Frédérique Lardet, députée de la Haute Savoie, en charge de la création du Comité filière tourisme (CFT). - DR Photo Facebook
TourMaG.com - Quels sont les résultats de la mission gouvernementale que vous avez menée ? Quel est l’état des lieux de l’emploi et de la formation dans l’industrie du tourisme ?
Frédérique Lardet : L’état des lieux est assez décevant. Mon rapport fait suite à celui de François Nogué, président du conseil d'administration de Pôle emploi, réalisé il y a cinq ans. Les conclusions de ce rapport avaient mis en exergue des problématiques de tension, d’attractivité, d’insuffisance d’apprentis, malheureusement encore fortement d’actualité.
Ces métiers du tourisme et de l’hôtellerie-restauration qui représentent 50% du nombre d’emplois dans le secteur avaient un déficit fort d’image.
La situation ne s’est pas améliorée. Il y a de véritables difficultés de recrutement, et notamment en saisonnier, ce qui n’était pas le cas il y a cinq ans.
Aujourd’hui, le constat est de 100 000 emplois non pourvus par an. Ces tensions s’accentuent car nous sommes sur un secteur d’activité en forte croissance. Nous arrivons à des aberrations, où certains hôtels et restaurants sont obligés de fermer en haute saison par manque de collaborateurs.
TourMaG.com – La rémunération est elle aussi un frein.
F. L. : Oui et non, certains postes en tension atteignent des niveaux de rémunération assez importants, comme chef de cuisine, chef de partie ou chef de rang.
Le problème de la rémunération se pose sur des métiers moins qualifiés. Là, effectivement, il est nécessaire de revoir les rémunérations.
D’ailleurs, les organisations professionnelles dans le cadre des conclusions en ont tenu compte et s’engagent à revoir les grilles de salaires selon les formations et les niveaux de qualification.
Autre axe, pour retenir le personnel, il faut que les TPE, soit 93% du marché, puissent mieux intéresser leurs collaborateurs au chiffre d’affaires et résultats, via l’intéressement et la participation. La loi Pacte va le permettre.
Les organisations professionnelles doivent passer le message sur le terrain. Bien souvent, les TPE ne sont pas au courant des dispositifs qui existent.
Frédérique Lardet : L’état des lieux est assez décevant. Mon rapport fait suite à celui de François Nogué, président du conseil d'administration de Pôle emploi, réalisé il y a cinq ans. Les conclusions de ce rapport avaient mis en exergue des problématiques de tension, d’attractivité, d’insuffisance d’apprentis, malheureusement encore fortement d’actualité.
Ces métiers du tourisme et de l’hôtellerie-restauration qui représentent 50% du nombre d’emplois dans le secteur avaient un déficit fort d’image.
La situation ne s’est pas améliorée. Il y a de véritables difficultés de recrutement, et notamment en saisonnier, ce qui n’était pas le cas il y a cinq ans.
Aujourd’hui, le constat est de 100 000 emplois non pourvus par an. Ces tensions s’accentuent car nous sommes sur un secteur d’activité en forte croissance. Nous arrivons à des aberrations, où certains hôtels et restaurants sont obligés de fermer en haute saison par manque de collaborateurs.
TourMaG.com – La rémunération est elle aussi un frein.
F. L. : Oui et non, certains postes en tension atteignent des niveaux de rémunération assez importants, comme chef de cuisine, chef de partie ou chef de rang.
Le problème de la rémunération se pose sur des métiers moins qualifiés. Là, effectivement, il est nécessaire de revoir les rémunérations.
D’ailleurs, les organisations professionnelles dans le cadre des conclusions en ont tenu compte et s’engagent à revoir les grilles de salaires selon les formations et les niveaux de qualification.
Autre axe, pour retenir le personnel, il faut que les TPE, soit 93% du marché, puissent mieux intéresser leurs collaborateurs au chiffre d’affaires et résultats, via l’intéressement et la participation. La loi Pacte va le permettre.
Les organisations professionnelles doivent passer le message sur le terrain. Bien souvent, les TPE ne sont pas au courant des dispositifs qui existent.
