Le panorama romain ne serait pas complet sans un détour par l’Arc d’Auguste, monument symbole de la puissance de l’Empire, édifié quelques petites années avant J.C. - DR : J.-F.R.
Évacuons d’entrée une confusion. Non, le « jambon d’Aoste » ne vient pas d’ici mais de la commune d’Aoste, en Isère. C’est un jambon français !
Si la méprise est excusable, elle n’exclue pas la présence de la charcuterie en territoire valdotain. C’est même une spécialité à part entière.
Dans les restaurants d’Aoste, dont certains nichés dans d’agréables ruelles sous voûtes, on propose le jambon de Bosses, de délicieuses tranches de jarrets rouge foncé séchées et mûries dans ce village près de la frontière suisse.
Plus étonnant encore : le lard d’Arnad. A ceux qui tournent de l’œil à la seule idée d’avaler du gras pur, un conseil : goûtez ce nectar charcutier parfumé et fondant. Sa délicatesse révisera à jamais votre avis sur une « cochonaille » paysanne réputée grasse et écœurante.
Si la méprise est excusable, elle n’exclue pas la présence de la charcuterie en territoire valdotain. C’est même une spécialité à part entière.
Dans les restaurants d’Aoste, dont certains nichés dans d’agréables ruelles sous voûtes, on propose le jambon de Bosses, de délicieuses tranches de jarrets rouge foncé séchées et mûries dans ce village près de la frontière suisse.
Plus étonnant encore : le lard d’Arnad. A ceux qui tournent de l’œil à la seule idée d’avaler du gras pur, un conseil : goûtez ce nectar charcutier parfumé et fondant. Sa délicatesse révisera à jamais votre avis sur une « cochonaille » paysanne réputée grasse et écœurante.
Aoste, ville militaire
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On ne s’ennuie pas, à Aoste. Derrière les plaisirs de la table, illustrés aussi par la fontina, roi des fromages d’alpage, le teteun (pis de vache) et le donnas (vin rouge), la ville délivre un patrimoine insoupçonné.
Et oui, les Romains sont passés par là et ont laissé des traces, après cinq siècles d’occupation de ce verrou stratégique sur la route de la Gaule, au pied des cols du Petit et du Grand Saint-Bernard.
Le quadrilatère romain forme encore la trame d’Aoste. Le decumanus maximus (Via Aubert, De Tillier, Porta Praetoria et Sant’Anselmo), d’un kilomètre de long, jalonné de commerces, croise le cardo maximus (Via Ginevra, Martinet, Croce di Città et de Challand), à hauteur d’un monument érigé à la mémoire des luthériens.
Autour de ce cœur en damier et de ses petits quartiers (les insulae des Romains), une clôture de murs fortifiés et de tours, parmi les mieux conservés du monde romain, sont scandés d’ouvertures.
La dernière toujours en place, Porta Proaetoria, dit parfaitement le caractère militaire de la ville. Cette double courtine maçonnée et massive, tournée vers l’est et Rome, protégeait l’accès au théâtre romain et à l’amphithéâtre.
Du premier, il reste l’impressionnant mur arrière, la cavea (gradins) et le front de scène. Vision étonnante que d’apercevoir ce vestige remarquable surveillé au loin par les 4 314 mètres du Grand Combin, le sommet suisse d’à-côté…
Du second et de ses 10 000 places supposées, il ne reste hélas presque rien, exceptés des vestiges enchâssés dans le couvent voisin de Sainte-Catherine.
Et oui, les Romains sont passés par là et ont laissé des traces, après cinq siècles d’occupation de ce verrou stratégique sur la route de la Gaule, au pied des cols du Petit et du Grand Saint-Bernard.
Le quadrilatère romain forme encore la trame d’Aoste. Le decumanus maximus (Via Aubert, De Tillier, Porta Praetoria et Sant’Anselmo), d’un kilomètre de long, jalonné de commerces, croise le cardo maximus (Via Ginevra, Martinet, Croce di Città et de Challand), à hauteur d’un monument érigé à la mémoire des luthériens.
