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Tourisme : qu'attendent les professionnels de l'allocution d'Emmanuel Macron ?

De Pierre éacances à Marietton en passant par Logis et Resaneo


Plongés dans un brouillard s'épaississant à mesure que novembre s'écoule, les professionnels du tourisme auront les yeux rivés à leur télévision, ce mardi 24 novembre 2020. Emmanuel Macron doit parler pour donner "un cap" et lever le flou entourant l'avenir des Français. Alors que la saison doit débuter pleinement dans quelques jours, qu'espèrent Pierre & Vacances et Logis Hôtels ? De quoi rêvent Marietton et Resaneo ? Les patrons de ces entreprises et Joël Retailleau le DG de l'ANMSM, nous font part de leurs espoirs pour cet hiver 2020.


Rédigé par le Lundi 23 Novembre 2020

De Pierre & Vacances à Marietton en passant par Logis et Resaneo, tous attendent beaucoup d'Emmanuel Macron - Crédit photo : Depositphotos @ifeelstock
De Pierre & Vacances à Marietton en passant par Logis et Resaneo, tous attendent beaucoup d'Emmanuel Macron - Crédit photo : Depositphotos @ifeelstock
Avant 2020, les audiences historiques étaient trustées par les finales de coupe du Monde ou d'Euro de football.

Depuis le début de l'année, les allocutions du chef de l'Etat font des scores hégémoniques.

Malheureusement, ce mardi 24 novembre 2020, les Français ne vont pas se précipiter sur leurs écrans pour admirer les performances d'un club ou d'une équipe de foot, mais pour suivre la nouvelle allocution du Président de la République.

Celui-ci a décidé de sortir de son mutisme médiatique pour donner "un cap" à la population, car rien n'est pire que l'incertitude. Les professionnels du tourisme ne diront pas le contraire.

D'ailleurs, à 20h, nul doute qu'ils écouteront attentivement l'allocution présidentielle, avec des attentes diverses et variées.

"Des attentes je ne sais pas, mais j'ai des rêves, j'aimerais que nous soyons tous vaccinés contre ce virus (rire, ndlr).

Plus sérieusement nous souhaitons de la clarté et de la certitude,
" plaide Raphaël Torro, le président de Resaneo.

Et la clarté, justement, c'est ce qu'attendent les acteurs de la montagne, alors que le pouls des maires fait le yo-yo à mesure que les rumeurs sont relayées dans la presse.

Une réouverture des stations de ski pour quand ?

"Nous espérons une date butoir sur la prise de décision, car la pire des choses serait d'avoir une confirmation la veille pour le lendemain," explique Grégory Sion, le directeur de la marque Pierre & Vacances.

Lire : Ouverture saison hiver : "J'espère que le gouvernement ne refera pas l'erreur de cet été..." déclare Didier Arino

Alors que nos confrères du "Monde" annonçaient que rien n'était tranché en ce qui concerne les stations de ski, les élus locaux se sont entretenus avec Jean Castex, le Premier Ministre ce lundi 23 novembre 2020.

Il en ressort "des échanges constructifs pas seulement avec le Premier ministre, mais aussi avec d'autres membres du gouvernement," nous confie Joël Retailleau, le directeur général de l'Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM).

Un rendez-vous qui devait permettre d'exposer les problématiques des professionnels de la montagne, de prendre la tension des élus locaux, mais pas seulement.

"Cela nous a permis de travailler ensemble et se projeter, nous l'espérons, sur une réouverture," se félicite le responsable de l'Association.

D'après une source proche du dossier, la lente amélioration des indicateurs sanitaires aurait fait changer de ton du gouvernement.

Pour la première fois depuis des semaines, l'exécutif a regardé les scénarios de réouverture des stations, une avancée positive qui ne dit rien sur ce qu'il se passera lors des prochaines vacances.

"Le Premier ministre nous a dit qu'une décision sera communiquée dans les 10 jours. Quant au protocole sanitaire, il doit être validé dans la semaine," fixe Joël Retailleau.

Ce dernier qui a été élaboré durant tout le mois d'octobre, est entre les mains de la Cellule interministérielle de crise, sans réponse pour le moment.

