L’Europe doit très rapidement changer de cap et se doter « d'un programme ambitieux pour la décennie à venir en matière de vols habités. » Plus qu’une évolution, c’est une mini-révolution que doit faire la politique européenne de l’espace - Depositphotos.com Auteur 1xpert
Pendant des décennies, l'Europe a ignoré et n’a jamais voulu investir dans l’exploration spatiale humaine, préférant la robotique à l’homme.
L’ESA (Agence spatiale européenne) l’a dit à maintes reprises : « le vol habité est trop cher pour des gains scientifiques trop faible ».
Position également confirmée tout au long de ces années par les 27 ministres de l’Union Européenne en charge de l'espace.
Aujourd’hui volte-face, puisque le rapport du « groupe consultatif sur l'exploration humaine et robotique de l'espace pour l’Europe », mandaté par l’ESA, démontre noir sur blanc que l’Europe doit très rapidement changer de cap et se doter « d'un programme ambitieux pour la décennie à venir en matière de vols habités. » Plus qu’une évolution, c’est une mini-révolution que doit faire la politique européenne de l’espace.
L’ESA (Agence spatiale européenne) l’a dit à maintes reprises : « le vol habité est trop cher pour des gains scientifiques trop faible ».
Position également confirmée tout au long de ces années par les 27 ministres de l’Union Européenne en charge de l'espace.
Aujourd’hui volte-face, puisque le rapport du « groupe consultatif sur l'exploration humaine et robotique de l'espace pour l’Europe », mandaté par l’ESA, démontre noir sur blanc que l’Europe doit très rapidement changer de cap et se doter « d'un programme ambitieux pour la décennie à venir en matière de vols habités. » Plus qu’une évolution, c’est une mini-révolution que doit faire la politique européenne de l’espace.
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Vol habité Europe : que de temps perdu !
Il convient quand même de rappeler certains faits pour mesurer le temps perdu et les choix qui ont été faits en matière de politique spatiale.
Quand on pense que le projet Hermès (projet de navette spatiale européenne lancé en 1975 et abandonné en 1992) aurait pu nous mettre dans le peloton de tête des grandes nations spatiales, idem pour le projet Adeline conçu en 2015 qui présentait un étonnant concept de moteur détachable, capable de revenir sans étage se poser en Guyane pour être réutilisé.
Et que dire enfin du dernier projet Space Rider dont la fusée devait décoller en 2024 qui avait obtenu le feu vert de l’Agence spatiale européenne fin 2019, puis a été mis ‘’sous le couvercle’’ lors de la conférence de Toulouse en 2022.
Ces trois projets, comme tant d’autres resteront sans suite, victimes sans doute de ce que l’on a nommé "le Mal Français" et d’une technostructure scientifique peu encline à l’ouverture au privé.
Quand on pense que le projet Hermès (projet de navette spatiale européenne lancé en 1975 et abandonné en 1992) aurait pu nous mettre dans le peloton de tête des grandes nations spatiales, idem pour le projet Adeline conçu en 2015 qui présentait un étonnant concept de moteur détachable, capable de revenir sans étage se poser en Guyane pour être réutilisé.
Et que dire enfin du dernier projet Space Rider dont la fusée devait décoller en 2024 qui avait obtenu le feu vert de l’Agence spatiale européenne fin 2019, puis a été mis ‘’sous le couvercle’’ lors de la conférence de Toulouse en 2022.
Ces trois projets, comme tant d’autres resteront sans suite, victimes sans doute de ce que l’on a nommé "le Mal Français" et d’une technostructure scientifique peu encline à l’ouverture au privé.
Quelles orientations données à l'ESA ?
Les grandes orientations données à l’ESA par le "groupe consultatif sur l'exploration humaine et robotique de l'espace".
1°/ Les auteurs du rapport sont parfaitement clairs et précis sur la situation actuelle : « l'Europe a décidé de ne pas investir dans le leadership et l'autonomie en matière de vol habité, préférant plutôt collaborer. » Ils précisent également que : « l'ESA a toujours assumé (ndlr cette position), alors même que l'Europe pourrait maîtriser toutes les technologies nécessaires au développement d'un système de transport spatial habité. »
Ce constat est donc sans appel : oui l’Europe s’est entêtée à mettre de côté le vol habité alors qu’elle en avait toutes les compétences !
