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Tourisme : "Nous voulons rouvrir quoi qu'il advienne M. Lemoyne", martèle Renaud Muselier

Pas de reprise pour les croisières et la fin des motifs impérieux pour les outre-mer


Quelques mois après la première édition du tour de France du tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne a remis ça. Cette fois-ci, direction la Région Sud et une rencontre avec Renaud Muselier. Alors que le secrétaire d'Etat est revenu sur les aides apportées par le gouvernement, le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a mis la pression sur l'exécutif en exigeant une reprise des croisières et une réouverture des restaurants. Malgré les annonces, le tourisme reste en cale sèche, pour le moment...


Rédigé par le Mardi 16 Février 2021

Pas de reprise pour les croisières et la fin des motifs impérieux pour les outre-mer a expliqué Jean-Baptiste Lemoyne - Crédit photo : Compte Twitter @JBLemoyne
Pas de reprise pour les croisières et la fin des motifs impérieux pour les outre-mer a expliqué Jean-Baptiste Lemoyne - Crédit photo : Compte Twitter @JBLemoyne
Il y a près d'un an, Jean-Baptiste Lemoyne avait entamé une tournée des territoires, pour faire un point sur l'état de l'industrie touristique.

En 2021, le secrétaire d'Etat en charge du tourisme réédite l'expérience, mais cette fois-ci avec la volonté de se projeter sur l'après.

"Aujourd'hui, avec Renaud Muselier (Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Président de Régions de France, ndlr) nous avons fait le point sur les mesures d'urgence, mais aussi d'investissement et nous avons travaillé à la reprise, au rebond.

C'est un peu un tour de France de la relance que j'entame dans la Région Sud
", introduit Jean-Baptiste Lemoyne.

Et le point de départ n'a pas été choisi au hasard, puisque le territoire est en dehors de Paris, l'autre terre du tourisme. Le tourisme y représente 13% du PIB pour 140 000 emplois, contre 8% du PIB au niveau national.

Mais surtout, avec ses marques emblématiques que sont la Provence et la Côte d'Azur, le Sud-Est de la France est grandement tourné vers l'international. C'est une destination qui a donc énormément souffert économiquement de l'épidémie.

"Au niveau national, nous en sommes à 20 milliards d'euros de soutien pour les acteurs du tourisme, dont 11,5 milliards de PGE, puis 4,7 milliards d'euros d'activité partielle.

Dès lors que l'Etat apporte des contraintes aux fonctionnements des établissements, il est normal que l'Etat vous vienne en aide,
" recontextualise le secrétaire d'Etat.

Il faut dire que le tourisme, malgré tout, n'a pas été abandonné, il est même surreprésenté au niveau des aides, par rapport à son poids dans l'économie.

Ainsi, l'industrie représente 17% des dépenses nationales au niveau de l'activité partielle et près d'un quart du fonds de solidarité.

"Les touristes ont des fourmis dans les jambes, avec le concept du voyage revanche"

Alors que les PGE distillés dans la Région Sud représentent 1,3 milliard d'euros, le ticket moyen a été de 100 000 euros, et14% des PGE du territoire ont été dédiés au secteur du tourisme.

Toutefois, Jean-Baptiste Lemoyne n'a pas seulement rappelé au secteur qu'il vit quasiment seulement grâce à l'interventionnisme étatique, il a pris la parole pour donner un coup de fouet.

"Il faut se préparer au rebond, à la reprise, et investir pour l'avenir. En mai dernier, j'avais présenté un plan tourisme, nous en sommes à 270 millions d'euros investis dans la Région Sud.

Nous faisons émerger une nouvelle offre et nous participons à sa remise à niveau. La reprise, quand elle se fera au niveau international, elle sera très forte et concurrentielle. Les touristes ont des fourmis dans les jambes, avec le concept du voyage revanche,
" prédit le secrétaire d'Etat.

Sauf que pour le moment et sans doute encore pour 2021, l'industrie devra faire sans l'international.

Si la Région Sud a su tirer son épingle du jeu en 2020, avec une croissance de la clientèle française de 20% par rapport à 2019, les autorités et les syndicats travaillent activement à préparer la prochaine saison estivale.

"Cette réunion a été l'occasion de faire un point sur les protocoles et les travaux des filières, comme la montagne ou la croisière. Cela permet de nourrir mes interventions lors de la Commission interministérielle de Crise ou des conseils de défense.

Nous sommes sur un plateau un peu haut d'un point de vue sanitaire, mais les efforts des Français payent, car nous n'avons pas eu la flambée des pays voisins,
" félicite Jean-Baptiste Lemoyne.

Malgré cette bonne conduite collective et les nombreux satisfécits du gouvernement envoyés à la population, les Français n'auront pas plus de visibilité sur un retour progressif à la vie normale.

