TourMaG.com - Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à publier vos mémoires ?
Maurice Freund : Je n’y avais jamais vraiment songé. C’est sous la pression de certaines personnes que j’estime que j’ai fini par céder.
Très honnêtement, je ne voyais vraiment pas en quoi ce que j’avais fait pouvait intéresser quelqu’un.
Essentiellement, c’est mon ami Pierre Rabhi qui a fini par me convaincre en me culpabilisant.
Il estimait que ce qu’avaient réalisé le Point-Mulhouse puis le Point-Afrique pouvait encourager des jeunes à s’engager.
Transmettre un espoir pour les nouvelles générations était une nécessité et que ne pas le faire était lâche.
La deuxième raison est liée à ce qui se passe actuellement dans le Sahel.
Car depuis 25 ans, j’ai alerté les autorités françaises et notamment le conseiller Afrique de Michel Rocard, du danger de l’islamisation radicale que je voyais arriver dans le nord du Mali.
Maurice Freund : Je n’y avais jamais vraiment songé. C’est sous la pression de certaines personnes que j’estime que j’ai fini par céder.
Très honnêtement, je ne voyais vraiment pas en quoi ce que j’avais fait pouvait intéresser quelqu’un.
Essentiellement, c’est mon ami Pierre Rabhi qui a fini par me convaincre en me culpabilisant.
Il estimait que ce qu’avaient réalisé le Point-Mulhouse puis le Point-Afrique pouvait encourager des jeunes à s’engager.
Transmettre un espoir pour les nouvelles générations était une nécessité et que ne pas le faire était lâche.
La deuxième raison est liée à ce qui se passe actuellement dans le Sahel.
Car depuis 25 ans, j’ai alerté les autorités françaises et notamment le conseiller Afrique de Michel Rocard, du danger de l’islamisation radicale que je voyais arriver dans le nord du Mali.
TourMaG.com - Qu’estimez-vous avoir apporté à l’industrie du tourisme ?
Maurice Freund : Comment vous répondre, sachant que pour moi il n’a jamais été question d’industrie.
L’orientation du tourisme à caractère industriel me déplaît, car le tourisme est un des rares produits qui implique des échanges culturels et humains.
Or aujourd’hui la standardisation et la confection de « produits touristiques » est de plus en plus prononcé.
Ce qui en fait quelque chose de déshumanisé. Pour moi le contact avec l’autre et son implication dans nos activités a toujours primé pour qu’un développement s’instaure avec nos hôtes dans l’échange et la dignité.
TourMaG.com - Avez-vous des regrets sur votre longue carrière ?
Maurice Freund : Aucun, si ce n’est la cécité des autorités françaises qui n’ont pas mesuré la montée du radicalisme haineux dans ces zones défavorisées, voire oubliées des gouvernements africains.
Ne pas oublier que les « islamistes » ont travaillé au plus près des populations en creusant des puits, en fondant des écoles et même des assistances médicales. Ils ont œuvré a contrario de notre aide.
Dans le même temps, on déversait des sommes nettement supérieures aux élites en place sans s’occuper de la bonne utilisation de ces fonds soit disant dévolus au développement.
Nous payons aujourd’hui le prix fort de cette politique qui visait avant tout à préserver notre ancien pré-carré aujourd’hui dépassé. La preuve, les centaines de millions dépensés par l’armée française, qui, à elle seule, ne résoudra jamais le problème.
Maurice Freund : Comment vous répondre, sachant que pour moi il n’a jamais été question d’industrie.
L’orientation du tourisme à caractère industriel me déplaît, car le tourisme est un des rares produits qui implique des échanges culturels et humains.
Or aujourd’hui la standardisation et la confection de « produits touristiques » est de plus en plus prononcé.
Ce qui en fait quelque chose de déshumanisé. Pour moi le contact avec l’autre et son implication dans nos activités a toujours primé pour qu’un développement s’instaure avec nos hôtes dans l’échange et la dignité.
TourMaG.com - Avez-vous des regrets sur votre longue carrière ?
