Plusieurs dirigeants d'agences réceptives dans plusieurs pays se plaignent des pratiques commerciales "borderline" de Huwans - Capture d'écran
Quand il a lu l'article de TourMaG.com sur Huwans publié jeudi 19 février 2015, Jérôme Edou, patron de Base Camp Trek, agence réceptive basée à Katmandou (Népal), a vu rouge.
La direction du tour-opérateur y explique notamment avoir racheté la moitié de ses agences réceptives.
Ce qui aurait contribué aux pertes de sa société au cours des précédents exercices.
Pour Jérôme Edou, la réalité est toute autre. Selon lui, les « rachats » évoqué par Huwans n'en sont pas vraiment.
Il s'en présente comme la "dernière victime" et entend "rétablir quelques vérités" à leur sujet.
"Après 25 années de collaboration, je me suis fait littéralement planter par Huwans, peste-t-il. Ils ont débauché 2 de nos guides et le manager de notre agence pour créer, avec eux, une nouvelle structure locale concurrente à la notre."
La nouvelle est tombée comme un couperet. Il n'a rien vu venir. Réceptif de Huwans sur l'Inde, le Népal et le Tibet, il assure que l'indice de satisfaction des clients que lui a confié le TO en 2014 dépasse 95 %.
La direction du tour-opérateur y explique notamment avoir racheté la moitié de ses agences réceptives.
Ce qui aurait contribué aux pertes de sa société au cours des précédents exercices.
Pour Jérôme Edou, la réalité est toute autre. Selon lui, les « rachats » évoqué par Huwans n'en sont pas vraiment.
Il s'en présente comme la "dernière victime" et entend "rétablir quelques vérités" à leur sujet.
"Après 25 années de collaboration, je me suis fait littéralement planter par Huwans, peste-t-il. Ils ont débauché 2 de nos guides et le manager de notre agence pour créer, avec eux, une nouvelle structure locale concurrente à la notre."
La nouvelle est tombée comme un couperet. Il n'a rien vu venir. Réceptif de Huwans sur l'Inde, le Népal et le Tibet, il assure que l'indice de satisfaction des clients que lui a confié le TO en 2014 dépasse 95 %.
Deux versions s'opposent
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Pourtant, le 5 février 2015, Jérôme Edou reçoit un appel de Xavier de Rohan Chabot, Directeur de Huwans, qui lui annonce la fin de leur collaboration.
Celui-ci précise qu'il a décidé de travailler désormais avec ses 3 anciens collaborateurs, vantant, au passage leur esprit d'entreprise. Il assure également qu'il ne les a pas sollicités mais que ce sont eux qui sont venus vers lui.
Ce dont Jérôme Edou doute. Pour en avoir le cœur net, il s'adresse à ses ex-guides et leur demande des explications. Il affirme que leur version est "radicalement différente" et qu'ils lui auraient répondu que c'est Huwans qui leur a fait la proposition.
Il s'apprête à diffuser un communiqué de presse pour en dire plus et dénoncer ces pratiques.
Nous avons tenté de joindre M. de Rohan Chabot mais il n'a pas donné suite à nos sollicitations par email et par téléphone.
A moins d'un transfert avéré de fichiers-clients, la pratique n'est pas illégale. Huwans profite des conditions économiques locales, avec des salariés payés bien moins cher qu'en France, et de l'absence de lois commerciales de non concurrence pour créer sa propre structure.
Avec des objectifs commerciaux certainement justifiés et que son directeur aurait pu nous décrire s'ils nous avait répondu.
Celui-ci précise qu'il a décidé de travailler désormais avec ses 3 anciens collaborateurs, vantant, au passage leur esprit d'entreprise. Il assure également qu'il ne les a pas sollicités mais que ce sont eux qui sont venus vers lui.
Ce dont Jérôme Edou doute. Pour en avoir le cœur net, il s'adresse à ses ex-guides et leur demande des explications. Il affirme que leur version est "radicalement différente" et qu'ils lui auraient répondu que c'est Huwans qui leur a fait la proposition.
Il s'apprête à diffuser un communiqué de presse pour en dire plus et dénoncer ces pratiques.
Nous avons tenté de joindre M. de Rohan Chabot mais il n'a pas donné suite à nos sollicitations par email et par téléphone.
A moins d'un transfert avéré de fichiers-clients, la pratique n'est pas illégale. Huwans profite des conditions économiques locales, avec des salariés payés bien moins cher qu'en France, et de l'absence de lois commerciales de non concurrence pour créer sa propre structure.
Avec des objectifs commerciaux certainement justifiés et que son directeur aurait pu nous décrire s'ils nous avait répondu.
"Discutable d'un point de vue éthique"
Le TO n'a d'ailleurs pas hésité à l'appliquer ou tenter de le faire à plusieurs autres reprises.
Provoquant ainsi l'ire de plusieurs autres de ses partenaires locaux.
Nous avons recueilli les témoignages de plusieurs autres réceptifs comme Isabelle Bennani, au Maroc, Azimuth Adventure Travel, en Indonésie et Mad Cameleon, à Madagascar. Ils nous ont relaté des mésaventures analogues.
D'autres ont eu de mauvaises expériences du même type avec d'autres tour-opérateurs. C'est le cas de Lattitud 0, DMC en Équateur, avec Allibert Trekking en 2002.
La stratégie n'a donc rien d'irrégulier et peut tout à fait se comprendre sur le plan commercial. Mais comme le regrette Dominique Clarisse, Directeur Général d'Azimuth Adventure Travel, "d'un point de vue éthique et humain, c'est discutable."