Autres articles
TourMaG.com – Suite à ce constat qui a peu évolué ces cinq dernières années, voire empiré, un Comité de filière tourisme (CFT) va être créé d’ici à fin juillet 2019. Quelles actions seront menées ?
F. L. : J’ai été nommée pour créer, articuler et mettre en œuvre dans les trois prochains mois ce Comité de filière tourisme (CFT). A partir de sa naissance, les organisations professionnelles reprennent la main pour mettre en place des actions.
La première mission du CFT est de mettre en place une plateforme numérique pour travailler sur l’emploi, l’attractivité des métiers et la fidélisation.
Ce sera un guichet unique à tous les métiers du tourisme, permettant de les identifier, ainsi que les parcours et les diplômes nécessaires, les formations, les campus, etc…
Pour fidéliser, il faudra mettre en lumière la pluri-activité des métiers du tourisme et expliquer les passerelles d’un métier à l’autre.
TourMaG.com – Une des pistes est la mise en place de groupements d’employeurs.
F.L. : Le groupement d’employeurs existe depuis 1985, nous n’avons rien inventé, mais c’est un dispositif peu utilisé.
Son intérêt est de sécuriser l’emploi pour un salarié et d’apporter de la flexibilité. On l’a revisité en y associant Pôle Emploi qui dispose d’outils performants de formation en partenariat avec des centres de formation, dont profitent uniquement les grands groupes.
A l’avenir, Pôle Emploi va identifier des demandeurs d’emploi selon le bassin de vie et le niveau identifié, les pré-recruter, les former, avant qu’ils intègrent le groupement d’employeurs. L’objectif est de passer de 40 000 et 60 000 employés dans les groupements d’employeurs d’ici à fin 2020.
F. L. : J’ai été nommée pour créer, articuler et mettre en œuvre dans les trois prochains mois ce Comité de filière tourisme (CFT). A partir de sa naissance, les organisations professionnelles reprennent la main pour mettre en place des actions.
La première mission du CFT est de mettre en place une plateforme numérique pour travailler sur l’emploi, l’attractivité des métiers et la fidélisation.
Ce sera un guichet unique à tous les métiers du tourisme, permettant de les identifier, ainsi que les parcours et les diplômes nécessaires, les formations, les campus, etc…
Pour fidéliser, il faudra mettre en lumière la pluri-activité des métiers du tourisme et expliquer les passerelles d’un métier à l’autre.
TourMaG.com – Une des pistes est la mise en place de groupements d’employeurs.
F.L. : Le groupement d’employeurs existe depuis 1985, nous n’avons rien inventé, mais c’est un dispositif peu utilisé.
Son intérêt est de sécuriser l’emploi pour un salarié et d’apporter de la flexibilité. On l’a revisité en y associant Pôle Emploi qui dispose d’outils performants de formation en partenariat avec des centres de formation, dont profitent uniquement les grands groupes.
A l’avenir, Pôle Emploi va identifier des demandeurs d’emploi selon le bassin de vie et le niveau identifié, les pré-recruter, les former, avant qu’ils intègrent le groupement d’employeurs. L’objectif est de passer de 40 000 et 60 000 employés dans les groupements d’employeurs d’ici à fin 2020.
TourMaG.com – Quid de la formation ?
F. L. : La Conférence des Formations d’Excellence au Tourisme (CFET) travaille sur l’adaptation des formations autour d’un tronc commun : les langues étrangères, « l’accueil », la relation client et le digital.
TourMaG.com – Vous vous êtes également penchée sur les questions liées au bien-être.
F. L. : Dans ces métiers en tension, il y a aussi des contraintes horaires, des métiers physiques, etc… Il y a un problème de qualité de vie au travail car dans de nombreuses structures, il n’y a pas de politique RH.
Pour pallier l’absence de gestion des ressources humaines dans les TPE, une des mesures est l’Engagement pour le Développement de l’Emploi et des Compétences (EDEC).
L’EDEC va permettre aux petites structures de travailler avec l’Agence Nationale d’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT), qui va mettre à disposition un certain nombre de conseils aux professionnels qui n’ont pas le temps de se former aux RH.
De plus, des consultants vont aller sur le terrain pour réaliser des audits RH. L’idée derrière est de favoriser la politique RH pour faire de la rétention. Parfois, on forme des gens et on les perd au bout de deux ans.
