"Je demanderais que ces compagnies soient sanctionnées d'une manière ou d'une autre" en cas de non respect du règlement européen - Crédit photo : Damien Regnard
TourMaG.com - Vous avez adressé une question à l'intention de Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports. Celle-ci a été publiée au journal officiel et porte sur les non-remboursements des compagnies aériennes. Vous lui demandez notamment les mesures et dispositions du gouvernement pour faire appliquer le règlement européen numéro 261/2004. Pourquoi cette démarche ?
Damien Regnard : Ma démarche est simple, je souhaite que nous aidions les Français qui se trouvent dans une situation financière délicate en raison par exemple de billets d'avion non remboursés par les compagnies aériennes.
Il faut se rendre compte tout de même que les avoirs illégaux émis par les compagnies ne seront pas utilisés. Les réouvertures de certaines destinations ne sont pas pour demain.
Je trouve cette situation injuste de la part des transporteurs. Ils ont agi à très court terme. Nous savons très bien que certaines compagnies ne respectent pas le règlement européen, comme Tunisair, Air Algérie, par exemple.
Il est nécessaire de maintenir une certaine pression auprès du gouvernement à ce sujet.
TourMaG.com - Donnerez-vous suite à l'absence de réponse du ministre des Transports ?
Damien Regnard : En général quand je prends un dossier, je ne lâche pas.
Je donnerai suite à ma démarche, je mettrai tous les moyens possibles, jusqu'à faire remonter le sujet à la Commission européenne s'il le faut.
Pour le moment nous n'avons pas de retour du ministre, il aura jusqu'à la mi-décembre. S'il ne répond pas, la question lui sera directement adressée et en fonction, j'irai plus haut.
J'espère que la réponse sera précise notamment sur les mesures et actions. Je ne souhaite pas qu'elle ne soit qu'un long fleuve de verbiages administratifs.
Damien Regnard : Ma démarche est simple, je souhaite que nous aidions les Français qui se trouvent dans une situation financière délicate en raison par exemple de billets d'avion non remboursés par les compagnies aériennes.
Il faut se rendre compte tout de même que les avoirs illégaux émis par les compagnies ne seront pas utilisés. Les réouvertures de certaines destinations ne sont pas pour demain.
Je trouve cette situation injuste de la part des transporteurs. Ils ont agi à très court terme. Nous savons très bien que certaines compagnies ne respectent pas le règlement européen, comme Tunisair, Air Algérie, par exemple.
Il est nécessaire de maintenir une certaine pression auprès du gouvernement à ce sujet.
TourMaG.com - Donnerez-vous suite à l'absence de réponse du ministre des Transports ?
Damien Regnard : En général quand je prends un dossier, je ne lâche pas.
Je donnerai suite à ma démarche, je mettrai tous les moyens possibles, jusqu'à faire remonter le sujet à la Commission européenne s'il le faut.
Pour le moment nous n'avons pas de retour du ministre, il aura jusqu'à la mi-décembre. S'il ne répond pas, la question lui sera directement adressée et en fonction, j'irai plus haut.
J'espère que la réponse sera précise notamment sur les mesures et actions. Je ne souhaite pas qu'elle ne soit qu'un long fleuve de verbiages administratifs.
"Je demanderai que ces compagnies soient sanctionnées d'une manière ou d'une autre"
La question de Damien Regnard à l'intention du Ministre des Transports - Crédit photo : Journal Officiel
TourMaG.com - Vous n'êtes pas sans connaître le passé de Jean-Baptiste Djebbari. Depuis qu'il est ministre, il ne cesse de défendre le transport aérien. Vous ne pensez pas qu'il fera tout pour que les remboursements soient éludés ?
Damien Regnard : Vous sous-entendez, ce n'est pas moi qui le dis, qu'il pourrait avoir des intérêts divergents de ceux mis en avant par la Commission européenne ou le ministère des Affaires étrangères.
J'espère que vous vous trompez.
Si la réponse est un peu vaseuse, je saurais décoder les choses. Ma question est précise, mon dossier comporte de nombreux éléments, il convient d'avoir une réponse concise.
Nous saisirons alors d'autres instances, à commencer par Jean-Baptiste Lemoyne (Secrétaire d'Etat chargé du tourisme), puis le ministre des Affaires étrangères, le Premier ministre.
