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Entre Berry et Val de Loire, le château de Valençay, exemple du style Renaissance

Valençay est apparenté aux plus grands châteaux de la Loire


Le pays de Valençay prolonge ou annonce le Val de Loire. C’est selon la feuille de route. Connu pour son vin et ses fromages de chèvre en forme de pyramide tronquée, Valençay l’est autant par son château, demeure favorite de Charles Maurice de Talleyrand. Bien que situé en Berry, l’édifice s’apparente aux plus grands châteaux de la Loire. Une contradiction que n’aurait pas renié le « diable boiteux ».


Rédigé par Jean-Paul COMBE le Samedi 1 Août 2020

Avec Chambord, Valençay est considéré comme l’un des plus beaux exemples du style Renaissance - DR : J.-P.C.
Avec Chambord, Valençay est considéré comme l’un des plus beaux exemples du style Renaissance - DR : J.-P.C.
« Ce lieu est un des plus beaux de la terre et aucun roi ne possède un parc plus pittoresque », écrivait George Sand après avoir rendu visite à Talleyrand.

Il faut dire que le maître du château de Valençay n’était pas un vulgaire prince, mais un faiseur - et tombeur - de rois et d’empereurs.

Cynique et corrompu, il a prêté neuf serments et a trahi treize régimes. Malgré tout, il a servi les intérêts supérieurs de l'État.

Évêque agnostique, il soutient la Révolution sans état d'âme, installe Bonaparte au pouvoir, complote contre l’Empereur qui refuse d'écouter ses conseils de modération, et (déjà !) vouera son action à replacer la France au cœur de l'échiquier européen.

Pourvu d'une intelligence hors normes, c’est également un diplomate d’exception.

Pour cette raison sans doute, Bonaparte lui confie le ministère des affaires extérieures et lui propose, en 1802, de racheter le domaine de Valençay afin de recevoir les grands de ce monde. « Je veux, insiste le futur empereur, que le fait d’être invité chez vous soit une récompense pour les souverains dont je serais content ».

Ce cadeau impérial - aux frais de l’Etat, naturellement - n’empêche pas la trahison de Talleyrand qui redevient royaliste.

En 1814, il retrouve le ministère des affaires étrangères par la grâce de Louis XVIII. En disgrâce un an après, il vit une retraite dorée à Valençay où il passe le plus clair de son temps à « agioter ».

Quinze ans plus tard, il renoue avec la diplomatie, nommé ambassadeur à Londres par Louis-Philippe. Et il achèvera sa vie en recevant et conseillant les grands de ce monde en son château.

80 à 90 000 visiteurs par an

Les cuisines du château de Valençay - DR : J.-P.C.
Les cuisines du château de Valençay - DR : J.-P.C.
Aujourd'hui ce sont 80 à 90 000 personnes qui visitent ce haut lieu des arrangements et embrouilles diplomatiques du prince.

Avec Chambord, Valençay est considéré comme l’un des plus beaux exemples du style Renaissance.

Le château se découvre par une vaste allée de platanes derrière un portail monumental. C’est aussi le début de l’architecture classique dans le val de Loire. Ce que montre la cour d’honneur avec la façade et les jardins à la française, avec terrasse à balustre dominant la vallée du Nahon.

L’intérieur, entièrement meublé, porte encore les marques du luxe voulu par Napoléon, pour en impressionner les invités.

Les salons réunissent un mobilier et des objets précieux où le style Empire prend le pas sur les pièces Louis XVI et Régence.

On s’attarde notamment dans le Grand Salon avec ses 26 fauteuils tapissés à la cour d’Espagne, et une impressionnante table sortie de l’ambassade de Vienne en souvenir du congrès de 1815, alors que le salon bleu rappelle que c’est ici que fut signé le traité de Valençay en 1814.

Intime, le salon de la musique est encore plus raffiné avec ses parquets Versailles, ses boiseries sculptées et les instruments de musique.

Au premier étage, on pénètre dans les appartements privés : chambre de Talleyrand, celle du Roi d’Espagne (retenu six ans dans cette prison dorée), celle de la duchesse de Dino (nièce par alliance et néanmoins maîtresse de Talleyrand), de la princesse de Bénévent et de Madame de Staël.

Parfaitement conservées, les vastes cuisines avec leurs instruments, fourneaux, cheminées, et cuivres rutilants donnent une idée du train de vie mené au château et de l’importance de la table dans la diplomatie.

On termine dans le parc somptueux de plus de 50 hectares. Le jardin d’Antonin, l’aire de pique-nique, les glacières, le saut du loup, l’espace de jeux, la petite ferme, le parc aux daims sont autant de but de promenades drôles et instructives. Le parcours peut se faire à pied ou en voiturette électrique.

60 voitures exposées

Exposition provisoire consacrée aux voitures Panhard - DR : J.-P.C.
Exposition provisoire consacrée aux voitures Panhard - DR : J.-P.C.
A 150 mètres du château, un musée de l’automobile met en valeur le patrimoine français depuis 1898.

