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Thomas Cook : que sont devenues ses marques en France ? 🔑

Agences, marque Jet tours et concept clubs Eldorador… quid de l’héritage de Thomas Cook ?


Après la faillite de Thomas Cook, le 23 septembre 2019, 149 des 174 agences françaises de la marque trouvaient un repreneur. Sont-elles toujours ouvertes ? S’agissait-il de bons investissements ? Qu'en est-il des marques Jet tours et des clubs Eldorador ? La rédaction de TourMaG.com propose à ses abonnés une série spéciale revenant sur ce naufrage historique. Troisième volet de notre série.


Rédigé par le Mercredi 21 Septembre 2022

Que sont devenues les agences et marques de Thomas Cook France, deux ans après la faillite du groupe ? - DR : Depositphotos.com
Que sont devenues les agences et marques de Thomas Cook France, deux ans après la faillite du groupe ? - DR : Depositphotos.com
La sentence est tombée le 28 novembre 2019 !

Le Tribunal de commerce de Nanterre rend alors son jugement pour la reprise des actifs du voyagiste Thomas Cook France. Au total, sur les 174 points de ventes, 149 sont rachetés.

Le principal repreneur ? Un consortium regroupant Salaün Holidays, Navitours, Havas Voyages, Charles (Karavel-Promovacances), Cati (Voyages le Vacon), Voyages d’affaires-Broc Voyages, Esprit de voyages, Citra Voyages et Servotel.

Ces onze repreneurs se partagent ainsi 145 points de vente sur les 174 agences de voyages détenues en propre par Thomas Cook France.

3 autres agences sont reprises par Prêt-à-Partir et une dernière par Captain Ferry.


Des agences toujours ouvertes et rentables

Près de trois années après la reprise, le bilan est positif chez Havas Voyages, malgré les difficultés rencontrées par le secteur.

« Nous avons repris de belles agences, bien placées et avec du personnel de qualité. Toutes sont ouvertes et fonctionnent très bien », résume Arnaud Abitbol, vice-président de Marietton Développement, qui avait repris à l’époque 19 agences.

Au sein du groupe Salaün Holidays, « les agences tutoient les niveaux de 2018/2019, car elles connaissent évidemment toujours des perturbations en Asie. Nous n’avons pas de données précises, mais je pense qu’une partie des clients historiques est revenue.

Les agences Thomas Cook étaient de très bonnes agences, avec des collaborateurs aguerris, formés. C’est pour cela qu’elles ont été nombreuses à être reprises. Les conditions étaient également avantageuses »
, affirme Nicolas Delord, ancien PDG de Thomas Cook France et désormais directeur général de Salaün Holidays.

Sur les trois agences rachetées par le réseau Prêt-à-Partir, François Piot exploite uniquement celle d’Annemasse, les deux autres le sont par son associé, Laurent Lhomme.

« Cette agence existe toujours. Elle tourne bien, nous avons une bonne équipe et elle est rentable », affirme François Piot.

« Nous avons fermé l’agence que nous avions en centre commercial à Annemasse et regroupé les deux fonds de commerce au profit de celle du centre-ville. Les deux affichaient un volume d’affaires sympathique chez Thomas Cook de 1,5 million d’euros et de 2 millions d’euros pour notre agence.

Est-ce que nous sommes sur les mêmes volumes qu’avant ? Trop tôt pour le dire. L’équipe est différente, les charges également »
, explique le dirigeant de Prêt-à-Partir, avant de conclure : « Pour moi, ce rachat est une bonne opération. »

Après Hervé Vighier, Jet tours et Eldorador finalement entre les mains de NG Travel

Autres actifs de la branche française : Jet tours et Eldorador.

Après le rachat surprise par Hervé Vighier, l'ex-patron de Marmara, qui avait alors déboursé plus d'un million d'euros, les deux marques ont fini dans l’escarcelle du groupe NG Travel en décembre 2020.

« Jet tours n’est plus un tour-opérateur, c’est désormais un site distributeur BtoC, adhérent d’Havas franchise, et qui revend aussi bien nos produits que ceux de la concurrence. Nous avons également un call center qui renvoie vers nos trois agences : deux à Paris et une à Levallois », recontextualise Philippe Sangouard, directeur de Boomerang Voyages, tour-opérateur du groupe NG Travel.

« La première année a été très courte, à cause de la crise sanitaire. Aujourd’hui, l’activité fonctionne bien et se développe normalement.

Depuis janvier-février, l’activité a bien redémarré. Notre production représente un pourcentage intéressant, mais pas unique. Car nous revendons tous les TO
, résume le directeur de Boomerang Voyages. Désormais, notre stratégie est de monter en puissance, avec pour objectif d’atteindre dans les trois ans 100 millions d’euros de chiffre d’affaires et de devenir un distributeur incontournable. »

Une dizaine de clubs Eldorador en 2023

Quid d’Eldorador, concept club relancé l’an dernier par NG Travel ?