2°/ Les auteurs du rapport ont été surpris, voire étonnés, du peu d’investissement consacré au spatial en général et à l’exploration spatiale en particulier et par voie de conséquence au vol habité : « L'Europe dépense 1 milliard environ pour l'exploration spatiale sur un budget annuel de 7 milliards, quand les aides publiques à la pharmacie atteignent 40 milliards d'euros ou celle à l'automobile 60 milliards. »
3°/ Les auteurs du rapport soulignent également que « les estimations actuelles de l'économie spatiale mondiale se situent entre 350 et 450 milliards d'euros ; des prévisions indépendantes estiment que sa valeur atteindra 1 000 milliards d'euros avant 2040. » Aussi poursuivent-ils « L'Europe ne peut évidemment plus se permettre de ne rien faire alors que les Américains, les Chinois, les Russes, et bientôt les Indiens, sont autonomes en matière de vol habité », concluant sans détour : « Le coût de l'inaction dépasserait de loin l'investissement nécessaire pour faire de l'Europe un acteur spatial fort et indépendant ».
4°/ Les auteurs du rapport insistent enfin sur un changement de méthode de l’ESA, soulignant la nécessité de la compétition et de l'investissement privé : « L'ESA ne doit plus distribuer le travail entre les sociétés européennes, selon des critères de retour géographique (redistribuer aux industries des Etats contributeurs à concurrence des sommes engagées), mais lancer des appels d'offres ouverts (ndlr notamment au privé) à l'image de ce que fait la Nasa. »
1°/ Les auteurs du rapport sont parfaitement clairs et précis sur la situation actuelle : « l'Europe a décidé de ne pas investir dans le leadership et l'autonomie en matière de vol habité, préférant plutôt collaborer. » Ils précisent également que : « l'ESA a toujours assumé (ndlr cette position), alors même que l'Europe pourrait maîtriser toutes les technologies nécessaires au développement d'un système de transport spatial habité. »
Ce constat est donc sans appel : oui l’Europe s’est entêtée à mettre de côté le vol habité alors qu’elle en avait toutes les compétences !
2°/ Les auteurs du rapport ont été surpris, voire étonnés, du peu d’investissement consacré au spatial en général et à l’exploration spatiale en particulier et par voie de conséquence au vol habité : « L'Europe dépense 1 milliard environ pour l'exploration spatiale sur un budget annuel de 7 milliards, quand les aides publiques à la pharmacie atteignent 40 milliards d'euros ou celle à l'automobile 60 milliards. »
3°/ Les auteurs du rapport soulignent également que « les estimations actuelles de l'économie spatiale mondiale se situent entre 350 et 450 milliards d'euros ; des prévisions indépendantes estiment que sa valeur atteindra 1 000 milliards d'euros avant 2040. » Aussi poursuivent-ils « L'Europe ne peut évidemment plus se permettre de ne rien faire alors que les Américains, les Chinois, les Russes, et bientôt les Indiens, sont autonomes en matière de vol habité », concluant sans détour : « Le coût de l'inaction dépasserait de loin l'investissement nécessaire pour faire de l'Europe un acteur spatial fort et indépendant ».
4°/ Les auteurs du rapport insistent enfin sur un changement de méthode de l’ESA, soulignant la nécessité de la compétition et de l'investissement privé : « L'ESA ne doit plus distribuer le travail entre les sociétés européennes, selon des critères de retour géographique (redistribuer aux industries des Etats contributeurs à concurrence des sommes engagées), mais lancer des appels d'offres ouverts (ndlr notamment au privé) à l'image de ce que fait la Nasa. »
Conclusion et préconisation du rapport
Le groupe d’expert d'une douzaine de personnalités (dont Anders Fogh Rasmussen, ancien secrétaire général de l'Otan, Cedric O, ancien secrétaire d'Etat au numérique, ou Stefania Giannini, ancienne ministre italienne de l'Education) après quatre mois d'auditions et d’échanges a donc remis un rapport intitulé "La révolution de l'espace".
Ce rapport démontre et préconise que : « l'Europe doit prévoir un scénario pour un atterrissage humain européen indépendant et durable sur la Lune d'ici 10 ans ». Certes si la priorité c'est la Lune, l'ESA doit évidemment réaliser lors de cette décennie des missions habitées à destination de stations spatiales avec participation de l'industrie européenne.
A lire aussi : Tourisme spatial : tous les voyants sont au vert pour le voyage sur la lune
Pour Didier Schmitt expert sur l'exploration humaine et robotique à l’ESA, le schéma que l'Agence spatiale européenne doit reproduire, devrait être le suivant : « Un programme et une mission audacieuse, galvanisant et révolutionnant l'ensemble de l'économie européenne, bien au-delà du secteur spatial, et inspirant une génération d'Européens pour construire l'avenir.
