Alors que des voyagistes seraient en difficulté selon les responsables de la distribution, l'industrie pourrait bien se diriger prochainement vers une crise de l'offre - Crédit photo : Pixabay @MichaelGaida
Le 2 mars, à quelques jours d'un confinement historique, les professionnels du tourisme se voulaient optimistes. Ils prédisaient "un été légèrement escamoté"
En cette veille de rentrée, les voix se font plus lasses. Les chiffres ne sont pas bons et les ventes de dernière minute n'ont rien changé, ni gommé.
"C'est très, très calme. Au début de la crise, nous disions que les réouvertures des frontières créeraient un grand appel d'air et que les clients partiraient. Ce ne fut pas le cas," lâche un poil désabusé, François Piot, le PDG de Prêt-à-Partir.
Avec une activité tournant au ralenti et à l'heure de boucler son bilan annuel, le patron du réseau fait grise mine. Il n'est pas le seul dans ce cas.
"Que ce soit pour les agences ou les tour-opérateurs, nous espérions une reprise, mais l'été a été catastrophique," selon Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage.
En cette veille de rentrée, les voix se font plus lasses. Les chiffres ne sont pas bons et les ventes de dernière minute n'ont rien changé, ni gommé.
"C'est très, très calme. Au début de la crise, nous disions que les réouvertures des frontières créeraient un grand appel d'air et que les clients partiraient. Ce ne fut pas le cas," lâche un poil désabusé, François Piot, le PDG de Prêt-à-Partir.
Avec une activité tournant au ralenti et à l'heure de boucler son bilan annuel, le patron du réseau fait grise mine. Il n'est pas le seul dans ce cas.
"Que ce soit pour les agences ou les tour-opérateurs, nous espérions une reprise, mais l'été a été catastrophique," selon Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage.
TourCom tourne entre 10 et 15%, Univairmer ne croit plus à la reprise automnale...
Une reprise que n'attendait pas vraiment le président-fondateur de TourCom.
"Nous avons fait à peu près ce que j'avais prévu, c'est-à-dire entre 10 et 15% de notre chiffre d'affaires 2019.
Nous n'avons fait que faire et défaire à cause des compagnies aériennes, c'est un vrai cauchemar à ce niveau," peste Richard Vainopoulos.
L'été n'a rien changé, pas même les réservations à la dernière seconde, les programmes de vols ont été constamment modifiés, voire même annulés.
Après un mois de juillet dynamique, ces derniers jours certains transporteurs ont dû supprimer des liaisons pour faire face aux restrictions gouvernementales.
Ryanair a, par exemple, rétropédalé en annonçant la semaine dernière une réduction de 20% de son offre en septembre et octobre, en raison d'une demande atone.
Et d'ailleurs, celle-ci se fait toujours désirer du côté d'Univairmer.
"L'activité est toujours assez réduite. Le mois de juillet n'a pas été trop mauvais, avec 32% de notre chiffre d'affaires habituel, mais août a été plus compliqué avec seulement 24%," confie Jean Dionnet.
Malgré les réouvertures des frontières européennes et l'envie de voyager, la demande n'a pas été au rendez-vous, bien au contraire.
Un calme plat qui devrait perdurer même à la rentrée, reprise de l'épidémie ou non.
Alors que le patron du réseau du sud-ouest avait anticipé une reprise située en 40 et 45% de son activité, en septembre, il ne fait plus de doute que le début de l'automne ressemblera à un été indien.
"Je ne sais pas si nous atteindrons cet objectif. Avec les craintes véhiculées par les médias, les restrictions puis la crise économique... Je ne suis pas certain que nous connaissions une reprise à la fin de l'année 2020," souffle le président du groupe Univairmer.
Une analyse partagée du côté des EDV. "Nous nous attendions à une rentrée plus positive mais nous n'avons aujourd'hui aucune visibilité sur les destinations long-courriers de l'hiver prochain," explique Jean-Pierre Mas.
