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Medef : "Il y a un effet pandémie, les gens ont été payés à rester chez eux"

Intervention de Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, à l'AG des EDV


C'est une anomalie qui a été rétablie : les Entreprises du Voyage ont rejoint le Medef. Le Mouvement des entreprises de France, par la voix de Geoffroy Roux de Bézieux, était présent lors de l'Assemblée générale du syndicat de l'industrie, ce mardi 5 octobre 2021, sur l'IFTM Top Resa. Lors de cette réunion, Valérie Boned et Jean-Pierre se sont mués en journalistes pour interroger un invité qui a parfois fait se lever la salle comble de l'espace 2000 du salon.


Rédigé par le Mardi 5 Octobre 2021

Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, est intervenu lors de l'AG des EDV, provoquant parfois quelques froids dans la salle au salon IFTM Top Resa - Crédit photo : CE
Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, est intervenu lors de l'AG des EDV, provoquant parfois quelques froids dans la salle au salon IFTM Top Resa - Crédit photo : CE
Il n'est jamais trop tard pour rattraper un oubli, si tant est qu'il y ait un oubli. C'est en tous cas le message qu'ont voulu faire passer les Entreprises du Voyage (EDV).

Malgré les plus de 3 000 points de vente et les dizaines de milliers de salariés que le syndicat représente, jusqu'à maintenant, les EDV n'étaient pas adhérentes du Mouvement des entreprises de France (Medef).

Et pour fêter ce rapprochement, Geoffroy Roux de Bézieux était présent à l'ouverture de l'IFTM Top Resa.

"C’est presque un oubli que l’on répare. La pandémie a accéléré le changement d’image, nous avons travaillé pour ne pas être seulement vu comme un syndicat des grandes entreprises. Nous sommes à votre service", a lancé Geoffroy Roux de Bézieux.

Si le patron des patrons français s'est rendu Porte de Versailles dans une opération séduction, il s'est aussi lâché à quelques analyses.

Certaines ont fait tousser la salle de l'espace 2000, pleine à craquer.

Medef : "Cette crise a fait du bien à l’image de l’entreprise de façon générale"

Pour les Entreprises du Voyage et l'industrie, adhérer au Medef doit permettre d'obtenir une meilleure représentation auprès du gouvernement, mais pas seulement.

"Mon rôle est simple, je suis votre porte-parole. Je dois faire caisse de résonance et trouver les leviers pour rendre les revendications acceptables à tous."

Geoffroy Roux de Bézieux se veut en lobbyiste des entreprises.

"Nous ne devons pas passer pour ceux qui défendent seulement leur bout de gras, mais montrer que nous sommes des créateurs de richesses. Cette crise a fait du bien à l’image de l’entreprise de façon générale," dévoile Geoffroy Roux de Bézieux.

Une fois les banalités échangées, le président du Medef est entré dans le vif du sujet à la faveur des questions posées par Valérie Boned, la Secrétaire générale des EDV et Jean-Pierre Mas, son président.

Alors que l’industrie est en grande difficulté pour recruter, ce sentiment est général à toute la France.

"Nous retrouvons ça partout. L’assurance chômage est trop généreuse, le système pour un certain nombre de cas n’incite pas les chômeurs. La France est le pays où nous déménageons le moins."

Medef : "il y a un effet pandémique, les gens ont été payés à rester chez eux"

Il existe bien évidemment des sujets sur les formations, mais Geoffroy Roux de Bézieux a souhaité adresser quelques messages au gouvernement.

"Il y a un effet pandémique, les gens ont été payés à rester chez eux et c'est ce qu'il fallait faire," analyse le président du Medef.

La salle a immédiatement réagi et de façon négative.

"Une partie des Français a décidé que le travail qu'ils faisaient n'était pas fait pour eux. Dans la restauration, les chiffres sont impressionnants, nous parlons de 223 000 postes manquants.

Après il ne faut pas se tromper, si nous augmentons les salaires, les prix vont suivre,
" menace Geoffroy Roux de Bézieux.

A l'image des réseaux de distribution ou des tour-opérateurs, l'hôtellerie-restauration est en grande difficulté au moment de reconstituer les équipes à la veille de la saison hivernale.

Si la crise est passée par là, faisant prendre des virages à certains, la problématique n'est pas nouvelle, loin de là. Entre les journées à rallonge, les salaires et le peu d'avantages sociaux, cette partie de l'industrie touristique peine à attirer des nouvelles forces vives.

"Il y a des changements très profonds à faire, comme la réforme de l'assurance chômage, mais ce que n'est pas seulement franco-français, cela se retrouve dans différents pays du monde, comme aux Etats-Unis."

Medef : "Il ne faut pas s’enfermer dans le protectionnisme"

Malgré tout, si la crise a poussé les gens à l'oisiveté selon le patron du Medef, elle a aussi, toujours selon lui, permis de remettre dans le droit chemin les... syndicats de salariés.

"La crise a été un accélérateur de dialogue social, dans les entreprises il y en a eu énormément aussi. Il en restera des traces de manière sans doute plus structurelle," poursuit Geoffroy Roux de Bézieux.

Un constat similaire a été fait par Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d'Etat au Tourisme, pour qui la maison tourisme a retrouvé une unité salvatrice, pour passer le tsunami.

Après le passé, le patron des patrons français s'est lâché à une vision d'avenir. Alors que différents candidats à la prochaine élection présidentielle appellent à relocaliser la production, cette affirmation ne plait pas nécessairement à Geoffroy Roux de Bézieux.

"Il ne faut pas s’enfermer dans le protectionnisme. Nous restons au Medef pour une économie de l’échange, dans laquelle le voyage en fait partie. Je suis conscient qu’il faut faire des réglages dans la mondialisation," selon Geoffroy Roux de Bézieux.

Ce dernier préfère une régionalisation de la production, tout comme il ne parle pas d’une décroissance, mais d’une décarbonation. Si la France est allée trop loin, le retour en arrière n’est pas possible.

A l'avenir, le télétravail ne va pas totalement révolutionner le monde du travel, car l’économie va rester majoritairement en présentiel, mais ce n’est pas la fin du voyage d’affaires pour autant.

La véritable révolution étant plutôt dans la protection de l'environnement.

"Il y aura un bilan carbone pour toutes les entreprises, chaque acte de voyage sera calculé en carbone, donc les acteurs doivent observer et intégrer cette dimension," annonce le patron du Medef.

Et Geoffroy Roux de Bézieux de conclure : "Il faut être honnête, dans les démarches, ce qui compte, c’est la ligne d’arrivée et la décarbonation du transport, mais ce n’est pas tout. L’empreinte de la biodiversité et de la carbonation sur place est aussi un facteur sur lequel vous allez être interrogés."

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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