" A la fin du siècle, le ski deviendra un sport destiné à une clientèle fortunée" selon Daniel Goetz - Crédit photo : Pixabay, photo libre pour usage commercial
TourMaG.com - En tant que scientifique, spécialiste de l'étude de la neige , quels sont les principaux résultats de vos études sur l'enneigement des montagnes françaises ?
Daniel Goetz : On remarque que l'enneigement sur une longue série, c'est-à-dire 50 ans, a nettement baissé notamment sur les pentes situées en moyenne montagne (entre 1000 et 1500 m, ndlr).
Par exemple pour le Col de Porte (d'une altitude de 1326 m, ndlr), sur lequel nous avons un historique important, nous avons constaté que l'enneigement a été divisé par deux en l'espace de 50 ans.
Les résultats que nous avons sur la moyenne montagne en général amènent aux conclusions d'une baisse de 30 % du niveau de la neige, sur 5 décennies également.
Concernant la haute montagne, donc au delà de 2 000 m, la réduction est moins flagrante. En effet le niveau d'enneigement a été réduit de 15 à 20%.
Toutes ces réductions ne sont pas simplement dues au réchauffement climatique, mais aussi à l'appauvrissement des précipitations en eau, qui ne favorise pas les chutes de neige. Cette carence hydrométrique est très marquée dans les Alpes du sud.
TourMaG.com - Pouvez-vous nous expliquer les conséquences du réchauffement climatiques sur nos massifs ?
M. Goetz : Nous sommes basés à Grenoble . Notre sujet d'étude porte plus particulièrement sur les Alpes.
Nous avons pas mal de recul sur ce massif, où nous avons observé une légère baisse des précipitations, mais surtout une hausse des températures à moyenne altitude.
Toujours sur le Col de Porte, nous avons constaté un accroissement des températures de l'ordre de 1,6 degrés en moyenne. Nous constatons que la saison hivernale se raccourcit, avec un hiver qui débute plus tard et un printemps commençant plus tôt.
De même, la limite pluie-neige tend à s'élever de plus en plus. Il y a quelques décennies, elle se situait à 1 000 m de moyenne quand elle est aujourd'hui autour de 1 300m.
Daniel Goetz : On remarque que l'enneigement sur une longue série, c'est-à-dire 50 ans, a nettement baissé notamment sur les pentes situées en moyenne montagne (entre 1000 et 1500 m, ndlr).
Par exemple pour le Col de Porte (d'une altitude de 1326 m, ndlr), sur lequel nous avons un historique important, nous avons constaté que l'enneigement a été divisé par deux en l'espace de 50 ans.
Les résultats que nous avons sur la moyenne montagne en général amènent aux conclusions d'une baisse de 30 % du niveau de la neige, sur 5 décennies également.
Concernant la haute montagne, donc au delà de 2 000 m, la réduction est moins flagrante. En effet le niveau d'enneigement a été réduit de 15 à 20%.
Toutes ces réductions ne sont pas simplement dues au réchauffement climatique, mais aussi à l'appauvrissement des précipitations en eau, qui ne favorise pas les chutes de neige. Cette carence hydrométrique est très marquée dans les Alpes du sud.
TourMaG.com - Pouvez-vous nous expliquer les conséquences du réchauffement climatiques sur nos massifs ?
M. Goetz : Nous sommes basés à Grenoble . Notre sujet d'étude porte plus particulièrement sur les Alpes.
Nous avons pas mal de recul sur ce massif, où nous avons observé une légère baisse des précipitations, mais surtout une hausse des températures à moyenne altitude.
Toujours sur le Col de Porte, nous avons constaté un accroissement des températures de l'ordre de 1,6 degrés en moyenne. Nous constatons que la saison hivernale se raccourcit, avec un hiver qui débute plus tard et un printemps commençant plus tôt.
De même, la limite pluie-neige tend à s'élever de plus en plus. Il y a quelques décennies, elle se situait à 1 000 m de moyenne quand elle est aujourd'hui autour de 1 300m.
TourMaG.com - Quels sont les changements imputables au réchauffement climatique ?
M. Goetz : Par rapport à l'évolution des précipitations, nous sommes plutôt sur un cycle naturel, avec une variation qui n'est pas imputable directement à la hausse des températures.
Le réchauffement climatique, lui, a un effet attesté sur l'évolution des températures. Nous ne sommes pas sur une variation naturelle. Elle est beaucoup trop brutale et soudaine.