En attendant ce dénouement favorable ou non, tout le monde se tient prêt, surtout du côté de Pierre & Vacances.

Seulement un enjeu à court terme ?

Avec une confirmation de la réouverture début décembre, les professionnels pourront sauver les très rémunératrices fêtes de fin d'année.

"Nous sommes à 45% de taux de remplissage pour Noël, ce qui est très loin de ce que nous faisons d'habitude, mais nettement mieux qu'à la sortie du 1er confinement," précise le spécialiste de la résidence de vacances.

Le deuxième épisode du confinement a été moins brutal pour les acteurs du tourisme.

"ll nous a fait faire des économies," ironiserait presque Laurent Abitbol, le président de Marietton Developpement.

Se voulant allégé pour permettre aux entreprises de ne pas fermer et alors que les Français ont appris de la 1ère séquence, les entreprises du tourisme n'ont pas fait un 0 pointé en novembre.

"Jusqu'à la semaine du 11 novembre l'activité était plutôt pas mal, avec une baisse entre -25% et -30%, grâce à la clientèle affaires.

Mais depuis ce jour férié, la demande a chuté,
" témoigne Karim Soleilhavoup, le directeur général de Logis Hôtels.

Avec une incertitude croissante et des ventes loisirs totalement bloqués, certains hôteliers ont décidé de fermer leurs établissements par anticipation.

Toutefois, pour le patron du réseau d'hôtels indépendant, il ne fait pas de doute qu'il sera possible de sauver l'hiver, en cas de bonne nouvelle.

"Depuis cet été , le vrai changement réside dans les réservations de dernière minute qui ont explosé. Le désir de voyager est toujours là, haut les coeurs !"

L'optimisme est aussi le maître-mot pour Pierre & Vacances.

Alors que toutes les résidences à la montagne seront ouvertes, sans jauge mais avec un protocole renforcé, l'entreprise a décidé de recruter 500 saisonniers au plus tard le 14 décembre.


"Personne ne s'attendait à ce que juillet et août soient aussi bons, donc je suis très confiant au niveau des ventes," prédit Grégory Sion.

Un optimiste qui pourrait être douché, par une prochaine absence d'autorisation des déplacements loisirs.

Pour Raphaël Torro, il ne fait pas de doute que si le gouvernement autorise les retours dans les familles, il sera aussi possible de partir en vacances.

"Se limiter au seul motif des rassemblements familiaux, cela deviendrait ingérable pour les autorités. Après il nous faut de la visibilité mais au-delà de Noël."

Et permettre aux Français de se projeter sur l'année 2021.

Une chose est sûre, moins Emmanuel Macron donnera de réponses claires et plus le flou ambiant jouera en défaveur des voyageurs.

Les DOM-TOM, unique bouée de sauvetage des agences ?

"Nous sommes prêts, il faut laisser les Français se déplacer, tout en renforçant les contrôles dans les établissements ouverts. Je n'ai pas de problème à fermer ceux qui ne le respectent pas," affirme le patron de Logis Hôtels.

Si personne ne sait ce qu'annoncera le Président de la République, ce dernier doit prendre conscience que l'incertitude ne joue pas en faveur des voyageurs.

Face à une demande accrue, les compagnies pourraient bien profiter de l'occasion pour se refaire une trésorerie.

"L'anticipation qui existait avant pour bénéficier des petits prix n'a pas été possible, puis vous ajoutez le yield adopté par les transporteurs.

Je crains que les prix ne s'envolent,
" analyse Raphaël Torro. Surtout que les transporteurs s'amuseraient à annuler les billets les moins chers pour augmenter leurs marges.

Toutefois, alors que le président devrait annoncer une réouverture des commerces non essentiels, cela ne devrait pas entraîner un afflux massif dans les agences de voyages.

Coincés dans le "en même temps..." cher à Emmanuel Macron, les distributeurs ne peuvent pas envoyer leurs clients n'importe où, faute de dérogation.

"Franchement, je n'attends pas de lui que l'Australie ou l'Amérique ouvrent.

La France n'est pas fermée. Il fera que nous devons ouvrir nos points de vente, s'il n'y a pas de choix nous le ferons,
" confie résigné Laurent Abitbol, le président de Marietton Developpement.

