La baisse du cours de l'Euro par rapport au Dollars US conduit certaines agences à rogner leurs marges - © fotomek Fotolia.com
Si la chute régulière du cours de l'Euro face au Dollar US profitent aux entreprises qui produisent des biens ou des services dans la zone Euro et les exportent hors de celle-ci en augmentant leur marge, beaucoup d'autres souffrent actuellement de cette situation.
Parmi elles, se trouvent de nombreuses agences de voyages françaises.
Surtout celles qui traitent en direct avec des réceptifs sur des destinations où les règlements se font en dollars.
Entre le jour où elles réservent les prestations pour leurs clients et le moment où elles doivent payer, la valeur de l'Euro par rapport au Dollar US a diminué. Conséquence : le prix final du séjour augmente.
L'agence voit alors sa marge fondre.
Parmi elles, se trouvent de nombreuses agences de voyages françaises.
Surtout celles qui traitent en direct avec des réceptifs sur des destinations où les règlements se font en dollars.
Entre le jour où elles réservent les prestations pour leurs clients et le moment où elles doivent payer, la valeur de l'Euro par rapport au Dollar US a diminué. Conséquence : le prix final du séjour augmente.
L'agence voit alors sa marge fondre.
Rogner sur la marge pour ne pas vexer le client
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C'est ce qui est arrivé à l'agence Pass'Color sur un séjour en Asie. Elle a réservé en décembre 2014 et, au moment de régler son prestataire, en février 2015, une mauvaise surprise l'attend.
"Alors que nous devions réaliser entre 300 et 400 € de marge sur ce séjour, le différentiel fait qu'elle se réduit à moins de 50 €, en fin de compte", déplore Patricia Gerlinger, responsable de l'agence.
Une mésaventure qu'a également connu Agetours, à Nice. Là aussi pour un voyage en Asie. Mais, en l’occurrence, il s'agissait d'un groupe à 14 000 euros. La perte est donc largement plus importante.
"Au moment de la réservation, l'Euro était à 1,48 dollars US. Pour m'assurer une marge de sécurité, car la baisse avait déjà débuté, je l'avais alors côté à 1,30 dollars, raconte Jean-Pierre Perezparlato, Directeur de l'agence.
Sauf qu'au moment de payer la facture, l'Euro était descendu à environ 1,10 dollars US. Je me retrouve ainsi avec une marge de seulement 450 euros sur un groupe de 11 personne. C'est vraiment trop peu."
Si le cours de l'Euro ne remonte pas nettement dans les prochaines semaines, Laurent Conseil, responsable de l'agence Les Voyages de Thybus, à Paris, pourrait être confronté au même problème.
Sur un dossier à 10 419 dollars US (9 200 euros environ), réservé mi-novembre 2014, sa marge serait réduite de près de 260 euros, selon le cours actuel de l'Euro.
"A ce jour, je devrais rogner ma marge et donc perdre de l'argent pour ne pas vexer un client au risque de le perdre", explique-t-il.
"Alors que nous devions réaliser entre 300 et 400 € de marge sur ce séjour, le différentiel fait qu'elle se réduit à moins de 50 €, en fin de compte", déplore Patricia Gerlinger, responsable de l'agence.
Une mésaventure qu'a également connu Agetours, à Nice. Là aussi pour un voyage en Asie. Mais, en l’occurrence, il s'agissait d'un groupe à 14 000 euros. La perte est donc largement plus importante.
"Au moment de la réservation, l'Euro était à 1,48 dollars US. Pour m'assurer une marge de sécurité, car la baisse avait déjà débuté, je l'avais alors côté à 1,30 dollars, raconte Jean-Pierre Perezparlato, Directeur de l'agence.
Sauf qu'au moment de payer la facture, l'Euro était descendu à environ 1,10 dollars US. Je me retrouve ainsi avec une marge de seulement 450 euros sur un groupe de 11 personne. C'est vraiment trop peu."
Si le cours de l'Euro ne remonte pas nettement dans les prochaines semaines, Laurent Conseil, responsable de l'agence Les Voyages de Thybus, à Paris, pourrait être confronté au même problème.
Sur un dossier à 10 419 dollars US (9 200 euros environ), réservé mi-novembre 2014, sa marge serait réduite de près de 260 euros, selon le cours actuel de l'Euro.
"A ce jour, je devrais rogner ma marge et donc perdre de l'argent pour ne pas vexer un client au risque de le perdre", explique-t-il.