TourMaG.com - Pouvez-vous nous parler de vos études, au Centre d'Etudes de la Neige (le CEN est une branche du Centre National de Recherches Météorologiques, ndlr) ?
M. Goetz : Nous travaillons sur des modèles climatiques, afin d'établir les conséquences du réchauffement climatique sur le manteau neigeux. Nous avons créé un logiciel qui donne des projections du climat dans les années à venir.
Nous parlons de projections, et non de prédictions, leurs justesses vont dépendre de certaines incertitudes physiques, mais surtout de l'évolution de l'humanité.
Allons-nous réussir à contenir la pollution ou continuer dans la voie qui est actuellement la notre ? C'est une question à laquelle nous ne pouvons pas répondre. Mais une chose est sûre, pour le moment nous ne prenons pas la bonne direction.
Nous vous proposons d'accéder aux projections de l'enneigement du Centre d'Etude de la Neige :
M. Goetz : Par rapport à l'évolution des précipitations, nous sommes plutôt sur un cycle naturel, avec une variation qui n'est pas imputable directement à la hausse des températures.
Le réchauffement climatique, lui, a un effet attesté sur l'évolution des températures. Nous ne sommes pas sur une variation naturelle. Elle est beaucoup trop brutale et soudaine.
TourMaG.com - Pouvez-vous nous parler de vos études, au Centre d'Etudes de la Neige (le CEN est une branche du Centre National de Recherches Météorologiques, ndlr) ?
M. Goetz : Nous travaillons sur des modèles climatiques, afin d'établir les conséquences du réchauffement climatique sur le manteau neigeux. Nous avons créé un logiciel qui donne des projections du climat dans les années à venir.
Nous parlons de projections, et non de prédictions, leurs justesses vont dépendre de certaines incertitudes physiques, mais surtout de l'évolution de l'humanité.
Allons-nous réussir à contenir la pollution ou continuer dans la voie qui est actuellement la notre ? C'est une question à laquelle nous ne pouvons pas répondre. Mais une chose est sûre, pour le moment nous ne prenons pas la bonne direction.
Nous vous proposons d'accéder aux projections de l'enneigement du Centre d'Etude de la Neige :
Année | à 1200m - Alpes du Nord | à 1800m - Alpes du Nord |
---|---|---|
2040 | - 50 % | - 40 % |
2080 | - 75 % | - 65 % |
Année | à 1200m - Alpes du Sud | à 1800m - Alpes du Sud |
2040 | - 60 % | - 55 % |
2080 | - 75 % | - 80 % |
Année | à 1200m - Alpes du Nord | à 1800m - Alpes du Nord |
---|---|---|
2040 | - 50 % | - 25 % |
2080 | - 70 % | - 80 % |
Année | à 1200m - Alpes du Sud | à 1800m - Alpes du Sud |
2040 | - 60 % | - 45 % |
2080 | - 50 % | - 60 % |
TourMaG.com - Quels sont les risques pour nos massifs?
M. Goetz : Pour résumer clairement, si nous continuons ainsi, nous allons tout droit vers une disparition complète de l'enneigement en dessous de 1 200 m, et pour accéder à des pistes avec suffisamment de neige les skieurs devront aller très haut.
Ce que nous montre nos schémas actuels, mais aussi les récentes précipitations, c'est que nous aurons des climats en moyenne montagne de "type plaine", c'est à dire avec des périodes éparses de chutes de neige.
TourMaG.com - La neige de culture apparaît comme la solution, pour faire face à ces carences. Pourra-t-elle tenir ?
M. Goetz : Il faut savoir que pour créer de la neige, il y a des variables à prendre en compte que sont le froid et l'eau.
Malheureusement, ces deux variables ne vont pas dans le bon sens, l'eau se raréfie et les températures augmentent, donc la neige produite est plus vite "mangée" par la douceur ambiante.
Selon nous, la neige de culture peut encore canaliser les effets du climat pendant encore 10 ou 15 ans, mais au final elle subira les mêmes impacts que la neige naturelle.
M. Goetz : Pour résumer clairement, si nous continuons ainsi, nous allons tout droit vers une disparition complète de l'enneigement en dessous de 1 200 m, et pour accéder à des pistes avec suffisamment de neige les skieurs devront aller très haut.
