Les distributeurs ne veulent pas d'un changement systémique initié par le Club Med, les producteurs ne disent pas non, mais... - Crédit photo : Depositphotos @olly18
Alors que le tourisme essuie depuis 2 ans les turbulences et les trous d’air liés à la pandémie, le Club Med a décidé de rouvrir la vieille guerre intestine qui anime le secteur.
Dorénavant les agences partenaires ne porteront plus la responsabilité du règlement des séjours.
"A la fin du parcours de réservations depuis le site B2B on aura ce qu'on appelle un serveur de paiement qui enverra un message au client lui permettant de régler son acompte via son smartphone," annonçait Jawad Benameur, directeur commercial B2B du Club Med à l’occasion de la convention des franchisés Havas Voyages.
Une décision qui a non seulement fait grincer des dents dans la péninsule Arabique mais aussi à quelques milliers de kilomètres de là.
"C'est une décision assez brutale, mais avec le Club Med, nous avons l'habitude," peste François Piot.
Dorénavant les agences partenaires ne porteront plus la responsabilité du règlement des séjours.
"A la fin du parcours de réservations depuis le site B2B on aura ce qu'on appelle un serveur de paiement qui enverra un message au client lui permettant de régler son acompte via son smartphone," annonçait Jawad Benameur, directeur commercial B2B du Club Med à l’occasion de la convention des franchisés Havas Voyages.
Une décision qui a non seulement fait grincer des dents dans la péninsule Arabique mais aussi à quelques milliers de kilomètres de là.
"C'est une décision assez brutale, mais avec le Club Med, nous avons l'habitude," peste François Piot.
Paiement en direct : le Club Med va-t-il créer un appel d'air ?
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Alors que le monde faisait connaissance avec le covid-19, la quasi-totalité des agréments Club Med de Prêt à Partir, était résiliée. Cela a été aussi le cas pour d'autres réseaux.
Vous comprenez donc, que pour le patron meurthois, la décision ne le concerne pas vraiment, tout comme la grande majorité des agences de voyages françaises.
Pour autant, faut-il craindre un appel d'air au sein de la production ?
"Chacun est libre de sa politique commerciale.
D'autres tour-opérateurs peuvent essayer d'embrayer. Nous serons vent debout contre une décision aussi brutale et directe concernant les délais de paiement," menace le PDG de Prêt à Partir.
Il n'est pas le seul à montrer les crocs, face à une telle menace.
Du côté de Laurent Abitbol, Président du directoire de Selectour et Groupe Marietton le premier concerné par l'annonce, la marge de manœuvre est nulle pour l'ensemble des tour-opérateurs qui souhaiteraient profiter de la brèche.
"Je suis absolument contre ce modèle.
Un TO qui fera ça ne sera pas référencé, c'est clair et net. D'ailleurs le Club Med n'est pas référencé chez Selectour. Je pense que personne n'osera franchir le pas," croit savoir, le patron de Marietton.
Vous comprenez donc, que pour le patron meurthois, la décision ne le concerne pas vraiment, tout comme la grande majorité des agences de voyages françaises.
Pour autant, faut-il craindre un appel d'air au sein de la production ?
"Chacun est libre de sa politique commerciale.
D'autres tour-opérateurs peuvent essayer d'embrayer. Nous serons vent debout contre une décision aussi brutale et directe concernant les délais de paiement," menace le PDG de Prêt à Partir.
Il n'est pas le seul à montrer les crocs, face à une telle menace.
Du côté de Laurent Abitbol, Président du directoire de Selectour et Groupe Marietton le premier concerné par l'annonce, la marge de manœuvre est nulle pour l'ensemble des tour-opérateurs qui souhaiteraient profiter de la brèche.
"Je suis absolument contre ce modèle.
Un TO qui fera ça ne sera pas référencé, c'est clair et net. D'ailleurs le Club Med n'est pas référencé chez Selectour. Je pense que personne n'osera franchir le pas," croit savoir, le patron de Marietton.
Club Med : "ils nient notre existence et d'un point de vue commercial, c'est juste du mépris"
Sans être aussi radical, le point de vue est sensiblement le même, pour Richard Vainopoulos.
"Il est possible de comprendre ce que le Club Med met en place, car c'est un des rares producteurs à vendre ses propres produits.