Répercuter la hausse sur le prix final du séjour
Car, effectivement, les agences de voyages qui se retrouvent dans cette situation ont la possibilité de réduire leur perte de marge en répercutant la hausse du montant à régler à leur partenaire sur le prix que devra payer leur client.
"Sur plusieurs dossiers aux USA et en Asie, je vais devoir appliquer une hausse entre 5% et 7 % sur la partie terrestre pour limiter les dégâts", confirme Patricia Gerlinger de Pass'Color.
Mais attention, cette pratique est encadrée légalement.
Comme le prévoit l'article R211-8 du Code du Tourisme, qui doit être obligatoirement inscrit dans les Conditions générales de ventes (CGV) d'une agence de voyages, pour réviser le prix d'un séjour, il faut que le contrat de vente comporte une clause qui le permet.
"Cette clause doit être précise au sujet des modalités de calcul d'une éventuelle hausse, précise Me Emmanuelle Llop, avocate spécialisée dans le Tourisme (Equinoxe Avocats) au Barreau de Paris.
Elle doit mentionner le pourcentage du forfait acheté en dollars US sur lequel la hausse peut s'appliquer. Elle ne doit pas seulement reproduire l'article du Code du Tourisme."
De plus, la modification du prix du séjour n'est possible que jusqu'à 30 jours de la date de départ.
Enfin, "il ne faut pas oublier que le client peut accepter la modification ou la refuser et demander le remboursement sans frais de l'intégralité du contrat (R211-9 du Code du Tourisme)", ajoute Me Llop.
Par ailleurs, demander à son client de payer un prix plus élevé que celui qui lui avait été annoncé au moment de la réservation est délicat. Il peut avoir du mal à l'accepter et choisir de ne plus faire appel à la même agence pour ses futurs voyages.
"Ce sont les risques du métier", philosophe Jean-Pierre Perezparlato, Directeur d'Agetours.
"Sur plusieurs dossiers aux USA et en Asie, je vais devoir appliquer une hausse entre 5% et 7 % sur la partie terrestre pour limiter les dégâts", confirme Patricia Gerlinger de Pass'Color.
Mais attention, cette pratique est encadrée légalement.
Comme le prévoit l'article R211-8 du Code du Tourisme, qui doit être obligatoirement inscrit dans les Conditions générales de ventes (CGV) d'une agence de voyages, pour réviser le prix d'un séjour, il faut que le contrat de vente comporte une clause qui le permet.
"Cette clause doit être précise au sujet des modalités de calcul d'une éventuelle hausse, précise Me Emmanuelle Llop, avocate spécialisée dans le Tourisme (Equinoxe Avocats) au Barreau de Paris.
Elle doit mentionner le pourcentage du forfait acheté en dollars US sur lequel la hausse peut s'appliquer. Elle ne doit pas seulement reproduire l'article du Code du Tourisme."
De plus, la modification du prix du séjour n'est possible que jusqu'à 30 jours de la date de départ.
Enfin, "il ne faut pas oublier que le client peut accepter la modification ou la refuser et demander le remboursement sans frais de l'intégralité du contrat (R211-9 du Code du Tourisme)", ajoute Me Llop.
Par ailleurs, demander à son client de payer un prix plus élevé que celui qui lui avait été annoncé au moment de la réservation est délicat. Il peut avoir du mal à l'accepter et choisir de ne plus faire appel à la même agence pour ses futurs voyages.
"Ce sont les risques du métier", philosophe Jean-Pierre Perezparlato, Directeur d'Agetours.
Transparence pour le client
Des risques qui peuvent cependant parfois être évités. "Une agence avertie en vaut deux", se félicite ainsi Michèle Faure, Directrice de Courtine Voyages, à Avignon.
Elle a déjà été confrontée plusieurs fois aux conséquences négatives des variations du cours de l'Euro, par le passé. Désormais, pour s'en protéger, elle achète des dollars à terme. (Voir encadré)
"Peu importe les variations du cours de l'Euro, que sa valeur monte ou qu'elle baisse, je sais que je paierai le prix fixé au moment de la réservation. Et mon client également", explique-t-elle.
Une transparence qu'elle met en œuvre pour fidéliser ses voyageurs. "Ils savent que je ne vais pas les rappeler après leur réservation pour modifier le prix de leur séjour", conclut-elle.
Mais, toutes les agences ne peuvent pas se permettre d'en faire autant. "Je n'ai pas assez de trésorerie pour me couvrir en achetant des dollars à terme", regrette la responsable de Pass'Color.