Autour de ce cœur en damier et de ses petits quartiers (les insulae des Romains), une clôture de murs fortifiés et de tours, parmi les mieux conservés du monde romain, sont scandés d’ouvertures.
La dernière toujours en place, Porta Proaetoria, dit parfaitement le caractère militaire de la ville. Cette double courtine maçonnée et massive, tournée vers l’est et Rome, protégeait l’accès au théâtre romain et à l’amphithéâtre.
Du premier, il reste l’impressionnant mur arrière, la cavea (gradins) et le front de scène. Vision étonnante que d’apercevoir ce vestige remarquable surveillé au loin par les 4 314 mètres du Grand Combin, le sommet suisse d’à-côté…
Du second et de ses 10 000 places supposées, il ne reste hélas presque rien, exceptés des vestiges enchâssés dans le couvent voisin de Sainte-Catherine.
Théâtre romain
Le panorama romain ne serait pas complet sans un détour par l’Arc d’Auguste, monument symbole de la puissance de l’Empire, édifié quelques petites années avant J.C.
Mais surtout, il faut visiter le cryptoportique. A l’image de ceux d’Arles et de Narbonne - mais celui-ci est encore plus impressionnant, les enfilades de piliers en travertin et d’arches voûtées enterrées, soutien de l’ancienne agora du Forum, sont un modèle d’architecture au cordeau, la grâce en plus.
De vie sociale, il est toujours question, à Aoste. En vraie ville italienne, elle contrecarre ses penchants montagnards frisquets par une animation de rues agréable.
Petits commerces familiaux, cafés-terrasses ou « historiques », tels les très en vue cafés Boch et Nazionale, agitation sociale de la place Chanoux, face à l’imposant Hôtel de ville, petits quartiers-paroisses (on aime l’atmosphère populaire du quartier Saint-Etienne et son église à fresques murales), jardins ouvriers au cœur de ville…
Aoste plaira aux habitués d’atmosphère urbaine transalpine.
Mais surtout, il faut visiter le cryptoportique. A l’image de ceux d’Arles et de Narbonne - mais celui-ci est encore plus impressionnant, les enfilades de piliers en travertin et d’arches voûtées enterrées, soutien de l’ancienne agora du Forum, sont un modèle d’architecture au cordeau, la grâce en plus.
De vie sociale, il est toujours question, à Aoste. En vraie ville italienne, elle contrecarre ses penchants montagnards frisquets par une animation de rues agréable.
Petits commerces familiaux, cafés-terrasses ou « historiques », tels les très en vue cafés Boch et Nazionale, agitation sociale de la place Chanoux, face à l’imposant Hôtel de ville, petits quartiers-paroisses (on aime l’atmosphère populaire du quartier Saint-Etienne et son église à fresques murales), jardins ouvriers au cœur de ville…
Aoste plaira aux habitués d’atmosphère urbaine transalpine.
Le valdotain, une langue vivante
Et le français, dans tout cela ? Bien que langue officielle, enseignée à l’école et présente dans les documents publics, au même titre que l’italien, l’habitant d’Aoste ne pratique guère la langue de Molière.
Une ou deux librairies francophones ou « french friendly » entretiennent l’illusion d’un bilinguisme quotidien, qui n’est plus de mise. Même l’église aurait abandonné récemment le français dans ses textes officiels.
Omniprésente jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Mussolini, la langue, pourtant indispensable pour connaître l’histoire du Val d’Aoste vu le nombre d’archives en français, semble en perte de vitesse.
Les communes les plus proches de la frontière (Courmayeur, Morgex…) résistent mais la surprise est de constater à quel point le patois valdotain (langue franco-provençale) est encore pratiqué dans les rues d’Aoste.
Dans les hautes vallées, c’est la langue vernaculaire de nombreux habitants. Des Romains au valdotain, le Val d’Aoste et sa capitale ne sont pas à un étonnement près.
Une ou deux librairies francophones ou « french friendly » entretiennent l’illusion d’un bilinguisme quotidien, qui n’est plus de mise. Même l’église aurait abandonné récemment le français dans ses textes officiels.
