Nicolas Chatillon (Les Etincelles) veut conjuguer lifestyle et montagne durable

Nicolas Chatillon vient du monde de la banque, où il a longtemps travaillé.

Cet univers, il l'a quitté pour une nouvelle aventure - celle de l’hôtellerie haut de gamme et luxe en montagne - où ses compétences dans le domaine de la finance et de l'organisation doivent être fort utiles.

Désormais à la tête du groupe Les Etincelles, il veut en faire la "nouvelle référence durable et conviviale" sur le segment haut de gamme de hôtellerie.

Le groupe né en septembre 2018 gère et opère dans huit stations de ski de haute altitude - Tignes, La Rosière, La Plagne, Les Arcs, Les 2 Alpes, Alpe d'Huez, Val d'Isère et Val Thorens - une collection de 13 hôtels 4 ou 5 étoiles sur un total de 15 hôtels, 25 chalets d’exception à privatiser et dix résidences haut de gamme.

Avec l’acquisition des hôtels et résidences Lodge & Spa Collection (4 et 5 étoiles), il revendique être au premier rang de l’hôtellerie de luxe en haute montagne.

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Les Etincelles sont néanmoins une aventure collective : elle réunit l’ancien champion du monde de ski freeride et enfant du pays, Guerlain Chicherit, Nicolas Chatillon, Arnaud Viotte et Thibault de Saint-Martin qui, tous quatre, ont à cœur de développer une nouvelle approche des séjours en montagne.

Conjuguant lifestyle et montagne durable, les établissements de la collection sont en effet installés dans des lieux uniques, mais chacun signe une "nouvelle expérience" et a une "identité forte".

"Notre idée, explique Nicolas Chatillon, c'est de "réinventer les standards d’un séjour réussi".

Souvent, les séjours au ski sont synonymes de longues files d'attente au pied des remontées mécaniques avant d'aller sur les pistes et de temps perdu pour des réservations d'activités.

Nicolas Chatillon et ses amis qui s'adressent à une "clientèle haut de gamme qui travaille beaucoup et prend peu de vacances", ont donc choisi des emplacement où elle sera "assurée d'avoir de la neige".

Ces quatre passionnés veulent aussi leur "faciliter" la montagne avec des emplacements skis aux pieds, des expériences personnalisées, des services sur-mesure afin de "rendre agréables toutes les étapes" de leur séjour.

Bien conscients des enjeux liés aux bouleversements climatiques et à l’impact du tourisme en montagne, ces natifs de Tignes entendent également s’inscrire en pionniers avec une vision durable de ce que doit devenir l’hébergement de loisirs au sein du plus grand terrain de sports d’hiver au monde : les Alpes françaises.

Il y a quelques mois, ils ont lancé dans les Alpes le concept "Green Resort".

"Nous avons repris beaucoup d'hôtels familiaux à taille humaine - pas plus de 80 chambres - qui construits dans les années 1970-80, n'étaient pas du tout aux standards actuels en matière d'isolation et d'efficacité énergétique", explique Nicolas Chatillon.

"Ce n'est pas toujours évident techniquement, poursuit-il. Ce sont des rénovations lourdes pour mettre aux normes actuelles".

Il faut non seulement reconfigurer, isoler avec des matériaux bio-sourcés, souvent désamianter et parfois aussi carrément en passer par des démolitions. Dans ce cas, assure encore Nicolas Chatillon, "on essaie de recycler les matériaux sur place pour limiter l'empreinte carbone".

"Pour ces rénovations, nous utilisons aussi le bois et la pierre qui sont les matériaux associés au Lifestyle de la montagne. Ce sont eux qui contribuent à l'esprit chalet", précise Nicolas Chatillon,

"Nous espérons, dit-il, enclencher un cercle vertueux en ayant des bâtiments qui incitent les clients à des comportements éco-responsables en terme de consommation, de gestion des déchets, de choix des mobilités aussi".

Ainsi, pour limiter l'empreinte carbone des clients qui viennent avec leur voiture, "nous les incitons à laisser leur véhicule au parking, une fois qu'ils sont arrivés", précise Nicolas Chatillon. Sur place, il est facile de se déplacer grâce à l'exceptionnel réseau de transport public gratuit. Et puis, il y a aussi les remontées mécaniques.

"Nous essayons vraiment de contribuer à la création d'un écosystème afin que les séjours à la montagne soient le plus possible en phase avec les exigences du développement durable. Bien sûr, c'est un travail de longue haleine", admet-il.

Les rénovations engagées ne sont pas seulement exigeantes sur le plan de la durabilité, elles le sont également sur le plan du confort.

En quelques années, les standards des hébergements "luxe" et même "haut de gamme" ont beaucoup évolué. Une mise à niveau est donc nécessaire pour les atteindre.

Plus question de proposer de modestes espaces de 30 m2. "Aujourd'hui, la clientèle luxe et haut de gamme demande des surfaces moyennes de 80, 90, 100, 120 m2 : de plus en plus, elle vient à la montagne à plusieurs familles ou avec une bande de copains. Cette dimension collective devient très importante", précise Nicolas Chatillon.

Logiquement, sa demande s'oriente vers des hébergements de grande taille, dotés d'un grand salon, de plusieurs chambres et d'une décoration de plus en plus haut de gamme dans le style chalet, le tout avec un confort moderne et accompagné par des services hôteliers.

En effet, qu'elle réserve une suite dans un hôtel, un appartement dans une résidence ou qu'elle privatise un chalet, l'exigence de services hôteliers de cette clientèle à fort pouvoir d'achat est à peu près la même, désormais. "Tous nos produits sont pensés pour cela", assure à ce propos Nicolas Chatillon.

Reflet de la bonne image que les stations de ski françaises ont hors des frontières de l'Hexagone, la clientèle du Groupe Les Etincelles est à 50% française et à 50% étrangère.

"Un nombre croissant de nos clients vient des pays d'Europe de l'Est, des Etats-Unis, du Canada, Brésil et aussi d'Israël", précise Nicolas Chatillon.

Si cette clientèle de luxe est indiscutablement très sensible aux enjeux du développent durable, ce n'en est pas moins le ski alpin qui motive son séjour.

"D'ailleurs, prophétise le directeur général, le ski alpin restera longtemps encore la base de l'économie des huit stations où nous sommes présents". A l'en croire, en haute altitude, il y aura de la neige encore longtemps, peut-être même, contrecoup des températures élevées et des pluies diluviennes et autres bouleversements climatiques qui en résultent, "y en aura-t-il parfois plus qu'aujourd'hui".

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Cela n'empêche pas de s'adapter, comme l'a entrepris le groupe Les Etincelles. Les quatre passionnés qui l'ont créé, Nicolas Chatillon en tête, savent aussi que, si en France, les stations sont majoritairement fréquentées l'hiver, en Suisse et en Autriche par exemple les stations de montagne le sont autant l'été que l'hiver. Une piste d'avenir à creuser...

Quoiqu'il en soit, avec ses 100 salariés permanents et ses 850 saisonniers, le Groupe hôtelier estime déjà contribuer largement à l'économie des stations où il est implanté, où il déploie un "savoir-faire à la française", avec mise en avant de la gastronomie et des grands vins du pays.