Si la réponse est sous influence, pour reprendre vos termes, nous irons au niveau européen directement.
TourMaG.com - La situation est un peu étrange d'avoir un ministre qui fait du lobby au niveau européen pour les avoirs des compagnies...
Damien Regnard : C'est dans tous les cas une situation exceptionnelle.
Je tiens à préciser que je n'ai rien contre les compagnies aériennes, elles sont gravement touchées par la crise. Je pense qu'il y a des limites à ne pas dépasser, rien que par respect pour la clientèle.
J'ai une activité de réceptif aux Etats-Unis, dans le voyage d'affaires. Alors que le printemps était rempli, nous avons dû rembourser nos clients sans hésiter du jour au lendemain.
Je comprends la position des compagnies. Mais celles qui ne jouent pas le jeu doivent être mises devant leurs responsabilités.
Je demanderai que ces compagnies soient sanctionnées d'une manière ou d'une autre.
Damien Regnard : Vous sous-entendez, ce n'est pas moi qui le dis, qu'il pourrait avoir des intérêts divergents de ceux mis en avant par la Commission européenne ou le ministère des Affaires étrangères.
J'espère que vous vous trompez.
Si la réponse est un peu vaseuse, je saurais décoder les choses. Ma question est précise, mon dossier comporte de nombreux éléments, il convient d'avoir une réponse concise.
Nous saisirons alors d'autres instances, à commencer par Jean-Baptiste Lemoyne (Secrétaire d'Etat chargé du tourisme), puis le ministre des Affaires étrangères, le Premier ministre.
Si la réponse est sous influence, pour reprendre vos termes, nous irons au niveau européen directement.
TourMaG.com - La situation est un peu étrange d'avoir un ministre qui fait du lobby au niveau européen pour les avoirs des compagnies...
Damien Regnard : C'est dans tous les cas une situation exceptionnelle.
Je tiens à préciser que je n'ai rien contre les compagnies aériennes, elles sont gravement touchées par la crise. Je pense qu'il y a des limites à ne pas dépasser, rien que par respect pour la clientèle.
J'ai une activité de réceptif aux Etats-Unis, dans le voyage d'affaires. Alors que le printemps était rempli, nous avons dû rembourser nos clients sans hésiter du jour au lendemain.
Je comprends la position des compagnies. Mais celles qui ne jouent pas le jeu doivent être mises devant leurs responsabilités.
Je demanderai que ces compagnies soient sanctionnées d'une manière ou d'une autre.
"Je souhaite un engagement clair de la part des compagnies aériennes pour les clients"
TourMaG.com - Votre démarche s'inscrit dans le sillage de celle du Seto qui souhaite que la DGAC contraigne les compagnies à rembourser, pour le moment sans succès...
Damien Regnard : Justement la DGAC fait partie des structures que j'envisage de saisir s'il n'y a pas de réaction.
C'est effectivement logique de saisir la DGAC, même si aller la saisir, c'est peut-être aller trop haut, trop rapidement. Il existe un étage entre les deux.
Il faut mettre les compagnies face au mur. Il est possible de les contraindre à payer dans un délai défini, quitte à échelonner.
Je souhaite un engagement clair de la part des compagnies aériennes pour que les clients, les voyagistes et toute l'industrie puissent récupérer leur argent. Il y a un effet domino désastreux du voyageur aux voyagistes. Toute la filière est impactée.
TourMaG.com - Quelle est la genèse de votre démarche ?
Damien Regnard : Je suis sénateur des Français de l'étranger, mais aussi un professionnel du tourisme. Avec mon activité réceptive aux Etats-Unis, la question des remboursements ne m'est pas étrangère.
De très nombreux Français pas spécialement très fortunés se sont retrouvés avec des billets annulés en raison de la pandémie et ont dû acheter un deuxième billet pour rentrer.
Durant cette période nous avons pu observer que certains algorithmes ont fait gonfler les prix de façon spectaculaire, avec des billets atteignant plus de 20 000 euros, en raison d'une forte demande.
Nous nous sommes retrouvés avec des personnes qui se sont littéralement ruinées pour rentrer, et les compagnies aériennes s'en lavaient les mains.
Couplé à cela un service commercial inexistant ou presque, des files d'attente interminables dans les aéroports, des difficultés pour atteindre les aéroports.
