TourMaG.com - Quel est votre ressenti par rapport à la privatisation ?
Jean-Pierre Sauvage : Nous avons un avis très réservé pour plusieurs raisons. Nous adhérons tout à fait à la prise de position de Jean-Marc Janaillac, qu'il avait donné dans le journal Le Monde. Son idée étant de préserver un contrôle étatique, au moins sur le foncier, car cela est un actif stratégique de la France.
Nous sommes parfaitement opposés à ce que les Aéroports de Paris soient cédés en bloc. Quand on parle foncier, il y a le terrain mais aussi les immeubles qui ont été construits, avec les redevances des compagnies.
Nous n'avons pas un droit de préemption, mais à tout le moins un droit de regard sur le contenu de cette privatisation.
TourMaG.com - Que pensez-vous des sommes qui fuitent dans la presse ?
Jean-Pierre Sauvage : Il suffit de regard la valeur des actions en bourse, le montant devrait avoisiner les 25 milliards, soit 12 milliards pour l'Etat, ce qui n'est pas une somme négligeable.
Si on reste sur cette base, il est clair que les investisseurs vont vouloir rentabiliser au plus vite leur investissement et donc qui en fera les frais ? Les compagnies aériennes et les clients.
Nous sommes donc très attentifs par rapport au processus. Nous critiquons vivement la gestion économique de l'ensemble, car l'APE (l'Agence des participations de l'Etat) se sert grassement en dividendes.
Elle prend environ 60% des redistributions sans laisser aucun centime dans l'opération aéroportuaire, sans oublier tout ce que touche l'Etat avec l'impôt sur les sociétés. Malgré tout nous sommes calmes.
Jean-Pierre Sauvage : Nous avons un avis très réservé pour plusieurs raisons. Nous adhérons tout à fait à la prise de position de Jean-Marc Janaillac, qu'il avait donné dans le journal Le Monde. Son idée étant de préserver un contrôle étatique, au moins sur le foncier, car cela est un actif stratégique de la France.
Nous sommes parfaitement opposés à ce que les Aéroports de Paris soient cédés en bloc. Quand on parle foncier, il y a le terrain mais aussi les immeubles qui ont été construits, avec les redevances des compagnies.
Nous n'avons pas un droit de préemption, mais à tout le moins un droit de regard sur le contenu de cette privatisation.
TourMaG.com - Que pensez-vous des sommes qui fuitent dans la presse ?
Jean-Pierre Sauvage : Il suffit de regard la valeur des actions en bourse, le montant devrait avoisiner les 25 milliards, soit 12 milliards pour l'Etat, ce qui n'est pas une somme négligeable.
Si on reste sur cette base, il est clair que les investisseurs vont vouloir rentabiliser au plus vite leur investissement et donc qui en fera les frais ? Les compagnies aériennes et les clients.
Nous sommes donc très attentifs par rapport au processus. Nous critiquons vivement la gestion économique de l'ensemble, car l'APE (l'Agence des participations de l'Etat) se sert grassement en dividendes.
Elle prend environ 60% des redistributions sans laisser aucun centime dans l'opération aéroportuaire, sans oublier tout ce que touche l'Etat avec l'impôt sur les sociétés. Malgré tout nous sommes calmes.
Jean-Pierre Sauvage le président du BAR se montre septique sur la privatisation - Crédit photo : Linkedin
TourMaG.com - Quel est votre volonté ?
Jean-Pierre Sauvage : Avec de telles sommes en jeu, nous voulons quelque chose d'équilibré par rapport à tout ce qui touche la privatisation. Nous ne voulons pas que se reproduise ce qu'à fait l'investisseur chinois dès son arrivée à Toulouse.
Lors du premier exercice, la société a pompé une partie de la trésorerie, c'est un exemple à ne pas suivre. Par la suite, nous allons observer l'évolution des prix des redevances et les prestations d'ADP.
A l'heure actuelle, tout est hypothétique, au niveau du foncier la cession se fera par la loi puisque la dévolution du domaine public qui a été faite à ADP s'est inscrite dans un cadre législatif. Et pour défaire une loi, il faut adopter un nouveau texte.
Nous ne sommes bien sûr totalement opposés à cette option, car nous n'aurons aucune voix au chapitre.
