Marion Bertrand : "Les travel planners ? Nous faisons la même chose en mieux, car nous avons l’expertise du terrain et effectuons les réservations !" @M.B.
TourMaG - Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?
Marion Bertrand : J’ai créé l’agence de voyages Aux Portes du Monde en 2011, à Ruffec (Charente).
Notre clientèle est composée de jeunes actifs. L’agence a enregistré un chiffre d’affaires de plus de deux millions d’euros en 2023.
Nous sommes trois au sein de l’agence. Chaque mois, l’une de nous part en éductour.
Nous avons une expertise de terrain forte. C’est ma philosophie et c’est parfois ce qu’il manque à la profession. J’en suis convaincue : quand un vendeur a vécu la destination, a senti, a goûté, visité, s’est fondu dans la population et qu’il en parle avec le cœur, la vente est assurée à 90%.
Je suis en train de créer une seconde entreprise dans l’événementiel. J’ai fait l’acquisition d’un domaine pour y organiser des événements pour entreprises et particuliers avec hébergement insolite sur place. Cela répond à un besoin du territoire. Nous souhaitons toucher une clientèle au niveau national.
TourMaG - Vous avez créé très jeune votre agence, à 22 ans. Avec le recul que pensez-vous de votre parcours ?
Marion Bertrand : En 2011, nous sortions du Printemps Arabe et je n’avais pas d’expérience en agence de voyages. A 22 ans, on vit dans l’ignorance et on a beaucoup de culot. Sans ça, je ne serai pas là aujourd’hui.
Créer l’entreprise n’a pas été une difficulté, mais j’ai perdu du temps et eu quelques casseroles. Je n’ai pas forcément été bien orientée sur des choix stratégiques, j’ai été mal accompagnée au niveau comptable et juridique.
Je me suis formée rapidement. Un an après la création, j’étais rejoint par Marie, conseillère voyages expérimentée, qui m’a beaucoup appris. Je l’ai récemment nommée chef d’agence pour pouvoir me concentrer sur mon projet évènementiel.
Le fait de partir d’une page blanche m’a permis de créer la philosophie de l’entreprise par rapport à la demande.
Je n’avais aucun a priori, ni acquis, c’est ce qui a fait fonctionner la boîte telle qu’elle est aujourd’hui.
Marion Bertrand : J’ai créé l’agence de voyages Aux Portes du Monde en 2011, à Ruffec (Charente).
Notre clientèle est composée de jeunes actifs. L’agence a enregistré un chiffre d’affaires de plus de deux millions d’euros en 2023.
Nous sommes trois au sein de l’agence. Chaque mois, l’une de nous part en éductour.
Nous avons une expertise de terrain forte. C’est ma philosophie et c’est parfois ce qu’il manque à la profession. J’en suis convaincue : quand un vendeur a vécu la destination, a senti, a goûté, visité, s’est fondu dans la population et qu’il en parle avec le cœur, la vente est assurée à 90%.
Je suis en train de créer une seconde entreprise dans l’événementiel. J’ai fait l’acquisition d’un domaine pour y organiser des événements pour entreprises et particuliers avec hébergement insolite sur place. Cela répond à un besoin du territoire. Nous souhaitons toucher une clientèle au niveau national.
TourMaG - Vous avez créé très jeune votre agence, à 22 ans. Avec le recul que pensez-vous de votre parcours ?
Marion Bertrand : En 2011, nous sortions du Printemps Arabe et je n’avais pas d’expérience en agence de voyages. A 22 ans, on vit dans l’ignorance et on a beaucoup de culot. Sans ça, je ne serai pas là aujourd’hui.
Créer l’entreprise n’a pas été une difficulté, mais j’ai perdu du temps et eu quelques casseroles. Je n’ai pas forcément été bien orientée sur des choix stratégiques, j’ai été mal accompagnée au niveau comptable et juridique.
Je me suis formée rapidement. Un an après la création, j’étais rejoint par Marie, conseillère voyages expérimentée, qui m’a beaucoup appris. Je l’ai récemment nommée chef d’agence pour pouvoir me concentrer sur mon projet évènementiel.
Le fait de partir d’une page blanche m’a permis de créer la philosophie de l’entreprise par rapport à la demande.
Je n’avais aucun a priori, ni acquis, c’est ce qui a fait fonctionner la boîte telle qu’elle est aujourd’hui.
