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Périgord : La Roque-Gageac, à flanc de roc

Un des « Plus Beaux Villages de France »


Ce village périgourdin entre rocaille et Dordogne est assurément l’un des plus seyants du sud-ouest. Plaqué à la roche calcaire, La Roque-Gageac livre ses maisons étagées couvertes de tuiles canal, un fort troglodyte et un imposant manoir, dressé à la sortie du bourg. Un jardin exotique et l’atmosphère reposante de la rivière complètent son décor de charme.


Rédigé par Jean-François RUST le Jeudi 2 Août 2018

La rivière a été durant des siècles le moteur économique de ce Périgord profond. Longtemps, les gabarres ont contribué à l’importante activité fluviale. Aujourd’hui, il en reste quelques-unes pour les touristes. Mais les canoës les ont généralement remplacées - DR : CDT24
La rivière a été durant des siècles le moteur économique de ce Périgord profond. Longtemps, les gabarres ont contribué à l’importante activité fluviale. Aujourd’hui, il en reste quelques-unes pour les touristes. Mais les canoës les ont généralement remplacées - DR : CDT24
Avec ses 460 habitants, La Roque-Gageac a grandi au pied d’une paroi calcaire dressée par-dessus la Dordogne, ouvrant juste ce qu’il faut de terrains disponibles pour que des mains expertes y construisent des maisons.

Les touristes ayant visité Les Eyzies, Beynac-et-Cazenac ou Carennac savent déjà à quoi s’en tenir en matière d’harmonie architecturale.

Mais ici, les bâtisseurs n’ont pas seulement travaillé pour des motifs esthétiques.

Parce que la rivière a été durant des siècles le moteur économique de ce Périgord profond, il valait mieux s’y trouver blotti plutôt que perché sur les hauteurs, même si les inondations ont parfois montré leur violence - voir les hauteurs d’eau gravées dans la pierre, sur une maison des quais.

Longtemps, les gabarres, bateaux traditionnels à fond plat, ont contribué à l’importante activité fluviale, transportant jusqu’à la fin du 19e s. bois, fer, vin, noix, châtaignes, fromage et sel jusqu’à Libourne et Bordeaux.

Elles remontaient en sens inverse chargées d’autres marchandises, tirées par des bœufs sur les chemins de halage. Aujourd’hui, il en reste quelques-unes pour les touristes. Mais les canoës les ont généralement remplacées.

Alchimie architecturale

La batellerie avait besoin de haltes, elles faisaient prospérer commerces et artisanat. La Roque-Gageac fut l’une d’elles.

C’est à ce moment qu’intervient l’indicible talent paysan de fondre, peut-être sans en avoir conscience, l’humain dans ce décor naturel.

Vous nous direz qu’il suffisait pour cela d’utiliser les matériaux du cru, chose dont les locaux d’alors ne pouvaient se passer. Peut-être.

Mais ajouté à l’alchimie qui embellit avec l’âge les fonctions utilitaires d’une maison, cela donne ce cocktail villageois exceptionnel, constitué de pierres calcaires dorées, de toits de tuiles brunies, de lauzes grises, de demeures accrochées tant bien que mal aux minces replats sous la falaise.

Le tout lié par des ruelles de charme et des passages sous voûtes.

Marché sous la halle

Il existe un autre motif à l’embellissement du village. A ses fonctions portuaires s’est ajoutée une vocation de villégiature, pour les évêques de Sarlat.

Ils y bâtirent un château, dont il reste des vestiges au-dessus des maisons, ainsi qu’un fort troglodyte, creusé vers le 12e s. dans la falaise. Grâce à lui et à des remparts, La Roque-Gageac, jadis fortifiée, ne fut jamais prise par les Anglais ou les protestants.

Visiter le bourg impose de prendre le temps de flâner dans son lacis villageois. L’église au clocher-mur est à voir. Construite au 14e s., son toit recouvert de lauzes peut peser jusqu’à une tonne au m². La charpente ne le supporte que parce qu’elle est très pentue.

La fontaine de l’église, un oratoire et le marché (sous la halle le vendredi) méritent le détour.

Quelques maisons détruites rappellent aussi que vivre sous une falaise n’est pas sans risque. En témoigne l’hiver 1957, au cours duquel un pan s’effondra sur une partie du village. D’autres travaux de consolidation furent menés en 2010.

Manoir de Tarde et château de la Malartrie

Trois sites ou bâtiments sont enfin à découvrir pour confirmer pleinement la juste appartenance de La Roque-Gageac au réseau des « Plus Beaux Villages de France » : le jardin exotique et le manoir de Tarde, ainsi que le château de la Malartrie.

Ce dernier, bien que situé sur la commune de Vézac, marque majestueusement l’entrée dans le village, lorsque l’on vient de Beynac-et-Cazenac. De style 15e s., il n’a été construit qu’en 1901, par un ancien ambassadeur de France en Angleterre.

Pour jouir pleinement du charme de La Roque-Gageac, il faut être là un soir ensoleillé. Posté sur le quai face aux façades illuminées, c’est alors que l’on comprend vraiment le sens du mot élégance.

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Tags : périgord, rust
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