Toutefois nous activerons certains relais, pour bénéficier d'un droit de regard ou de discussion sur le contenu de cette loi, sinon ce serait particulièrement inique de transférer le domaine public acquis en partie grâce à nos redevances, et que cela tombe dans les mains d'une entité privée.
TourMaG.com - Avez-vous un timing sur la suite des événements ?
Jean-Pierre Sauvage : Je n'ai pas en main, tous les éléments pour pouvoir apprécier la situation. Je pense que le processus ne va pas tarder à s'enclencher. Nous avons entendu parler de l'été ou le début de l'automne pour le dépôt du projet de loi.
La difficulté législative n'est pas le seul élément empêchant l'Etat de faire n'importe quoi. Il y a différents leviers qui seront actionnés.
Jean-Pierre Sauvage : Avec de telles sommes en jeu, nous voulons quelque chose d'équilibré par rapport à tout ce qui touche la privatisation. Nous ne voulons pas que se reproduise ce qu'à fait l'investisseur chinois dès son arrivée à Toulouse.
Lors du premier exercice, la société a pompé une partie de la trésorerie, c'est un exemple à ne pas suivre. Par la suite, nous allons observer l'évolution des prix des redevances et les prestations d'ADP.
A l'heure actuelle, tout est hypothétique, au niveau du foncier la cession se fera par la loi puisque la dévolution du domaine public qui a été faite à ADP s'est inscrite dans un cadre législatif. Et pour défaire une loi, il faut adopter un nouveau texte.
Nous ne sommes bien sûr totalement opposés à cette option, car nous n'aurons aucune voix au chapitre.
Toutefois nous activerons certains relais, pour bénéficier d'un droit de regard ou de discussion sur le contenu de cette loi, sinon ce serait particulièrement inique de transférer le domaine public acquis en partie grâce à nos redevances, et que cela tombe dans les mains d'une entité privée.
TourMaG.com - Avez-vous un timing sur la suite des événements ?
Jean-Pierre Sauvage : Je n'ai pas en main, tous les éléments pour pouvoir apprécier la situation. Je pense que le processus ne va pas tarder à s'enclencher. Nous avons entendu parler de l'été ou le début de l'automne pour le dépôt du projet de loi.
La difficulté législative n'est pas le seul élément empêchant l'Etat de faire n'importe quoi. Il y a différents leviers qui seront actionnés.
Autres articles
TourMaG.com - Vous semblez très septique...
Jean-Pierre Sauvage : En effet, il ne suffit pas de prendre possession d'un aéroport et d'en faire un centre de profit en excluant tout ce qui va autour. Je m'explique.
Vous ne pouvez pas sortir cette infrastructure de son contexte économique global, vis-à-vis du voyage d'affaires et du tourisme. Si on ne veut avoir une politique nationale pour développer le tourisme et franchir la fameuse barre des 100 millions de touristes, alors l'Etat doit garder un droit de regard sur les décisions.
Nous voulons une autorité de surveillance indépendante avec des pouvoirs élargis pour surveiller les décisions de l'investisseur.
TourMaG.com - Avez-vous connaissance du nom du futur repreneur ?
Jean-Pierre Sauvage : J'ai les mêmes bruits que vous. Il y a Vinci, qui est acteur à hauteur de 10% du capital. Il serait logique que l'entreprise lorgne vers une participation plus importante. Ils ne sont pas seuls, l'espagnol Ferrovial a des parts dans l'aéroport de Londres, on a aussi parlé du consortium italien (Azzura, ndlr) ayant pris Nice.
Si vous prenez l'exemple de ce dernier qui a payé 1,22 milliard d'euros pour s'adjuger l'aéroport de la côte d'azur, pour un ratio compris entre 20 et 22 fois l'EBITDA, il est clair que l'amortissement demandé va être forcément accéléré.
Ce n'est pas le tunnel sous la manche. Ils ne vont pas attendre plusieurs décennies pour rentrer dans leurs frais.
Jean-Pierre Sauvage : En effet, il ne suffit pas de prendre possession d'un aéroport et d'en faire un centre de profit en excluant tout ce qui va autour. Je m'explique.
Vous ne pouvez pas sortir cette infrastructure de son contexte économique global, vis-à-vis du voyage d'affaires et du tourisme. Si on ne veut avoir une politique nationale pour développer le tourisme et franchir la fameuse barre des 100 millions de touristes, alors l'Etat doit garder un droit de regard sur les décisions.
