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XL Airways, Aigle Azur, Thomas Cook : le tourisme a de plus en plus mauvaise presse

La chronique de Josette Sicsic (Touriscopie)


Qui aurait pensé qu’après un deuxième été durant lequel les médias n’ont eu de cesse de rabâcher les effets catastrophiques du tourisme de masse sur l’environnement, d’autres sujets allaient défrayer l’actualité et contribuer à faire prendre l’eau au navire tourisme ? En proie à la défiance, l’opinion publique doute et doutera de plus en plus !


Rédigé par Josette SICSIC le Mardi 24 Septembre 2019

C'est la fin d’une époque d’insouciance, celle où l’on croyait encore que le progrès était devant nous et que les acteurs de l’économie, du commerce, de l’industrie en général étaient des personnes adultes et responsables, capables de tenir leurs engagements - DR : DepositPhotos, Billiondigital
C'est la fin d’une époque d’insouciance, celle où l’on croyait encore que le progrès était devant nous et que les acteurs de l’économie, du commerce, de l’industrie en général étaient des personnes adultes et responsables, capables de tenir leurs engagements - DR : DepositPhotos, Billiondigital
Les faillites impromptues de XL Airways et d’Aigle Azur ont beau laisser sur le carreau des milliers de salariés, elles ont surtout frappé les esprits par leurs incapacités à dédommager les voyageurs.

Impossible de s’envoler ! Impossible d’être remboursés !

Il n’en faut pas plus pour que les médias déchaînent leurs invectives contre une profession jugée incompétente et inconséquente !

Peu importe que ces compagnies aient offert pendant des années des tarifs particulièrement attractifs permettant aux plus modestes de s’envoler au bout du monde !

Le public n’est pas reconnaissant. Les médias le sont encore moins dans leurs analyses hâtives de la situation.

Thomas Cook : l’histoire du tourisme en miettes

Sur ce, survient la faillite spectaculaire de Thomas Cook et l’inflation de chiffres qui vont avec : 600 000 voyageurs pénalisés dont 150 000 Britanniques et quelque 10 000 Français !

Comment le modeste ébéniste sujet de la reine Victoria, militant de la tempérance, inventeur du voyage organisé et de tout ce qui va avec, y compris du tourisme de masse (ne stigmatisait-on pas les Anglais en goguette en les comparant à des pluies de sauterelles) en est-il arrivé là ?

Les explications vont bon train. Acquisitions hasardeuses, dettes, baisse des ventes… Mais, la sidération est de mise.

Ce nouveau coup de tonnerre dans le ciel de la rentrée a réinvité l’industrie touristique sur le devant de la scène. Mais pas sous son meilleur profil.

Dévoilant ses faiblesses et l’absence de réglementations adaptées à de telles situations, déplorant les petits et grands drames individuels générés par une telle faillite en zoomant sur tel qui a vu s’effondrer le voyage de sa vie en Polynésie, tel autre qui reste cloué à Djerba sans sa dose de médicaments, le tour-operating a subi en quelques heures une contre publicité réduisant en fumée des décennies d’efforts tendant à prouver son efficacité, sa flexibilité, ses capacités à s’adapter aux évolutions du monde !

Pire ! Un empire s’est effondré car Thomas Cook sur lequel (à l’instar de l’empire britannique dans ses grandes années) le soleil ne se couche pas, est le plus ancien, le plus illustre et le plus gros voyagiste du monde : 19 millions de clients !

Un nouveau coup du sort

Accusée (à raison) de polluer la planète et de contribuer au changement climatique, accusée de participer à l’enlaidissement du monde en dispersant sans discernement des remparts de béton le long des rivages ou sur les crêtes des montagnes, accusée de fourvoyer les vacanciers en les conduisant vers des sites uniformisés par une globalisation galopante…

L’industrie touristique n’avait pas besoin de ce nouveau coup du sort qui, on s’en doute, ne va pas cesser de faire des vagues dans les médias et dans les esprits.