Même son de cloche du côté d'Agetours. "J'aurais pu acheter des dollars à terme mais il m'aurait fallu bloquer le montant correspondant sur ma trésorerie. Sauf qu'aujourd'hui, je n'en ai pas les moyens, répond, quant à lui, Jean-Pierre Perezparlato.
Comme nous vendons de plus en plus sur Internet avec des tarifs de plus en plus bas, nous comptons davantage de clients, mais nos bénéfices sont plus faibles."
Elle a déjà été confrontée plusieurs fois aux conséquences négatives des variations du cours de l'Euro, par le passé. Désormais, pour s'en protéger, elle achète des dollars à terme. (Voir encadré)
"Peu importe les variations du cours de l'Euro, que sa valeur monte ou qu'elle baisse, je sais que je paierai le prix fixé au moment de la réservation. Et mon client également", explique-t-elle.
Une transparence qu'elle met en œuvre pour fidéliser ses voyageurs. "Ils savent que je ne vais pas les rappeler après leur réservation pour modifier le prix de leur séjour", conclut-elle.
Mais, toutes les agences ne peuvent pas se permettre d'en faire autant. "Je n'ai pas assez de trésorerie pour me couvrir en achetant des dollars à terme", regrette la responsable de Pass'Color.
Même son de cloche du côté d'Agetours. "J'aurais pu acheter des dollars à terme mais il m'aurait fallu bloquer le montant correspondant sur ma trésorerie. Sauf qu'aujourd'hui, je n'en ai pas les moyens, répond, quant à lui, Jean-Pierre Perezparlato.
Comme nous vendons de plus en plus sur Internet avec des tarifs de plus en plus bas, nous comptons davantage de clients, mais nos bénéfices sont plus faibles."
Paiement comptant
Il existe une autre solution pour éviter de sacrifier sa marge en cas de baisse du cours de l'Euro.
Elle est notamment appliqué par le réseau d'agences de voyages Boiloris. "Nous n'avons pas été affectés par la baisse de la valeur de l'Euro car, lorsque nous faisons du package dynamique, nous payons le jour de la réservation.
Cela nous permet d'éviter tous les problèmes liés au change", assure Didier Munin, Président-Directeur général (PDG) du groupe.
Payer comptant peut éviter pas mal de mauvaises surprises. Mais, là aussi, attention au niveau de la trésorerie.
En fin de compte, la meilleure solution pour se protéger des conséquences des fluctuations monétaires reste encore de ne distribuer que les produits des tour-opérateurs.
Mais ce n'est plus vraiment tendance désormais...
Elle est notamment appliqué par le réseau d'agences de voyages Boiloris. "Nous n'avons pas été affectés par la baisse de la valeur de l'Euro car, lorsque nous faisons du package dynamique, nous payons le jour de la réservation.
Cela nous permet d'éviter tous les problèmes liés au change", assure Didier Munin, Président-Directeur général (PDG) du groupe.
Payer comptant peut éviter pas mal de mauvaises surprises. Mais, là aussi, attention au niveau de la trésorerie.
En fin de compte, la meilleure solution pour se protéger des conséquences des fluctuations monétaires reste encore de ne distribuer que les produits des tour-opérateurs.
Mais ce n'est plus vraiment tendance désormais...
Acheter une devise à terme, par rapport à l'Euro, consiste à effectuer un emprunt en Euro, sur une période donnée. Les devises sont alors achetées au comptant et placées sur le marché interbancaire.
Cette pratique permet de se protéger d'une évolution défavorable du cours de change qui entraînerait une hausse du prix d'achat d'une prestation. Aucune prime n'est à payer. Le compte du point de vente n'est débité qu'à la date du terme.
En revanche, acheter des devises à terme empêche l'entreprise de profiter, à l'inverse, d'une éventuelle évolution favorable du cours.
Par ailleurs, si le contrat est annulé, l'agence devra déboucler l'opération en vendant les devises précédemment achetées. Ce qui l'expose alors à un potentiel risque de change.
Cette pratique permet de se protéger d'une évolution défavorable du cours de change qui entraînerait une hausse du prix d'achat d'une prestation. Aucune prime n'est à payer. Le compte du point de vente n'est débité qu'à la date du terme.
En revanche, acheter des devises à terme empêche l'entreprise de profiter, à l'inverse, d'une éventuelle évolution favorable du cours.
Par ailleurs, si le contrat est annulé, l'agence devra déboucler l'opération en vendant les devises précédemment achetées. Ce qui l'expose alors à un potentiel risque de change.