L’EDEC mobilisera près de 1,35 million d’euros, dont la moitié financée par l’Etat. Les premiers audits auront lieu à la rentrée. Entre 800 et 1000 audits seront effectués par an.
TourMaG.com – Quels sont les objectifs à court terme ?
F. L. : A travers toutes ces mesures, l’ambition est de recréer un vivier pour pourvoir 15 000 emplois supplémentaires par an. Ce comité de filière a volonté à perdurer. La balle est dans le camp des professionnels.
C’est une instance de concertation entre les différents professionnels aux problématiques communes avec l’idée d’actions et de résultats.
La sortie de la plateforme est la première étape. On va réaliser une première expérimentation sur la partie groupement d’employeurs dans mon département sur le bassin annecien d’ici la fin de l’année. Enfin, les premiers audits RH devraient démarrer à la rentrée.
L’un des enjeux majeurs est que les organisations professionnelles aillent au plus près du terrain pour expliquer les dispositions des entreprises du secteurs pour accompagner les petites entreprises dans leurs recrutements et gestions RH.
Le second est de recréer un vivier de collaborateurs à former dans l’année pour lancer le système.
TourMaG.com – L’échéance est fixée à l’aube des JO de 2024 ?
F. L. : Il y a bien évidemment un enjeu lié au JO de 2024, mais on va se servir des JO pour recruter. Grâce aux Jeux de 2024, beaucoup de bénévoles vont s’intéresser aux métiers du tourisme. L’enjeu est là encore de les fidéliser. Il faut saisir cette opportunité.
F. L. : La Conférence des Formations d’Excellence au Tourisme (CFET) travaille sur l’adaptation des formations autour d’un tronc commun : les langues étrangères, « l’accueil », la relation client et le digital.
TourMaG.com – Vous vous êtes également penchée sur les questions liées au bien-être.
F. L. : Dans ces métiers en tension, il y a aussi des contraintes horaires, des métiers physiques, etc… Il y a un problème de qualité de vie au travail car dans de nombreuses structures, il n’y a pas de politique RH.
Pour pallier l’absence de gestion des ressources humaines dans les TPE, une des mesures est l’Engagement pour le Développement de l’Emploi et des Compétences (EDEC).
L’EDEC va permettre aux petites structures de travailler avec l’Agence Nationale d’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT), qui va mettre à disposition un certain nombre de conseils aux professionnels qui n’ont pas le temps de se former aux RH.
De plus, des consultants vont aller sur le terrain pour réaliser des audits RH. L’idée derrière est de favoriser la politique RH pour faire de la rétention. Parfois, on forme des gens et on les perd au bout de deux ans.
L’EDEC mobilisera près de 1,35 million d’euros, dont la moitié financée par l’Etat. Les premiers audits auront lieu à la rentrée. Entre 800 et 1000 audits seront effectués par an.
TourMaG.com – Quels sont les objectifs à court terme ?
F. L. : A travers toutes ces mesures, l’ambition est de recréer un vivier pour pourvoir 15 000 emplois supplémentaires par an. Ce comité de filière a volonté à perdurer. La balle est dans le camp des professionnels.
C’est une instance de concertation entre les différents professionnels aux problématiques communes avec l’idée d’actions et de résultats.
La sortie de la plateforme est la première étape. On va réaliser une première expérimentation sur la partie groupement d’employeurs dans mon département sur le bassin annecien d’ici la fin de l’année. Enfin, les premiers audits RH devraient démarrer à la rentrée.
L’un des enjeux majeurs est que les organisations professionnelles aillent au plus près du terrain pour expliquer les dispositions des entreprises du secteurs pour accompagner les petites entreprises dans leurs recrutements et gestions RH.
Le second est de recréer un vivier de collaborateurs à former dans l’année pour lancer le système.
TourMaG.com – L’échéance est fixée à l’aube des JO de 2024 ?
F. L. : Il y a bien évidemment un enjeu lié au JO de 2024, mais on va se servir des JO pour recruter. Grâce aux Jeux de 2024, beaucoup de bénévoles vont s’intéresser aux métiers du tourisme. L’enjeu est là encore de les fidéliser. Il faut saisir cette opportunité.