"Nous avons fait à peu près ce que j'avais prévu, c'est-à-dire entre 10 et 15% de notre chiffre d'affaires 2019.
Nous n'avons fait que faire et défaire à cause des compagnies aériennes, c'est un vrai cauchemar à ce niveau," peste Richard Vainopoulos.
L'été n'a rien changé, pas même les réservations à la dernière seconde, les programmes de vols ont été constamment modifiés, voire même annulés.
Après un mois de juillet dynamique, ces derniers jours certains transporteurs ont dû supprimer des liaisons pour faire face aux restrictions gouvernementales.
Ryanair a, par exemple, rétropédalé en annonçant la semaine dernière une réduction de 20% de son offre en septembre et octobre, en raison d'une demande atone.
Et d'ailleurs, celle-ci se fait toujours désirer du côté d'Univairmer.
"L'activité est toujours assez réduite. Le mois de juillet n'a pas été trop mauvais, avec 32% de notre chiffre d'affaires habituel, mais août a été plus compliqué avec seulement 24%," confie Jean Dionnet.
Malgré les réouvertures des frontières européennes et l'envie de voyager, la demande n'a pas été au rendez-vous, bien au contraire.
Un calme plat qui devrait perdurer même à la rentrée, reprise de l'épidémie ou non.
Alors que le patron du réseau du sud-ouest avait anticipé une reprise située en 40 et 45% de son activité, en septembre, il ne fait plus de doute que le début de l'automne ressemblera à un été indien.
"Je ne sais pas si nous atteindrons cet objectif. Avec les craintes véhiculées par les médias, les restrictions puis la crise économique... Je ne suis pas certain que nous connaissions une reprise à la fin de l'année 2020," souffle le président du groupe Univairmer.
Une analyse partagée du côté des EDV. "Nous nous attendions à une rentrée plus positive mais nous n'avons aujourd'hui aucune visibilité sur les destinations long-courriers de l'hiver prochain," explique Jean-Pierre Mas.
Univairmer planche sur une recapitalisation de 3 millions d'euros
Et pourtant, pour Richard Vainopoulos, il se pourrait bien que les congés de la Toussaint aient des allures de session de rattrapage.
"Nous attendons près de 40% d'activité habituelle pour cette période, car les chefs d'entreprise qui n'ont pas pu partir durant l'été voudront souffler un peu."
Cela ne sera possible que si les frontières et les décisions gouvernementales ne sont pas trop radicales, face à une maladie qui se veut moins létale ces dernières semaines, du moins en France.
En attendant, et même si un rebond n'est pas totalement interdit, l'année sera dramatique pour n'importe quel réseau.
Du côté de Prêt-à-Partir, le manque à gagner devrait être de l'ordre de 10 millions d'euros sur l'année, avec un chiffre d'affaires en baisse de 70%.
Des montants astronomiques, en partie comblés par les mesures gouvernementales.
"Nous devrions perdre entre 3 et 4 millions d'euros. Cela ne met pas l'activité en péril, mais ce n'est jamais arrivé que nous perdions de l'argent sur le voyage," explique François Piot.
Avec un tel constat, comment faire pour assurer la pérennité de l'entreprise ?
Chez TourCom des "choses vont changer, mais pour l'instant cela reste confidentiel", alors que pour Univairmer, il est venu le temps de soigner la trésorerie.
Les actionnaires, avec l'appui de la BPI, seront prochainement invités à recapitaliser le réseau.
"Cela nous permettra de donner un ballon d'oxygène pour 2021. Le renforcement des fonds propres peut prendre différentes formes, mais nous espérons en tout 3 millions d'euros," fixe Jean Dionnet.
Une somme équivalente au manque à gagner net de l'exercice en cours.
"Nous attendons près de 40% d'activité habituelle pour cette période, car les chefs d'entreprise qui n'ont pas pu partir durant l'été voudront souffler un peu."
