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Prolongation de l'ordonnance : les agences de voyages n'en veulent pas (ou presque) !

Les agences craignent de se mettre les clients à dos


En mars dernier, l'ordonnance sur les avoirs protégeait l'industrie d'une défaillance systémique. Les agences de voyages pouvaient alors ne pas rembourser les voyageurs, mais leur proposer un bon valable 18 mois. Un déconfinement et un reconfinement plus tard, la question pourrait à nouveau se poser. Les sénateurs ont proposé une prolongation, que les EDV et le Seto n'ont pas demandée. Qu'en est-il du côté des agences de voyages ?


Rédigé par le Dimanche 1 Novembre 2020

Les agences craignent de se mettre les clients à dos si l'amendement passe et prolonge l'ordonnance - Crédit photo : Depositphotos @ra2studio
Les agences craignent de se mettre les clients à dos si l'amendement passe et prolonge l'ordonnance - Crédit photo : Depositphotos @ra2studio
Il y a 7 mois, les tour-opérateurs incitaient les agences de voyages à ne pas rembourser leurs clients, pour éviter un effondrement systémique de l'industrie.

Après une grande opération de lobby, le gouvernement adoptait l'Ordonnance 2020-315, promulguant l'avoir au lieu du remboursement, avec une validité étendue jusqu'au 15 septembre 2020.

A cette époque, nous pensions tous que la France et le monde seraient quittes de ce fichu virus. Puis l'été est passé, avec ses plages bondées et des gestes barrières quelque peu oubliés. L'automne a alors offert un terrain de jeu idéal à la propagation de la covid-19.

Craignant le pire les Entreprises du Voyage avaient entre-temps échangé avec l'exécutif pour proroger la durée de l'ordonnance.

"Nous avons discuté avec le gouvernement pour prolonger la durée de l'ordonnance. L'exécutif nous a répondus par la négative," nous confiait alors Valérie Boned, la secrétaire des Entreprises du Voyage.

C'était sans compter sur Philipe Bas, le sénateur de la Manche qui a déposé jeudi 29 octobre 2020, un amendement pour prolonger la durée de l'ordonnance, durant toute l'urgence sanitaire.

"C'est une connerie ! La situation est nettement différente et les volumes bien moins importants," lâche surpris Frédéric d'Hauthuille, le fondateur du Monde Authentique.

"Nous allons finir par perdre tous nos clients"

Et pourtant l'initiative politique parait correspondre à certains besoins de la part de la profession.

"L'amendement répond à une attente et enlève potentiellement une épine du pied à nos adhérents. Après, nous ne savons pas si le gouvernement suivra la position du Sénat, ce n'est pas la même majorité," poursuivait alors la secrétaire générale du syndicat.

Sauf qu'à bien y regarder, non seulement les clients sont contre, mais les... agences de voyages aussi.

Il suffit de lire les commentaires sur le papier "Exclusif : l'Ordonnance sur les à-valoir prolongée pendant le confinement ?" ou les réseaux sociaux, pour comprendre que l'amendement serait une bien mauvaise idée, pire il serait contre-productif.

"Je pense que ce n'est pas une bonne idée, on va encore perdre toute crédibilité en plus .... je suis opposée à la proposition", exprimait par écrit un agent de voyages.

Quel que soit le média, les échanges allaient majoritaire dans ce sens.

Outre le fait que la prolongation aurait dû être faite le 15 septembre 2020, l'amendement arrive à contre -courant d'une profession qui a peur de se retrouver avec une vindicte populaire.

"Nous avons rassuré nos clients hésitant à concrétiser leurs nouveaux projets de voyage en leur disant qu'il n'y avait plus de bon à-valoir et qu'en cas d'annulation par le fournisseur désormais, ils seraient remboursés et maintenant qu'ils ont signé, on fait machine arrière.

Encore une fois notre crédibilité est mise à mal .... non non et non! Nous allons finir par perdre tous nos clients
," se désole Grégory, un travel planner dans le voyage d'affaires.

