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Jeff Bezos veut tracer une route vers l'espace pour les générations futures

"Step by Step, Ferociously" ("Pas à pas, avec audace")


« Depuis que j'ai cinq ans, je rêve de voyager dans l’espace ». Ce n’est pas par hasard que Jeff Bezos a choisi cette date du 20 juillet pour accomplir son rêve d’enfant. En effet, le 20 juillet 1969, l'astronaute américain Neil Armstrong, commandant de la mission Apollo 11, est le premier homme à poser le pied sur la Lune sous l’œil de 600 millions de téléspectateurs...


Rédigé par Michel MESSAGER le Mardi 20 Juillet 2021

Jeff Bezos ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, le voyage suborbital n’étant pas pour lui une fin en soi - DR : Depositphotos.com Piter2121
Jeff Bezos ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, le voyage suborbital n’étant pas pour lui une fin en soi - DR : Depositphotos.com Piter2121
En l’espace de moins de 10 jours, on a vu deux conceptions du tourisme spatial suborbital.

Celle de Richard Branson avec son vaisseau Space Ship2, baptisé VSS Unity, largué d’un avion porteur, vaisseau piloté par deux pilotes et atterrissant en vol plané après avoir atteint 80 kilomètres d’altitude.

Celle de Jeff Bezos avec une capsule lancée par la fusée New Shepard et larguée de la fusée porteuse à 75 kilomètres d’altitude pour atteindre toujours sans pilote, les 100 kilomètres d’altitude, puis ensuite revenir sur Terre freinée par deux parachutes.

La durée du voyage spatial aura duré 70 minutes pour Virgin, contre 11 minutes pour Blue Origin et le véhicule utilisé par Bezos s’est avéré très peu polluant car utilisant un mélange d'hydrogène et d'oxygène, contrairement à celui de Branson qui utilise une technique de propulsion à carburant solide et produit du CO2 (principal responsable du changement climatique) et crache des suies en traversant la stratosphère.

Ces lancements vont tirer le marché

Tout d’abord, évacuons les petites bisbilles au sujet des 80 ou des 100 kilomètres au-dessus de la Terre.

Cette ligne de Karman ne signifie pas grand-chose quand on sait que le physicien magyar-américain a lui-même hésité entre 83,6 km (1ère proposition) et 100 km (2e proposition) pour des raisons purement mémotechniques.

Beaucoup d’astrophysiciens proposent d’ailleurs que cette limite soit celle à partir de laquelle les satellites peuvent parcourir une orbite complète sans propulsion car non freinés par l’atmosphère résiduelle de la Terre. Cette altitude est d’environ 150 kilomètres.

Altitude que la motorisation de Blue Origin aura très certainement d’ici peu de temps, ce qui n’est pas le cas, du moins pour le moment, de Virgin.

Une chose est certaine, rappelée dans le rapport de la NSR (Northern Sky Research) « Space Tourism & Travel Markets », c’est que ce lancement réussi, après celui de Virgin, va tirer le marché, prévoyant d’après une étude de la banque UBS en 2025, 15 000 passagers pour un revenu de 1 milliard de dollars, et en 2035, 30 000 passagers pour 3 milliards de dollars.

Dans le même temps, l’industrie spatiale d’une manière générale devrait voir ses revenus cumulés mondiaux atteindre 7,9 milliards de dollars d'ici la fin de la décennie.

Objectif pour Bezos : 52 lancements par an en 2022 - 2023

Dès la fin de l’année, comme annoncé, Virgin va procéder à de nouveaux lancements.

Pour ce qui est de Blue Origin, il faut savoir que fusée comme capsule sont réutilisables au moins 25 fois et qu’il ne faut que 14 heures avec une équipe de 30 personnes pour mettre le lanceur sur le pas de tir, le lancer, le récupérer et le remettre sur le pas de tir en vue d’un nouveau lancement.

Ce qui rend tout à fait crédible les annonces de Jeff Bezos, dont l’objectif est d’ici 2022/2023, de 52 lancements par an, soit un par semaine.

Deux lancements sont prévus d’ici la fin de l’année.


Mais Jeff Bezos, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, le voyage suborbital n’étant pas pour lui une fin en soi.

Jeff Bezos étudiant à Princeton a été inspiré par les travaux du physicien Gerard O’Neill, qui a théorisé la vie et le travail de millions d’êtres humains dans l’espace, point commun qu’il a avec Elon Musk et qui a d’ailleurs été source de conflits entre les deux hommes.

C’est ainsi que depuis 2016, Bezos a confié à ses ingénieurs la mission de concevoir un lanceur lourd réutilisable, New Glenn, capable de placer 45 tonnes en orbite basse. En 2018, il a affirmé sa volonté de participer au retour de l'homme sur la Lune, « mais cette fois pour y rester » !

D’ailleurs le 9 mai 2021, Bezos a présenté son projet « Blue Moon », un grand atterrisseur pesant plus de trois tonnes à vide et quinze tonnes avec le plein de carburant, équipé d’un unique moteur. Il pourra transporter 3,6 tonnes de fret sur la surface lunaire, et 6,5 tonnes dans une version plus grande.

« L’alunisseur est développé depuis trois ans, et pourra emmener des instruments scientifiques, quatre petits "rovers" mais aussi un futur véhicule pressurisé pour humains. C’est un véhicule incroyable, et il ira sur la Lune », a déclaré Jeff Bezos.

Le but est d’atterrir au pôle sud de la Lune, où se trouve de l’eau glacée. L’eau peut être exploitée pour produire de l’hydrogène, qui servirait ensuite de carburant pour explorer le système solaire. Date prévue : 2024.

Comme l’a dit Bezos à sa descente de la capsule, « Il s'agit de construire une route vers l'espace pour que les générations futures puissent y faire des choses incroyables ».

Acceptons-en l’augure.

Michel Messager - DR
Michel Messager - DR
Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.

Après avoir occupé les postes de Secrétaire Général du Tourisme Français, puis de Directeur de Touropa et Directeur du pôle tourisme du Groupe Verney, il rejoint en 1997 l’APST (Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme) en qualité de Secrétaire Général jusqu’à fin 2007, période à laquelle, encore jeune retraité, il décide de réactiver sa société de conseils créée au début des années 90.

Nommé par le Ministre chargé du tourisme en 2005, puis en 2012, il siège au Conseil National du Tourisme en qualité de Président Délégué de la section économie touristique, il est aussi Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme).

Il est l’auteur de deux livres sur le Tourisme Spatial, le premier publié en 2009 à la documentation française et le second sorti en 2021, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" chez Amazon, ainsi que de nombreux articles sur le sujet.

Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière. Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an.

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