Cela ne sera possible que si les frontières et les décisions gouvernementales ne sont pas trop radicales, face à une maladie qui se veut moins létale ces dernières semaines, du moins en France.
En attendant, et même si un rebond n'est pas totalement interdit, l'année sera dramatique pour n'importe quel réseau.
Du côté de Prêt-à-Partir, le manque à gagner devrait être de l'ordre de 10 millions d'euros sur l'année, avec un chiffre d'affaires en baisse de 70%.
Des montants astronomiques, en partie comblés par les mesures gouvernementales.
"Nous devrions perdre entre 3 et 4 millions d'euros. Cela ne met pas l'activité en péril, mais ce n'est jamais arrivé que nous perdions de l'argent sur le voyage," explique François Piot.
Avec un tel constat, comment faire pour assurer la pérennité de l'entreprise ?
Chez TourCom des "choses vont changer, mais pour l'instant cela reste confidentiel", alors que pour Univairmer, il est venu le temps de soigner la trésorerie.
Les actionnaires, avec l'appui de la BPI, seront prochainement invités à recapitaliser le réseau.
"Cela nous permettra de donner un ballon d'oxygène pour 2021. Le renforcement des fonds propres peut prendre différentes formes, mais nous espérons en tout 3 millions d'euros," fixe Jean Dionnet.
Une somme équivalente au manque à gagner net de l'exercice en cours.
"Nous avons vraiment une profession extrêmement déprimée..."
Pour Prêt-à-Partir, il n'y a aucune crainte quant à la pérennité de l'entreprise. Malgré tout quelques points de vente vont définitivement baisser leur rideau.
"Nous nous apprêtons à fermer deux ou trois agences qui étaient déjà "malades" et déficitaires avant la Covid-19. La situation est paradoxale, car notre dette a augmenté en raison des aides versées par l'Etat," rapporte François Piot.
Le défi de la dette ne devrait pas être l'unique chantier des prochains mois, il faudra aussi s'atteler à celui de l'animation des équipes.
Après de longs mois de chômage partiel, l'état psychologique et la motivation des agents de voyages pourraient être durablement émoussés.
"Il y a une perte de moral, notamment des petits entrepreneurs. Nous avons vraiment une profession extrêmement déprimée par la situation," relate Jean-Pierre Mas, le président des EDV.
D'ores et déjà, les rangs des vendeurs devraient être plus clairsemés, en raison des défections à l'appel.
Pour lutter contre cela, chacun a sa technique. Pour l'un, la rentrée se fera sur rendez-vous, "pour être proactif" selon le patron d'Univairmer, pour l'autre "une cellule psychologique a été mise en place" rapporte le responsable de TourCom.
Sauf que la problématique managériale de troupes démotivées sera sans doute effacée par une autre : celle de la crise de l'offre.
"Je suis très inquiet de savoir si nous aurons une production TUI au départ de Metz. Je pense même qu'il n'y en aura pas," prophétise François Piot, le PDG de Prêt-à-Partir.
"Nous nous apprêtons à fermer deux ou trois agences qui étaient déjà "malades" et déficitaires avant la Covid-19. La situation est paradoxale, car notre dette a augmenté en raison des aides versées par l'Etat," rapporte François Piot.
Le défi de la dette ne devrait pas être l'unique chantier des prochains mois, il faudra aussi s'atteler à celui de l'animation des équipes.
Après de longs mois de chômage partiel, l'état psychologique et la motivation des agents de voyages pourraient être durablement émoussés.
"Il y a une perte de moral, notamment des petits entrepreneurs. Nous avons vraiment une profession extrêmement déprimée par la situation," relate Jean-Pierre Mas, le président des EDV.
D'ores et déjà, les rangs des vendeurs devraient être plus clairsemés, en raison des défections à l'appel.
Pour lutter contre cela, chacun a sa technique. Pour l'un, la rentrée se fera sur rendez-vous, "pour être proactif" selon le patron d'Univairmer, pour l'autre "une cellule psychologique a été mise en place" rapporte le responsable de TourCom.
