Les agences craignent de se mettre les clients à dos si l'amendement passe et prolonge l'ordonnance - Crédit photo : Depositphotos @ra2studio
Il y a 7 mois, les tour-opérateurs incitaient les agences de voyages à ne pas rembourser leurs clients, pour éviter un effondrement systémique de l'industrie.
Après une grande opération de lobby, le gouvernement adoptait l'Ordonnance 2020-315, promulguant l'avoir au lieu du remboursement, avec une validité étendue jusqu'au 15 septembre 2020.
A cette époque, nous pensions tous que la France et le monde seraient quittes de ce fichu virus. Puis l'été est passé, avec ses plages bondées et des gestes barrières quelque peu oubliés. L'automne a alors offert un terrain de jeu idéal à la propagation de la covid-19.
Craignant le pire les Entreprises du Voyage avaient entre-temps échangé avec l'exécutif pour proroger la durée de l'ordonnance.
"Nous avons discuté avec le gouvernement pour prolonger la durée de l'ordonnance. L'exécutif nous a répondus par la négative," nous confiait alors Valérie Boned, la secrétaire des Entreprises du Voyage.
C'était sans compter sur Philipe Bas, le sénateur de la Manche qui a déposé jeudi 29 octobre 2020, un amendement pour prolonger la durée de l'ordonnance, durant toute l'urgence sanitaire.
"C'est une connerie ! La situation est nettement différente et les volumes bien moins importants," lâche surpris Frédéric d'Hauthuille, le fondateur du Monde Authentique.
Après une grande opération de lobby, le gouvernement adoptait l'Ordonnance 2020-315, promulguant l'avoir au lieu du remboursement, avec une validité étendue jusqu'au 15 septembre 2020.
A cette époque, nous pensions tous que la France et le monde seraient quittes de ce fichu virus. Puis l'été est passé, avec ses plages bondées et des gestes barrières quelque peu oubliés. L'automne a alors offert un terrain de jeu idéal à la propagation de la covid-19.
Craignant le pire les Entreprises du Voyage avaient entre-temps échangé avec l'exécutif pour proroger la durée de l'ordonnance.
"Nous avons discuté avec le gouvernement pour prolonger la durée de l'ordonnance. L'exécutif nous a répondus par la négative," nous confiait alors Valérie Boned, la secrétaire des Entreprises du Voyage.
C'était sans compter sur Philipe Bas, le sénateur de la Manche qui a déposé jeudi 29 octobre 2020, un amendement pour prolonger la durée de l'ordonnance, durant toute l'urgence sanitaire.
"C'est une connerie ! La situation est nettement différente et les volumes bien moins importants," lâche surpris Frédéric d'Hauthuille, le fondateur du Monde Authentique.
"Nous allons finir par perdre tous nos clients"
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Et pourtant l'initiative politique parait correspondre à certains besoins de la part de la profession.
"L'amendement répond à une attente et enlève potentiellement une épine du pied à nos adhérents. Après, nous ne savons pas si le gouvernement suivra la position du Sénat, ce n'est pas la même majorité," poursuivait alors la secrétaire générale du syndicat.
Sauf qu'à bien y regarder, non seulement les clients sont contre, mais les... agences de voyages aussi.
Il suffit de lire les commentaires sur le papier "Exclusif : l'Ordonnance sur les à-valoir prolongée pendant le confinement ?" ou les réseaux sociaux, pour comprendre que l'amendement serait une bien mauvaise idée, pire il serait contre-productif.
"Je pense que ce n'est pas une bonne idée, on va encore perdre toute crédibilité en plus .... je suis opposée à la proposition", exprimait par écrit un agent de voyages.
Quel que soit le média, les échanges allaient majoritaire dans ce sens.
Outre le fait que la prolongation aurait dû être faite le 15 septembre 2020, l'amendement arrive à contre -courant d'une profession qui a peur de se retrouver avec une vindicte populaire.
"Nous avons rassuré nos clients hésitant à concrétiser leurs nouveaux projets de voyage en leur disant qu'il n'y avait plus de bon à-valoir et qu'en cas d'annulation par le fournisseur désormais, ils seraient remboursés et maintenant qu'ils ont signé, on fait machine arrière.
Encore une fois notre crédibilité est mise à mal .... non non et non! Nous allons finir par perdre tous nos clients," se désole Grégory, un travel planner dans le voyage d'affaires.
Même son de cloche pour les acteurs du voyage scolaire.
"Ce serait une hérésie que de nous inclure dans cette prolongation. Le 26 mars dernier, je tenais le même discours, sauf que maintenant il n'est même plus question de voyages en 2021," déplore Aline Laillé, directrice de VEFE Voyages Éducatifs.
