Notre rôle d’agent de voyages est de sensibiliser nos clients aux impacts de leur voyage - Photo : F. Piot
TourMaG.com - Avec la montée en puissance de "l’avion bashing", avez-vous honte de prendre l’avion cet été ?
François Piot : Personnellement, je privilégie le train dès que c’est possible. Moins d’émissions de CO2, possibilité de travailler, horaires mieux garantis.
Je reste néanmoins toujours émerveillé de prendre un café à quelques kilomètres d’altitude et de contempler d’en haut nos beaux paysages, en me disant que le même voyage durait, dans un passé pas si lointain, autant de semaines que mon vol d’heures.
Donc, oui je vais prendre (modérément) l’avion, et, non, je n’ai pas honte.
TourMaG.com - Sur-tourisme, pollution du transport aérien, des croisières… Le tourisme a été pointé du doigt cette année. Pensez-vous que 2019 est une année charnière en matière de prise de conscience du grand public et des professionnels ?
F.P. : Il semble qu’enfin nos concitoyens aient pris la décision de réagir. J’ai lu des articles selon lesquels une majorité des jeunes pensaient que les centrales nucléaires étaient responsables du réchauffement climatique.
Or, c’est tout le contraire, puisque l’électricité nucléaire est presque totalement décarbonée. Elle a certes d’autres défauts, mais pas celui d’émettre des gaz à effet de serre.
Alors prise de conscience, certainement, mais il y a encore beaucoup à faire pour que la population ait une vision claire et juste de la situation.
Côté agences de voyages, je n’ai pas le sentiment que nos clients aient changé leur comportement pour protéger l’environnement.
François Piot : Personnellement, je privilégie le train dès que c’est possible. Moins d’émissions de CO2, possibilité de travailler, horaires mieux garantis.
Je reste néanmoins toujours émerveillé de prendre un café à quelques kilomètres d’altitude et de contempler d’en haut nos beaux paysages, en me disant que le même voyage durait, dans un passé pas si lointain, autant de semaines que mon vol d’heures.
Donc, oui je vais prendre (modérément) l’avion, et, non, je n’ai pas honte.
TourMaG.com - Sur-tourisme, pollution du transport aérien, des croisières… Le tourisme a été pointé du doigt cette année. Pensez-vous que 2019 est une année charnière en matière de prise de conscience du grand public et des professionnels ?
F.P. : Il semble qu’enfin nos concitoyens aient pris la décision de réagir. J’ai lu des articles selon lesquels une majorité des jeunes pensaient que les centrales nucléaires étaient responsables du réchauffement climatique.
Or, c’est tout le contraire, puisque l’électricité nucléaire est presque totalement décarbonée. Elle a certes d’autres défauts, mais pas celui d’émettre des gaz à effet de serre.
Alors prise de conscience, certainement, mais il y a encore beaucoup à faire pour que la population ait une vision claire et juste de la situation.
Côté agences de voyages, je n’ai pas le sentiment que nos clients aient changé leur comportement pour protéger l’environnement.
TourMaG.com - En quoi le réchauffement climatique est-il un sujet majeur pour vous ?
F.P. : Prêt-à-Partir est un réseau d’agences de voyages, mais aussi un autocariste. Nous exploitons 900 autocars qui émettent chaque année 15 000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère.
Pour de bonnes raisons, car un autocar qui roule remplace 40 voitures…
Nous avons pris, en 2015, l’engagement de gommer notre empreinte carbone d’ici 2025. Pour y parvenir, nous avons rajeuni notre flotte d’autocars, nous avons consacré une partie de nos investissements à de la production d’électricité verte (panneaux solaires, centrales hydro-électriques et centrales de méthanisation) et nous replantons des terres arides au Niger (60 000 arbres à ce jour).
Le carbone, c’est notre quotidien, nous communiquons beaucoup en interne et auprès de nos clients, de nos fournisseurs.
Au-delà du réchauffement climatique, nous estimons que notre métier joue un rôle essentiel dans le monde moderne, en favorisant la découverte de l’Autre, en mélangeant les cultures, en sensibilisant nos clients aux enjeux sociétaux du développement durable/soutenable.
TourMaG.com - Pensez-vous qu’il faille revoir la façon dont on consomme « le tourisme » ?
F.P. : En tant que citoyen, je pense que les deux leviers sont l’éducation des peuples et la taxe. « Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants » (Saint-Exupéry).
Notre rôle d’agent de voyages est de sensibiliser nos clients aux impacts de leur voyage. Je suis fou de rage quand je lis sur un site web mensonger qu’on peut compenser l’impact carbone d’un vol Paris New-York en donnant 3€… De qui se moque-t-on ?