"Le trophée m’a boostée, m’a permis de gagner en légitimité"
TourMaG - Quels conseils donneriez-vous à un jeune entrepreneur ?
Marion Bertrand : Réseauter ! C’est important, cela permet d’avancer.
J’ai tissé une toile de partenaires, échanger avec eux permet de tirer des leçons des échecs, pour mieux rebondir et réussir par la suite. On apprend toujours, à n’importe quel âge.
Je suis déléguée régionale de l’APST, j’accompagne des porteurs de projets et essaye de leur transmettre ces petits tuyaux.
TourMaG - Vous avez choisi de rejoindre, dès la création de votre entreprise, le réseau Selectour . Pourquoi ?
Marion Bertrand : L’enseigne bénéficiait d’une bonne notoriété et me permettait de conserver ma liberté, une marge de manœuvre pour développer l’offre locale et répondre aux attentes de ma clientèle. Cela m’a séduit dans le concept.
Selectour est une coopérative. C’est quelque chose qu’il faudrait faire savoir au grand public. En nous rassemblant, nous gagnons en force de négociation auprès de nos fournisseurs. C’est le principal intérêt.
Selectour m’a aussi permis de gagner en confiance. En 2014, j’ai obtenu le Trophée Jeune Pousse du réseau Selectour.
A l’époque, j’étais méconnue dans un monde plutôt masculin et dont la moyenne d’âge se rapprochait de 50 ans. Je suis une femme, je n’avais pas 25 ans, j’avais du mal à faire ma place. Le trophée m’a boostée, m’a permis de gagner en légitimité. Je n’étais pas un simple numéro parmi 800 autres coopérateurs.
Lire aussi notre: DOSSIER SPÉCIAL SUR LES RÉSEAUX D'AGENCES DE VOYAGES
Agences de voyages vs travel planners : "Nous faisons la même chose en mieux"
TourMaG - Quels sont les enjeux pour la profession aujourd’hui ?
Marion Bertrand : Il y a un gros débat aujourd’hui entre les agences de voyages et les travel planners. Ces personnes qui créent des voyages, selon les envies et besoins du client… C’est clairement ce que nous proposons en agence !
Nous faisons la même chose en mieux, car nous avons l’expertise du terrain et effectuons les réservations !
La différence est que les travel planners ne sont pas dans les clous. Ils doivent être référencés, immatriculés, avoir une garantie, certains passent outre. Notre profession est règlementée et doit le rester car il y a de gros enjeux financiers.
Aux Portes du Monde a failli ne pas voir le jour du fait de la garantie financière. On m’a demandé 100 000 euros, j’ai dû apposer la garantie de l’agence sur un bâtiment dans lequel j’ai investi pour installer mon agence.
C’est trop facile de se revendiquer travel planner. La situation manque de cadre, l’Etat doit mettre le nez dedans.
Il faut éduquer le grand public et redorer l’image des agences pour que les clients poussent nos portes et bénéficient de la sécurité que cela implique ! Le travail de créativité et d’innovation fait en agence doit être valorisé. Les EDV y travaillent.
Lire aussi : Les travel planners nous déclarent la guerre... Pourquoi tant de haine ?
TourMaG - La profession connaît le même déficit d’image sur le marché de l’emploi...
Marion Bertrand : Le problème d’image est le même du côté des collaborateurs.
Il y a un gros travail à faire sur tout le territoire. Les difficultés de recrutement se décanteront quand l’image que l’on a en tant qu’agence de voyages évoluera auprès du grand public.
Marion Bertrand : Il y a un gros débat aujourd’hui entre les agences de voyages et les travel planners. Ces personnes qui créent des voyages, selon les envies et besoins du client… C’est clairement ce que nous proposons en agence !
Nous faisons la même chose en mieux, car nous avons l’expertise du terrain et effectuons les réservations !
La différence est que les travel planners ne sont pas dans les clous. Ils doivent être référencés, immatriculés, avoir une garantie, certains passent outre. Notre profession est règlementée et doit le rester car il y a de gros enjeux financiers.
Aux Portes du Monde a failli ne pas voir le jour du fait de la garantie financière. On m’a demandé 100 000 euros, j’ai dû apposer la garantie de l’agence sur un bâtiment dans lequel j’ai investi pour installer mon agence.