Même son de cloche pour les acteurs du voyage scolaire.

"Ce serait une hérésie que de nous inclure dans cette prolongation. Le 26 mars dernier, je tenais le même discours, sauf que maintenant il n'est même plus question de voyages en 2021," déplore Aline Laillé, directrice de VEFE Voyages Éducatifs.

Les agents sont maintenant prêts à rembourser !

Voulant venir en aide aux agents de voyages, les Sénateurs auraient donc fait un mauvais calcul entre la volonté de sauver une profession et les ambitions électoralistes.

"C'était bien au printemps, mais je ne veux plus de l'ordonnance maintenant. Il faut être capable de donner le choix aux clients," confie Yvon Peltanche, le président du groupe Eden Tour.

Quand bien même l'ordonnance passerait ou le gouvernement se saisirait du dossier, la décision est prise chez les Bretons.

"Nous proposerons d'abord un report du voyage, mais si le client ne veut pas ou demande à être remboursé, alors nous lui rendrons son argent. Nous ne voulons plus entrer dans un nouveau conflit."

En mars, la loi a permis à tout un secteur de souffler et de s'appuyer dessus pour éviter de voir sa trésorerie se vider dangereusement, mais elle a aussi été mal perçue par une partie de la clientèle.

A tel point que l'UFC Que Choisir a même décidé de contester la légalité de l'ordonnance, en vain pour le moment.

"Nous devons éviter une telle décision politique, sous peine de voir tous les clients réserver en direct. Ce serait comme leur mettre un coup de poignard dans le dos," estime Frédéric d'Hauthuille.

Le fondateur du Monde Authentique a pris la décision de rembourser les voyages de novembre.

"J'ai 17 dossiers pour le prochain mois. J'ai pris les RIB et j'en ai déjà remboursé la moitié. Il faut arrêter de les prendre pour des imbéciles et nous allons fragiliser durablement le secteur."

Comme rarement la profession est unanime face à une décision prise avec précipitation et sans aucune concertation. Les bénéficiaires pourraient même devenir les victimes de l'amendement.

Surtout que le tourisme ne connait pas de reprise franche et nette.

"Nous avons passé des mois à mettre en place les à-valoir clients, à faire des propositions pour 2021, tout ça pour que bon nombre de rectorats interdisent tout simplement l’ensemble des voyages scolaires pour 2021," déplore Aline Laillé.

Il est venu l'heure de faire table rase de l'année 2020, pour ouvrir un nouveau chapitre dès janvier prochain.

Des TO se placent sous la protection de l'ordonnance !

Si la distribution est hunanime et fait preuve depuis le début de la crise d'une solidarité toute retrouvée, ce constat n'est pas duplicable à l'ensemble de l'industrie.

Une fois de plus, une partie de la production fait bande à part.

D'après nos informations, recoupées par différentes sources, des tour-opérateurs se seraient saisis de l'ordonnance non seulement dans la relation BtoB, ce que le texte de loin prévoit, mais pas seulement.

"Dès hier des TO se plaçaient déjà sous la protection de l'ordonnance, alors même que l'amendement n'a pas été voté," nous confiait un agent ayant préféré garder l'anonymat.

Et pourtant du côté du Seto, le message est clair : l'ordonnance, c'est non !

"Nous n’avons, ni EDV ni le Seto, demandé cette prorogation. Elle nous semble à la fois inopportune et inadaptée au contexte actuel qui n’a rien à voir avec le contexte de mars.

Les montants en jeu sont très faibles et nous n’avons pas fait cette demande au gouvernement. C’est une initiative des sénateurs. Sympathique mais inadaptée et contre-productive.

Nous avons des demandes bien plus importantes et légitimes à faire comme celle du prolongement au premier trimestre 2021 du chômage partiel indemnisé à 100% comme aujourd’hui,
" selon Jean-François Rial, le patron de Voyageurs du Monde et vice-président du Seto.

Ainsi, pour une fois, il n'y a pas de débat, à quelques exceptions près.

