Parmi de très nombreuses études, l’une fait aujourd’hui beaucoup de bruit, c’est celle réalisée pour la Fondation Jean Jaurés par l’Ifop afin de mesurer en profondeur les conséquences de la crise sanitaire sur nos humeurs et comportements - Depositphotos.com Auteurolly18
Dans les années 2000, on appelait la tendance à se réfugier chez soi : le « cocooning ». Inventé par la prêtresse new-yorkaise des tendances : Faith Popcorn, le terme a fait fureur. Il faut dire qu’il traduisait bien le repli sur soi constaté parmi des populations occidentales frappées par les attaques terroristes du 11 septembre et la grisaille économique.
Après les premiers mois de confinement, j’ai évoqué pour ma part : le « néo cocooning ».
Assigné à résidence, le monde tentait tant bien que mal de redécouvrir les joies prolongées d’un séjour à la maison. Avec deux différences majeures.
D’une part, contrairement aux années deux-mille, on devait transformer sa maison en lieu de travail. Mais, d’autre part, connecté par la technologie, le foyer n’en demeurait pas moins ouvert sur l’extérieur via toutes sortes d’écrans permettant à la fois de travailler mais aussi de se divertir (cinéma, musique, visites culturelles…) et de garder un semblant de vie sociale à travers des chats, visioconférences etc.
Après les premiers mois de confinement, j’ai évoqué pour ma part : le « néo cocooning ».
Assigné à résidence, le monde tentait tant bien que mal de redécouvrir les joies prolongées d’un séjour à la maison. Avec deux différences majeures.
D’une part, contrairement aux années deux-mille, on devait transformer sa maison en lieu de travail. Mais, d’autre part, connecté par la technologie, le foyer n’en demeurait pas moins ouvert sur l’extérieur via toutes sortes d’écrans permettant à la fois de travailler mais aussi de se divertir (cinéma, musique, visites culturelles…) et de garder un semblant de vie sociale à travers des chats, visioconférences etc.
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Ajoutant plusieurs cordes à son arc, la « maison » a ainsi peu à peu changé de statut et de fonction. Se positionnant comme un lieu à la fois ouvert et fermé, à la fois convivial et protecteur pour toute la famille.
Mais, les transformations subies pendant le confinement ne s’arrêtent pas là. Parmi de très nombreuses études, l’une fait aujourd’hui beaucoup de bruit, c’est celle réalisée pour la Fondation Jean Jaurés par l’Ifop afin de mesurer en profondeur les conséquences de la crise sanitaire sur nos humeurs et comportements. Et que dit-elle ?
Elle précise que, toutes classes sociales confondues, 41% des Franciliens, 29% des personnes vivant dans des villes secondaires et 22% de la population rurale, se sentent beaucoup moins motivés dans leur quotidien.
Une perte de motivations provenant sans aucun doute pour les auteurs de l’étude, de la grande fatigue accumulée durant les mois de confinement : 41% des Français se sentent plus fatigués après un effort physique ! Vue de l’esprit ? Pas du tout.
Si l’on compare les capacités pulmonaires des jeunes entre 1990 et maintenant, ils auraient perdu un quart de leurs capacités pulmonaires, notamment à cause des écrans ! D’où la campagne lancée par le gouvernement pour faire bouger les ados.
Globalement, et c’est aussi cela qui est inquiétant : sortant moins de chez soi, on a de moins en moins envie d’en sortir : 45% des Français seraient dans ce cas. Notamment en Ile-de-France où ce pourcentage grimpe à 52% parmi les 25/34 ans et 53% parmi les 35/49 ans.
Preuve que la tendance est lourde, une récente enquête du Crédoc que nous avons analysée demandait aux Françaises et aux Français quel serait pour eux un vendredi soir idéal. Eh bien, l’élément qui arrivait en tête était pour 37% d’entre eux un plateau-repas devant la télévision !
Soit un score deux fois plus élevé qu’une sortie entre amis (15%) ! En fait, l’effort n’est plus sacralisé, d’une façon générale précisent les auteurs de l’étude. Ni, dans la vie quotidienne, ni dans les moments de loisirs, ni dans la vie professionnelle…
Mais, les transformations subies pendant le confinement ne s’arrêtent pas là. Parmi de très nombreuses études, l’une fait aujourd’hui beaucoup de bruit, c’est celle réalisée pour la Fondation Jean Jaurés par l’Ifop afin de mesurer en profondeur les conséquences de la crise sanitaire sur nos humeurs et comportements. Et que dit-elle ?
Elle précise que, toutes classes sociales confondues, 41% des Franciliens, 29% des personnes vivant dans des villes secondaires et 22% de la population rurale, se sentent beaucoup moins motivés dans leur quotidien.
Une perte de motivations provenant sans aucun doute pour les auteurs de l’étude, de la grande fatigue accumulée durant les mois de confinement : 41% des Français se sentent plus fatigués après un effort physique ! Vue de l’esprit ? Pas du tout.