Historiquement décembre n'est pas un gros mois de commandes, mais privé de destinations, il ne fait pas de doute que la réouverture ne servira pas à grand-chose.

Pire, même les réseaux se retrouveront, une nouvelle fois avec des comptes dans le rouge.

D'autant plus si les stations ne peuvent finalement pas accueillir de skieurs, car les agences seront privées des Clubs à la montagne. Quid alors des DOM TOM ?

"Ce serait bien qu'ils rouvrent.

b[Les Outre-mer peuvent en partie sauver la fin de saison,
mais seulement pour quelques acteurs spécialistes," selon Raphaël Torro.

Alors "qu'il n'y a plus d'activité" dans les agences ou presque, l'enjeu est d'ores et déjà de savoir si le prochain exercice sera similaire au précédent.

Une réponse qui ne devrait pas être donnée dans les heures à venir, car le gouvernement souhaite offrir une soupape de décompression aux Français et maitriser la pandémie.

Les autres souhaits risquent d'être remis au calendes grecques.

"La non-ouverture des établissements saisonniers sera absolument dramatique"

En attendant, le premier des combats avant de faire plaisir aux actionnaires et aux financiers, reste d'assurer la pérennité des entreprises.

"La non-ouverture des établissements saisonniers sera absolument dramatique. Nos attentes sont très claires, il nous faut de la visibilité, de l'équité et du soutien," espère Karim Soleilhavoup..

Gros ou pas cela ne change pas, tous ont à la bouche une action de l'Etat plus profonde pour ne pas voir le tissu touristique durablement fragilisé.

La première des priorités reste de régler l'urgence des congés payés.

"Les congés payés doivent être pris en charge, c'est très important, car cela pèse 15% des coûts salariaux globaux. Il y a des discussions importantes à ce niveau," annonce Laurent Abitbol.

Ce n'est pas la seule demande de l'industrie.

Alors que la reprise va être longue malgré l'espoir d'un vaccin, il convient à l'exécutif de rassurer les entrepreneurs. Pour cela, le directeur général de Logis Hôtels souhaite que le chômage partiel à 100% soit prolongé jusqu'à la fin de l'année 2021.

Selon lui, il sera nécessaire aussi de décaler la première échéance du PGE (Prêt garanti par l'Etat) au printemps 2022.


"Nous demandons que le gouvernement fasse preuve de fermeté avec les bailleurs, comme il l'a fait avec nous.

Il faut leur imposer une réduction drastique des loyers, c'est un vrai sujet,
" soulève le patron de Logis Hôtels. Pour lui l'hiver 2020 serait celui de tous les dangers, alors que les hôteliers montrent des signaux inquiétants de fragilité.

Une certitude : Emmanuel Macron ne donnera pas de cap à moyen ou long terme.

"Nous n'avons plus que quelques mois à attendre pour sortir de cette crise. Nous devons nous assurer qu'il n'y aura pas de 3e vague et de nouveau confinement," fixe comme cap Grégory Sion.

Chef de l'Etat comme patrons du tourisme, l'envie est la même : parler de la covid-19 au passé.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Martino180 le 24/11/2020 08:49 | Alerter
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Le chef de l'état patron des GAFAM qui continuent à faire partir des touristes même en période de confinement...

2.Posté par Pierre le 24/11/2020 09:36 | Alerter
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Il faut surtout prendre conscience pour les agences de voyages du paiement des loyers avec un an d’inactivité . Pour la distribution c’est vital . Nous attendons des réseaux une avancée significative sur ce point . Le crédit d’impôt prôné par l’état au bailleur est une mesure ridicule et totalement insuffisante .

3.Posté par Eme le 24/11/2020 13:22 | Alerter
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Plusieurs médias prédisent déjà une 3ème vague ; le 22 novembre, L'Obs publie un article "L'OMS s'inquiète déjà d'une possible 3ème vague de Covid début 2021 en Europe". Marie Claire publie le 16/11/2020 : Karine Lacombe : "Un 3ème reconfinement n'est pas complètement exclu", pour ne citer qu'eux.
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la presse !
Nous prépare-t'on psychologiquement ?

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