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Faut-il s’inquiéter du développement des débris spatiaux ?

La chronique de Michel Messager


Des chercheurs de l'université de Colombie-Britannique au Canada expliquent dans la revue Scientific Reports que, selon leurs calculs, le risque de voir un débris spatial heurter un avion ne cesse de grandir. Sachant que la masse totale des débris spatiaux avoisine dorénavant les 9 000 tonnes et que l’on dénombre plus de 34 000 objets de plus de 10 cm… faut-il donc réellement s’inquiéter ?


Rédigé par le Mardi 18 Février 2025

Bien que le risque qu’un débris spatial heurte un avion soit faible, ces objets peuvent perturber les vols et causer des frais pour les compagnies aériennes et les passagers - Depositphotos.com, JohanSwanepoel
Bien que le risque qu’un débris spatial heurte un avion soit faible, ces objets peuvent perturber les vols et causer des frais pour les compagnies aériennes et les passagers - Depositphotos.com, JohanSwanepoel
Même si l'affaire d'une maison touchée par un débris de la Station spatiale internationale, il y a presque un an en Floride (États-Unis), a défrayé la chronique, il faut savoir raison garder.

Sur les 50 dernières années, la Nasa n'a pas enregistré plus d'une chute de débris spatial au sol par jour, sans aucun accident grave. Et pour cause, les débris spatiaux restent peu nombreux à tomber de manière incontrôlée et sur une zone habitée.

Il semblerait toutefois que la donne change lorsque l'on se place du point de vue des passagers d'un avion de ligne. C'est ce que les chercheurs de l'université de Colombie-Britannique (Canada) expliquent dans la revue Scientific Reports.

« En 2024, 258 fusées ont été lancées, 120 débris de fusée sont entrés dans l’atmosphère de façon non contrôlée, soit un nombre record, et plus de 2 300 corps de fusée sont toujours en orbite », a déclaré Ewan Wright, doctorant en études interdisciplinaires à l’UBC et auteur principal de l’étude de l'université de Colombie-Britannique.

En parallèle et selon l'IATA, le trafic total en 2024 a augmenté de 10,4% par rapport à l'année précédente et a dépassé de 3,8% les niveaux d'avant la pandémie de 2019.

En 2025, tout indique d’ailleurs que la demande de voyages continuera de croître, bien qu'à un rythme modéré de 8%, plus conforme aux moyennes historiques.

La question qui se pose est donc celle de savoir si ces deux activités peuvent continuer à se développer à un tel rythme, sans accident sérieux.

La réglementation spatiale, un véritable Far West !

Si l’on sait que le trafic aérien est parfaitement réglementé et sécurisé, il n’en n’est malheureusement pas de même de la réglementation spatiale, qu’un grand nombre de juristes n’hésitent pas à comparer à un véritable Far West.

Voici donc cue nous dit l’étude des chercheurs de l'université de Colombie-Britannique (Canada) à ce sujet :

- « Les régions autour des grands aéroports ont 0,8% de chance par an d'être touchées par une rentrée incontrôlée. Ce taux peut monter à 26% pour les zones plus grandes, mais qui restent très fréquentées, comme celles que l'on trouve dans le nord-est des États-Unis, dans le nord de l'Europe et autour des grandes villes de la région Asie-Pacifique ».

- Si la majorité des débris spatiaux se désintègrent en entrant dans l’atmosphère, les morceaux plus gros, comme les restes de fusées, sont beaucoup moins susceptibles de brûler complètement. Bien que le risque qu’un débris spatial heurte un avion soit faible (1 sur 430 000), les scientifiques soulignent que ces objets pourraient perturber les vols et causer des frais pour les compagnies aériennes et les passagers.

Cela a été le cas en 2022. L'Espagne et la France ont fermé une partie de leur espace aérien pendant environ une heure, alors qu’un débris de 20 tonnes traversait le ciel, rappelle Ewan Wright. Environ 600 vols ont été retardés ce jour-là.

Lire aussi : "Tourisme Spatial et Assurances", le nouvel ouvrage de Michel Messager

Le nettoyage de l’espace, un nouveau marché estimé à 3 milliards d'euros de CA annuel

Il faut néanmoins savoir raison garder quand on sait que chaque jour, ce sont 230 météorites de plus de 10 grammes qui tombent sur Terre. Autrement dit, chaque année ce sont 84 000 météorites qui tombent sur notre planète depuis l'espace.

Il convient également de rappeler que le problème n'est pas tant la taille d'un débris - l'espace est très grand - que l'énergie libérée lors d'un impact. En se déplaçant à environ 30 000 km/h, un débris en aluminium d'1 mm de rayon libère la même énergie qu'une boule de bowling lancé à 100 km/h, tandis qu'un débris en acier d'1 cm de rayon équivaut à une voiture lancée à 130 km/h.

D’après l’étude, même s’il est possible de contrôler ces débris pour les faire se désintégrer hors des zones habitables, « plus de 2 300 corps de fusées en orbites finiront par ré-entrer de manière incontrôlée » dans notre atmosphère durant les prochaines décennies. Il convient donc, sans lui donner plus d’importance qu’il en a, de surveiller ce problème et ne pas se le cacher.

Conscient de ce problème des débris, notamment dans l’espace, depuis quelques années des solutions se profilent : bras robotiques, filets, harpons, lasers destinés à cibler les petits débris et même « Space Tugs », ou remorqueurs de l'espace, chargés de récolter les débris en apesanteur.

Suite logique de l’observation, de la surveillance, des bases de données et de la problématique du développement des débris, une nouvelle branche du spatial voit le jour : le nettoyage de l’espace. La Nasa estime ce nouveau marché à 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel !

Michel MESSAGER
Michel MESSAGER
Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.

Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme). Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet ainsi que de plusieurs livres : le "Tourisme Spatial" publié en 2009 à la documentation française, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" sorti en 2021, "Tourisme Spatial et Ecologie" en 2022 et "Tourisme Spatial de 1950 à 2022" chez Amazon. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière.

Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an. Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière de Tourisme Spatial.

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