Je n'ai pas de crainte quant à une généralisation du paiement en direct, cela ne se produira par. Les TO devraient alors obtenir un agrément ACPR," explique le patron de Tourcom.
Selon lui à partir du moment où une entreprise encaisse des fournisseurs pour en payer d'autres, en tant qu'intermédiaires, elle ne peut pas encaisser sans cette autorisation.
Tourcom a mis un an et demi pour obtenir l'agrément auprès de la Banque de France.
Pour une fois, la distribution fait front et rien ne semble ébranler la digue. Personne ne veut voir le système remis en cause.
Malgré tout, le message envoyé par le géant franco-chinois parait clair pour François Piot.
"Ils nient notre existence et d'un point de vue commercial, c'est juste du mépris. Ce qu'ils disent clairement : c'est que la distribution ne mérite pas d'avoir notre trésorerie.
Dans le même temps, ils nous sous-commissionnent et le client leur appartient."
D'ailleurs, lors de la reprise d'agences de Thomas Cook, le réseau de l'Est de la France avait interdiction de communiquer avec les clients ayant acheté un séjour dans un des villages vacances au Trident.
"Ils ne nous considèrent pas comme des distributeurs, mais comme des personnes qui remettent des carnets de voyages ou des points de promotion de leurs catalogues," poursuit le PDG de Prêt à Partir.
"Il est possible de comprendre ce que le Club Med met en place, car c'est un des rares producteurs à vendre ses propres produits.
Je n'ai pas de crainte quant à une généralisation du paiement en direct, cela ne se produira par. Les TO devraient alors obtenir un agrément ACPR," explique le patron de Tourcom.
Selon lui à partir du moment où une entreprise encaisse des fournisseurs pour en payer d'autres, en tant qu'intermédiaires, elle ne peut pas encaisser sans cette autorisation.
Tourcom a mis un an et demi pour obtenir l'agrément auprès de la Banque de France.
Pour une fois, la distribution fait front et rien ne semble ébranler la digue. Personne ne veut voir le système remis en cause.
Malgré tout, le message envoyé par le géant franco-chinois parait clair pour François Piot.
"Ils nient notre existence et d'un point de vue commercial, c'est juste du mépris. Ce qu'ils disent clairement : c'est que la distribution ne mérite pas d'avoir notre trésorerie.
Dans le même temps, ils nous sous-commissionnent et le client leur appartient."
D'ailleurs, lors de la reprise d'agences de Thomas Cook, le réseau de l'Est de la France avait interdiction de communiquer avec les clients ayant acheté un séjour dans un des villages vacances au Trident.
"Ils ne nous considèrent pas comme des distributeurs, mais comme des personnes qui remettent des carnets de voyages ou des points de promotion de leurs catalogues," poursuit le PDG de Prêt à Partir.
Production : "tous les TO aimeraient que cela se généralise !"
"Je ne ferais aucun commentaire.
Nous avons donné l'argument juridique lors du Forum du Seto en 2019, c'est au tour-opérateur d'agir," commente sans vraiment le faire, René Marc Chikli.
Depuis cette date, MSC Croisières a saisi la balle au bond, puis le Club Med l'a repris en plein vol. Pour autant, les autres n'ont pas osé bougés, malgré l'alléchante tentation.
"Je pense que vous n'entendrez aucun tour-opérateur vous dire qu'il ne veut pas que cela soit généralisé.
Détenir la trésorerie est importante, même si ça l'est un peu moins que par le passé. Cela nous permettrait d'investir et d'avoir des besoins moindres en fonds de roulement," lâche Emmanuel Foiry, le président de Kuoni France.
Les deux camps tiennent donc des positions très éloignées, avec une distribution plaidant un statu quo et de l'autre une production souhaitant une refonte.
Et de l'avis de tous, les évolutions devraient être mineures, alors que la France fait figure d'exception dans le marché touristique européen.
Un immobilisme général qui s'explique pour différentes raisons.
Pour un autre patron du secteur ayant préféré garder l'anonymat, du fait du modèle presque unique du Club Med, sa prise de position sera difficilement duplicable.
Nous avons donné l'argument juridique lors du Forum du Seto en 2019, c'est au tour-opérateur d'agir," commente sans vraiment le faire, René Marc Chikli.