"L'amendement répond à une attente et enlève potentiellement une épine du pied à nos adhérents. Après, nous ne savons pas si le gouvernement suivra la position du Sénat, ce n'est pas la même majorité," poursuivait alors la secrétaire générale du syndicat.
Sauf qu'à bien y regarder, non seulement les clients sont contre, mais les... agences de voyages aussi.
Il suffit de lire les commentaires sur le papier "Exclusif : l'Ordonnance sur les à-valoir prolongée pendant le confinement ?" ou les réseaux sociaux, pour comprendre que l'amendement serait une bien mauvaise idée, pire il serait contre-productif.
"Je pense que ce n'est pas une bonne idée, on va encore perdre toute crédibilité en plus .... je suis opposée à la proposition", exprimait par écrit un agent de voyages.
Quel que soit le média, les échanges allaient majoritaire dans ce sens.
Outre le fait que la prolongation aurait dû être faite le 15 septembre 2020, l'amendement arrive à contre -courant d'une profession qui a peur de se retrouver avec une vindicte populaire.
"Nous avons rassuré nos clients hésitant à concrétiser leurs nouveaux projets de voyage en leur disant qu'il n'y avait plus de bon à-valoir et qu'en cas d'annulation par le fournisseur désormais, ils seraient remboursés et maintenant qu'ils ont signé, on fait machine arrière.
Encore une fois notre crédibilité est mise à mal .... non non et non! Nous allons finir par perdre tous nos clients," se désole Grégory, un travel planner dans le voyage d'affaires.
Même son de cloche pour les acteurs du voyage scolaire.
"Ce serait une hérésie que de nous inclure dans cette prolongation. Le 26 mars dernier, je tenais le même discours, sauf que maintenant il n'est même plus question de voyages en 2021," déplore Aline Laillé, directrice de VEFE Voyages Éducatifs.
Les agents sont maintenant prêts à rembourser !
Voulant venir en aide aux agents de voyages, les Sénateurs auraient donc fait un mauvais calcul entre la volonté de sauver une profession et les ambitions électoralistes.
"C'était bien au printemps, mais je ne veux plus de l'ordonnance maintenant. Il faut être capable de donner le choix aux clients," confie Yvon Peltanche, le président du groupe Eden Tour.
Quand bien même l'ordonnance passerait ou le gouvernement se saisirait du dossier, la décision est prise chez les Bretons.
"Nous proposerons d'abord un report du voyage, mais si le client ne veut pas ou demande à être remboursé, alors nous lui rendrons son argent. Nous ne voulons plus entrer dans un nouveau conflit."
En mars, la loi a permis à tout un secteur de souffler et de s'appuyer dessus pour éviter de voir sa trésorerie se vider dangereusement, mais elle a aussi été mal perçue par une partie de la clientèle.
A tel point que l'UFC Que Choisir a même décidé de contester la légalité de l'ordonnance, en vain pour le moment.
"Nous devons éviter une telle décision politique, sous peine de voir tous les clients réserver en direct. Ce serait comme leur mettre un coup de poignard dans le dos," estime Frédéric d'Hauthuille.
Le fondateur du Monde Authentique a pris la décision de rembourser les voyages de novembre.
"J'ai 17 dossiers pour le prochain mois. J'ai pris les RIB et j'en ai déjà remboursé la moitié. Il faut arrêter de les prendre pour des imbéciles et nous allons fragiliser durablement le secteur."
Comme rarement la profession est unanime face à une décision prise avec précipitation et sans aucune concertation. Les bénéficiaires pourraient même devenir les victimes de l'amendement.
Surtout que le tourisme ne connait pas de reprise franche et nette.
"Nous avons passé des mois à mettre en place les à-valoir clients, à faire des propositions pour 2021, tout ça pour que bon nombre de rectorats interdisent tout simplement l’ensemble des voyages scolaires pour 2021," déplore Aline Laillé.
Il est venu l'heure de faire table rase de l'année 2020, pour ouvrir un nouveau chapitre dès janvier prochain.
"C'était bien au printemps, mais je ne veux plus de l'ordonnance maintenant. Il faut être capable de donner le choix aux clients," confie Yvon Peltanche, le président du groupe Eden Tour.
Quand bien même l'ordonnance passerait ou le gouvernement se saisirait du dossier, la décision est prise chez les Bretons.
"Nous proposerons d'abord un report du voyage, mais si le client ne veut pas ou demande à être remboursé, alors nous lui rendrons son argent. Nous ne voulons plus entrer dans un nouveau conflit."
En mars, la loi a permis à tout un secteur de souffler et de s'appuyer dessus pour éviter de voir sa trésorerie se vider dangereusement, mais elle a aussi été mal perçue par une partie de la clientèle.
A tel point que l'UFC Que Choisir a même décidé de contester la légalité de l'ordonnance, en vain pour le moment.
