Pascal Girardot (Girardot Voyages) : "Rien n’est permanent, sauf le changement... cette devise est mon carburant !"

TourMaG.com - Comment voyez-vous la reprise ?

Pascal Girardot : Le frémissement de reprise du mois de mai est actuellement anéanti par les nouvelles contraintes des énièmes mesures sanitaires.

Alors que, grâce à une promotion active, nous parvenons à tirer notre épingle du jeu sur la France (locations, clubs et campings, circuits en France ou courts séjours), le reste de l’Europe est poussif.

Quant à l’étranger, outre la faible production des tour-opérateurs, l’incertitude des fréquences aériennes et l’évolution incessante des conditions d’accès, la demande est très faible et de ce fait nous n’axons pas, actuellement, notre communication vers le reste du monde.

Bonne nouvelle : la prise de réservations pour l’automne ou pour 2022 et 2023, reste actuellement en hausse et nous y travaillons !

TourMaG.com - Les ressources humaines vont-elles jouer un rôle axial dans la relance de l'industrie du tourisme ?

Pascal Girardot : L’Humain, l’Humain, l’Humain ! Nous l’avions oublié ? Cette crise planétaire, bien plus profonde que la pandémie, nous rappelle que la relation humaine - s’il en était besoin, et fusse-t-elle ponctuellement dématérialisée - est l’unique raison d’être de notre métier d’agent de voyages.

TourMaG.com - Au niveau de votre entreprise, qu'allez-vous changer et quels sont les défis à relever dans les prochains mois ?

Pascal Girardot : Rien n’est permanent, sauf le changement ! Cette devise est mon carburant...

Qu’avons-nous déjà changé ? Nous avons mis à profit cette « pause bien involontaire » pour avancer activement sur des projets anciens, des chantiers en cours, ou des idées nouvelles, afin d’écrire demain.

A titre d’exemple, nous avons déjà relooké notre site Internet, digitalisé nos plannings - accessibles désormais via smartphones -, mis en place le MCTO agences pour notre production, digitalisé nos brochures, revu notre site internet afin d’être accessible aux CE, développé la vente en ligne et le paiement sécurisé à distance, mis en place le coffre-fort électronique, développé notre présence active sur les réseaux sociaux, instauré les webconférences clients, entretenu la relation clients...

Et, le plus important : celle avec nos équipes ! L’enjeu, le défi de demain, l’inconnue en tous les cas, est de faire revenir nos clients et tenter de leur donner confiance en l’avenir afin qu’ils fassent des projets de voyages.

Pouvoir se projeter, c’est bien ce qui nous a manqué.

TourMaG.com - Redoutez-vous cette reprise, entre la baisse des aides, le remboursement des avoirs et l'endettement supplémentaire, notamment avec les PGE (Prêt garanti par l'Etat) ?

Pascal Girardot : La peur n’enlève pas le danger !

Toutefois, la gestion rigoureuse de cette crise inédite, notre présence commerciale durant ces mois d’anéantissement de l’activité, mais aussi la confiance placée en nos équipes, celle de nos équipes envers leur direction ainsi que celle de nos clients vis-à-vis de l’entreprise, m’autorisent à penser qu’il y aura vraisemblablement un retour sur investissement.

Il faut que « l’eau revienne au moulin » afin que la pompe s’amorce, que l’argent revienne dans le commerce pour amorcer un redémarrage qui sera sans doute poussif et très différent de ce que nous avons connu jusqu’alors.

Grâce à la gestion saine de l’entreprise durant plusieurs dizaines d’années, nous avons fait le choix de ne pas recourir au PGE.

Les équipes font leur maximum pour que les avoirs se transforment en voyages.

Il nous reste à résoudre l’équation à 4 inconnues : gérer l’augmentation la masse salariale et la réduction inverse des aides, investir financièrement sur la reprise afin de faire revenir les clients et rentrer la trésorerie, remplir le carnet de commandes et…reconstituer les réserves !

Un beau travail d’équipe à chaque maillon de cette chaine qui constitue notre PME.

TourMaG.com - Face à cette pandémie, à quoi ressemblera, selon vous, le tourisme de demain ?

Pascal Girardot : De nouvelles habitudes, de nouvelles tendances, de nouveaux comportements voient déjà le jour : partir moins mais mieux, respecter l’environnement, respecter de la destination d’accueil, fuir le tourisme de masse, rechercher des valeurs et l’authenticité, découvrir et respecter de l’autre, s’assurer d’avoir une bonne agence de voyages… sont des tendances pernicieuses avec lesquelles nous allons devoir composer.

Mais, finalement nous avons toujours composé dans notre métier, n’est-ce pas ?

La présence de l’Humain, le service, la confiance dans la chaine commerciale seront, à mon sens, le « super » carburant du moteur de notre économie touristique.

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