Maurice Freund : Aucun, si ce n’est la cécité des autorités françaises qui n’ont pas mesuré la montée du radicalisme haineux dans ces zones défavorisées, voire oubliées des gouvernements africains.
Ne pas oublier que les « islamistes » ont travaillé au plus près des populations en creusant des puits, en fondant des écoles et même des assistances médicales. Ils ont œuvré a contrario de notre aide.
Dans le même temps, on déversait des sommes nettement supérieures aux élites en place sans s’occuper de la bonne utilisation de ces fonds soit disant dévolus au développement.
Nous payons aujourd’hui le prix fort de cette politique qui visait avant tout à préserver notre ancien pré-carré aujourd’hui dépassé. La preuve, les centaines de millions dépensés par l’armée française, qui, à elle seule, ne résoudra jamais le problème.
TourMaG.com - Pensez-vous qu’il soit possible aujourd’hui pour un jeune de se lancer comme vous, en autodidacte, dans le tourisme et l’aérien ?
Maurice Freund : S’il a de la volonté, de la ténacité et un rêve alors oui. Surtout s’il vise d’autres finalités que le gain financier pour lui-même ou ses actionnaires. Une seule voie à mon sens lui apportera un garde-fou : l’économie sociale et une approche participative.
Si quelqu'un souhaite reprendre le flambeau, je suis prêt à apporter tout mon concours à celle ou à celui qui se lancera dans ce défi.
TourMaG.com - Quel regard portez-vous sur les tour-opérateurs et agences de voyages qui disent faire du "tourisme durable" ?
Maurice Freund : Certains le font avec conviction et engagement, ils étaient notamment proches du Point-Afrique.
D’autres n’en font qu’un slogan de vente.
TourMaG.com - A votre avis combien de temps faudra-t-il attendre avant de pouvoir retourner voyager dans le Sahel ?
Maurice Freund : Le mal est profond et les méthodes employées actuellement sont contre productives.
Tant que nous aurons une politique qui refuse aux populations nomades une certaine autonomie, nous n’arriverons à rien et il est inutile d’espérer aller vers une paix durable. Malheureusement, il s’agit avant tout pour la France de ne pas déplaire aux pouvoirs en place.
Je reste convaincu que si demain, nous permettions aux populations du nord de gérer de manière plus autonome leur région, en moins de 6 mois le djihadisme disparaîtrait.
Tous les faux accords signés à Alger ne servent à rien, sinon à masquer le fond du problème et à distribuer quelques prébendes.
Maurice Freund : S’il a de la volonté, de la ténacité et un rêve alors oui. Surtout s’il vise d’autres finalités que le gain financier pour lui-même ou ses actionnaires. Une seule voie à mon sens lui apportera un garde-fou : l’économie sociale et une approche participative.
Si quelqu'un souhaite reprendre le flambeau, je suis prêt à apporter tout mon concours à celle ou à celui qui se lancera dans ce défi.
TourMaG.com - Quel regard portez-vous sur les tour-opérateurs et agences de voyages qui disent faire du "tourisme durable" ?
Maurice Freund : Certains le font avec conviction et engagement, ils étaient notamment proches du Point-Afrique.
D’autres n’en font qu’un slogan de vente.
TourMaG.com - A votre avis combien de temps faudra-t-il attendre avant de pouvoir retourner voyager dans le Sahel ?
Maurice Freund : Le mal est profond et les méthodes employées actuellement sont contre productives.
Tant que nous aurons une politique qui refuse aux populations nomades une certaine autonomie, nous n’arriverons à rien et il est inutile d’espérer aller vers une paix durable. Malheureusement, il s’agit avant tout pour la France de ne pas déplaire aux pouvoirs en place.
Je reste convaincu que si demain, nous permettions aux populations du nord de gérer de manière plus autonome leur région, en moins de 6 mois le djihadisme disparaîtrait.
Tous les faux accords signés à Alger ne servent à rien, sinon à masquer le fond du problème et à distribuer quelques prébendes.