Sauf que la problématique managériale de troupes démotivées sera sans doute effacée par une autre : celle de la crise de l'offre.
"Je suis très inquiet de savoir si nous aurons une production TUI au départ de Metz. Je pense même qu'il n'y en aura pas," prophétise François Piot, le PDG de Prêt-à-Partir.
Allons-nous vers une crise de l'offre ?
A lui seul, l'aéroport de Moselle représente entre 5 et 6 millions d'euros de dossiers pour le réseau du Grand-Est.
Sauf que cette crainte ne se cantonne pas à cette région... elle est généralisée à toute la France.
"Beaucoup de réceptifs n'ont pas été payés depuis mars dernier par les tour-opérateurs. Ces derniers, contrairement aux agences de voyages, n'ont jamais su se renouveler," résume Richard Vainopoulos.
Au final, l'hécatombe automnale tant promise aux réseaux de distribution se déplacerait aux acteurs de la production. Une analyse balayée d'un revers de main par le patron des Entreprises du Voyage.
"Ceux qui vendent en direct sont bercés par l'illusion d'être en meilleure santé, grâce à l'Ordonnance, permettant de conserver les acomptes. Pour moi, le vrai problème consiste dans la demande qui ne décolle pas."
Pourtant les producteurs sont un frein pour les acteurs interrogés.
"Les tour-opérateurs n'ouvrent pas les destinations, même celles autorisées, car avec une activité autour des 15%, ce n'est pas rentable pour eux. C'est compliqué, car nous n'avons pas d'offre," dénonce Jean Dionnet, le patron d'Univairmer.
Et alors que des voyagistes seraient en difficulté selon les responsables de la distribution, l'industrie pourrait bien se diriger prochainement vers une crise de l'offre.
"C'est une éventualité. Tout est à refaire, même avec les clients. Nous (l'industrie touristique française, ndlr) allons devoir réécrire un nouveau modèle économique. Après, la nature à horreur du vide," philosophe le PDG de Prêt-à-Partir.
En cette fin du mois d'août et alors que les Français profitent des dernières heures d'insouciance estivale, nul ne connaît l'ampleur du vide que laissera la Covid dans notre industrie. Pour le moment, tout n'est que spéculation...
Sauf que cette crainte ne se cantonne pas à cette région... elle est généralisée à toute la France.
"Beaucoup de réceptifs n'ont pas été payés depuis mars dernier par les tour-opérateurs. Ces derniers, contrairement aux agences de voyages, n'ont jamais su se renouveler," résume Richard Vainopoulos.
Au final, l'hécatombe automnale tant promise aux réseaux de distribution se déplacerait aux acteurs de la production. Une analyse balayée d'un revers de main par le patron des Entreprises du Voyage.
"Ceux qui vendent en direct sont bercés par l'illusion d'être en meilleure santé, grâce à l'Ordonnance, permettant de conserver les acomptes. Pour moi, le vrai problème consiste dans la demande qui ne décolle pas."
Pourtant les producteurs sont un frein pour les acteurs interrogés.
"Les tour-opérateurs n'ouvrent pas les destinations, même celles autorisées, car avec une activité autour des 15%, ce n'est pas rentable pour eux. C'est compliqué, car nous n'avons pas d'offre," dénonce Jean Dionnet, le patron d'Univairmer.
Et alors que des voyagistes seraient en difficulté selon les responsables de la distribution, l'industrie pourrait bien se diriger prochainement vers une crise de l'offre.
"C'est une éventualité. Tout est à refaire, même avec les clients. Nous (l'industrie touristique française, ndlr) allons devoir réécrire un nouveau modèle économique. Après, la nature à horreur du vide," philosophe le PDG de Prêt-à-Partir.
En cette fin du mois d'août et alors que les Français profitent des dernières heures d'insouciance estivale, nul ne connaît l'ampleur du vide que laissera la Covid dans notre industrie. Pour le moment, tout n'est que spéculation...