Ce reconfinement ressemble pour les acteurs du tourisme de plus en plus à l'effet de la propagation de la covid-19 dans la population.

Les plus solides et en bonne santé s'en sortiront majoritairement bien, les personnes les plus faibles attraperont la forme grave. Et la théorie de la sélection naturelle se vérifiera sans doute dans les rangs des agences de voyages.

Celles qui faisaient de la trésorerie sur le dos des acomptes clients seront les premières à disparaître...

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Pierre le 02/11/2020 13:19 | Alerter
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Et les compagnies aériennes n’en faisaient pas de la trésorerie ? Bien plus que les agences de voyages ! Mais plus grosses et donc mieux défendues .

2.Posté par Clem le 02/11/2020 13:26 | Alerter
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A nouveau, l'ordonnance ne concerne pas les relations B2B même si certains "ayatollahs TO" s'approprient ces dispositions sans aucune garantie financière pour protéger les ADV alors que ces même TO reprochent aux compagnies aeriennes de faire de même.
Ce qui est imbécile, c'est de s'interdire une nouvelle ordonnance... qui ne vous empêche pas "en toute liberté " de rembourser vos clients

3.Posté par BLIG le 02/11/2020 13:39 | Alerter
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Mais je ne comprends pas le problème. Personne n'a jamais été obligé de proposer un avoir, ou le remboursement n'a jamais été interdit. Chacun avait le choix d'imposer, ou non, l'avoir à son client.
Alors oui, c'est le risque d'un nouveau conflit avec son client, qui risque d'être beaucoup moins compréhensif qu'au Printemps, mais puisque l'ordonnance a toujours laissé le choix aux agences, où est le problème ?

4.Posté par Eme le 02/11/2020 13:42 | Alerter
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Bonjour,

A ce stade, il serait à mon avis pertinent d'échanger sur le fameux Grand Reset 2021, étroitement lié à ce nous sommes actuellement en train de vivre et dont parle le Forum Economique Mondial.
Cela nous concerne TOUS.

5.Posté par Daniel le 02/11/2020 13:54 | Alerter
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Votre article est tendancieux et déplacé.
Les pouvoirs publics n ont jamais interdit quiconque de procéder aux remboursements clients.
Vous semblez faire une dichotomie au sein de la profession qui n a pas lieu d être.
Je salue l initiative de ce sénateur

6.Posté par Auger le 02/11/2020 16:33 | Alerter
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Pour nous ,nous devions partir à 8 au Maroc en mars et compte tenu de la fermeture des frontières notre agence suite à l'ordonnance nous a demandé de partir en 2021 ce que nous avons acceptés au nom de la solidarité économique et j'ai rapelle puisque l'ordonnance est caduque depuis le 15 septembre demandant compte tenu des previsions2021 un remboursement et la on m'indique que si le remboursement s'effectue maintenant je perds 30% puis 40% en janvier si je me reporte aux commentaires il me semble avoir droit à un remboursement intégral ? Quels sont mes droits !

7.Posté par Didier le 03/11/2020 06:51 | Alerter
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Lorsqu'on refuse de s'adapter, on disparaît. Proposer des voyages en avion pour passer une semaine voir un WE au soleil en hiver, c'est ridicule d'un point de vue climatique, écologique, et sanitaire. Surtout avec tout ce qu'on peut faire à proximité, à une distance raisonnable en train ou en voiture. Je n'ai aucune compassion pour ces agences de tourisme et ces "tour opérateurs" qui se font de l'argent sur le dos de l'avenir de nos enfants, et qui au lieu de s'adapter, en redemande, encore et encore.

8.Posté par boutin BOUTIN le 13/11/2020 16:16 | Alerter
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Transformer un client en banquier forcé c'est prendre le risque de perdre le client. Deux agences ont gardé mes fonds contre ma volonté soit 5300 euros. Résultat pas de vacances en 2020, même pas en France. Ces agences en ligne dont j etais client habituel ne me vendront jamais plus aucun voyage.

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