La Ghriba, la plus vieille synagogue d’Afrique. Son caractère sacré est reconnu par toutes les communautés. Photo MS.
En Tunisie le nombre de citoyens de confession juive est passé de près de 100.000 avant l'Indépendance (1956) à environ 1 300 (dont 800 à Djerba) en 2018. Ils ne représentent que 1 % d’une population à l’écrasante majorité musulmane.
Communauté restreinte mais vivante, gardienne de la pérennité du judaïsme séfarade en Afrique, regroupée sur l’île dans les villages de Hara Sghira et Hara Skira, elle cultive ses traditions aux yeux de tous.
Communauté restreinte mais vivante, gardienne de la pérennité du judaïsme séfarade en Afrique, regroupée sur l’île dans les villages de Hara Sghira et Hara Skira, elle cultive ses traditions aux yeux de tous.
« Les Juifs sont les meilleurs ambassadeurs de la Tunisie à travers le monde »
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Quant aux Juifs de la diaspora ils le disent haut et fort, leur cœur n’a jamais quitté la Tunisie. Ils éprouvent un besoin irrépressible de revenir.
« La communauté juive, ses traditions, sa culture, font partie du patrimoine tunisien. Les Juifs sont les meilleurs ambassadeurs de la Tunisie à travers le monde» a dit Salma Elloumi Rekikk ministre du Tourisme et de l’Artisanat lors d’un grand colloque. Elle annonce le projet de l’ouverture à Tunis d’un musée dédié à l’histoire et au patrimoine juif de Tunisie.
La Ghriba et ses oukalas (caravansérails) destinés à accueillir les pèlerins se situent en pleine campagne, au cœur de l’île.
A l’occasion de la fête du Lag Baomer - cette année le jeudi 3 mai 2018 – le paisible site sacré devient le cadre d’une fête atypique, religieuse et exubérante. Joie collective des retrouvailles.
« La communauté juive, ses traditions, sa culture, font partie du patrimoine tunisien. Les Juifs sont les meilleurs ambassadeurs de la Tunisie à travers le monde» a dit Salma Elloumi Rekikk ministre du Tourisme et de l’Artisanat lors d’un grand colloque. Elle annonce le projet de l’ouverture à Tunis d’un musée dédié à l’histoire et au patrimoine juif de Tunisie.
La Ghriba et ses oukalas (caravansérails) destinés à accueillir les pèlerins se situent en pleine campagne, au cœur de l’île.
A l’occasion de la fête du Lag Baomer - cette année le jeudi 3 mai 2018 – le paisible site sacré devient le cadre d’une fête atypique, religieuse et exubérante. Joie collective des retrouvailles.
Le caractère sacré reconnu par toutes les communautés.
Selon la légende et la tradition orale, la construction de la Ghriba remonte à l’année 585 avant Jésus-Christ. Elle possède une pierre rapportée du Temple de Salomon et abrite l’une des copies les plus anciennes de la Torah. Elle impose le respect et son caractère sacré est reconnu par toutes les communautés.
Sans séparation entre les hommes et les femmes pèlerins et non pèlerins s’y retrouvent. On bavarde, on se repose, on se recueille, on prie, on allume les bougies, on glisse des messages dans les vitrines. La ferveur, l’émotion sont là. Les femmes et les jeunes filles apportent un œuf, le déposent devant la grotte des miracles avec l’espoir d’un vœu exaucé dans l’année, un mariage, un enfant.
A l’extérieur, dans la grande cour du caravansérail, c’est l’exubérance, une kermesse bruyante et joyeuse. A son micro l’animateur lance les enchères pour des prières, des vœux, ou des grâces obtenues. Les enchères montent.
L’argent ira à la Ghriba pour sa rénovation ou pour ses actions en faveur de la communauté. Un jeune Juif entame l’hymne national tunisien. Il connaît les paroles. L’orchestre suit. L’assistance se lève, applaudit. Les youyous stridents s’échappent des gorges. Les darboukas donnent aux femmes l’envie de se déhancher.
