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M. Herbaut (Voyages C. Mathez) : « Les agences s’en sortent uniquement par le volume »

L’interview de Michelle Herbaut, présidente de Voyages C. Mathez.


Si Voyages C. Mathez n’a pas totalement retrouvé son volume d’activité de 2019, elle s’en rapproche. Le MICE connaît une bonne dynamique et un bon niveau de rémunération. Sur le business travel, l’entreprise mise sur le gain de nouveaux clients pour se refaire une trésorerie. Le point avec Michelle Herbaut, présidente de Voyages C. Mathez.


Rédigé par le Mardi 28 Février 2023

Michelle Herbaut, présidente de Voyages C. Mathez. - DR A. Nestora
Michelle Herbaut, présidente de Voyages C. Mathez. - DR A. Nestora
TourMaG.com - Pouvez-vous nous faire un rapide historique de l’entreprise ?

Michelle Herbaut :
L’entreprise compte 32 salariés répartis sur toute la France, dont le plus gros de l’effectif, 23 personnes, à Paris. Des embauches sont en cours.

60% de notre volume d’affaires se concentre sur le business travel, les 40% restant se répartissent entre le MICE, le congrès et le réceptif croisière. En termes de marge, le réceptif représente 40% de notre activité, l’événementiel 25% et le reste le travel.

Une équipe de 10 personnes est dédiée à la billetterie affaires.

Notre portefeuille de clients compte 250 sociétés, principalement des grosses PME et quelques grands comptes.

TourMaG.com - Comment se porte votre activité ?
Michelle Herbaut :
Nous n’avons pas retrouvé le volume d’activité de 2019, mais nous nous en rapprochons. Notre volume d’affaires est d’environ 20 millions d’euros en 2022 contre 24 à 25 millions d’euros en 2019.

TourMaG.com - Quelles sont les perspectives pour 2023 ?

Michelle Herbaut :
La disparition de certaines entreprises et le développement de la visio ont fait perdre 25% à 30% du volume sur le voyage d’affaires.

Le monde du corporate reste craintif compte tenu du contexte politique et économique, même s’il ne s’empêche pas de se déplacer pour l’instant. Je pense que nous allons conserver le même niveau d’activité qu’en 2022.

Pour moi, l’objectif cette année est de refaire une trésorerie car la crise sanitaire nous a fait perdre beaucoup et de gagner des parts de marché.

Nous avons gagné de nouveaux clients depuis fin 2022, suite à la cessation d’activités d’agences, qui n’étaient plus dopées par les PGE et les aides. Le MICE lui est en forme et est très lucratif. La différence est que nous devons travailler dans l’urgence.


MICE : Beaucoup de demandes de dernière minute

TourMaG.com – 2022 a-t-elle marqué la reprise du MICE ou s’agissait-il de reports ?

Michelle Herbaut :
Les reports ont eu lieu en 2021 et tout début 2022. 2022 était bien l’année de la reprise. Elle a été très forte à partir de juin. On ne s’y attendait pas. Nous avons retrouvé le volume d’activité d’avant crise.

Auparavant, nous avions une visibilité à 6 mois, ce n’est plus le cas, elle est réduite à 1 à 2 mois.

Nous avons beaucoup de demandes de dernière minute. Ça a été très difficile à gérer en 2022, car nous n’avions pas le personnel. Nous sommes encore à flux tendu. J’ai embauché deux personnes, qui rejoindront l’équipe début mars.

Et puis, les réservations concernent des groupes de tailles conséquentes. Par exemple, un groupe de 150 personnes a été confirmé la semaine dernière pour un départ à l’étranger fin mars. Des soirées le sont une semaine à l’avance pour des groupes de 80 personnes.

TourMaG.com – La semaine dernière, Air France a annoncé reporter, une nouvelle fois, la surcharge GDS. Que pensez-vous de NDC ?

Michelle Herbaut :
NDC, c’est l’Arlésienne. Sa mise en place a tellement été repoussée, l’offre n’est toujours pas complète, les outils ne sont pas prêts…

On l’utilise sur certaines demandes. J’attends de voir l’offre totale, quand ce sera opérationnelle pour me faire une idée, savoir si on peut tirer notre épingle du jeu.

Air France a repoussé la mise en place de surcharge GDS, oui, mais a aussi annoncé que certains bas tarifs ne seraient plus disponibles via les GDS. Pour autant, je me vois mal squeezer les GDS. Ils vont être obligés d’être dans le jeu.

Lire aussi : Air France : pas de surcharge NDC avant le 31 décembre 2023

"Le modèle actuel n’est pas viable"

TourMaG.com – Quel est votre business model ? Songez-vous à le faire évoluer ?

Michelle Herbaut :
Le modèle économique est un sujet sur lequel de nombreuses instances travaillent. Le modèle actuel n’est pas viable, il nous faudra augmenter les fees ou trouver une source de rémunération différente.

Nous devons trouver un accord économique gagnant-gagnant avec les compagnies. Je ne suis pas sûre que les fees restent Ad vitam æternam, maintenant faudra-t-il revenir à de l’incentive poussé ? à de la commission ? un nouveau modèle avec de l’abonnement ? Est-ce que les sociétés sont prêtes à l’accepter ? Je ne sais pas.

Aujourd’hui, chez moi, nous fonctionnons essentiellement avec des fees et des honoraires annuels, c’est-à-dire des forfaits pour quelques clients.

Nous sommes très transparents sur le prix d’achat. Pour les nouveaux clients, nous avons augmenté certains fees, dont ceux de la SNCF. Ça ne représente pas grand-chose : 0.50 euros après 4 ans sans augmentation.

Pour des demandes particulières, sur le off, notre grille a elle aussi augmenté. Encore une fois, ce n’est pas énorme, mais sur le volume, ça fait son effet.

"Les clients sont de plus en plus volatiles"

TourMaG.com – La concurrence des TMC techno vous effraie-t-elle ?

Michelle Herbaut :
Dans le contexte économique, les clients sont de plus en plus volatiles. Les sociétés souhaitent changer de fournisseurs et sont prêtes à le faire pour pas grand-chose.

J’ai eu le cas avec l’un de mes gros clients, qui a été approché par un acteur techno avec des tarifs défiants toute concurrence. J’ai eu un peu peur et j’ai attendu de voir. Après avoir testé, mon client est revenu vers moi. L’agence ne proposait aucun back-office, aucune souplesse.

Et puis que représente les fees pour ces entreprises ? Beaucoup pour nous, mais pas grand-chose pour ces grosses sociétés. Je crois que ces jeunes acteurs se trompent de combat.

TourMaG.com – Que pensez-vous de la nouvelle convention de distribution entre les Entreprises du Voyage (EDV) et la SNCF ?

Michelle Herbaut :
La SNCF a baissé le taux de commission. Ils nous laissent la possibilité de vendre Ouigo à 30 centimes d’euros de commissionnement. C’est peu, mais ça a le mérite d’exister.

De nombreuses grandes compagnies affirment que le business travel représente beaucoup pour eux, que l’on y contribue grandement, qu’ils nous remercient…mais ce n’est pas pour cela que notre rémunération est juste.

C’est comme ça depuis une vingtaine d’années. Nous sommes en train de chercher des pistes et de les analyser pour savoir si elles sont viables.

Les agences aujourd’hui s’en sortent uniquement par le volume. 2023 sera un grand tournant dans le travel avec de nouveaux modèles, il ne faudra pas le louper.

Caroline Lelievre Publié par Caroline Lelievre Journaliste - TourMaG.com
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