Le candidat au voyage « insouciant » pressé de s’envoler vers des cieux plus cléments, histoire de se ressourcer et d’oublier ses soucis, a probablement vécu.

Si partir était d’ores et déjà source d’angoisse pour certains, partir pourra devenir pour une majorité d’individus un véritable casse-tête.

A qui faire confiance ? Aux OTA ou à l’agence du coin de la rue ? Aux grandes marques ou aux petits voyagistes ? Aux compagnies régulières ou aux compagnies low cost ?

Dans un monde complexe et opaque, la défiance va se généraliser et bel et bien atteindre un secteur de la consommation dont on préférait ne pas se méfier tant le voyage était encore porteur de plaisir et de rêves.

Le temps de la défiance

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Certes, on ne cessera pas du jour au lendemain d'acheter son prochain circuit ou séjour à un voyagiste, mais il est évident que l’on noiera les vendeurs sous des flots de questions concernant la santé financière de l’opérateur, la nature des assurances et des protections disponibles, les conditions de rapatriement et remboursements et ce sera bien normal !

Le voyagiste devra donc former de mieux en mieux ses vendeurs à répondre à de telles questions.

Quant aux sites en ligne, ils devront informer et rassurer au maximum. Nul n’a envie de voir ses vacances tourner au cauchemar et son budget patiemment économisé être englouti dans les abîmes de la mauvaise gestion ou de l’absence de stratégie, ou encore de la mégalomanie de certains dirigeants !

Les pages se tournent au gré de l’histoire. Mais, cette fois, le tournant est dangereux.

Il marque la fin d’une époque d’insouciance, celle où l’on croyait encore que le progrès était devant nous et que les acteurs de l’économie, du commerce, de l’industrie en général étaient des personnes adultes et responsables, capables de tenir leurs engagements.

Pour en savoir plus, abonnez-vous à Touriscopie www.touriscopie.fr

Contact : touriscopie@gmail.com

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Commentaires

1.Posté par Jean LEFORT le 25/09/2019 09:38 | Alerter
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C'est bien dit : incompétente et inconséquente. Après plus de 25 ans dans cette profession, je peux témoigner que ceci est bien le résumé de cette profession de strass, paillettes, bisous et de "mon ami" à tour de bras. D'ailleurs pourquoi tous les investisseurs sérieux sont partis en courant. Quand on voit les dirigeants en place actuellement dans les principales instances, on a envie de rire ou de pleurer.

2.Posté par Christian Jean le 25/09/2019 09:47 | Alerter
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Bonjour,
Oui, vous avez raison de parler d' "industrie du tourisme".
Le problème de base n’est-il pas très simple. Au sein du conseil d’administration de ces grands groupes (ou plus petits concernant l'aérien) il n’existe plus de vrais professionnels décisionnaires. Leur vue est uniquement financière et Thomas cook n’est certainement pas le seul de ces « géants » ou la finance à pris le pas sur la connaissance …
Cordialement.

3.Posté par kaky le 25/09/2019 12:34 | Alerter
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Un jour, il y a 10 ans environ, le président d'un très très gros opérateur me disait : " Je me demande comment il se fait que nous existions. "
La question ne se pose plus aujourd'hui.

4.Posté par JF le 25/09/2019 14:55 | Alerter
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Pour XL Airways le constat est évident. Quand une compagnie est dirigée par des gens ayant l’âme syndicaliste et non l’âme entrepreneuriale, voila où ça mène. Passer son temps à revendiquer, dénoncer et à dire que c'est pas de ma faute si ma compagnie va mal, c'est de la faute de l'état, on ne va pas loin. Si XL avait su innover et s'adapter au marché peut être que les choses auraient été différentes. Mais bon, quand Laurent Magnin fait ses interventions sur toutes les chaines dans la peau d'un syndicaliste n'ayant que des griefs à débiter à tour de bras et sur tout le monde, on comprend mieux l'état actuel de sa compagnie.

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