Tourisme durable : les voyagistes s'engagent... à quand le tour des réseaux de distribution ?

Le tourisme responsable, à force d’en faire un thème de débat, devient plus un concept qu’une réalité.

Or il s’agit bien, lorsque l’on parle de tourisme durable, d’un engagement très concret des opérateurs touristiques pour accompagner leurs productions ou leurs distributions d’une dose plus ou moins importante d’éthique.

Nous restons bien dans un domaine réel et non conceptuel puisque le sujet essentiel reste toujours le tourisme qu’il soit de masse, social, ou de niche. Les engagements responsables eux, sont annexes, mais néanmoins importants car ils deviendront inévitables pour continuer à exercer nos métiers .

Pour preuve de cet engagement concret, beaucoup d’opérateurs ont déjà mis en place des opérations ou des processus de fabrication contenant des engagements pour respecter les hommes et les environnements des pays qu’ils produisent et/ou qu’ils distribuent.

Voici les exemples de trois opérateurs de typologie différente.

VACANCES TRANSAT est un spécialiste des circuits.

Les circuits sont LA formule qui donne au TO sa véritable valeur puisque grâce à un programme itinérant, le voyageur peut découvrir en profondeur et dans la durée les hommes d’une région, leurs cultures et leurs environnements.

VACANCES TRANSAT ne se contente pas dans ce domaine, comme cela existe trop souvent, de montrer à ses clients l’écume folklorique d’un pays.

La fabrication des circuits de ce TO contient tous les ingrédients du tourisme respectueux des hommes de leurs environnements.

Ainsi, à certaines étapes, l’hébergement se fait en « écolodges », petites structures d’hébergement au cœur des villages comme à DUMBULLA au SRI LANKA ou sur l’Ile de MINDORO aux PHILIPPINES.

Une autre formule d’hébergement encore plus proche des habitants est proposée par VACANCES TRANSAT : le logement chez l’habitant à SOWETO en AFRIQUE DU SUD ,ou à SARAQIPI au COSTA RICA.

Outre l’hébergement authentique, les clients sont aussi invités à partager les activités artisanales ou agricoles des populations.

Ainsi, à DAMBULLA, les voyageurs peuvent participer, s’ils le souhaitent, aux travaux des champs ou être initiés à la technique du Batik lors d’un circuit en THAÏLANDE intitulé « Princesse du Siam » .

Plusieurs circuits proposent aussi la découverte originale des patrimoines naturels comme à OMAN avec au programme, toute une journée à la réserve naturelle de RAS AL JINZ, sanctuaire de l’observation et surtout de la protection des tortues vertes.

Les circuits de VACANCES TRANSAT plongent le voyageur, ne serait-ce que quelques jours, dans la vraie vie des pays et répondent ainsi à la finalité du voyage qui est l’enrichissement par la découverte et la compréhension des différences.

Les circuits sans cette immersion risquent d’être réduits à des invitations à du « voyeurisme touristique » : il vaut mieux alors rester chez soi se caler dans un bon fauteuil et regarder à la télévision « En terre inconnue ».

Aux côtés d’industriels du voyage comme VACANCES TRANSAT, exercent aussi des artisans constitués en micro sociétés pour lesquels le tourisme durable est leur marque de fabrication pour la totalité de leurs productions.

Parmi eux VOYAG’ACTEUR dirigé par MALIKA et qui a reçu le prix de l’innovation par l’APST en 2010.

Malika construit pour ses clients des « programmes dentelles » dont les dénominateurs communs sont qualité et proximité.

Ainsi elle a créé depuis des années des liens d’amitié et de confiance personnelle entre les indiens ATIKAMEKW d’AMERIQUE DU NORD ou les MOSAISTES de JERICHO en PALESTINE ou encore les tribus amazoniennes d’EQUATEUR.

Elle a partagé avec eux leur vie quotidienne. Elle a appris leur activité artisanale. Elle a entendu leur philosophie de vie, elle est devenue leur amie.

Ainsi, les clients qui confient leur projet de voyage à VOYAG’ACTEUR bénéficient–ils de cette « adoption » de Malika par ces populations locales et sont accueillis par les familles eux aussi comme des amis.

Leur voyage est tout entier tourné vers la rencontre, l’échange, la découverte de lieux ou de coutumes en dehors des clichés, des aprioris et des préjugés véhiculés par des médiatisations partiales.

Les touristes deviennent les acteurs de leurs voyages et continuent à entretenir des liens chaleureux avec ceux et celles qui leur ont ouvert leur maison. Ce n’est plus un voyage au sens professionnel du terme mais une histoire qui se construit entre VOYAG’ACTEUR, les clients et leurs hôtes.

Il est bien sur difficile à ce type de micro entreprise de se  développer et de communiquer son savoir faire.

Les grands réseaux de distribution devraient passer des accords avec ces acteurs responsables et intégrer dans leurs offres cette ligne de produits authentiques et durables pour laquelle il existe une clientèle qui se tourne souvent vers le milieu associatif pour trouver ce type de voyage.

Enfin le voyagiste SALAÜN, sous l’impulsion de son patron Michel, s’investit depuis des années dans le développement durable et le tourisme solidaire et équitable.

La forme de cet engagement repose sur un principe qui est que le tourisme se doit d’aider les pays qui le font vivre et surtout d’associer les voyageurs à ces actions.

Ainsi une école au VIETNAM a t-elle été complètement rénovée. Mais cet établissement scolaire est aussi devenu une étape des circuits SALAÜN HOLIDAYS pour que touristes et élèves et professeurs échangent en se rencontrant.

Il en est de même à Maïntepa et à Sazagan en OUZBÉKISTAN, villages dans lesquels SALAÜN HOLIDAYS a rénové deux écoles.

Et enfin en Inde, avec NATIONAL TOURS, SALAÜN participe à la construction de salles de classes financée en partie par une contribution de 20€ par client aux circuits en INDE.

De plus, ces actions ne sont pas pilotées par le TO lui même à partir de la France, mais sont confiées aux réceptifs locaux.

Il existe encore plusieurs exemples et initiatives de producteurs et distributeurs de toutes tailles à être engagés dans un processus de responsabilité vis à vis des pays qu’ils proposent à leurs clients.

Ceci prouve que le marché touristique français n’est pas cynique, et que les principaux acteurs ont pris conscience que maintenant les affaires peuvent et doivent durablement se faire en gérant, avec respect, les matières premières du tourisme qui sont les hommes et leurs environnements.

Christian OROFINO
Président de TOURCONSEIL
Ex PDG et DG du TO VISIT FRANCE
Président de la commission Tourisme responsable du SNAV