Nous avons assisté à des situations ubuesques, scandaleuses. Derrière les décisions des compagnies ariennes, le retour de la confiance et à une activité normale prendra énormément de temps.
Le sentiment d'avoir été arnaqué, d'avoir été pris en otage, cela ne donnera pas envie aux clients de repartir.
Damien Regnard : Justement la DGAC fait partie des structures que j'envisage de saisir s'il n'y a pas de réaction.
C'est effectivement logique de saisir la DGAC, même si aller la saisir, c'est peut-être aller trop haut, trop rapidement. Il existe un étage entre les deux.
Il faut mettre les compagnies face au mur. Il est possible de les contraindre à payer dans un délai défini, quitte à échelonner.
Je souhaite un engagement clair de la part des compagnies aériennes pour que les clients, les voyagistes et toute l'industrie puissent récupérer leur argent. Il y a un effet domino désastreux du voyageur aux voyagistes. Toute la filière est impactée.
TourMaG.com - Quelle est la genèse de votre démarche ?
Damien Regnard : Je suis sénateur des Français de l'étranger, mais aussi un professionnel du tourisme. Avec mon activité réceptive aux Etats-Unis, la question des remboursements ne m'est pas étrangère.
De très nombreux Français pas spécialement très fortunés se sont retrouvés avec des billets annulés en raison de la pandémie et ont dû acheter un deuxième billet pour rentrer.
Durant cette période nous avons pu observer que certains algorithmes ont fait gonfler les prix de façon spectaculaire, avec des billets atteignant plus de 20 000 euros, en raison d'une forte demande.
Nous nous sommes retrouvés avec des personnes qui se sont littéralement ruinées pour rentrer, et les compagnies aériennes s'en lavaient les mains.
Couplé à cela un service commercial inexistant ou presque, des files d'attente interminables dans les aéroports, des difficultés pour atteindre les aéroports.
Nous avons assisté à des situations ubuesques, scandaleuses. Derrière les décisions des compagnies ariennes, le retour de la confiance et à une activité normale prendra énormément de temps.
Le sentiment d'avoir été arnaqué, d'avoir été pris en otage, cela ne donnera pas envie aux clients de repartir.
Rapatriement : "nous nous sommes aperçus que certaines compagnies profitaient de la situation de manière outrageante"
TourMaG.com - Vous êtes sénateur des Français de l'étranger, basé aux Etats-Unis. Comment avez-vous vécu l'année écoulée ?
Damien Regnard : J'ai été très choquée par la période du rapatriement de nos concitoyens.
J'ai fait partie de la cellule des parlementaires des Français de l'étranger, en relation avec le centre de crise et Jean-Baptiste Lemoyne, afin de coordonner l'opération.
Nous les avons rapatriés dans des conditions très difficiles, en raison de la fermeture des frontières, des aéroports, de l'incapacité de se déplacer à l'intérieur même des pays, notamment en Amérique latine ou en Asie.
Cela a été un travail considérable, avec des situations de grand stress.
Nous nous sommes aperçus que certaines compagnies profitaient de la situation de manière outrageante, même si quelques transporteurs ont joué le jeu, comme Air France.
Certains ont même fait le tour de la planète pour rentrer en France. Il y a eu des choses extraordinaires et choquantes. Ces actions ont mis certains de nos compatriotes en très mauvaise posture.
TourMaG.com - Comment s'est passée l'année de votre réceptif ?
Damien Regnard : En trois jours, toutes nos réservations sont tombées. Plus de 4 mois de travail sont partis en fumée.
Nous recevons quelques demandes pour le printemps 2021, mais avec de telles conditions que nous sentons que la reprise sera très délicate.
J'ai créé Groupe Direct en 2000, nous avons vécu le 11 septembre, mais ce que nous vivons là est sidérant.
Malheureusement cette situation n'est pas conditionnée seulement à la France. La situation sanitaire aux Etats-Unis demeure préoccupante. Les vols transatlantiques sont vides, avec au mieux 30 ou 50 personnes.
Au niveau domestique les avions sont remplis, mais il y a moins de fréquences. Le marché de l'aérien est extrêmement volatil.
Damien Regnard : J'ai été très choquée par la période du rapatriement de nos concitoyens.
