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Matthias Fekl : "La France demeure la première destination touristique au monde..."

L'interview du Secrétaire d'Etat chargé de la promotion du Tourisme


Bientôt deux ans que Matthias Fekl s'investit dans la défense et la promotion du tourisme français. Une charge qui occupe une grande partie de l'emploi du temps de ce grand voyageur. Il a pourtant réussi à dégager un créneau pour accorder un long entretien à TourMaG.com.


le Lundi 11 Juillet 2016

Depuis bientôt deux ans, Matthias Fekl s'investit corps et âme pour le tourisme - DR : Quai d'Orsay
Depuis bientôt deux ans, Matthias Fekl s'investit corps et âme pour le tourisme - DR : Quai d'Orsay
TourMaG.com - En septembre prochain, vous fêterez vos deux ans à la tête du secrétariat d’Etat au tourisme. Pouvez-nous nous dresser un bilan de votre action ?

Matthias Fekl :
Nous ne sommes évidemment pas encore à l’heure du bilan, mais je peux vous dire ce que nous avons accompli, d’abord sous l’égide de Laurent Fabius, puis de Jean-Marc Ayrault.

Nous avons tout d’abord défini une stratégie nationale en partenariat avec les professionnels. Car l’idée n’est pas de décréter les choses seuls, mais de construire une politique publique avec celles et ceux qui, sur le terrain, font vivre ce magnifique secteur de deux millions d’emplois qui représente 8% de notre richesse nationale.

Nous avons également mis en place de nombreux outils, très divers, comme les contrats de destination ou encore le fond de financement de la Caisse des dépôts et des consignations, doté d’un budget d’un milliard d’euros.

Son directeur général se déplace d’ailleurs en ce moment même dans les Régions de France pour présenter ce dispositif.

TourMaG.com - Vous voyagez également beaucoup pour promouvoir les régions françaises...

Matthias Fekl
: Oui. Et je me suis employé à faire le Tour de France mais aussi du monde afin de promouvoir notre pays, de valoriser tous les territoires.

Chaque territoire doit pouvoir bénéficier du tourisme et avoir l’opportunité de se diversifier en la matière. Nous avons ainsi notamment travaillé certaines thématiques, comme l’oenotourisme, avec le lancement du portail Visit French Wine.

Depuis la loi Notre, les Régions sont devenues chef de file du tourisme.

Elles financent de manière significative Atout France. Nous devons évidemment travailler ensemble sur la façon de promouvoir notre pays comme une destination, y compris auprès des Français.

Avec l’idée qu’ils ont des choses extraordinaires à découvrir à « deux pas » de chez eux ! L’augmentation des nuitées françaises a d’ailleurs compensé en partie les baisses de la clientèle étrangère dernièrement.

Cela montre s’il en était besoin tout l’intérêt de cette stratégie.

TourMaG.com - Quel a été l’impact des attentats sur le tourisme en France ?

Matthias Fekl
: Malgré les attentats, notre pays est resté la première destination touristique au monde. Les gens ont continué de venir, même si certains ont pu faire l’impasse sur Paris et sa région. Je ferai le bilan à la fin de la saison estivale.

Mais on peut déjà estimer une chute d’environ 20% sur Paris et l’Île de France en termes de nuitées internationales. Au lendemain des attentats de novembre, j’avais organisé une réunion avec tous les acteurs pour prendre les mesures nécessaires.

Il faut avancer, aller sur du positif et éviter d’insister inutilement sur les aspects qui le sont moins. Nous travaillons ainsi sur un grand évènement à Macao où la France sera l’invitée d’honneur.

Il s’agit d’un Forum touristique international où seront présents tous les décideurs du tourisme chinois mi-octobre. De plus, à la demande de Jean-Marc Ayrault, nous avons mis en place avec Atout France une campagne sur les réseaux sociaux ciblant les marchés qui ont souffert après les attentats.

TourMaG.com - Justement en parlant d’Atout France, Laurent Fabius avait déclaré que l’agence n’avait pas les moyens financiers pour être le bras armé de la première destination touristique mondiale. Qu’en pensez-vous ?

Matthias Fekl
: Nous avons dégagé 5 millions d’euros sur les visas afin d’abonder le budget d’Atout France. Il y a aussi une montée en puissance du financement privé avec 800 entreprises adhérentes qui sont des financeurs importants.

Nous sommes dans un contexte budgétaire très dur et tous les opérateurs doivent naturellement contribuer à l’effort de redressement des finances publiques.

Là, nous avons un modèle moderne d’association du public et du privé qui a fait ses preuves. J’en profite d’ailleurs pour confirmer que M. Mantei a toute ma confiance et celle du gouvernement.

C’est un grand professionnel et les rumeurs de départ le concernant sont infondées.

TourMaG.com - Dans leur feuille de route pour le tourisme, les Républicains ont parlé de créer une nouvelle agence de communication d’envergure mondiale afin de promouvoir notre pays. Une sorte de concurrent d’Atout France…

Matthias Fekl :
Durant leurs ateliers de travail, « Les Républicains » ont auditionné toutes les personnalités qui été nommées par Laurent Fabius pour mettre en œuvre la politique touristique.

J’ai même reçu une invitation pour témoigner moi-même…. C’est assez drôle. Ils ont visiblement compris que nous travaillons avec les bons interlocuteurs et que nous avons choisi les bonnes personnes ressources (sourire) !

