Quelles ambitions pour Altaï avec le rachat de Copines de Voyages ? [ABO]

C'est l'histoire d'une union que personne n'avait vu venir.

D'un côté, un leader du voyage outdoor et, de l'autre, une agence qui organise des voyages entre nanas.

Ce mercredi 15 janvier 2025, Altaï Group annonce prendre une participation majoritaire dans Hello Travel, détenant les marques Copines de voyages et Les Aventureurs.

Atalante avait bien tenté de conquérir une cible plus féminine, en faisant l'acquisition de "Femmes du Monde" en 2009, avant de faire disparaître l'entreprise.

Cette fois-ci, Altaï passe la surmultipliée.

"Toucher une cible plus jeune et communautaire, avec Copines de Voyages et Les Aventureurs, constituait une priorité pour nous.

En tant que spécialiste du voyage outdoor, nous voulions parler un peu plus aux jeunes, car ce n'est pas toujours facile de les séduire en parlant de la randonnée ou d'autres activités.

Se rendre compte que des personnes de 20 ou 30 ans ont envie de partir sur ce type de voyages, ça fait plaisir," nous confie Yann Wulser, le directeur général d'Altaï Group.

Parfois, nous pourrions imaginer que ce genre de deal repose sur des histoires alambiquées ou qu'il est le résultat de multiples réunions au sommet.

"Dans notre cas, le rapprochement s'est fait de façon naturelle. Notre réseau de réceptifs sert les Aventureurs depuis longtemps. Je connais l’un des fondateurs depuis longtemps ; c’est moi qui l’avais mis en contact avec le Fonds Genairgy qui a pris ensuite une part dans Hello Travel.

Après la décision d'Olivier Masselis de quitter l'aventure, nous avons décidé de devenir l'actionnaire majoritaire," nous raconte Yann Wulser.

Dans le business tout est question de rencontres et d'opportunités.

Et au moment de signer l'acte de rachat, le directeur n'a jamais douté de la complémentarité des entités. D'ailleurs, elle est appelée à se développer.

"Là où cette union est intelligente c'est qu'à aucun moment, les entités se recoupent ou n'empiètent les unes sur les autres.

Ils s'adressent à une clientèle à laquelle nous ne parlons pas vraiment et que nous souhaitons aborder. Dans le même temps, ils vont bénéficier de notre réseau de réceptifs.

Les Aventureurs correspondent pas mal à ce que nous faisons chez Atalante. Avec Copines de Voyages nous sommes sur les bords extérieurs de notre promesse, même si nous retrouvons des valeurs communes, comme l'expérientiel et l'ancrage local."

En 2025, ce sont pas moins de 38 000 voyageurs qui partiront avec les différents tour-opérateurs d'Altaï.

Avec cette acquisition, l'entreprise ne va pas seulement rajeunir sa clientèle : son chiffre d'affaires fera aussi un bond en avant.

En 2024, il atteignait de près de 55 millions d'euros, quelques semaines plus tard, il bondira de 25 millions d'euros supplémentaires pour tutoyer le cap des 80 millions d'euros.

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"Notre idée est de nous rapprocher des 100 millions d'euros d'ici 2027. Il ne faut pas s'attendre à d'autres acquisitions d'ici là. Nous pensons atteindre cet objectif simplement grâce à de la croissance organique et aux synergies. Nous prévoyons un important développement chez Copines de Voyages et les Aventureurs.

Dans le même temps, l'activité BtoB de nos réceptifs prend de plus en plus d'ampleur. Nous touchons maintenant des agences et des intermédiaires étrangers," se félicite le directeur général.

Altaï va donc chercher à capitaliser sur ses deux nouvelles entités, mais sans vraiment changer la recette du succès, juste lui donner un coup de fouet pour attirer toujours plus de voyageurs.

Son ambition est clairement de rajeunir sa clientèle, tout en faisant lever la tête des jeunes générations des écrans.

"Mes vrais concurrents sont les voyages Instagram, ceux imaginés comme des objets de consommation. Nous devons redonner du sens aux voyages."

Outre devenir le leader du voyage outdoor et faire grossir sa communauté, le groupe aspire à se frotter à plus gros que lui.

"Nous voulons être la figure de proue de ce secteur, je l'ai déjà dit par le passé. Je ne dirais pas que nous avons l'envie de concurrencer Voyageurs du Monde, car c'est un acteur beaucoup plus gros et qui n'est pas sur le même segment, car ils ont des produits premium.

Nous aimerions les chatouiller sur les voyages d'aventure, notamment grâce aux Aventureurs qui est l'unique marque à parler aux hommes de 25 à 40 ans.

Pendant que nous, les Atalante ou les Terres d'aventure, nous parlons tous aux mêmes clients," poursuit le responsable.

Et pour toucher du doigt le maître, il va falloir passer par une indispensable montée en gamme de sa production, et ce, pour toutes les marques. Ce sera l'un des développements importants des prochaines années, à en croire les propos tenus par le PDG.

"Nous devons aller chercher des gens qui ne viennent pas chez nous mais qui pourraient avoir envie de voyager avec nous. Je pense que nous avons une image un peu trop baroudeuse, une vision qui n'est plus forcément toujours en phase avec l'esprit de notre temps.

En attendant, et à court terme nous allons devoir maintenir la qualité de nos voyages, ce qui n'est pas toujours facile quand on s'agrandit.

Il ne faudra pas non plus oublier les enjeux écologiques, en promouvant des actions pour décarboner nos séjours. Nous appliquons la règle suivante : pour une heure de vol, au minimum une heure sur place. Rien qu'avec ça, nous avons revu une partie de notre offre. Nous voulons continuer dans ce sens," conclut Yann Wulser, directeur général d'Altaï Group.