"Si en matière économique, il est quelque chose d'extrêmement fragile c’est bien l’image qualitative d’une entreprise, d’une destination touristique. La France est, dit-on, la première destination touristique du monde. Selon les chiffres officiels, elle accueille, bon an, mal an, plus de 70 millions de visiteurs. Mais cette place de leader, l'Hexagone la conservera-t-elle encore longtemps ?
Il ne faut jamais oublier que le tourisme se base non seulement sur l’intérêt de la destination (curiosités culturelles, architecturales, naturelles, …) mais également sur la garantie de la sécurité physique des touristes, et sur la qualité de l’accueil. De ce trio va découler l’image globale touristique dégagée par un pays, une destination.
Or, cette année, on ne peut pas dire que celle de la France soit ressortie renforcée à l’étranger. Les attentats en Corse, les incendies de forêts et les 11.435 victimes de la canicule, risquent d’avoir une influence sur la décision de nombre de touristes à se rendre en France dans les mois prochains, et même dans les années qui suivent. Or, les vraies causes et responsabilités de ces évènements ne sont pas à chercher à l’étranger, comme la guerre du Golfe II ou encore dans les attentats du 11 septembre ou la crise économique, mais bel et bien en France.
La sécurité : en France aussi, les attentats pleuvent...
Il n’y a pas qu’en Espagne, en Irak ou en Tunisie que des attentats ont lieu, que des bombes explosent…en France aussi. Jusqu’à présent, le lieu de « chalandise » des donneurs d’ordre se limite à la seule Corse et, heureusement, les attentats n’ont quasiment pas fait de victimes civiles. Mais rien ne dit que les responsables autonomistes corses n’envisagent, un jour, d’étendre leurs actions sur le continent.
Mieux : le fait que les compagnies d’assurances françaises aient décidé de ne plus couvrir les biens immobiliers des non-résidants en Corse en dit long sur le réel degré de confiance que ces professionnels ont de la région, et de la capacité des forces de l’ordre à maintenir la sécurité dans l’Île de Beauté.
Les images des incendies de cet été qui ont ravagé le Sud de la France et le Portugal ont été montrées sur les écrans de toutes les télés du monde. Les Belges, par exemple, ont pu constater la désorganisation totale des secours français. Pourtant ces organismes ont l’expérience de ce type de sinistre puisque, d’année en année, ceux-ci se reproduisent.
On ne nous convaincra jamais, que les incendies qui ont ravagé certains campings de la Côte d’Azur ont été si soudains qu’il a été impossible d’évacuer les vacanciers et leur matériel à temps et en bon ordre. Si les instructions avaient été données au bon moment, certains touristes sinistrés n’auraient pas tout perdu (voitures, tentes, caravanes, …). Comme en plus, certaines compagnies d’assistance ont hésité à intervenir, autant dire que plus d’un campeur ne savait plus à quel saint se vouer….
Les 11.435 victimes de "déshydratation"
Déshydratation … Quel beau mot scientifique pour édulcorer le fait que 11.435 personnes vivant en France sont décédées faute de solidarité, de soins et/ou de suivi médical. Et si 11.435 semble être un chiffre abstrait pour vous, il suffit de dire que cela correspond à la population, à quelques unité près, de villes comme Sainte-Maxime ou Briançon. Et le pire est encore à venir, puisque ce ne sont là que des chiffres provisoires.
A l’étranger, les télés ont montré des couloirs des hôpitaux encombrés de lits ainsi que des images de vieillards littéralement laissés à l’abandon par leurs proches ou par les institutions officielles dont la mission était pourtant de s’occuper d’eux. Comble de l’humour noir : l’alerte ne semble même pas avoir été donnée par les structures médicales elles-mêmes, mais par les … croques-morts.
Restons dans le cynisme, en rappelant que les vacances d’août sont tellement sacrées que même le Président de la République et le Ministre de la Santé n’ont même jugés bon d’interrompre les leurs lorsque l’ampleur du désastre est apparue. Cela n’a rien à voir avec le tourisme diront certains. Pas si sûr : des milliers de Belges et de Suisses envisagent de finir leurs vieux jours sur la Côte d’Azur. Il s’agit donc de tourisme résidentiel. Qui plus est des plus intéressants, puisque concernant de personnes généralement fortunées. Il est tout à fait logique que pour celles-ci l’organisation des soins de santé soit un élément important quant à leur décision finale.
Or, l’image de la France incapable de sauvegarder ses vieillards risque d’être ancrée dans les mémoires et d’en faire réfléchir plus d’un. Comme celles du feu détruisant des caravanes, des bâtiments publics en Corse soufflés par les bombes, des couloirs des hôpitaux encombrés de malades, comme dans certains pays d’Afrique...
Certains touristes, surtout parmi les plus âgés, vont s’interroger quant à la pertinence de passer encore leurs vacances en France ou de s’y établir pour leur retraite. Je ne leur donnerai, personnellement, pas tort...