F.P. : Prêt-à-Partir est un réseau d’agences de voyages, mais aussi un autocariste. Nous exploitons 900 autocars qui émettent chaque année 15 000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère.
Pour de bonnes raisons, car un autocar qui roule remplace 40 voitures…
Nous avons pris, en 2015, l’engagement de gommer notre empreinte carbone d’ici 2025. Pour y parvenir, nous avons rajeuni notre flotte d’autocars, nous avons consacré une partie de nos investissements à de la production d’électricité verte (panneaux solaires, centrales hydro-électriques et centrales de méthanisation) et nous replantons des terres arides au Niger (60 000 arbres à ce jour).
Le carbone, c’est notre quotidien, nous communiquons beaucoup en interne et auprès de nos clients, de nos fournisseurs.
Au-delà du réchauffement climatique, nous estimons que notre métier joue un rôle essentiel dans le monde moderne, en favorisant la découverte de l’Autre, en mélangeant les cultures, en sensibilisant nos clients aux enjeux sociétaux du développement durable/soutenable.
TourMaG.com - Pensez-vous qu’il faille revoir la façon dont on consomme « le tourisme » ?
F.P. : En tant que citoyen, je pense que les deux leviers sont l’éducation des peuples et la taxe. « Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants » (Saint-Exupéry).
Notre rôle d’agent de voyages est de sensibiliser nos clients aux impacts de leur voyage. Je suis fou de rage quand je lis sur un site web mensonger qu’on peut compenser l’impact carbone d’un vol Paris New-York en donnant 3€… De qui se moque-t-on ?
Le coût de la compensation de ce voyage est proche du montant du billet. Les TO devraient avoir l’obligation de chiffrer l’impact carbone (même approximatif) des voyages qu’ils produisent.
Les voyageurs d’affaires devraient pouvoir choisir leur mode de déplacement en fonction des émissions de CO2 de leurs moyens de transport.
Ensuite, nous pourrions les récompenser en leur attribuant des points d’économie de carbone qui pourraient leur donner droit à des récompenses ou des citations.
Enfin, oui, il faut taxer plus fortement les transports les plus polluants. Celui qui pollue doit payer. Mais la mise en œuvre n’en sera pas facile, et jamais équitable.
TourMaG.com - Et comment l’appliquez-vous ou qu’envisagez-vous pour votre entreprise ?
F.P. : Il y a environ 10 ans, nous avions mis en avant l’offre "Chouette Nature" des centres d’hébergement Cap France. Cela n’a rien donné.
Nous ne devons pas baisser les bras : toujours former nos équipes, toujours informer nos clients. Il y a une (petite) proportion de nos clients qui souhaitent des voyages plus respectueux de l’environnement.
Si nous ne le faisons pas pour les autres, faisons-le au moins pour ceux qui ont envie d’agir pour protéger notre planète. Le développement durable est déjà bien présent dans les programmes scolaires, mais il devrait l’être encore davantage dans les écoles de tourisme.
Notre industrie et son avenir dépendent directement de l’état de notre planète. Je suis tout sauf « un écolo pastèque » (vert dehors et rouge à l’intérieur).
Pour paraphraser Clémenceau, l’écologie est un sujet trop important pour qu’on le confie aux hommes politiques.
Les voyageurs d’affaires devraient pouvoir choisir leur mode de déplacement en fonction des émissions de CO2 de leurs moyens de transport.
Ensuite, nous pourrions les récompenser en leur attribuant des points d’économie de carbone qui pourraient leur donner droit à des récompenses ou des citations.
Enfin, oui, il faut taxer plus fortement les transports les plus polluants. Celui qui pollue doit payer. Mais la mise en œuvre n’en sera pas facile, et jamais équitable.
TourMaG.com - Et comment l’appliquez-vous ou qu’envisagez-vous pour votre entreprise ?
F.P. : Il y a environ 10 ans, nous avions mis en avant l’offre "Chouette Nature" des centres d’hébergement Cap France. Cela n’a rien donné.
Nous ne devons pas baisser les bras : toujours former nos équipes, toujours informer nos clients. Il y a une (petite) proportion de nos clients qui souhaitent des voyages plus respectueux de l’environnement.
Si nous ne le faisons pas pour les autres, faisons-le au moins pour ceux qui ont envie d’agir pour protéger notre planète. Le développement durable est déjà bien présent dans les programmes scolaires, mais il devrait l’être encore davantage dans les écoles de tourisme.
Notre industrie et son avenir dépendent directement de l’état de notre planète. Je suis tout sauf « un écolo pastèque » (vert dehors et rouge à l’intérieur).
Pour paraphraser Clémenceau, l’écologie est un sujet trop important pour qu’on le confie aux hommes politiques.
Retrouvez tous les témoignages des pros du tourisme de notre série (verte) de l'été 2019 en cliquant sur ce lien.