Dans une ambiance de vieux garage, l’exposition présente une soixantaine de voitures, toutes en état de marche.

C’est en quelque sorte une histoire de l’automobile en raccourci avec des présentations de Renault, Citroën, Simca, Panhard, Delage mais aussi une vieille Bugatti ou un taxi de la Marne.

S’ajoutent à cela d’anciens camions de pompiers, des motos, vélos et une collection d’enseignes et d’affiches d’époque.

Cette année, une exposition temporaire est consacrée à la marque Panhard-Levassor.

Petit Trianon en Berry

Bouges, le Petit Trianon en Berry - DR : Château de Bouges
Bouges, le Petit Trianon en Berry - DR : Château de Bouges
A quelques lieues d’ici, le château de Bouges est une autre demeure ayant appartenu à Talleyrand (de 1818 à 1826).

D'une élégance sobre et classique, cette demeure Louis XV rappelle étrangement le petit Trianon de Versailles. On se demande d’ailleurs s’il est l’œuvre de Jacques-Ange Gabriel ou un plagiat de son élève Fayetti.

A l’extérieur, un parc à l’anglaise de 80 ha avec des essences rares, les jardins à la française et un jardin bouquetier pour fleurir le château.

A l’intérieur, des œuvres d’art et du mobilier du XVIIIe siècle. Surmontés de toits à la Mansard, les communs abritent de belles écuries et une sellerie, avec sa collection de selles, harnais, bottes…

Propriété des monuments nationaux, ce château a souvent servi de décors pour des tournages de films, notamment Le colonel Chabert, de l’œuvre de Balzac, avec Gérard Depardieu (lui-même originaire de l’Indre).

Dans les jardins de Poulaines

Devant le manoir de Poulaines, un séquoia giganteum plus que centenaire - DR : J.-P.C.
Devant le manoir de Poulaines, un séquoia giganteum plus que centenaire - DR : J.-P.C.
Pas très loin de Bouges, le domaine de Poulaines, constitué de jardins d’atmosphère et d’un arboretum traversés par un ruisseau, le Poulain.

On y trouve de grands arbres de la fin du XIXème siècle : tilleuls, platanes, aulnes, frênes, chênes et même un séquoia giganteum devant le manoir.

Entourés de 20 hectares de bois autour d’arbres centenaires, des jardins à thème, sur 4,5 hectares, permettent de faire le lien entre le Manoir (XVIe siècle - XIXe siècle) et la Métairie, avec ses 2 corps de logis aux charpentes Renaissance.

On se balade autour de la roseraie, d’un chemin d’eau avec ses iris et ses lavandes, de cheminements de plantes vivaces et d’arches palissées de grimpantes. En bordure de ruisseau, le parc à l’anglaise mène du jardin de bambous à l’arboretum et ses 300 arbres étiquetés.

Depuis près de 30 ans, les propriétaires redonnent vie à ce lieu préservé en restaurant les bâtis et en créant des jardins dans le respect des essences du XIXe siècle.

On recense aujourd’hui, sur presque 5 hectares, plus de 1 500 arbres et arbustes, des vivaces et des bulbes entretenus par quatre jardiniers qui officient à temps plein, conduits par Valérie Esnault, la propriétaire.

Le domaine est un espace privé, ouvert au public depuis 2013. Ce site a été labellisé « Jardin remarquable » en décembre 2014. Il participe à la saison « Jardins en Val de Loire 2017 » missionné par « Val de Loire Patrimoine Mondial de l’Unesco ».

En 2019, 90 000 visiteurs ont fait escale pour une promenade didactique mais aussi ludique. Ou mieux encore, pour une étape bucolique dans un gite au cœur du domaine.

Repères

Office de tourisme de l’Indre : www.berryprovince.com

Châteaux

Valençay :
www.chateau-valencay.fr
Tel : 02 54 35 88 26
On peut déjeuner à l’orangerie du château, la cuisine est soignée et le prix raisonnable.

Bouges : www.chateau-bouges.fr/
Tel : 02 54 35 88 26

Coups de cœur

Domaine des Poulaines


Le domaine propose deux gites et des chambres d’hôtes pour 4 et 6 personnes. Deux maisons indépendantes à louer à la nuit (2 minimum) ou la semaine. Très bien aménagées, belle déco et accueil chaleureux par la propriétaire. A la boutique on trouve les produits du jardin bio et excellents (confitures, miel, jus de pomme…).

www.domaine-poulaines.com
Tel : 06 73 01 15 23

Château de Boisrenault

Château du début du XXe siècle, Boisrenault accueille les visiteurs depuis plus de 30 ans. A Buzançais, aux portes du parc régional de la Brenne, pays des mille étangs, le château dispose de cinq vastes chambres d’hôtes et de deux gîtes. Il peut se louer en entier et dispose d’un grand parc arboré avec jeux pour enfants et piscine. Possibilité de table d’hôtes sur réservation.

www.boisrenault.fr
Tel : 02 54 84 03 01


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