Michel Ghesquière à Bruxelles - 1er septembre 2003
michel.ghesquiere@euronet.be
Il ne faut jamais oublier que le tourisme se base non seulement sur l’intérêt de la destination (curiosités culturelles, architecturales, naturelles, …) mais également sur la garantie de la sécurité physique des touristes, et sur la qualité de l’accueil. De ce trio va découler l’image globale touristique dégagée par un pays, une destination.
Or, cette année, on ne peut pas dire que celle de la France soit ressortie renforcée à l’étranger. Les attentats en Corse, les incendies de forêts et les 11.435 victimes de la canicule, risquent d’avoir une influence sur la décision de nombre de touristes à se rendre en France dans les mois prochains, et même dans les années qui suivent. Or, les vraies causes et responsabilités de ces évènements ne sont pas à chercher à l’étranger, comme la guerre du Golfe II ou encore dans les attentats du 11 septembre ou la crise économique, mais bel et bien en France.
La sécurité : en France aussi, les attentats pleuvent...
Il n’y a pas qu’en Espagne, en Irak ou en Tunisie que des attentats ont lieu, que des bombes explosent…en France aussi. Jusqu’à présent, le lieu de « chalandise » des donneurs d’ordre se limite à la seule Corse et, heureusement, les attentats n’ont quasiment pas fait de victimes civiles. Mais rien ne dit que les responsables autonomistes corses n’envisagent, un jour, d’étendre leurs actions sur le continent.
Mieux : le fait que les compagnies d’assurances françaises aient décidé de ne plus couvrir les biens immobiliers des non-résidants en Corse en dit long sur le réel degré de confiance que ces professionnels ont de la région, et de la capacité des forces de l’ordre à maintenir la sécurité dans l’Île de Beauté.
Les images des incendies de cet été qui ont ravagé le Sud de la France et le Portugal ont été montrées sur les écrans de toutes les télés du monde. Les Belges, par exemple, ont pu constater la désorganisation totale des secours français. Pourtant ces organismes ont l’expérience de ce type de sinistre puisque, d’année en année, ceux-ci se reproduisent.
On ne nous convaincra jamais, que les incendies qui ont ravagé certains campings de la Côte d’Azur ont été si soudains qu’il a été impossible d’évacuer les vacanciers et leur matériel à temps et en bon ordre. Si les instructions avaient été données au bon moment, certains touristes sinistrés n’auraient pas tout perdu (voitures, tentes, caravanes, …). Comme en plus, certaines compagnies d’assistance ont hésité à intervenir, autant dire que plus d’un campeur ne savait plus à quel saint se vouer….
Les 11.435 victimes de "déshydratation"
Déshydratation … Quel beau mot scientifique pour édulcorer le fait que 11.435 personnes vivant en France sont décédées faute de solidarité, de soins et/ou de suivi médical. Et si 11.435 semble être un chiffre abstrait pour vous, il suffit de dire que cela correspond à la population, à quelques unité près, de villes comme Sainte-Maxime ou Briançon. Et le pire est encore à venir, puisque ce ne sont là que des chiffres provisoires.
A l’étranger, les télés ont montré des couloirs des hôpitaux encombrés de lits ainsi que des images de vieillards littéralement laissés à l’abandon par leurs proches ou par les institutions officielles dont la mission était pourtant de s’occuper d’eux. Comble de l’humour noir : l’alerte ne semble même pas avoir été donnée par les structures médicales elles-mêmes, mais par les … croques-morts.
Restons dans le cynisme, en rappelant que les vacances d’août sont tellement sacrées que même le Président de la République et le Ministre de la Santé n’ont même jugés bon d’interrompre les leurs lorsque l’ampleur du désastre est apparue. Cela n’a rien à voir avec le tourisme diront certains. Pas si sûr : des milliers de Belges et de Suisses envisagent de finir leurs vieux jours sur la Côte d’Azur. Il s’agit donc de tourisme résidentiel. Qui plus est des plus intéressants, puisque concernant de personnes généralement fortunées. Il est tout à fait logique que pour celles-ci l’organisation des soins de santé soit un élément important quant à leur décision finale.
Or, l’image de la France incapable de sauvegarder ses vieillards risque d’être ancrée dans les mémoires et d’en faire réfléchir plus d’un. Comme celles du feu détruisant des caravanes, des bâtiments publics en Corse soufflés par les bombes, des couloirs des hôpitaux encombrés de malades, comme dans certains pays d’Afrique...
Certains touristes, surtout parmi les plus âgés, vont s’interroger quant à la pertinence de passer encore leurs vacances en France ou de s’y établir pour leur retraite. Je ne leur donnerai, personnellement, pas tort...
Michel Ghesquière à Bruxelles - 1er septembre 2003
michel.ghesquiere@euronet.be