Léa : L'été a été chaud... mais on va pas se laisser "abattre" !

L’été a été triste comme un journal présenté par Arlette Chabot.

Tu vois la tête d’Arlette Chabot ? (si tu as moins de 30 ans, cherche sur Google images).

Si je ne prenais pas de produit dopant, j’aurais la même tête qu’elle.

Je voulais faire une petite revue des destinations qui avaient marché cet été. En fait, chez Big-Boss Voyages, on a vendu un peu de tout.

C’est la première fois que la règle du 80/20 est complètement cassée.

Avant, on vendait des Etats-Unis, du bassin med' et du Bali l’été ; des Caraïbes, de l’Océan Indien et de la Thaïlande l’hiver ; des croisières, du Maroc et de l’Afrique de l’Est toute l’année.

Comme l’an dernier, la grosse destination de l’été, c’était la Sardaigne. Il faut dire qu’on a mis le paquet entre achats fermes de groupes en aérien et allotements hôteliers.

On avait déjà fait un beau volume l’an dernier sur nos produits maison en prenant des risques mesurés, car on savait qu’on pouvait compter sur les produits Donatello pour répondre aux demandes de dernière minute.

Donatello disparu, Isa avait parié que tripler nos engagements sur la Sardaigne n’était pas risqué. Ben je peux te dire qu’on a eu chaud.

A part le départ du 17 juillet, on a presque tout vendu, mais parfois la veille du départ. Je ne t’explique même pas la tête de Big Boss le lundi quand il voyait qu’il nous restait 12 sièges (et 6 chambres) à vendre pour le vendredi suivant alors que tout était déjà payé !

Pourquoi la Sardaigne a-t-elle si bien marché ? C’est par défaut.

Comme les clients se sont détournés de tout le reste, il fallait bien qu’ils fassent des reports quelque part (et pas seulement sur Deauville, le Lubéron et l’île de Ré).

La Tunisie n’a jamais été une grosse destination chez nous mais après l’attentat du Bardo, et pire encore après celui de Sousse, les clients ont nettement refusé.

J’avoue qu’on n’avait pas beaucoup de clés pour argumenter. J’ai eu beau réciter le credo de Môssieur Rial (qui a bien voulu livrer le sel de sa pensée aux agents de voyages idiots que nous sommes dans les colonnes de TourMaG), rien n’y a fait.

Soit mon petit cerveau ne pouvait pas comprendre la sagesse incarnée, soit mes clients n’ont pas été assez intelligents pour comprendre la démonstration du Dalai Lama de la profession.

Tunisie amie, je suis désolée d’être une moins que rien.

Mes clients n’ont pas voulu non plus de Maroc. Le Ramadan en juillet n’a rien aidé.

Ils ne se sont pas non plus précipités en Grèce, qui a été chez Big-Boss Voyages la grosse déception de l’été.

Merci aux medias d’avoir relayé des informations alarmistes sur les queues aux distributeurs de cash, la limitation des retraits à 60€ par jour (sans préciser que c’était juste pour les porteurs de cartes grecques), l’afflux des migrants sur les plages ou le fait que les hôteliers allaient demander aux touristes de régler en espèces des nuitées déjà payées en agences car nos virements allaient être bloqués par la troïka.

Cet été, on a vendu tout et son contraire.

On a vendu du Cuba à la pelle parce que tout le monde veut y aller avant que l’île ne soit envahie de porteurs de billets verts (je ne résiste pas ici à l’envie de restituer la discussion hallucinante entre l’un de mes confrères et l’un de ses clients) :

« Bonjour, je voudrais un devis sur Cuba.
- Oui, pour quelle période ?
- Pour quand les travaux seront terminés.
- Les travaux ?
- Ben oui, depuis que les Américains ont racheté Cuba, ils font des travaux, non ? »

(Parfois, je voudrais que nos clients passent des tests de culture générale).

On a vendu un peu de Turquie malgré l’attentat d’Istanbul, quelques dossiers Monténégro à ceux qui avaient déjà tout vu.

On a vendu des séjours à Bali malgré le volcan capricieux, des USA malgré la baisse de l’euro et le début d’épidémie de peste, de la Thaïlande malgré la mousson et les attentats, de l’Islande et du Canada malgré les augmentations de prix…

A chaque fois, il a fallu déployer des montagnes d’arguments pour faire signer un malheureux dossier.

En cette fin d’été, je suis fatiguée. J’allais me plaindre. Et puis il y a eu la tuerie avortée du Thalys vendredi soir.

Je me suis dit que parfois, le destin mettait sur notre route des anges gardiens, que la vie était belle et qu’il fallait profiter de chaque seconde pour découvrir le monde.

C’est le discours que je tiendrai dès demain à mes clients. Allez, on se motive : chaque année est plus difficile que la précédente mais on a survécu à tellement de difficultés géopolitiques, climatiques ou économiques, qu’on ne va pas se laisser abattre par les menaces terroristes, un volcan équatorien capricieux ou une épidémie quelconque.