Si l’on compare les capacités pulmonaires des jeunes entre 1990 et maintenant, ils auraient perdu un quart de leurs capacités pulmonaires, notamment à cause des écrans ! D’où la campagne lancée par le gouvernement pour faire bouger les ados.
Globalement, et c’est aussi cela qui est inquiétant : sortant moins de chez soi, on a de moins en moins envie d’en sortir : 45% des Français seraient dans ce cas. Notamment en Ile-de-France où ce pourcentage grimpe à 52% parmi les 25/34 ans et 53% parmi les 35/49 ans.
Preuve que la tendance est lourde, une récente enquête du Crédoc que nous avons analysée demandait aux Françaises et aux Français quel serait pour eux un vendredi soir idéal. Eh bien, l’élément qui arrivait en tête était pour 37% d’entre eux un plateau-repas devant la télévision !
Soit un score deux fois plus élevé qu’une sortie entre amis (15%) ! En fait, l’effort n’est plus sacralisé, d’une façon générale précisent les auteurs de l’étude. Ni, dans la vie quotidienne, ni dans les moments de loisirs, ni dans la vie professionnelle…
La « grande démission » : le travail perd de sa valeur
Pour preuve, l’autre constat parallèle et majeur de ces derniers mois, consiste dans la désertion de nombreux emplois par les salariés. En France, on considère qu’entre fin 2021 et début 2022, près de 520 000 personnes par trimestre ont quitté leur emploi, dont 470 000 démissions de CDI. Le record précédent datait du premier trimestre 2008, avec 510 000 démissions dont 400 000 pour les seuls CDI.
Aux USA, en 2021, on a évoqué le chiffre astronomique de 47 millions de salariés ayant démissionné de leur emploi. Baptisé « Grande démission », ce mouvement est, depuis, en recul. Mais, il est une autre tendance en train de s’affirmer ( elle existait déjà), c’est celle du « Quiet quitting », soit l’art d’en faire moins au boulot ou juste ce qui suffit pour ne pas se faire virer !
Comparable dans bien d’autres pays occidentaux, ce constat a pour origine les mêmes raisons : besoin de se réinventer, de réinventer sa vie, de ne plus subir de harcèlement, d’être mieux payés et d’économiser son énergie pour des activités qui en valent la peine.
Aux USA, en 2021, on a évoqué le chiffre astronomique de 47 millions de salariés ayant démissionné de leur emploi. Baptisé « Grande démission », ce mouvement est, depuis, en recul. Mais, il est une autre tendance en train de s’affirmer ( elle existait déjà), c’est celle du « Quiet quitting », soit l’art d’en faire moins au boulot ou juste ce qui suffit pour ne pas se faire virer !
Comparable dans bien d’autres pays occidentaux, ce constat a pour origine les mêmes raisons : besoin de se réinventer, de réinventer sa vie, de ne plus subir de harcèlement, d’être mieux payés et d’économiser son énergie pour des activités qui en valent la peine.
La perte de motivation au travail touche davantage les jeunes actifs (46% des 25-34 ans), mais aussi les cadres (44%) et les professions intermédiaires (43%), contre 34% « seulement » parmi les employés et ouvriers, catégories dont on notera qu’elles sont moins concernées par le télétravail. (Sources Ifop).
Le délitement de la valeur travail n’est donc pas une vue de l’esprit. Repérée il y a déjà une bonne quinzaine d’années, elle se confirme et perd de plus en plus de suffrages.
La société des loisirs revue et corrigée par les années 2000
.. Bien évidemment, ce nouvel état d’esprit ne se traduit pas par une inactivité sociale et professionnelle totale et un laisser-aller généralisé.
Dans le domaine qui nous concerne : le loisir (qui a gagné 10 points), c’est d’une mutation de l’extérieur vers l’intérieur qu’il s’agirait. Car, tout le monde aura remarqué que les services à domicile se sont amplement développés.
En matière de restauration, ils ont tout simplement doublé et continuent sur cette pente ascendante. Le shopping à domicile n’a pas chômé non plus faisant les affaires des plateformes les plus performantes. Quant à la VOD, elle affiche une excellente santé pour atteindre 977,7 millions d’euros (juin 2022), soit une hausse de 15,2% sur une année.
Et hélas, parmi ceux qui se sont abonnés à une offre de vidéo à la demande, 29% des personnes interrogées déclarent « aller moins souvent au cinéma » et 12% indiquent « ne plus y aller du tout ». Quant au jeu vidéo, il ne se contente pas de progresser parmi les enfants, il progresse aussi parmi les adultes. Un adulte sur trois (35%) joue tous les jours selon le syndicat dédié.
