Ouvert en 1899, c'est l'un des palaces mythiques du monde. Depuis trois ans des travaux ont été entrepris pour lui redonner sa splendeur d'antan
En cette fin de printemps 2011, Louxor somnole et se languit de ses touristes. Dans cette ville où on estime que 75% de la population vit - ou survit - grâce au tourisme, la situation est réellement dramatique.
Mais l’Egyptien essaie toujours de rester philosophe : « Ils reviendront ! ».
De fait, si c’est la désaffection temporaire qui inquiète ces jours-ci, à long terme c’est plutôt la nécessaire adaptation à un tourisme de plus en plus massifié qui pose question.
Surtout à Louxor, où l’esprit a toujours été bon enfant et les règles faites pour être contournées ! Qui n’a pas déjà visité un temple avec un guide improvisé qui encourage à toucher du doigt des fresques fragiles ?
Mais l’Egyptien essaie toujours de rester philosophe : « Ils reviendront ! ».
De fait, si c’est la désaffection temporaire qui inquiète ces jours-ci, à long terme c’est plutôt la nécessaire adaptation à un tourisme de plus en plus massifié qui pose question.
Surtout à Louxor, où l’esprit a toujours été bon enfant et les règles faites pour être contournées ! Qui n’a pas déjà visité un temple avec un guide improvisé qui encourage à toucher du doigt des fresques fragiles ?
Louxor a fait l’objet de nombreux plans de réaménagement
En saison « normale », des milliers de personnes se pressent chaque jour dans les tombeaux de la nécropole thébaine.
Depuis déjà plusieurs années, les guides n’ont plus le droit d’y accompagner leurs groupes, pour réduire le temps de visite et limiter ainsi l’impact des respirations sur les peintures millénaires.
Certaines tombes sont désormais fermées au public, d’autres limitent le nombre de visiteurs ou ferment par périodes.
Vitrine culturelle de l’Egypte, Louxor a fait l’objet de nombreux plans de réaménagement depuis la fin des années quatre-vingt : l’Unesco, la Banque Mondiale, le ministère égyptien de l’habitat et enfin le PNUD, à partir de 1996, ont successivement imaginé des projets visant à sauvegarder ce trésor de l’humanité.
Depuis déjà plusieurs années, les guides n’ont plus le droit d’y accompagner leurs groupes, pour réduire le temps de visite et limiter ainsi l’impact des respirations sur les peintures millénaires.
Certaines tombes sont désormais fermées au public, d’autres limitent le nombre de visiteurs ou ferment par périodes.
Vitrine culturelle de l’Egypte, Louxor a fait l’objet de nombreux plans de réaménagement depuis la fin des années quatre-vingt : l’Unesco, la Banque Mondiale, le ministère égyptien de l’habitat et enfin le PNUD, à partir de 1996, ont successivement imaginé des projets visant à sauvegarder ce trésor de l’humanité.
Faire de Louxor un grand musée à ciel ouvert
Le dernier en date, en cours de réalisation, est d’une ampleur pharaonique.
Il est d’ailleurs baptisé Louxor 2030, ce qui indique assez bien qu’il s’inscrit dans la durée ! Le but est de faire de Louxor un grand musée à ciel ouvert, où les flux touristiques seront soigneusement planifiés, pour davantage de fluidité.
Au cœur de la ville moderne, une corniche a été dessinée le long du Nil, au niveau du Musée. A terme, elle se prolongera jusqu’à l’hôtel Old Winter et sera réservée aux piétons.
En parallèle, l’Allée des Sphinx, qui reliait autrefois le temple de Louxor au complexe de Karnak, à 2,7 km plus au nord, est en cours de dégagement, pour offrir un deuxième axe piéton nord-sud.
Il a fallu démolir pas mal de maisons et reloger les habitants dans des villes nouvelles construites à la périphérie et cette initiative ambitieuse n’a pas fait que des heureux.
