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Voyage d'affaires : toujours pas de ruée vers la Chine🔑

L’économie Chinoise au ralenti


De mois en mois, la Chine a assoupli les conditions d’entrée sur son territoire pour aboutir à une exemption de visa pour les ressortissants de certains pays, dont la France. Pour autant, elle paye sa politique « zéro covid », son économie patine et la levée des restrictions n'a pas offert le rebond espéré.


Rédigé par le Mercredi 14 Février 2024

Les voyageurs d’affaires Français sont exemptés de visa pour se rendre en Chine depuis le 1er décembre 2023 et jusqu’au 30 novembre 2024. Une nouvelle qui n’a, pour l’heure, pas provoqué de rush sur la destination asiatique.   @depositphotos/IgorVetushko
Les voyageurs d’affaires Français sont exemptés de visa pour se rendre en Chine depuis le 1er décembre 2023 et jusqu’au 30 novembre 2024. Une nouvelle qui n’a, pour l’heure, pas provoqué de rush sur la destination asiatique. @depositphotos/IgorVetushko
Du 1er décembre 2023 au 30 novembre 2024, la Chine supprime l'obligation de visa pour les voyageurs titulaires de passeports ordinaires de France, Allemagne, Italie, Pays-Bas et Espagne.

Les voyageurs en provenance de ces destinations pourront ainsi séjourner jusqu'à 15 jours sans Visa pour des motifs de tourisme, d'affaires, de visites familiales ou de transits.

Lire aussi : Les touristes français exemptés de visa en Chine

« Aujourd’hui, voyager en Chine pour un ressortissant français, c’est très simple. Il suffit d’avoir un passeport en cours de validité pour pouvoir y passer deux semaines, résume Nicolas Le Page, responsable commercial et communication chez Action-Visas, avant d’ajouter : Depuis les JO de Pékin 2008, il n’avait pas été aussi facile de voyager en Chine. »

Une bonne nouvelle pour les spécialistes du voyage d’affaires. Bien que, pour l’heure, ils ne constatent pas de ruée vers l’empire du Milieu.

« Nous avons connu un rebond sur la destination fin 2023 et début 2024. Pour autant, le trafic vers la Chine représente aujourd’hui 50% de celui enregistré en 2019.

Nos clients issus de l’industrie sont les premiers à se rendre en Chine. Pour les entreprises d’autres secteurs, comme les médias ou la finance, c’est beaucoup plus calme. Le MICE lui, est complètement à l’arrêt »
, explique William Edel, PDG de Wagram Voyages.

« Les voyages internationaux à destination et en provenance de la Chine se situent à environ 50 % des niveaux d’avant la pandémie. La France vers la Chine est légèrement en dessous de la moyenne à 44 %. Il est trop tôt pour dire si le système d'exemption de visa fait une différence.

Décembre est un mois plus lent pour les voyages d'affaires. Il y a eu un début positif en janvier, mais nous sommes ensuite entrés dans la nouvelle année lunaire, qui est énorme pour les voyages de loisirs mais pas pour les voyages d'affaires »
, constate Yorick Charveriat, vice president of global accounts chez American Express Global Business Travel.

« L’ouverture au tourisme de la Chine est une très bonne nouvelle ! Mais quand je regarde le remplissage des vols… on constate que les Chinois se déplacent en ce moment parce qu’ils fêtent leur nouvel an, mais pas les Occidentaux », observe Benjamin Leblic, directeur général associé de Xanadu Voyages.

« Nous avons quelques demandes sur Shanghai, mais par rapport à 2019, c’est peu. Avant covid-19 , au moins 15 à 20% de notre activité se faisait sur la Chine », complète-t-il.

Lire aussi : Voyage d'affaires Chine : un "regain" d'activité mais pas une "ruée" 🔑


Voyages d'affaires Chine : aérien : des vols « plus longs et coûteux »

Si ces facilités d’entrée sur le territoire n’ont pas créé de mouvement de foule, le coût et la qualité de la desserte aérienne y est certainement pour quelque chose.

« La desserte aérienne est vraiment en deçà de ce qui était proposé avant covid », regrette Benjamin Leblic. Le meilleur signe de la reprise sera l’ajout d’un vol direct vers Pékin, Shangaï ou autre destination par Air France ou China Eastern Airlines. »

Dans un contexte inflationniste, le prix du billet peut également être un frein au déplacement.

« La Chine est la destination aérienne qui a le plus augmenté. Cela s’explique car il y a moins de rotations. Certains aéroports, comme Wuhan, ne sont plus desservis en direct et très peu en via.

Les compagnies, hors compagnies chinoises, ne peuvent plus survoler l’espace aérien russe, ce qui augmente la durée de vol,
constate le PDG de Wagram Voyages. Pour réduire les coûts, les entreprises envoient moins de collaborateurs et plus longtemps. »

Même constat Chez Amex GBT : « La fermeture continue de l’espace aérien russe rend les vols vers la Chine plus longs et plus coûteux. A l’inverse, les compagnies aériennes chinoises ne sont pas concernées par la fermeture de l’espace aérien et leurs vols sont plus courts. La durée prévue du vol Paris-Shanghai sur Air France est de 12 heures et 45 minutes, tandis que l'équivalent sur China Eastern est de 11 heures et 35 minutes», complète Yorick Charveriat, d’Amex GBT.

Tensions géopolitiques, duty of care, RSE…

L’aérien ne semble pas être l’unique frein à la reprise du tourisme d’affaires en Chine. Le géant Asiatique a annoncé début janvier, un taux de croissance en hausse de 5,2% en 2023, soit le rythme le plus faible depuis trois décennies, hors période de Covid.

« Après trois ans de fermeture, les gens ne reviennent pas comme ça. Les entreprises se sont tournées vers d’autres sources d’approvisionnement ou de fabrication. La Chine paie peut-être son manque de transparence pendant le covid-19 », liste le directeur général associé de Xanadu Voyages.

Quid du Duty of Care et de la RSE, ces thématiques importantes du voyage d’affaires ?

« Si les tensions géopolitiques créent de l'incertitude, c'est aussi l'une des raisons pour lesquelles certaines entreprises choisissent pour la première fois de gérer les déplacements et les dépenses de manière professionnelle.

Les pressions sur les coûts impliquent un examen plus minutieux des budgets. La capture et la gestion des données sur les émissions liées aux voyages sont nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de carbone.

Mais, et c'est peut-être le plus important, dans un monde d'instabilité géopolitique et de perturbations liées aux conditions météorologiques, les entreprises doivent savoir où se trouvent leurs collaborateurs et pouvoir communiquer avec eux à tout moment »,
note Yorick Charveriat, d’Amex GBT.

Laissons à la Chine le temps de faire revenir ses visiteurs. « L’exemption des visas est récente. Il faut laisser le temps du redémarrage. En mai et juin, avec la reprise des salons, nous retrouverons certainement une demande. Ces événements vont inciter les entreprises Françaises à renouer des liens », conclut Benjamin Leblic, directeur général associé de Xanadu Voyages.


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