Et que dire des spas et jacuzzis, nouveaux équipements indispensables développés par la « civilisation du cocon », qui se vendent comme des petits pains ? Tandis que, globalement globalement, 18% des Français déclarent faire moins de sports depuis le Covid qu’avant. Pire, ils sont 28% dans ce cas parmi les 18/24 ans. Mais, 15% en font plus !
En fait et à ce stade des observations, il semblerait bien que la montée en puissance de la paresse durant les temps de travail et temps hors travail caractérisée par une moindre envie de sortir de chez soi, soit en train de modifier la conception que l’on avait de la société des loisirs telle que la pensaient les sociologues de l’après-guerre.
- Ainsi, voyait-on cette société se développer autour d’activités de plein air permettant aux hommes et aux femmes de s’oxygéner dans des territoires naturels comme la campagne, la montagne, la mer…
- Ainsi, la voyait-on privilégier le mode collectif et solidaire sur le mode individuel.
- Ainsi, l’imaginait-on orientée vers le mouvement : sports, jeux, randonnées…
- Sans compter qu’on la voyait se développer à travers le prisme cher à Joffre Dumazedier des « 3 D » : détente, divertissement, développement…
Eh bien, en moins d’un siècle, les vents ont tourné autrement et semblent prendre une autre orientation. Mais, comme toujours, une partie seulement de la population est touchée par ces mouvements de fond.
Le « mainstream » n’a pas encore changé ses habitudes et continue pour sa part à opter pour le plein air, l’activité physique, la détente. Probablement avec un changement de « timing » lié à l’augmentation massive du télétravail qui module différemment les emplois du temps des salariés.
D’autres encore se cantonnent à une hyper activité quasi névrotique. Alors que la majorité cherche et cherchera longtemps encore son équilibre entre famille et travail, dedans / dehors, canapé/ trekking, local/exotisme et méritera d’être observée de près…
Dans le domaine qui nous concerne : le loisir (qui a gagné 10 points), c’est d’une mutation de l’extérieur vers l’intérieur qu’il s’agirait. Car, tout le monde aura remarqué que les services à domicile se sont amplement développés.
En matière de restauration, ils ont tout simplement doublé et continuent sur cette pente ascendante. Le shopping à domicile n’a pas chômé non plus faisant les affaires des plateformes les plus performantes. Quant à la VOD, elle affiche une excellente santé pour atteindre 977,7 millions d’euros (juin 2022), soit une hausse de 15,2% sur une année.
Et hélas, parmi ceux qui se sont abonnés à une offre de vidéo à la demande, 29% des personnes interrogées déclarent « aller moins souvent au cinéma » et 12% indiquent « ne plus y aller du tout ». Quant au jeu vidéo, il ne se contente pas de progresser parmi les enfants, il progresse aussi parmi les adultes. Un adulte sur trois (35%) joue tous les jours selon le syndicat dédié.
Et que dire des spas et jacuzzis, nouveaux équipements indispensables développés par la « civilisation du cocon », qui se vendent comme des petits pains ? Tandis que, globalement globalement, 18% des Français déclarent faire moins de sports depuis le Covid qu’avant. Pire, ils sont 28% dans ce cas parmi les 18/24 ans. Mais, 15% en font plus !
En fait et à ce stade des observations, il semblerait bien que la montée en puissance de la paresse durant les temps de travail et temps hors travail caractérisée par une moindre envie de sortir de chez soi, soit en train de modifier la conception que l’on avait de la société des loisirs telle que la pensaient les sociologues de l’après-guerre.
- Ainsi, voyait-on cette société se développer autour d’activités de plein air permettant aux hommes et aux femmes de s’oxygéner dans des territoires naturels comme la campagne, la montagne, la mer…
- Ainsi, la voyait-on privilégier le mode collectif et solidaire sur le mode individuel.
- Ainsi, l’imaginait-on orientée vers le mouvement : sports, jeux, randonnées…
- Sans compter qu’on la voyait se développer à travers le prisme cher à Joffre Dumazedier des « 3 D » : détente, divertissement, développement…
Eh bien, en moins d’un siècle, les vents ont tourné autrement et semblent prendre une autre orientation. Mais, comme toujours, une partie seulement de la population est touchée par ces mouvements de fond.
Le « mainstream » n’a pas encore changé ses habitudes et continue pour sa part à opter pour le plein air, l’activité physique, la détente. Probablement avec un changement de « timing » lié à l’augmentation massive du télétravail qui module différemment les emplois du temps des salariés.
D’autres encore se cantonnent à une hyper activité quasi névrotique. Alors que la majorité cherche et cherchera longtemps encore son équilibre entre famille et travail, dedans / dehors, canapé/ trekking, local/exotisme et méritera d’être observée de près…
[Les Français, l’effort et la fatigue.]urlblank :https://www.jean-jaures.org/wp-content/uploads/2022/11/RapportIfop.pdf Étude Ifop pour La Fondation Jean Jaurès. Septembre 2022.
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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