Il est d’ailleurs baptisé Louxor 2030, ce qui indique assez bien qu’il s’inscrit dans la durée ! Le but est de faire de Louxor un grand musée à ciel ouvert, où les flux touristiques seront soigneusement planifiés, pour davantage de fluidité.
Au cœur de la ville moderne, une corniche a été dessinée le long du Nil, au niveau du Musée. A terme, elle se prolongera jusqu’à l’hôtel Old Winter et sera réservée aux piétons.
En parallèle, l’Allée des Sphinx, qui reliait autrefois le temple de Louxor au complexe de Karnak, à 2,7 km plus au nord, est en cours de dégagement, pour offrir un deuxième axe piéton nord-sud.
Il a fallu démolir pas mal de maisons et reloger les habitants dans des villes nouvelles construites à la périphérie et cette initiative ambitieuse n’a pas fait que des heureux.
Création d’un nouvel embarcadère au sud de la ville
Après le 25 janvier, tous les chantiers se sont arrêtés. Le gouverneur de la région, Samir Farag, un proche du président Moubarak, a été mis en prison et son remplaçant n’a pas encore relancé la machine.
Peut-être pour une question d’argent, dit-on là-bas. « Il faut tout recalculer, réévaluer les projets, redéfinir les priorités », reconnaît Amr El Ezaby directeur de l’Office du Tourisme.
Autre projet d’envergure : la création d’un nouvel embarcadère au sud de la ville, au-delà du pont qui relie les deux rives du Nil. Une véritable marina en fait, destinée à accueillir les bateaux de croisière en escale à Louxor.
Ils auront davantage de place qu’au centre et il y aura moins de pollution en ville, entre eaux usées et dégazages sauvages … L’avantage sera aussi visuel, avec un Nil dégagé de cette image un peu cauchemardesque de navires évoquant des « fers à repasser » qui s’entassent parfois sur 8, 9, 10 rangées …
Là aussi, la révolution a grippé le mécanisme : le propriétaire du terrain refuserait désormais de vendre son lopin de terre.
Il faudra donc peut-être chercher un autre lieu mais, à terme, le déménagement total des bateaux déjà amorcé, est chose sûre, à Louxor comme à Assouan. Et le badaud jouira de nouveau du spectacle de quelques felouques voguant gracieusement sur le fleuve, image d’Epinal d’un Nil éternel …
Peut-être pour une question d’argent, dit-on là-bas. « Il faut tout recalculer, réévaluer les projets, redéfinir les priorités », reconnaît Amr El Ezaby directeur de l’Office du Tourisme.
Autre projet d’envergure : la création d’un nouvel embarcadère au sud de la ville, au-delà du pont qui relie les deux rives du Nil. Une véritable marina en fait, destinée à accueillir les bateaux de croisière en escale à Louxor.
Ils auront davantage de place qu’au centre et il y aura moins de pollution en ville, entre eaux usées et dégazages sauvages … L’avantage sera aussi visuel, avec un Nil dégagé de cette image un peu cauchemardesque de navires évoquant des « fers à repasser » qui s’entassent parfois sur 8, 9, 10 rangées …
Là aussi, la révolution a grippé le mécanisme : le propriétaire du terrain refuserait désormais de vendre son lopin de terre.
Il faudra donc peut-être chercher un autre lieu mais, à terme, le déménagement total des bateaux déjà amorcé, est chose sûre, à Louxor comme à Assouan. Et le badaud jouira de nouveau du spectacle de quelques felouques voguant gracieusement sur le fleuve, image d’Epinal d’un Nil éternel …
Sur la rive Ouest aussi, les choses bougent
Sur la rive Ouest aussi, les choses bougent.
La montagne thébaine vient de s’offrir des habits de lumière : en soirée, des jeux de projecteurs la mettent en valeur, prémices d’un futur proche où des visites nocturnes seront organisées.
En été, si chaud, l’alternative paraît franchement séduisante et Louxor pourra alors allonger sa saisonnalité.