"Le message est très clair : nous voulons rouvrir quoi qu'il advienne"

Tout l'écosystème du tourisme de la Région Sud était là, lors de cette réunion, autour d'un Renaud Muselier toujours aussi vindicatif.

"Le message est très clair : nous voulons rouvrir quoi qu'il advienne. Nous sommes responsables et avons travaillé sur les protocoles sanitaires. Nous faisons pression incontestablement, sur la nécessité de rouvrir," introduit le président de la collectivité régionale.

Au moins, les acteurs sauront le message que passera Jean-Baptiste Lemoyne à Jean Castex lors du prochain Conseil de défense.

Dans un territoire aussi impacté par l'absence de la clientèle internationale, les dégâts sont immenses, même la collectivité a déversé près de 1,5 milliard d'euros d'aides au secteur.

"Nous sommes tournés maintenant vers l'avenir, nous voyons bien le désastre économique et social.

Nous avons la capacité de permettre la reprise de la croisière, est-ce que le protocole italien ne peut pas être le même en France ? Même principe pour les terrasses, qui sont ouvertes en Italie, avec un protocole spécifique.
"

Alors que la France tourne au ralenti, les Français n'hésitent plus à franchir les frontières pour vivre pendant quelques jours comme dans le monde d'avant, en Italie ou en Espagne.

Alors qu'en France, rien ne bouge ou presque. Ainsi, en mars 2021, trois concerts tests auront lieu à Marseille, pour éprouver les solutions permettant une reprise de l'activité culturelle.

"Nous, les professionnels et les acteurs, sommes unanimement engagés pour ce retour à la vie touristique, sur la base d'un budget annuel renforcé de 128 millions d'euros," explique Renaud Muselier.

Croisières : "Nous conduisons les travaux sur les protocoles, pour permettre la réouverture"

Pour ce faire, 4 dispositifs seront mis en place. A savoir le "forfait bol d'air" pour lequel la Région Sud offrira en avril 70 euros aux familles, couples et personnes du territoire qui réserveront au moins deux nuits dans le secteur.

"Puis en mai, un chèque réouverture, pour la remise en état des établissements fermés administrativement, et en juin le billet solidaire pour aider le secteur de la culture. En juillet, nous renouvellerons la 2e édition de la fête des terrasses.

Nous avons votre Tour de France, puis il y aura celui cycliste fin juillet.
"

Pour finir, le plan de soutien prévoit une importante campagne de communication : "Nous avons tous besoin du Sud", en France et en Europe pour plus de 10 millions d'euros.

Si Renaud Muselier a été clair et énergique, en souhaitant une reprise de la croisière et des restaurants, le secrétaire d'Etat a lui quelque peu douché l'ambiance.

Certes le gouvernement suit les avancées de l'industrie de près, mais il n'est pour l'heure pas question de parler de reprise.

"Nous conduisons les travaux sur les protocoles, pour permettre la réouverture, dans le cadre d'un travail interministériel. Après les décisions seront prises au regard de l'évolution de l'épidémie.

Aujourd'hui, nous ne pouvons pas indiquer les dates pour une réouverture,
" élude Jean-Baptiste Lemoyne.

Passeport vaccinal : "Débat prématuré, car le vaccin c'est se protéger soi"

Et cette réponse risque plus ou moins d'être le jingle des prochaines semaines, tant que l'épidémie ne flanchera pas franchement et fortement, malgré les attentes très fortes.

Ainsi, sur la question des motifs impérieux imposés aux voyageurs souhaitant se rendre dans les outre-mer, la réponse est du même acabit. Il n'y a pas de conditions pour la suspension de la mesure, tout dépendra donc de l'évolution de l'épidémie.

"Nous mesurons l'effort demandé, nous sommes bien conscients que cela donne un coup dur. Nous avons travaillé avec Sébastien Lecornu sur des mesures additionnelles qui seront bientôt dévoilées aux acteurs du tourisme," annonce Jean-Baptiste Lemoyne.

Autre sujet au cœur des débats dans la profession : le passeport sanitaire.

"L'idée de restreindre les flux aux personnes vaccinées est un débat qui nous parait, au gouvernement, prématuré. Le vaccin c'est se protéger soi, mais nous ne savons pas si cela protège les autres.

Puis il y a un sujet éthique qui n'est pas un petit sujet,
" explique Jean-Baptiste Lemoyne. L'avenir du tourisme, du moins pour les Français, risque de dépendre à moyen terme de l'efficacité des tests, notamment antigéniques, mais pas du passeport vaccinal.

"Je suis favorable à mettre en place des outils pour faciliter les déplacements, pour que les tests PCR effectués soient téléchargés en QR code, pour fluidifier les déplacements," analyse le secrétaire d'Etat.