Du temps des missions Apollo, l'alunissage a été un programme qui a défini toute une génération. Il a mobilisé 400 000 personnes issues de 20 secteurs différents de l'ensemble de l'économie américaine, créant des partenariats symbiotiques public-privé porteurs d'avenir, dont les forces résonnent encore aujourd'hui ».
Voilà ce que devrait défendre l’ESA auprès des chefs d'Etats et ministres lors du conseil européen qui traitera la question spatiale en novembre à Séville.
Ce rapport démontre et préconise que : « l'Europe doit prévoir un scénario pour un atterrissage humain européen indépendant et durable sur la Lune d'ici 10 ans ». Certes si la priorité c'est la Lune, l'ESA doit évidemment réaliser lors de cette décennie des missions habitées à destination de stations spatiales avec participation de l'industrie européenne.
A lire aussi : Tourisme spatial : tous les voyants sont au vert pour le voyage sur la lune
Pour Didier Schmitt expert sur l'exploration humaine et robotique à l’ESA, le schéma que l'Agence spatiale européenne doit reproduire, devrait être le suivant : « Un programme et une mission audacieuse, galvanisant et révolutionnant l'ensemble de l'économie européenne, bien au-delà du secteur spatial, et inspirant une génération d'Européens pour construire l'avenir.
Du temps des missions Apollo, l'alunissage a été un programme qui a défini toute une génération. Il a mobilisé 400 000 personnes issues de 20 secteurs différents de l'ensemble de l'économie américaine, créant des partenariats symbiotiques public-privé porteurs d'avenir, dont les forces résonnent encore aujourd'hui ».
Voilà ce que devrait défendre l’ESA auprès des chefs d'Etats et ministres lors du conseil européen qui traitera la question spatiale en novembre à Séville.
L'analyse de Michel Messager
Que de temps perdu sur des maux qui ont été très souvent dénoncés par de nombreux experts depuis une dizaine d’années.
A mon modeste niveau, pas plus tard qu’il y a deux mois, j’étais auditionné par la Commission des affaires économiques du Sénat "Groupe de suivi Espace", pour présenter et expliquer l’intérêt scientifique et économique du vol habité en général et du tourisme spatial en particulier.
Lire aussi : Tourisme Spatial : les Pays du Golfe affichent leurs ambitions
Plus que jamais et comme l’a souligné le rapport, tant que Public et le Privé ne collaboreront pas plus étroitement, tant que le scientifique et la technique feront du spatial leur chasse gardée, tant que les politiques feront passer leurs intérêts nationaux avant le projet européen, nous n’avancerons pas. Le New Space par définition appartient aux entrepreneurs, aux inventifs.
Mais la France et l’Europe sont-elles prêtes à avoir un Bezos ou un Musk ?
Il nous reste à attendre et une fois encore de patienter, la tenue du prochain conseil européen qui traitera de la question spatiale en novembre à Séville.
A mon modeste niveau, pas plus tard qu’il y a deux mois, j’étais auditionné par la Commission des affaires économiques du Sénat "Groupe de suivi Espace", pour présenter et expliquer l’intérêt scientifique et économique du vol habité en général et du tourisme spatial en particulier.
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Plus que jamais et comme l’a souligné le rapport, tant que Public et le Privé ne collaboreront pas plus étroitement, tant que le scientifique et la technique feront du spatial leur chasse gardée, tant que les politiques feront passer leurs intérêts nationaux avant le projet européen, nous n’avancerons pas. Le New Space par définition appartient aux entrepreneurs, aux inventifs.
Mais la France et l’Europe sont-elles prêtes à avoir un Bezos ou un Musk ?
Il nous reste à attendre et une fois encore de patienter, la tenue du prochain conseil européen qui traitera de la question spatiale en novembre à Séville.
Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.
Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme). Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet ainsi que de plusieurs livres : le "Tourisme Spatial" publié en 2009 à la documentation française et "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" sorti en 2021, ainsi qu'en 2022 "Tourisme Spatial et Ecologie" chez Amazon. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière.
Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an. Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière de Tourisme Spatial.
Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme). Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet ainsi que de plusieurs livres : le "Tourisme Spatial" publié en 2009 à la documentation française et "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" sorti en 2021, ainsi qu'en 2022 "Tourisme Spatial et Ecologie" chez Amazon. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière.
Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an. Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière de Tourisme Spatial.