Les villages construits sur les contreforts de la montagne-nécropole, souvent directement au-dessus des tombes, ont été évacués au cours de ces dernières années.
Quelque 4000 habitants ont dû être relogés et les protestations ont parfois été très vives, comme à Gourna, où le passage des touristes avait permis de développer une économie informelle lucrative.
A ce jour, seules quelques maisons ont été conservées, en témoignage d’une histoire moins « ancienne » de la région. Elles seront rénovées et serviront d’hébergement aux archéologues. On estime que quelque 500 tombes sont encore à fouiller dans cette zone …
La montagne thébaine vient de s’offrir des habits de lumière : en soirée, des jeux de projecteurs la mettent en valeur, prémices d’un futur proche où des visites nocturnes seront organisées.
En été, si chaud, l’alternative paraît franchement séduisante et Louxor pourra alors allonger sa saisonnalité.
Les villages construits sur les contreforts de la montagne-nécropole, souvent directement au-dessus des tombes, ont été évacués au cours de ces dernières années.
Quelque 4000 habitants ont dû être relogés et les protestations ont parfois été très vives, comme à Gourna, où le passage des touristes avait permis de développer une économie informelle lucrative.
A ce jour, seules quelques maisons ont été conservées, en témoignage d’une histoire moins « ancienne » de la région. Elles seront rénovées et serviront d’hébergement aux archéologues. On estime que quelque 500 tombes sont encore à fouiller dans cette zone …
Nil : les Britanniques, les Allemands, les Français et les Américains sont les plus nombreux
Ce sont les Britanniques, les Allemands, les Français et les Américains qui sont les plus nombreux sur le Nil, les clients d’Europe de l’Est, à l’exception des Polonais, n’y faisant qu’un bref passage dans le cadre d’une excursion d’une journée.
On commence aussi à voir des Chinois, qui, comme les Japonais, optent pour des séjours « express » : une nuit à Louxor, une autre à Assouan pour aller voir Abou Simbel, deux au Caire et hop, les voilà déjà à Istanbul.
Mais, comme partout ailleurs dans le monde, ils seront de plus en plus nombreux…
Et l'Égypte vient d’annoncer son intention de démarcher activement tous les Bric’s, qui ne sont pas particulièrement des amateurs de balnéaire.
On va donc se bousculer sur le Nil dans les prochaines années ! Un argument supplémentaire pour inciter les clients à y repartir vite …
On commence aussi à voir des Chinois, qui, comme les Japonais, optent pour des séjours « express » : une nuit à Louxor, une autre à Assouan pour aller voir Abou Simbel, deux au Caire et hop, les voilà déjà à Istanbul.
Mais, comme partout ailleurs dans le monde, ils seront de plus en plus nombreux…
Et l'Égypte vient d’annoncer son intention de démarcher activement tous les Bric’s, qui ne sont pas particulièrement des amateurs de balnéaire.
On va donc se bousculer sur le Nil dans les prochaines années ! Un argument supplémentaire pour inciter les clients à y repartir vite …
280 unités naviguent sur le Nil
Du côté des hôtels flottants, le nombre d’unités autorisées à naviguer sur le Nil n’a pas évolué depuis une dizaine d’années : 280.
Au fil du temps, on voit moins de bateaux à demi en ruines, plus d’unités neuves et de plus en plus luxueuses.
En parallèle, puisqu’il n’est plus possible d’obtenir de nouveaux permis de navigation, des petits malins ont cru trouver la faille en construisant des bateaux baptisés « dahabieh » mais qui n’en avaient plus que le nom : loin des unités traditionnelles des débuts, ces nouvelles embarcations, avec parfois plus de 30 cabines détournaient l’esprit du produit.
Les autorités ont réagi et ont récemment interdit à une vingtaine de ces « fausses » dahabieh de naviguer.
Au fil du temps, on voit moins de bateaux à demi en ruines, plus d’unités neuves et de plus en plus luxueuses.