Surtout de la part d'un voyagiste dont le nom fait directement référence à l'aspect « humain » de son activité. Une entreprise qui, jusqu'à il y a peu, était signataire de la charte d'ATR (Agir pour un Tourisme Responsable) dont les dirigeants de Club Aventure (ancien nom de la société, Ndlr) ont participé à l'élaboration.
Provoquant ainsi l'ire de plusieurs autres de ses partenaires locaux.
Nous avons recueilli les témoignages de plusieurs autres réceptifs comme Isabelle Bennani, au Maroc, Azimuth Adventure Travel, en Indonésie et Mad Cameleon, à Madagascar. Ils nous ont relaté des mésaventures analogues.
D'autres ont eu de mauvaises expériences du même type avec d'autres tour-opérateurs. C'est le cas de Lattitud 0, DMC en Équateur, avec Allibert Trekking en 2002.
La stratégie n'a donc rien d'irrégulier et peut tout à fait se comprendre sur le plan commercial. Mais comme le regrette Dominique Clarisse, Directeur Général d'Azimuth Adventure Travel, "d'un point de vue éthique et humain, c'est discutable."
Surtout de la part d'un voyagiste dont le nom fait directement référence à l'aspect « humain » de son activité. Une entreprise qui, jusqu'à il y a peu, était signataire de la charte d'ATR (Agir pour un Tourisme Responsable) dont les dirigeants de Club Aventure (ancien nom de la société, Ndlr) ont participé à l'élaboration.
"Même responsable, le tourisme reste du commerce"
Pour autant, du côté du label, on ne condamne pas cette pratique. "Il faut préciser que, même responsable, le tourisme reste du commerce", nuance Julien Buot, Directeur d'ATR.
Selon lui, il n'y a pas de problème éthique à changer de prestataire. Cela peut même, parfois, améliorer des situations sociales localement. Et puis "dans le droit du travail, on a tout à fait le droit de démissionner et d'aller travailler pour un concurrent", poursuit Julien Buot.
Point de vue partagé par Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde. "Dans l'activité de l'aventure, « l'éthique » a souvent bons dos", déplore ce dernier. Il s'agirait d'un argument commercial brandi en dernier recours et sans vraiment de justification.
Et puis, "il ne faut pas non plus oublier que, ces derniers temps, certains DMC ne se gênent pas pour vendre leurs prestations en direct, en court-circuitant nos membres", note Julien Buot, Directeur d'ATR.
C'est ce que fait d'ailleurs désormais Azimuth Adventure Travel. "J'ai décidé de vendre le plus possible en direct, sans TO, via un site Internet, explique Dominique Clarisse.
J'ai compris qu'il fallait diversifier ma clientèle. Aujourd'hui je fais à peu près du 50/50 entre clients TO et clients directs."
Selon lui, il n'y a pas de problème éthique à changer de prestataire. Cela peut même, parfois, améliorer des situations sociales localement. Et puis "dans le droit du travail, on a tout à fait le droit de démissionner et d'aller travailler pour un concurrent", poursuit Julien Buot.
Point de vue partagé par Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde. "Dans l'activité de l'aventure, « l'éthique » a souvent bons dos", déplore ce dernier. Il s'agirait d'un argument commercial brandi en dernier recours et sans vraiment de justification.
Et puis, "il ne faut pas non plus oublier que, ces derniers temps, certains DMC ne se gênent pas pour vendre leurs prestations en direct, en court-circuitant nos membres", note Julien Buot, Directeur d'ATR.
C'est ce que fait d'ailleurs désormais Azimuth Adventure Travel. "J'ai décidé de vendre le plus possible en direct, sans TO, via un site Internet, explique Dominique Clarisse.
J'ai compris qu'il fallait diversifier ma clientèle. Aujourd'hui je fais à peu près du 50/50 entre clients TO et clients directs."
ATR en pleine rénovation
Il a pris cette décision en se rendant compte qu'"on est passé d'un tourisme d'aventure fait par des passionnés à un secteur dominé par de grands groupes qui n'ont que faire de nos idéaux de jeunesse."
Il semble surtout que, face à l'évolution du secteur et des canaux de distribution, chaque acteur essaie de s'adapter. Malheureusement, selon leur position dans la chaîne des intermédiaires, leurs intérêts divergent. Et, parfois, s'opposent même.
Une tendance qu'ATR ne nie pas. Bien au contraire puisqu'Evaneos, plateforme web qui met en relation directe des voyageurs et des réceptifs, a récemment intégré ses membres.
Elle fait d'ailleurs partie du comité technique en charge de la rénovation du label. Comité qui compte également dans ses rangs un DMC qui distribue, lui aussi, ses séjours en direct sur Internet.
Gustave Le Bon, sociologue français, dans une de ses citations célèbres, arrive à la conclusion que, face aux changements, il n'y a que deux choix : l'adaptation ou la révolte.
Les réceptifs cités dans cet article ont visiblement opté pour la révolte.
Il semble surtout que, face à l'évolution du secteur et des canaux de distribution, chaque acteur essaie de s'adapter. Malheureusement, selon leur position dans la chaîne des intermédiaires, leurs intérêts divergent. Et, parfois, s'opposent même.
Une tendance qu'ATR ne nie pas. Bien au contraire puisqu'Evaneos, plateforme web qui met en relation directe des voyageurs et des réceptifs, a récemment intégré ses membres.
Elle fait d'ailleurs partie du comité technique en charge de la rénovation du label. Comité qui compte également dans ses rangs un DMC qui distribue, lui aussi, ses séjours en direct sur Internet.
Gustave Le Bon, sociologue français, dans une de ses citations célèbres, arrive à la conclusion que, face aux changements, il n'y a que deux choix : l'adaptation ou la révolte.
Les réceptifs cités dans cet article ont visiblement opté pour la révolte.