Omniprésente jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Mussolini, la langue, pourtant indispensable pour connaître l’histoire du Val d’Aoste vu le nombre d’archives en français, semble en perte de vitesse.
Les communes les plus proches de la frontière (Courmayeur, Morgex…) résistent mais la surprise est de constater à quel point le patois valdotain (langue franco-provençale) est encore pratiqué dans les rues d’Aoste.
Dans les hautes vallées, c’est la langue vernaculaire de nombreux habitants. Des Romains au valdotain, le Val d’Aoste et sa capitale ne sont pas à un étonnement près.
Issogne, le château dont les murs parlent
Le château d'Issogne reçoit 25 000 personnes par an - DR
Parmi les 150 demeures seigneuriales du Val d’Aoste, Issogne détone. Alors que la majorité affiche une architecture défensive, celle-ci affirme au contraire sa vocation résidentielle.
Sous l’influence des de Challant, propriétaires éclairés du 14ème s. au 18ème s., désireux d’asseoir leur prestige, elle a été couverte de fresques remarquables.
Issogne n’est pas spontanément le château que l’on a envie de visiter. Peu visible de loin, d’allure extérieure austère, il ne possède pas le charisme des demeures aux manières de forteresse, Verrès, Ussel, Sarriod de la Tour, Fénis…
Il est pourtant l’un des plus remarquables par les témoignages qu’il apporte sur la vie dans la région pendant plus de quatre siècles.
Petit flash back. Jusqu’au 12ème s. une maison forte fait ici partie du domaine de l’évêque d’Aoste. Des seigneurs locaux s’offusquent de cette domination et pillent la demeure, conduisant le clergé à rattacher le territoire d’Issogne à la famille d’Yblet de Challant, dignitaire de la cour de Savoie.
Jardin à l’italienne
De successions en héritages, le château s’embellit au rythme de la puissance grandissante de la famille.
Et quoi de plus normal que d’afficher cette influence en livrant la demeure familiale aux arts les plus en vogue ?
A la fin du 14ème s., Yblet de Challant construit un corps central et trois étages, accolés à la tour initiale.
Louis, puis surtout Georges de Challant, agrandit le château, dans la seconde moitié du 15ème s., le dote d’une cour ouverte sur un jardin à l’italienne, l’enrichit d’une fresque monumentale à la gloire des de Challant (peinte sur le mur de la cour intérieure, aujourd’hui en partie effacée) et de fresques murales sous les arcades (elles, en parfait état de conservation), représentant des scènes villageoises.
Il supervise aussi la décoration des pièces (plafonds à caissons, meubles sculptés, cheminées ornées…) et fait réaliser une fontaine dont l’eau s’écoule d’un grenadier réalisé en fer forgé, merveille de sculpture arborée que ne renierait pas un artiste contemporain.
Des graffiti du 15ème au 18ème s.
Le château atteint le sommet de sa réputation sous René de Challant, dans le second quart du 16ème s.
De l’argenterie aux livres, en passant par les tapisseries et les meubles, Issogne est alors d’une richesse incomparable. Ce sont hélas les prémices du déclin, qui laissera le château exsangue dans la deuxième partie du 18ème s. puis quasiment en ruine jusqu’aux années 1870.
Mais revenons aux peintures. La lecture des scènes sous les arcades est édifiante. Une taverne représente des soldats assis qui jouent et boivent ; une peinture de boucherie montre un artisan occupé à confectionner le pastis (gâteau fourré à la viande) ; une scène de marché dévoile la vie sociale de la rue, d’autres la boutique d’un tailleur, une apothicairerie…
Beaucoup de peintures, ainsi que les murs et piliers du château, sont aussi couverts de graffiti exceptionnellement préservés qui renseignent sur la vie du 15ème au 18ème s.
Le plus ancien, en vieux français, gribouillé sur un pilier d’arcade, est daté de 1489 : « Jean de Valupe a fait la cave de ce château pour vingt florins ».