Depuis cette date, MSC Croisières a saisi la balle au bond, puis le Club Med l'a repris en plein vol. Pour autant, les autres n'ont pas osé bougés, malgré l'alléchante tentation.
"Je pense que vous n'entendrez aucun tour-opérateur vous dire qu'il ne veut pas que cela soit généralisé.
Détenir la trésorerie est importante, même si ça l'est un peu moins que par le passé. Cela nous permettrait d'investir et d'avoir des besoins moindres en fonds de roulement," lâche Emmanuel Foiry, le président de Kuoni France.
Les deux camps tiennent donc des positions très éloignées, avec une distribution plaidant un statu quo et de l'autre une production souhaitant une refonte.
Et de l'avis de tous, les évolutions devraient être mineures, alors que la France fait figure d'exception dans le marché touristique européen.
Un immobilisme général qui s'explique pour différentes raisons.
Pour un autre patron du secteur ayant préféré garder l'anonymat, du fait du modèle presque unique du Club Med, sa prise de position sera difficilement duplicable.
Paiement en direct : "ce sont des choses qui ne bougeront jamais !"
"Il est en position de force par rapport à la distribution, sans être dépendant des réseaux. Même sans eux ses produits se vendront.
Après cet exemple peut servir au moment des négociations, lorsque des partenaires demanderont d'allonger les délais de paiement," croit-il savoir.
Un rapport de force qui aurait pu être utilisé par d'autres, comme TUI, il y a quelques années.
Avec ses marques puissantes sur le marché français, à l'image de Nouvelles Frontières et Marmara, le géant allemand aurait pu bouger les lignes.
"Il ne l'a pas fait pour X raisons.
Ce débat vous le retrouvez aussi avec les taux de commission. Le Club Med a des taux entre 8 et 11%, alors que les autres sont plus proches des 15%," analyse Emmanuel Foiry.
Pour le patron de Kuoni, les agences de voyages maintiennent cette mainmise sur la trésorerie en raison de leur domination historique et unique en Europe, sur le marché touristique.
"La distribution a su s'organiser en réseau de volontaires, lui permettant d'obtenir cette position. Elle a été stratégique. C'est une position acquise et bravo pour elle.
Ce sont des choses qui ne bougeront jamais," conclut-il.
La chute de Thomas Cook n'y a rien changé, la crise sanitaire a juste relancé le débat, mais pas nécessairement ouvert les hostilités. Alors que tout le monde sortira affaibli par la crise, les uns et les autres n'auraient rien à gagner à ouvrir ce front.
"Ce n'est clairement pas le moment pour renégocier, dans un sens ou dans l'autre.
Le jour où le marché reviendra à la normale, alors nous en reparlerons," conclut François Piot, pour qui l'enjeu premier du secteur est de faire revenir les clients.
Après cet exemple peut servir au moment des négociations, lorsque des partenaires demanderont d'allonger les délais de paiement," croit-il savoir.
Un rapport de force qui aurait pu être utilisé par d'autres, comme TUI, il y a quelques années.
Avec ses marques puissantes sur le marché français, à l'image de Nouvelles Frontières et Marmara, le géant allemand aurait pu bouger les lignes.
"Il ne l'a pas fait pour X raisons.
Ce débat vous le retrouvez aussi avec les taux de commission. Le Club Med a des taux entre 8 et 11%, alors que les autres sont plus proches des 15%," analyse Emmanuel Foiry.
Pour le patron de Kuoni, les agences de voyages maintiennent cette mainmise sur la trésorerie en raison de leur domination historique et unique en Europe, sur le marché touristique.
"La distribution a su s'organiser en réseau de volontaires, lui permettant d'obtenir cette position. Elle a été stratégique. C'est une position acquise et bravo pour elle.
Ce sont des choses qui ne bougeront jamais," conclut-il.
La chute de Thomas Cook n'y a rien changé, la crise sanitaire a juste relancé le débat, mais pas nécessairement ouvert les hostilités. Alors que tout le monde sortira affaibli par la crise, les uns et les autres n'auraient rien à gagner à ouvrir ce front.
"Ce n'est clairement pas le moment pour renégocier, dans un sens ou dans l'autre.
Le jour où le marché reviendra à la normale, alors nous en reparlerons," conclut François Piot, pour qui l'enjeu premier du secteur est de faire revenir les clients.