C’est trop facile de se revendiquer travel planner. La situation manque de cadre, l’Etat doit mettre le nez dedans.
Il faut éduquer le grand public et redorer l’image des agences pour que les clients poussent nos portes et bénéficient de la sécurité que cela implique ! Le travail de créativité et d’innovation fait en agence doit être valorisé. Les EDV y travaillent.
Lire aussi : Les travel planners nous déclarent la guerre... Pourquoi tant de haine ?
TourMaG - La profession connaît le même déficit d’image sur le marché de l’emploi...
Marion Bertrand : Le problème d’image est le même du côté des collaborateurs.
Il y a un gros travail à faire sur tout le territoire. Les difficultés de recrutement se décanteront quand l’image que l’on a en tant qu’agence de voyages évoluera auprès du grand public.
Environnement : "Cela fait partie des défis à relever"
TourMaG - Après des années compliquées, marquées par le Covid, peut-on dire que cette période est derrière nous ? Reste-t-il des freins à la reprise ?
Marion Bertrand : Le covid-19, tel que nous l’avons connu, est derrière nous. Je ne pense pas que nous vivrons à nouveau une période aussi chaotique. Je ne vois pas de frein à la reprise.
Il y a une problématique environnementale à prendre en compte. Cela fait partie des défis à relever. Nous devons montrer l’exemple.
A Noël dernier, par exemple, dans le cadre de notre programme de fidélité, nous avons offert des arbres à planter pour compenser notre empreinte carbone.
Au niveau du voyage en lui-même, de moins en moins de gens ont envie de se mettre les doigts de pied en éventail sur un transat dans un club en tout inclus. Ils privilégient la rencontre avec la population, le partage d’expérience, de richesse.
Le voyage a été détourné très longtemps de sa valeur la plus profonde : le partage de richesses. Nous devons le remettre au centre de la question pour donner une valeur aux produits que nous vendons. C’est important.
TourMaG - Ressentez-vous une inquiétude de vos clients par rapport au bilan carbone de leurs voyages ?
Marion Bertrand : Nous cherchons des solutions avec eux. Les gens sont sensibilisés, mais pas tous encore prêts à rogner sur leur confort.
Il y a plein de solutions, de pistes pour réduire l’impact. Nous y réfléchissons avec nos clients.
TourMaG - Comment se profile 2024 ?
Marion Bertrand : Nous enregistrons une évolution constante de l'activité depuis la création de l'agence, mis à part 2020 et 2021.
2023 a été une année positive. L’année 2024 est de bon augure. Nous sentons qu’il n’y a plus de freins au voyage par rapport au Covid. Nous avons de belles années devant nous.
Marion Bertrand : Le covid-19, tel que nous l’avons connu, est derrière nous. Je ne pense pas que nous vivrons à nouveau une période aussi chaotique. Je ne vois pas de frein à la reprise.
Il y a une problématique environnementale à prendre en compte. Cela fait partie des défis à relever. Nous devons montrer l’exemple.
A Noël dernier, par exemple, dans le cadre de notre programme de fidélité, nous avons offert des arbres à planter pour compenser notre empreinte carbone.
Au niveau du voyage en lui-même, de moins en moins de gens ont envie de se mettre les doigts de pied en éventail sur un transat dans un club en tout inclus. Ils privilégient la rencontre avec la population, le partage d’expérience, de richesse.
Le voyage a été détourné très longtemps de sa valeur la plus profonde : le partage de richesses. Nous devons le remettre au centre de la question pour donner une valeur aux produits que nous vendons. C’est important.
TourMaG - Ressentez-vous une inquiétude de vos clients par rapport au bilan carbone de leurs voyages ?
Marion Bertrand : Nous cherchons des solutions avec eux. Les gens sont sensibilisés, mais pas tous encore prêts à rogner sur leur confort.
Il y a plein de solutions, de pistes pour réduire l’impact. Nous y réfléchissons avec nos clients.
TourMaG - Comment se profile 2024 ?
Marion Bertrand : Nous enregistrons une évolution constante de l'activité depuis la création de l'agence, mis à part 2020 et 2021.
2023 a été une année positive. L’année 2024 est de bon augure. Nous sentons qu’il n’y a plus de freins au voyage par rapport au Covid. Nous avons de belles années devant nous.
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