J'ai fait partie de la cellule des parlementaires des Français de l'étranger, en relation avec le centre de crise et Jean-Baptiste Lemoyne, afin de coordonner l'opération.
Nous les avons rapatriés dans des conditions très difficiles, en raison de la fermeture des frontières, des aéroports, de l'incapacité de se déplacer à l'intérieur même des pays, notamment en Amérique latine ou en Asie.
Cela a été un travail considérable, avec des situations de grand stress.
Nous nous sommes aperçus que certaines compagnies profitaient de la situation de manière outrageante, même si quelques transporteurs ont joué le jeu, comme Air France.
Certains ont même fait le tour de la planète pour rentrer en France. Il y a eu des choses extraordinaires et choquantes. Ces actions ont mis certains de nos compatriotes en très mauvaise posture.
TourMaG.com - Comment s'est passée l'année de votre réceptif ?
Damien Regnard : En trois jours, toutes nos réservations sont tombées. Plus de 4 mois de travail sont partis en fumée.
Nous recevons quelques demandes pour le printemps 2021, mais avec de telles conditions que nous sentons que la reprise sera très délicate.
J'ai créé Groupe Direct en 2000, nous avons vécu le 11 septembre, mais ce que nous vivons là est sidérant.
Malheureusement cette situation n'est pas conditionnée seulement à la France. La situation sanitaire aux Etats-Unis demeure préoccupante. Les vols transatlantiques sont vides, avec au mieux 30 ou 50 personnes.
Au niveau domestique les avions sont remplis, mais il y a moins de fréquences. Le marché de l'aérien est extrêmement volatil.
DMC USA : "Il n'y a pas l'espoir ni de signe de reprise pour 2021"
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TourMaG.com - Vous voyez une reprise de l'activité ?
Damien Regnard : C'est très compliqué.
J'ai de la chance d'avoir une petite structure flexible et souple, donc nous avons réussi à faire ce qu'il fallait pour les clients et la pérennité de l'entreprise.
Etant un DMC exclusif sur les USA, il ne nous est pas possible d'aller chercher un autre marché que la France. Il n'y a pas de voyages vers les Etats-Unis.
Il n'y a pas l'espoir ni de signe de reprise pour 2021, pour moi l'activité de mars à juin est foutue. Je suis au Sénat depuis deux ans, j'ai un peu laissé l'activité à mes employés.
Je ne peux pas m'en occuper, même si j'y ai le droit d'un point de vue déontologique, car il n'y a pas de conflit d'intérêts, mais je n'en ai pas le temps.
TourMaG.com - Avez-vous pu bénéficier d'aides spécifiques comme en France ?
Damien Regnard : Nous avons eu un tout petit peu d'aides, mais c'était plutôt quelque chose d'individuel que pour l'entreprise.
Je n'ai pas fait de démarche pour en obtenir. Nous avons un peu de trésorerie pour tenir. Il va sans dire que nous ne nous payons plus.
Et côté Français cela ne sert à rien, car la France a refusé d'aider toutes les entreprises qui fonctionnent avec notre pays.
Damien Regnard : C'est très compliqué.
J'ai de la chance d'avoir une petite structure flexible et souple, donc nous avons réussi à faire ce qu'il fallait pour les clients et la pérennité de l'entreprise.
Etant un DMC exclusif sur les USA, il ne nous est pas possible d'aller chercher un autre marché que la France. Il n'y a pas de voyages vers les Etats-Unis.
Il n'y a pas l'espoir ni de signe de reprise pour 2021, pour moi l'activité de mars à juin est foutue. Je suis au Sénat depuis deux ans, j'ai un peu laissé l'activité à mes employés.
Je ne peux pas m'en occuper, même si j'y ai le droit d'un point de vue déontologique, car il n'y a pas de conflit d'intérêts, mais je n'en ai pas le temps.
TourMaG.com - Avez-vous pu bénéficier d'aides spécifiques comme en France ?
Damien Regnard : Nous avons eu un tout petit peu d'aides, mais c'était plutôt quelque chose d'individuel que pour l'entreprise.
Je n'ai pas fait de démarche pour en obtenir. Nous avons un peu de trésorerie pour tenir. Il va sans dire que nous ne nous payons plus.
Et côté Français cela ne sert à rien, car la France a refusé d'aider toutes les entreprises qui fonctionnent avec notre pays.