Ce qui est certain en tout cas, c’est que la politique n’autorise pas tout et surtout pas de casser ce qui fonctionne déjà. Il y a des décisions structurelles sur le secteur économique qui doivent être déployées sur le long terme.

Nous parlions ici d’investissements, de montée en gamme et de diversification de l’offre. Cela ne se fait pas sur un quinquennat mais sur plusieurs années. Promouvoir la marque France est un travail de longue haleine, parfois discret et interne. Les professionnels ont reconnu que notre gouvernement avait pris des engagements forts à ce sujet.

TourMaG.com - Lorsqu’il était à la tête du Quai d’Orsay, Laurent Fabius était fortement impliqué dans le secteur du tourisme. Jean-Marc Ayrault l’est-il autant ?

Matthias Fekl :
Jean-Marc Ayrault a rappelé son engagement fort en faveur de ce secteur. En tant que maire de Nantes, il avait mis le tourisme au cœur de sa stratégie de développement. Il évoque le secteur dans chacun de ses déplacements et présidera la Conférence annuelle du tourisme.

Il a confirmé aux ambassadeurs l’exigence de mobilisation de leur part, leur rappelant que le sujet fait partie de leur évaluation et de leur mission. Il est vrai que Laurent Fabius a été le premier à porter haut et fort le tourisme au sein du ministère dès 2012.

C’est quelque chose que poursuit Jean-Marc Ayrault. Je tiens d’ailleurs à signaler que, sur le principe, je suis favorable à figer le nombre de membres du gouvernement, pour que cela ne bouge pas à chaque remaniement.

En effet, il n’y a rien de pire pour les administrations et les opérateurs que de mettre six mois à comprendre qui est leur interlocuteur et sur quel dossier. Le tourisme est par essence interministériel et le sera toujours.

Il faut un pilotage à un haut niveau de la hiérarchie gouvernementale. C’est le cas aujourd’hui avec son rattachement au Quai d’Orsay.

TourMaG.com - Quel sera l’impact du Brexit sur le tourisme ?

Matthias Fekl
: Il s’agit d’un phénomène inédit dans l’histoire de la construction européenne.

En fonction de l’évolution du cours de la Livre, il pourrait y avoir un impact fort sur les décisions de venir en France des Britanniques et sur leurs dépenses notamment sur les réservations de dernière minute. Par contre les réservations pour cet été semblent se maintenir.

Nous n’avons pas encore de chiffres précis, mais j’ai fait un rapide sondage auprès des acteurs régionaux lors d'une réunion de travail que j’organisais la semaine dernière. En Bretagne lundi dernier, par exemple, les réservations étaient confirmées.

Nous suivons ce sujet de très près. A plus long terme, nous aurons un enjeu de libre circulation des Britanniques, afin qu’ils puissent continuer à visiter notre pays de manière simple. Pour le moment, le Royaume-Uni est toujours membre de l’UE et juridiquement rien n’a changé.

TourMaG.com - Concernant la fermeture des frontières, un rapport de France Stratégie estime que le rétablissement des contrôles pourrait priver la France de 1 milliard d’euros de recettes touristiques annuelles. Comment concilier sécurité et tourisme ?

Matthias Fekl :
Dans le contexte actuel, nous portons bien entendu une grande attention aux services de sécurité. Mais la politique de facilitation des visas pour les touristes est confirmée.

En Chine, la délivrance se fait en 48 heures, voire même en 24 heures pour les groupes. Plus d’un tiers des visas dans le monde sont d’ailleurs délivrés en 48 heures pour les touristes.

Ce qui a eu des résultats exponentiels. Nous n’avons aucune raison de revenir là-dessus. Le rôle d’une administration moderne est de cibler et identifier les risques.

TourMaG.com - Si la France reste la première destination du monde, en termes de recette, nous sommes toujours à la peine. Quelle est votre stratégie pour lutter contre cela ?

Matthias Fekl
: Nous voulons mettre en place des mesures structurelles afin que l’ensemble du territoire se développe et que les gens restent plus longtemps, visitent plus de choses et dépensent plus d’argent.

Je suis heureux de voir que les professionnels sont d’accord pour aller vers une stratégie de qualité et d’authenticité et pas d’offre low-cost. Nous développons également le tourisme dit d’affaires avec la mise en place une feuille de route spéciale dans le cadre d'un comité de filière des évènements professionnels.

Je suis personnellement mobilisé pour attirer des salons et congrès en France car il y a un enjeu énorme pour le tourisme, à la fois pour Paris et les villes de région qui ont développé des centres des congrès car c'est une forme de tourisme ou la dépense est trois fois plus élevée que pour le loisir.

C'est aussi un enjeu important pour le Commerce Extérieur dans la mesure ou les grands salons français sont souvent une première étape pour les PME et ETI dans leur développement à l'international.

TourMaG.com - Comment voyez-vous votre avenir au sein du gouvernement ?

Matthias Fekl
: J’estime que pour faire de la politique, il faut avoir la légitimité du suffrage.

Ensuite, il faut tracer son propre chemin, être libre. Je le suis.

Depuis plus de dix ans, j’ai construit un parcours politique autour des choses très simples : ne rien devoir à personne et faire son travail.

Ma vie publique n’a pas commencé avec ma nomination au gouvernement et ne se terminera pas avec ma sortie.

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