Sans séparation entre les hommes et les femmes pèlerins et non pèlerins s’y retrouvent. On bavarde, on se repose, on se recueille, on prie, on allume les bougies, on glisse des messages dans les vitrines. La ferveur, l’émotion sont là. Les femmes et les jeunes filles apportent un œuf, le déposent devant la grotte des miracles avec l’espoir d’un vœu exaucé dans l’année, un mariage, un enfant.
A l’extérieur, dans la grande cour du caravansérail, c’est l’exubérance, une kermesse bruyante et joyeuse. A son micro l’animateur lance les enchères pour des prières, des vœux, ou des grâces obtenues. Les enchères montent.
L’argent ira à la Ghriba pour sa rénovation ou pour ses actions en faveur de la communauté. Un jeune Juif entame l’hymne national tunisien. Il connaît les paroles. L’orchestre suit. L’assistance se lève, applaudit. Les youyous stridents s’échappent des gorges. Les darboukas donnent aux femmes l’envie de se déhancher.
L’Imam et le Grand Rabin
De gauche à droite, le Grand Rabin de Jérusalem, Hassen Chalghoumi Imam de Drancy, le Grand Mufti de la République tunisienne et Moshe Sebbag Grand Rabin de la Grande Synagogue de Paris. Photo MS.
Dans les cours voisines, ça sent la bonne friture. On déguste des bricks, des brochettes et des fricassés. On boit, on trinque, on se reconnaît, on se raconte. Flanqué de ses deux gardes du corps qui ne le quittent jamais Hassan Chalghoumi Imam de Drancy partage un beignet avec Moshe Sebbag, grand rabin de la Grande Synagogue de Paris. L’ambassadeur des Etats-Unis est à son tour entré dans la synagogue sous haute escorte.
Le Premier ministre tunisien Youssef Chahed vient sur les lieux du pèlerinage. Le lendemain dans un colloque international organisé au Radisson Blu sur le thème « Dialogue entre les religions et les civilisations pour lutter contre l’extrémisme et le terrorisme » il déclarera en substance « L’expérience de cohabitation inter-religieuse que vit la Tunisie est un message d’amour et de paix adressé au monde entier".
On annonce la venue du grand Rabbin de Moscou. « Quelqu’un d’important, pensez, c’est un proche de Poutine ». Le grand Rabin de Jérusalem embrasse le Mufti de la République tunisienne. La sono est au maximum. Les enchères reprennent.
« Dites bien que je suis la seule femme ambassadeur dans un pays musulman. C’est aussi un symbole qui mérite d’être souligné ». Latifa Akharbach, ambassadeur du Maroc en Tunisie discute avec Olivier Poivre d’Arvor qui connaît tout le monde, que tout le monde embrasse. Ambassadeur de France en Tunisie depuis 2016, il est devenu, dit-on, la coqueluche de Tunis.
« Regardez comme c’est beau : Juifs et Musulmans réunis » me dit une jeune et jolie parisienne un énorme bouquet dans la main. Des religieuses de Notre Dame de Sion venue de Nabeul et un père blanc d’origine togolaise installé à Tunis discutent non loin du prêtre de l’église catholique de Houmt Souk, la « capitale » de Djerba.
Il est italien et parle arabe. Les symboles se superposent, se bousculent. La procession est partie dans une bousculade bon enfant. Les photographes se ruent.
Le Premier ministre tunisien Youssef Chahed vient sur les lieux du pèlerinage. Le lendemain dans un colloque international organisé au Radisson Blu sur le thème « Dialogue entre les religions et les civilisations pour lutter contre l’extrémisme et le terrorisme » il déclarera en substance « L’expérience de cohabitation inter-religieuse que vit la Tunisie est un message d’amour et de paix adressé au monde entier".
