Je me suis assis à une terrasse. Et j’ai regardé un petit ours en peluche posé de l’autre côté, contre le tronc d’un palmier. Dans mes yeux il a fini par s’animer ce petit ours. La vie est-elle plus forte que tout ? Probablement - © Cora Müller - Fotolia.com
Je suis Niçois. J’y ai passé de bien belles années.
Un jour, j’ai migré vers le Var mais j’ai gardé l’amour de Nice.
Ce dimanche 17 Juillet, j’ai donc fait le (court) voyage vers la Baie des Anges, non par curiosité morbide mais par respect.
Sur la Promenade des Anglais, la vue est terrible. Il y a ça et là, sur 2 kilomètres, des bouquets de fleurs recouvrant une tache sur le goudron.
Parfois 2 maigres roses blanches, parfois une brassée. Parfois tout proches les uns des autres, parfois éloignés de 100 mètres. Tantôt au milieu de la chaussée, tantôt sur le trottoir.
Combien de zig zags le conducteur a dû faire allant d’un côté à l’autre, sautant de la route au trottoir et retour ? Perspective terrifiante de ces bouquets blancs qu’un ours en peluche accompagne souvent.
Un jour, j’ai migré vers le Var mais j’ai gardé l’amour de Nice.
Ce dimanche 17 Juillet, j’ai donc fait le (court) voyage vers la Baie des Anges, non par curiosité morbide mais par respect.
Sur la Promenade des Anglais, la vue est terrible. Il y a ça et là, sur 2 kilomètres, des bouquets de fleurs recouvrant une tache sur le goudron.
Parfois 2 maigres roses blanches, parfois une brassée. Parfois tout proches les uns des autres, parfois éloignés de 100 mètres. Tantôt au milieu de la chaussée, tantôt sur le trottoir.
Combien de zig zags le conducteur a dû faire allant d’un côté à l’autre, sautant de la route au trottoir et retour ? Perspective terrifiante de ces bouquets blancs qu’un ours en peluche accompagne souvent.
La vie est-elle plus forte que tout ?
Par endroit, la tâche sur le goudron est énorme et les brassées de fleurs s’entassent.
Effroi de penser au nombre de victimes accumulées. En écrivant ces lignes, des frissons me parcourent.
Le plus surprenant ? Tout ceci, la morbidité absolue, est posé à 10 ou 20 mètres d’une mer turquoise, d’enfants jouant dans les vagues du rivage, de corps dénudés alanguis sous le soleil.
Un parachute ascensionnel s’envole à la plus grande joie des 2 adolescentes accrochées aux suspentes, leurs cris résonnent au-dessus des promeneurs silencieux et de l’avenue sans voiture.
Traversant la Promenade pour rentrer à leurs hôtels, slalomant entre les bouquets déjà un peu fanés, filles et garçons peu vêtus sont beaux, heureux de vivre. Les familles d’Italiens passent encombrées de matelas et de bouées-canards en plastique.
Aux terrasses des cafés, les Russes parlent haut et fort, dominant de la voix les Allemands qui sirotent avec componction leur bière vespérale. Contraste sidérant entre la mort à peine sèche sur le bitume et cette vie débordante.
Effroi de penser au nombre de victimes accumulées. En écrivant ces lignes, des frissons me parcourent.
Le plus surprenant ? Tout ceci, la morbidité absolue, est posé à 10 ou 20 mètres d’une mer turquoise, d’enfants jouant dans les vagues du rivage, de corps dénudés alanguis sous le soleil.
Un parachute ascensionnel s’envole à la plus grande joie des 2 adolescentes accrochées aux suspentes, leurs cris résonnent au-dessus des promeneurs silencieux et de l’avenue sans voiture.
Traversant la Promenade pour rentrer à leurs hôtels, slalomant entre les bouquets déjà un peu fanés, filles et garçons peu vêtus sont beaux, heureux de vivre. Les familles d’Italiens passent encombrées de matelas et de bouées-canards en plastique.
Aux terrasses des cafés, les Russes parlent haut et fort, dominant de la voix les Allemands qui sirotent avec componction leur bière vespérale. Contraste sidérant entre la mort à peine sèche sur le bitume et cette vie débordante.
Quelle cause justifie d’écraser délibérément un enfant de 6 ans ?
Plus loin, en tête de ce funèbre cortège de taches, un tas de galets. Quelques-uns avec des insultes, beaucoup avec le mot « lâche ». C’est là qu’est mort le tueur. Lapidation laïque.
Quelle cause justifie d’écraser délibérément un enfant de 6 ans ? Que lui restait-il d’humain ? Rien. Trouvé dans Camus refusant l’innommable, la juste phrase devant tant d’horreurs : « un homme ça s’empêche ».
Alors j’ai fait comme tout le monde, Je me suis assis à une terrasse. Et j’ai regardé un petit ours en peluche posé de l’autre côté, contre le tronc d’un palmier.
A tout instant, les jambes des estivantes passant devant le café le cachaient, générant ainsi une vision stroboscopique.
Dans mes yeux, il a fini par s’animer ce petit ours. La vie est-elle plus forte que tout ? Probablement.
J’ai quitté mon nounours des yeux, les siens brillaient. Il avait donné tant de bonheur à un petit enfant. Je l’ai emmené dans ma mémoire. Il ne me quittera jamais.
Étonnamment, j’ai fini ces lignes au moment même où les sirènes sonnaient midi, ce lundi 18 juillet 2016. La brume de mer est montée sur le coteau où j’habite, comme à Agadir les matins d’été.
Les nuages sont arrivés, tout s’est obscurci, le ciel s’est mis à pleurer.
Quelle cause justifie d’écraser délibérément un enfant de 6 ans ? Que lui restait-il d’humain ? Rien. Trouvé dans Camus refusant l’innommable, la juste phrase devant tant d’horreurs : « un homme ça s’empêche ».
Alors j’ai fait comme tout le monde, Je me suis assis à une terrasse. Et j’ai regardé un petit ours en peluche posé de l’autre côté, contre le tronc d’un palmier.
A tout instant, les jambes des estivantes passant devant le café le cachaient, générant ainsi une vision stroboscopique.
Dans mes yeux, il a fini par s’animer ce petit ours. La vie est-elle plus forte que tout ? Probablement.
J’ai quitté mon nounours des yeux, les siens brillaient. Il avait donné tant de bonheur à un petit enfant. Je l’ai emmené dans ma mémoire. Il ne me quittera jamais.
Étonnamment, j’ai fini ces lignes au moment même où les sirènes sonnaient midi, ce lundi 18 juillet 2016. La brume de mer est montée sur le coteau où j’habite, comme à Agadir les matins d’été.
Les nuages sont arrivés, tout s’est obscurci, le ciel s’est mis à pleurer.