Ce que nous montre nos schémas actuels, mais aussi les récentes précipitations, c'est que nous aurons des climats en moyenne montagne de "type plaine", c'est à dire avec des périodes éparses de chutes de neige.
TourMaG.com - La neige de culture apparaît comme la solution, pour faire face à ces carences. Pourra-t-elle tenir ?
M. Goetz : Il faut savoir que pour créer de la neige, il y a des variables à prendre en compte que sont le froid et l'eau.
Malheureusement, ces deux variables ne vont pas dans le bon sens, l'eau se raréfie et les températures augmentent, donc la neige produite est plus vite "mangée" par la douceur ambiante.
Selon nous, la neige de culture peut encore canaliser les effets du climat pendant encore 10 ou 15 ans, mais au final elle subira les mêmes impacts que la neige naturelle.
TourMaG.com - Vous parliez d'un décalage des dates de l'hiver et du printemps, qu'en est-il ?
M. Goetz : En l'espace de 50 ans, nous avons perdu environ un mois sur la durée de l'hiver. De même le réchauffement du printemps est plus marqué que celui de l'automne, entraînant une fonte des neiges précoce.
Nous avons un recul des dates pour tous les massifs européens et même à 3 000 m l'impact est important. Il faut savoir qu'au-dessus de 3 500 m les glaciers existeront jusqu'à la fin du XXIème siècle, mais pas au-delà.
Et pour ceux placés en dessous, ils sont voués à tous disparaître.
TourMaG.com - L'optimisme ne semble pas avoir sa place dans ces analyses. Qu'en est-il de la "skiabilité" de nos domaines ?
M. Goetz : Actuellement nous avons une skiabilité sensiblement équivalente à celle constatée dans les années 1980, principalement en raison des progrès technologiques.
Aujourd'hui, il est possible d'ouvrir un domaine avec seulement 10 cm de neige.
Nous pensons que cette skiabilité pourra être maintenue, pendant encore deux décennies, avant de voir progressivement le nombre de pistes décroître.
M. Goetz : En l'espace de 50 ans, nous avons perdu environ un mois sur la durée de l'hiver. De même le réchauffement du printemps est plus marqué que celui de l'automne, entraînant une fonte des neiges précoce.
Nous avons un recul des dates pour tous les massifs européens et même à 3 000 m l'impact est important. Il faut savoir qu'au-dessus de 3 500 m les glaciers existeront jusqu'à la fin du XXIème siècle, mais pas au-delà.
Et pour ceux placés en dessous, ils sont voués à tous disparaître.
TourMaG.com - L'optimisme ne semble pas avoir sa place dans ces analyses. Qu'en est-il de la "skiabilité" de nos domaines ?
M. Goetz : Actuellement nous avons une skiabilité sensiblement équivalente à celle constatée dans les années 1980, principalement en raison des progrès technologiques.
Aujourd'hui, il est possible d'ouvrir un domaine avec seulement 10 cm de neige.
Nous pensons que cette skiabilité pourra être maintenue, pendant encore deux décennies, avant de voir progressivement le nombre de pistes décroître.
TourMaG.com - Quelles sont les solutions ?
M. Goetz : Il n'y en a pas. Pour atténuer les effets du réchauffement climatique, la neige artificielle ou les bâches sur les glaciers ne sont que des réponses court-termistes.
Même si on peut désormais fabriquer de la neige avec des valeurs positives, cela ne change rien au fait que cette neige va fondre peu de temps après.
Malheureusement, si nous continuons dans cette dynamique, le ski sera à la fin du siècle exclusivement destinée à une clientèle fortunée.
Et pour nos détracteurs le projet Scampei, nous permettant de faire nos projections, date de 2011, pour le moment il n'y a pas d'inflexion des émissions, et donc les conclusions restent les mêmes.
M. Goetz : Il n'y en a pas. Pour atténuer les effets du réchauffement climatique, la neige artificielle ou les bâches sur les glaciers ne sont que des réponses court-termistes.
Même si on peut désormais fabriquer de la neige avec des valeurs positives, cela ne change rien au fait que cette neige va fondre peu de temps après.
Malheureusement, si nous continuons dans cette dynamique, le ski sera à la fin du siècle exclusivement destinée à une clientèle fortunée.
Et pour nos détracteurs le projet Scampei, nous permettant de faire nos projections, date de 2011, pour le moment il n'y a pas d'inflexion des émissions, et donc les conclusions restent les mêmes.