Les « tags » sont tellement nombreux que les conservateurs d’Issogne – le château est passé sous la tutelle de l’Etat après qu’un peintre turinois l’eut entièrement restauré, à la fin du 19ème s. – en découvrent encore !
La visite des salles est tout aussi passionnante, par leur mobilier reconstitué, la grande cuisine médiévale à cheminées et son passe plats, les ornementations des salles d’Armes et de Justice… Issogne reçoit 25 000 personnes par an et n’a pas fini de séduire les visiteurs.
Sous l’influence des de Challant, propriétaires éclairés du 14ème s. au 18ème s., désireux d’asseoir leur prestige, elle a été couverte de fresques remarquables.
Issogne n’est pas spontanément le château que l’on a envie de visiter. Peu visible de loin, d’allure extérieure austère, il ne possède pas le charisme des demeures aux manières de forteresse, Verrès, Ussel, Sarriod de la Tour, Fénis…
Il est pourtant l’un des plus remarquables par les témoignages qu’il apporte sur la vie dans la région pendant plus de quatre siècles.
Petit flash back. Jusqu’au 12ème s. une maison forte fait ici partie du domaine de l’évêque d’Aoste. Des seigneurs locaux s’offusquent de cette domination et pillent la demeure, conduisant le clergé à rattacher le territoire d’Issogne à la famille d’Yblet de Challant, dignitaire de la cour de Savoie.
Jardin à l’italienne
De successions en héritages, le château s’embellit au rythme de la puissance grandissante de la famille.
Et quoi de plus normal que d’afficher cette influence en livrant la demeure familiale aux arts les plus en vogue ?
A la fin du 14ème s., Yblet de Challant construit un corps central et trois étages, accolés à la tour initiale.
Louis, puis surtout Georges de Challant, agrandit le château, dans la seconde moitié du 15ème s., le dote d’une cour ouverte sur un jardin à l’italienne, l’enrichit d’une fresque monumentale à la gloire des de Challant (peinte sur le mur de la cour intérieure, aujourd’hui en partie effacée) et de fresques murales sous les arcades (elles, en parfait état de conservation), représentant des scènes villageoises.
Il supervise aussi la décoration des pièces (plafonds à caissons, meubles sculptés, cheminées ornées…) et fait réaliser une fontaine dont l’eau s’écoule d’un grenadier réalisé en fer forgé, merveille de sculpture arborée que ne renierait pas un artiste contemporain.
Des graffiti du 15ème au 18ème s.
Le château atteint le sommet de sa réputation sous René de Challant, dans le second quart du 16ème s.
De l’argenterie aux livres, en passant par les tapisseries et les meubles, Issogne est alors d’une richesse incomparable. Ce sont hélas les prémices du déclin, qui laissera le château exsangue dans la deuxième partie du 18ème s. puis quasiment en ruine jusqu’aux années 1870.
Mais revenons aux peintures. La lecture des scènes sous les arcades est édifiante. Une taverne représente des soldats assis qui jouent et boivent ; une peinture de boucherie montre un artisan occupé à confectionner le pastis (gâteau fourré à la viande) ; une scène de marché dévoile la vie sociale de la rue, d’autres la boutique d’un tailleur, une apothicairerie…
Beaucoup de peintures, ainsi que les murs et piliers du château, sont aussi couverts de graffiti exceptionnellement préservés qui renseignent sur la vie du 15ème au 18ème s.
Le plus ancien, en vieux français, gribouillé sur un pilier d’arcade, est daté de 1489 : « Jean de Valupe a fait la cave de ce château pour vingt florins ».
Les « tags » sont tellement nombreux que les conservateurs d’Issogne – le château est passé sous la tutelle de l’Etat après qu’un peintre turinois l’eut entièrement restauré, à la fin du 19ème s. – en découvrent encore !
La visite des salles est tout aussi passionnante, par leur mobilier reconstitué, la grande cuisine médiévale à cheminées et son passe plats, les ornementations des salles d’Armes et de Justice… Issogne reçoit 25 000 personnes par an et n’a pas fini de séduire les visiteurs.