Nous voulons une autorité de surveillance indépendante avec des pouvoirs élargis pour surveiller les décisions de l'investisseur.
TourMaG.com - Avez-vous connaissance du nom du futur repreneur ?
Jean-Pierre Sauvage : J'ai les mêmes bruits que vous. Il y a Vinci, qui est acteur à hauteur de 10% du capital. Il serait logique que l'entreprise lorgne vers une participation plus importante. Ils ne sont pas seuls, l'espagnol Ferrovial a des parts dans l'aéroport de Londres, on a aussi parlé du consortium italien (Azzura, ndlr) ayant pris Nice.
Si vous prenez l'exemple de ce dernier qui a payé 1,22 milliard d'euros pour s'adjuger l'aéroport de la côte d'azur, pour un ratio compris entre 20 et 22 fois l'EBITDA, il est clair que l'amortissement demandé va être forcément accéléré.
Ce n'est pas le tunnel sous la manche. Ils ne vont pas attendre plusieurs décennies pour rentrer dans leurs frais.
TourMaG.com - Il y a aussi d'autres risques sur le territoire Français, et notamment parisien ?
Jean-Pierre Sauvage : Bien évidemment, nous sommes dans une situation quasi-monopolistique, avec de fait un monopole d'Etat sur Charles de Gaulle.
Il ne faut vraiment pas se retrouver dans un contexte où une entreprise privée se retrouve à avoir un monopole. Ce qui serait d'ailleurs parfaitement attaquable.
TourMaG.com - Qu'en est-il de la viabilité d'une telle infrastructure ?
Jean-Pierre Sauvage : Les besoins pour l'avenir sont connus. Ils concernent la construction du terminal 4, pour faire face au développement. Le pic de fréquentation est attendu en 2024, le trafic commande les besoins.
Il ne faut pas oublier qu'un aéroport est toujours une belle opération économique. Je vous rappelle que le Groupe ADP dégage 43% d'EBITDA. Très rares sont les entreprises à présenter de tels chiffres, même dans le luxe. Cest pour ça que cette opportunité aiguise l'appétit de beaucoup de sociétés.
Voilà pourquoi nous voulons faire entendre notre voix.
TourMaG.com - Êtes-vous en contact avec le gouvernement ?
Jean-Pierre Sauvage : Nous avons aucun droit dans cette affaire. Le seul droit à la parole interviendra lorsque les redevances atteindront des niveaux insupportables, non seulement pour les compagnies aériennes mais aussi pour les passagers.
Nous avons toujours le droit de refuser le montant des redevances, dans le cadre de la directive européenne 2009-12, reposant sur la transparence et la non-discrimination.
A ce moment là, nous pourrons revendiquer notre voix au chapitre comme c'est le cas dans les commissions consultatives économiques. Nous ne sommes pas toujours écoutés à la juste mesure de ce que sont les réalités.
Jean-Pierre Sauvage : Bien évidemment, nous sommes dans une situation quasi-monopolistique, avec de fait un monopole d'Etat sur Charles de Gaulle.
Il ne faut vraiment pas se retrouver dans un contexte où une entreprise privée se retrouve à avoir un monopole. Ce qui serait d'ailleurs parfaitement attaquable.
TourMaG.com - Qu'en est-il de la viabilité d'une telle infrastructure ?
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Il ne faut pas oublier qu'un aéroport est toujours une belle opération économique. Je vous rappelle que le Groupe ADP dégage 43% d'EBITDA. Très rares sont les entreprises à présenter de tels chiffres, même dans le luxe. Cest pour ça que cette opportunité aiguise l'appétit de beaucoup de sociétés.
Voilà pourquoi nous voulons faire entendre notre voix.
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Jean-Pierre Sauvage : Nous avons aucun droit dans cette affaire. Le seul droit à la parole interviendra lorsque les redevances atteindront des niveaux insupportables, non seulement pour les compagnies aériennes mais aussi pour les passagers.
Nous avons toujours le droit de refuser le montant des redevances, dans le cadre de la directive européenne 2009-12, reposant sur la transparence et la non-discrimination.
A ce moment là, nous pourrons revendiquer notre voix au chapitre comme c'est le cas dans les commissions consultatives économiques. Nous ne sommes pas toujours écoutés à la juste mesure de ce que sont les réalités.