En parallèle, puisqu’il n’est plus possible d’obtenir de nouveaux permis de navigation, des petits malins ont cru trouver la faille en construisant des bateaux baptisés « dahabieh » mais qui n’en avaient plus que le nom : loin des unités traditionnelles des débuts, ces nouvelles embarcations, avec parfois plus de 30 cabines détournaient l’esprit du produit.
Les autorités ont réagi et ont récemment interdit à une vingtaine de ces « fausses » dahabieh de naviguer.
Opération peau neuve pour des établissements historiques
En approchant du Sofitel Winter Palace, à Louxor, on découvre l’absence de la tour soviétique du New Winter qui bordait le vénérable hôtel de style victorien.
Démolie pierre par pierre – en raison de sa proximité avec le temple de Louxor – elle a laissé place à une palissade qui dissimule le chantier de la future extension du palais : un bâtiment classique construit « à la manière de » doté d’une infinity pool avec vue sur le temple et le Nil. Quelle heureuse initiative !
Pour le reste, rien n’a changé au Winter Palace : des espaces communs aux proportions majestueuses, un magnifique parc tropical, des chambres et suites au charme suranné, un personnel aux petits soins et une atmosphère unique.
En cette période de crise, les habitués sont venus plus nombreux qu’ailleurs profiter des lieux en toute quiétude : en avril, le Winter Palace affichait un taux d’occupation de 38,5%, près de deux fois plus que la moyenne des autres établissements de Louxor !
A Assouan, le Sofitel Old Cataract achève sa mue après trois ans de travaux. C’est l’architecte d’intérieur Sybille de Margerie qui a été choisie par le groupe Accor pour piloter la renaissance du mythique palace.
Ici, la tour datant de 1960 n’a pas été démolie mais repeinte de la même couleur brique que le palace et entièrement restructurée. Désormais baptisée Nile, l’aile moderne abrite 62 suites (au lieu de 175 chambres) ayant toutes vue sur le Nil. Dotées de généreuses terrasses et de magnifiques salles de bains, elle affichent un style résolument contemporain.
Un immense Spa complète l’équipement du Nile qui doit ouvrir en juillet en « soft opening » : l’occasion pour quelques privilégiés de tester les soins du Spa et de suivre les travaux de finition du Palace. Avis aux amateurs !
Passant de 135 à 76 suites, le Palace a également subi une véritable métamorphose mais dans un respect absolu de l’esprit des lieux, le décor jouant la carte du charme historique.
En septembre, le Old Cataract rouvrira en Sofitel Legend offrant à ses hôtes deux expériences différentes : charme vintage dans l’aile Palace, bien-être et luxe moderne dans l’aile Nile.
D’autres projets sont dans les starting-blocks. Toujours à Assouan, sur l’île d’Amoun, où se dressaient autrefois les Villas du Club Med, Orascom construit pour le compte du groupe LVMH un hôtel composé de 38 villas de très grand luxe qui arborera l’enseigne Cheval Blanc.
Sur l’île Elephantine, les travaux d’extension de l’hôtel Movenpick ont repris après des années d’interruption.
A Louxor, le Louxor Hotel, constuit en 1902, doit aussi être entièrement réaménagé : comme l’hôtel Shepheard au Caire, c’est le groupe Rocco Forte qui prendra en charge sa gestion.
A suivre :
Mercredi - Le Caire et ailleurs : Des nouveautés, des idées, le produit se diversifie toujours davantage
A Lire aussi : I - L'Egypte de Tahrir n'a pas révolutionné le tourisme
II - « L'Egypte, là où tout commence... » sauver l'été et... anticiper la reprise !
III - Enquête : l’Egypte recommence tout... y compris la reconquête de la clientèle !
IV - Enquête Egypte : mort sur le Nil pour les anciens ministres, lourdement condamnés
V - Enquête Egypte : le boom du balnéaire a métamorphosé le paysage touristique du pays
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