d’Albâtre, la ville a longtemps été un grand port de pêche et de terre-neuvas. Le tourisme, héritage d’une vocation balnéaire née aussi à la fin du 19ème s., continue de l’animer. Trois sites sont à visiter : l’abbatiale de la Sainte-Trinité, les Pêcheries-Musée de Fécamp et le Palais Bénédictine.

Le premier, construit dès le 12ème s., révèle un magnifique tympan gothique, une horloge astronomique à marées et une chapelle couverte de panneaux en bois.

Le tout sous une tour-lanterne et une nef en craie blanche aussi longue que celle de Notre-Dame-de-Paris (127 m) ! Le second est aménagé dans une ancienne sècherie de morue. Il propose des collections liées à l’histoire de Fécamp : pêche, beaux-arts et vie locale. Le troisième, de style gothique et Renaissance, abrite un musée des Beaux-Arts.

Avant ou après la séquence culturelle, les visiteurs peuvent profiter d’un espace pour tester, sous une verrière, les arômes de la célèbre liqueur Bénédictine, en dégustant crêpes, madeleines, cakes ou glaces.

Juste avant d’arriver en ville, ne manquez pas l’arrêt au cap Fagnet. C’est la plus haute falaise de la côte d’Albâtre (110 m). Depuis la chapelle Notre-Dame-du-Salut, on domine le port et ses bassins.

Il reste à rejoindre les falaises d’Etretat. Passée l’échancrure d’Yport, la route de campagne D940 livre de beaux champs de lin, avant de descendre vers le port. Même très fréquenté, la magie opère toujours.

Depuis la falaise nord, la vue plonge à droite vers l’arche d’Amont, au profil d’éléphant. A gauche, l’arche d’Aval a la silhouette fragile d’un arceau ciselé par l’érosion. Derrière elle, l’Aiguille se dresse à 70 m de haut. Fin de parcours sur cette côte où la nature a transformé les paysages en œuvres.