« Il complète notre production aux côtés des clubs Coralia, festifs, et Kappa Club, tournés vers la découverte et la rencontre avec la population locale.

Eldorador répond à un concept dédié au sport et à la famille, avec deux ou trois activités avec des coachs professionnels en plus des animateurs. Par exemple des coachs de club de fitness, ou encore du tennis avec des joueurs classés à l’ATP parmi les 200 meilleurs joueurs français, etc. »
, explique Philippe Sangouard.

Relancé il y a un an, avec quatre clubs en Crête, près de Malaga en Espagne, à Fuerteventura (Canaries) et en République Dominicaine, le concept devrait compter, en 2023, une dizaine de clubs.

« Cela évolue tranquillement et bien. Notre produit référence est l’Ostria en Crète, avec 280 chambres sur les 300 que compte l’établissement. De juin à septembre 2021, le taux de remplissage était de 95% », précise le directeur de Boomerang.

Cette année, année normale avec démarrage au mois d’avril, a connu une évolution très importante de notre chiffre, mais pas comparable à N-1 », explique le directeur de Boomerang.

Chute de Thomas Cook, quel impact sur le business ?

Si pratiquement toutes les agences ont été reprises, toutefois cela n’a pas entraîné une hausse d’activité des points de vente.

« Globalement, les agences qui tournaient bien chez Thomas Cook ont été reprises par des concurrents. Nous n’avons pas gagné de nouveaux clients », note François Piot, de Prêt-à-Partir.

En revanche, la fin de l’activité tour-operating a permis de développer un vivier important de prospects.

« C’était un très gros TO Jet tours, qui pesait plus de 400 millions d’euros. Sa chute a profité à tous les TO, l’activité a ruisselé sur tous les concurrents. Forcément quand l’activité est repartie, après Covid, chacun a pu bénéficier de la disparition de Jet tours », analyse Arnaud Abitbol, vice-président de Marietton Développement.

"Il est vrai que beaucoup d'anciens clients de Thomas Cook aficionados de cette formule se sont dirigés tout naturellement vers nos Club Marmara et nos Club Lookéa. La disparition de Thomas Cook a laissé un vide dans le marché du tourisme et plus précisément dans celui des villages clubs", commente Christophe Fuss, directeur général adjoint de TUI France.

Même constat dressé par Philippe Sangouard, pour NG Travel : « Depuis le redémarrage en juin 2021, c’est évident que tous les TO basés sur ce concept club ont une progression plus importante que les TO généralistes avec des circuits ou du « à la carte ».

A l’époque, le TO Jet tours représentait un volume intéressant. Cela a bénéficié à tous ceux qui font du club et à nous en particulier. En 2019, nous avions environ 50 clubs, aujourd’hui nous en avons une centaine. Nous ne sommes pas à périmètre constant, nous avons une évolution plus importante. »

Une catastrophe économique oubliée ?

Si aujourd’hui, la situation est satisfaisante, la reprise de ces agences a cependant nécessité un travail important de communication auprès du public.

« L’investissement de départ ne reflète pas le coût pour Havas Voyages de la remise en route. Les clients vous oublient très vite. Relancer une agence fermée, avec l’image de Thomas Cook qui fait faillite, c’est compliqué. Malgré tout, ça reste une opération intéressante », affirme Arnaud Abitbol.

« En janvier 2020, les agences reprises ont connu un redémarrage moins tonique que celui des autres agences du groupe », reconnait Nicolas Delord, ex-patron de Thomas Cook.

Outre la faillite, les agences ont pâti de la chute du tour-opérateur. « Je suppose que la faillite de Thomas Cook a impacté les clients, notamment ceux ayant des inscriptions en cours. Cela a entrainé une perte de confiance. Nous avons mené une opération communication de relance", précise-t-il.

Idem chez Prêt-à-Partir. « Nous avons eu besoin de communiquer au moment du dépôt de bilan.

J’avais moi-même une agence Thomas Cook à Saint-Dizier. Nous avons organisé une réunion publique pour expliquer que nous n’étions pas concernés directement par la faillite.

J’ai fusionné les deux agences que je possédais dans la ville, l’enseigne Thomas Cook a disparu et ça a fait oublier au client cette affaire. Même s’ils ont la mémoire courte, ils ont eu besoin d’une communication assez forte au début pour les rassurer »
, appuie François Piot.

Les autres marques du groupe n’ont pas souffert de cette image négative. « Dans la conscience du public, Jet tours et Eldorador n’ont pas été touchées par la chute de Thomas Cook. Ces deux marques restent très fortes et positives », note Philippe Sangouard, du groupe NG Travel.

Preuve en est : « La fréquentation et le volume d’achats sont importants. On sent une adhésion à la qualité de la marque », conclut-il.

Une belle part d’héritage…

Caroline Lelievre Publié par Caroline Lelievre Journaliste - TourMaG.com
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