"Nous devons éviter une telle décision politique, sous peine de voir tous les clients réserver en direct. Ce serait comme leur mettre un coup de poignard dans le dos," estime Frédéric d'Hauthuille.
Le fondateur du Monde Authentique a pris la décision de rembourser les voyages de novembre.
"J'ai 17 dossiers pour le prochain mois. J'ai pris les RIB et j'en ai déjà remboursé la moitié. Il faut arrêter de les prendre pour des imbéciles et nous allons fragiliser durablement le secteur."
Comme rarement la profession est unanime face à une décision prise avec précipitation et sans aucune concertation. Les bénéficiaires pourraient même devenir les victimes de l'amendement.
Surtout que le tourisme ne connait pas de reprise franche et nette.
"Nous avons passé des mois à mettre en place les à-valoir clients, à faire des propositions pour 2021, tout ça pour que bon nombre de rectorats interdisent tout simplement l’ensemble des voyages scolaires pour 2021," déplore Aline Laillé.
Il est venu l'heure de faire table rase de l'année 2020, pour ouvrir un nouveau chapitre dès janvier prochain.
Des TO se placent sous la protection de l'ordonnance !
Si la distribution est hunanime et fait preuve depuis le début de la crise d'une solidarité toute retrouvée, ce constat n'est pas duplicable à l'ensemble de l'industrie.
Une fois de plus, une partie de la production fait bande à part.
D'après nos informations, recoupées par différentes sources, des tour-opérateurs se seraient saisis de l'ordonnance non seulement dans la relation BtoB, ce que le texte de loin prévoit, mais pas seulement.
"Dès hier des TO se plaçaient déjà sous la protection de l'ordonnance, alors même que l'amendement n'a pas été voté," nous confiait un agent ayant préféré garder l'anonymat.
Et pourtant du côté du Seto, le message est clair : l'ordonnance, c'est non !
"Nous n’avons, ni EDV ni le Seto, demandé cette prorogation. Elle nous semble à la fois inopportune et inadaptée au contexte actuel qui n’a rien à voir avec le contexte de mars.
Les montants en jeu sont très faibles et nous n’avons pas fait cette demande au gouvernement. C’est une initiative des sénateurs. Sympathique mais inadaptée et contre-productive.
Nous avons des demandes bien plus importantes et légitimes à faire comme celle du prolongement au premier trimestre 2021 du chômage partiel indemnisé à 100% comme aujourd’hui," selon Jean-François Rial, le patron de Voyageurs du Monde et vice-président du Seto.
Ainsi, pour une fois, il n'y a pas de débat, à quelques exceptions près.
Ce reconfinement ressemble pour les acteurs du tourisme de plus en plus à l'effet de la propagation de la covid-19 dans la population.
Les plus solides et en bonne santé s'en sortiront majoritairement bien, les personnes les plus faibles attraperont la forme grave. Et la théorie de la sélection naturelle se vérifiera sans doute dans les rangs des agences de voyages.
Celles qui faisaient de la trésorerie sur le dos des acomptes clients seront les premières à disparaître...
Une fois de plus, une partie de la production fait bande à part.
D'après nos informations, recoupées par différentes sources, des tour-opérateurs se seraient saisis de l'ordonnance non seulement dans la relation BtoB, ce que le texte de loin prévoit, mais pas seulement.
"Dès hier des TO se plaçaient déjà sous la protection de l'ordonnance, alors même que l'amendement n'a pas été voté," nous confiait un agent ayant préféré garder l'anonymat.
Et pourtant du côté du Seto, le message est clair : l'ordonnance, c'est non !
"Nous n’avons, ni EDV ni le Seto, demandé cette prorogation. Elle nous semble à la fois inopportune et inadaptée au contexte actuel qui n’a rien à voir avec le contexte de mars.
Les montants en jeu sont très faibles et nous n’avons pas fait cette demande au gouvernement. C’est une initiative des sénateurs. Sympathique mais inadaptée et contre-productive.
Nous avons des demandes bien plus importantes et légitimes à faire comme celle du prolongement au premier trimestre 2021 du chômage partiel indemnisé à 100% comme aujourd’hui," selon Jean-François Rial, le patron de Voyageurs du Monde et vice-président du Seto.
Ainsi, pour une fois, il n'y a pas de débat, à quelques exceptions près.
Ce reconfinement ressemble pour les acteurs du tourisme de plus en plus à l'effet de la propagation de la covid-19 dans la population.
Les plus solides et en bonne santé s'en sortiront majoritairement bien, les personnes les plus faibles attraperont la forme grave. Et la théorie de la sélection naturelle se vérifiera sans doute dans les rangs des agences de voyages.
Celles qui faisaient de la trésorerie sur le dos des acomptes clients seront les premières à disparaître...