Pour en revenir au Sud, si la région est toutefois très dépendante du tourisme, elle n'en reste pas moins vulnérable à l'épidémie. Et sur ce point, Christian Estrosi a décidé de prendre un arrêté pour suspendre les locations saisonnières dans sa ville, Nice. Arrêté qui a été retoqué par le Tribunal administratif.

Alors que Jean-Baptiste Lemoyne n'a pas souhaité partager son avis sur la question, Renaud Muselier est venu en soutien à l'élu local.

"C'est une position intéressante car le département est particulièrement touché et l'ensemble de la métropole de Nice se trouve en rouge. Je trouve que la position de Monsieur Estrosi est frappée au coin du bon sens." Même si l'OMS a toujours proclamé que de fermer les frontières et limiter les déplacements ne permettaient pas de combattre l'épidémie.

D'ailleurs en parlant de frontières, la France va cette fois-ci draguer les clientèles étrangères pour l'été à venir et pas seulement les Français. Une nouvelle campagne de communication est actuellement dans les cartons.

"Nous travaillons avec Atout France sur une grande campagne paneuropéenne de relance avec les régions. Nous avons la chance d'avoir une clientèle européenne de proximité, il faut rééditer le travail fait pour l'attirer à nouveau," a confié Jean-Baptiste Lemoyne.

2020 et 2021, même combat...

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Pierre le 17/02/2021 08:59 | Alerter
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Quid des agences de voyages ?
Rien ....

2.Posté par Yves Brossard le 17/02/2021 09:31 | Alerter
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Je cite : « dès lors que l'Etat apporte des contraintes au fonctionnement des établissements, il est normal que l'Etat vous vienne en aide » recontextualise le secrétaire d'Etat.

Vous êtes d’accord ? Moi, pas !

Dès lors que l’État apporte des contraintes au fonctionnement des établissements, il est normal que l’État indemnise les entreprises à la hauteur de la totalité du préjudice subi.

Macro contre micro, « quoi qu’il en coûte » contre quoi qu’il advienne, illusion contre réalité.

Travailler, quoi qu’il advienne, me semble être le bon sens.

De la bonne volonté de la part de notre secrétaire d’Etat, on ne peut le nier. Mais ce n’est pas suffisant pour alimenter les gamelles.
La particularité du professionnel, c’est qu’il ne vit que de ce qu’il produit. Et que sa seule certitude, c’est qu’en l’absence de clients, parce qu’il y a entrave au déplacement des clients, sa gamelle sera vide.

Alors, bien sûr, Monsieur Jean-Baptiste LEMOYNE, secrétaire d’État, est dans son rôle quand il défend la politique gouvernementale. Malheureusement, les responsables ne sont pas là pour annoncer des nouvelles, mais pour gérer les difficultés.
Et en l’occurrence, la difficulté c’est qu’on nous parle d’aide, alors que nous parlons d’indemnisation. On ne souhaite pas des aides, on souhaite des indemnisations. Et qui plus est, on souhaite que ces indemnisations soient faites en temps réel. On est loin du compte, et donc loin de l’efficacité.

Et avant tout, on souhaite travailler. Notre rêve, ne pas devoir être « aidé ».

Un détail, mais qui vaut son « pesant de cacahuètes », quand on pense que malgré la crise, l’Etat impose aux hôteliers de payer 100% des « redevances » archaïques de télévision !

Inutile de nous vendre le futur, le présent n’est pas géré, et le futur n’était, déjà, pas géré lorsque la situation était bonne.

La vision macro économique de Monsieur le secrétaire d’État au tourisme intéresse probablement peu les acteurs directs des industries de la mobilité, qu’il s’agisse d’agents de voyage, d’hoteliers, de loueurs de voiture, de compagnies aériennes, de restaurateurs, de chauffeurs de taxi, d’aéroports, de gares de chemins de fer, etc.

Personne n’attend de miracle, mais la question de savoir si l’on redémarre l’activité au temps T ou au temps T+1 est la question essentielle. Car la réponse à cette question se traduit en milliards d’euros de chiffre d’affaires, et le chiffre d’affaires c’est du concret, c’est du micro, incontestable, mesurable, chiffrable, quand les « aides » ne sont que du macro, difficilement constatable, difficilement mesurable, difficilement chiffrable, et donc fortement discutable.

Oser évoquer des campagnes publicitaires, dont l’effet ne sera jamais mesuré par l’Etat, et dont l’effet sera probablement ridicule au regard des pertes considérables des industries de la mobilité, et pour des années, bien après la fin prochaine de la crise sanitaire, n’est pas une micro-provocation, mais une macro-provocation.

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