On annonce la venue du grand Rabbin de Moscou. « Quelqu’un d’important, pensez, c’est un proche de Poutine ». Le grand Rabin de Jérusalem embrasse le Mufti de la République tunisienne. La sono est au maximum. Les enchères reprennent.
« Dites bien que je suis la seule femme ambassadeur dans un pays musulman. C’est aussi un symbole qui mérite d’être souligné ». Latifa Akharbach, ambassadeur du Maroc en Tunisie discute avec Olivier Poivre d’Arvor qui connaît tout le monde, que tout le monde embrasse. Ambassadeur de France en Tunisie depuis 2016, il est devenu, dit-on, la coqueluche de Tunis.
« Regardez comme c’est beau : Juifs et Musulmans réunis » me dit une jeune et jolie parisienne un énorme bouquet dans la main. Des religieuses de Notre Dame de Sion venue de Nabeul et un père blanc d’origine togolaise installé à Tunis discutent non loin du prêtre de l’église catholique de Houmt Souk, la « capitale » de Djerba.
Il est italien et parle arabe. Les symboles se superposent, se bousculent. La procession est partie dans une bousculade bon enfant. Les photographes se ruent.
« Le pèlerinage, un événement positif pour la Tunisie, son image, son tourisme »
René Trabelsi (Royal First Travel) co-organisateur du Pèlerinage de la Ghriba. Photo MS.
Depuis janvier 2011, année de la révolution, ce pèlerinage était resté en sommeil. Cette année il s’est imposé aidé en cela par le gouvernement tunisien qui fait valoir le retour à la sécurité dans un pays « ouvert et tolérant ». Il reste que ce pèlerinage sécurisé et réalisé avec succès au début de la grande saison touristique est de bon augure. Un signal fort.
« Tout Djerba est complet. Il n’y a pas une chambre de libre y compris le Club Med durant toute la semaine. C’est exceptionnel en cette saison » dit le voyagiste René Trabelsi (Royal Firsrt Travel) co-organisateur du pèlerinage. Il est ici chez lui. Son père, Pérez Trabelsi est le président de la Ghriba comme le furent son grand-père, son arrière-père.... A ce poste il est responsable de la gestion et de l’entretien de la plus vieille synagogue d’Afrique, un patrimoine national qui appartient à la communauté juive de Djerba.
« Cette année le pèlerinage a été un franc succès à tous les niveaux. Il s’est déroulé dans de bonnes conditions de sécurité. 400 Israéliens faisaient partie des pèlerins. La présence de personnalités gouvernementales, diplomatiques et religieuses comme les Grands Rabbins de Russie, du Royaume-Uni, de Paris, de Marseille et d’Amsterdam est une belle preuve du rétablissement du climat de paix et de sécurité dans le pays. Tout cela est positif pour la Tunisie, son image et son tourisme. ».
« Tout Djerba est complet. Il n’y a pas une chambre de libre y compris le Club Med durant toute la semaine. C’est exceptionnel en cette saison » dit le voyagiste René Trabelsi (Royal Firsrt Travel) co-organisateur du pèlerinage. Il est ici chez lui. Son père, Pérez Trabelsi est le président de la Ghriba comme le furent son grand-père, son arrière-père.... A ce poste il est responsable de la gestion et de l’entretien de la plus vieille synagogue d’Afrique, un patrimoine national qui appartient à la communauté juive de Djerba.
« Cette année le pèlerinage a été un franc succès à tous les niveaux. Il s’est déroulé dans de bonnes conditions de sécurité. 400 Israéliens faisaient partie des pèlerins. La présence de personnalités gouvernementales, diplomatiques et religieuses comme les Grands Rabbins de Russie, du Royaume-Uni, de Paris, de Marseille et d’Amsterdam est une belle preuve du rétablissement du climat de paix et de sécurité dans le pays. Tout cela est positif pour la Tunisie, son image et son tourisme. ».
A propos de Djerba
Homérique, biblique, légendaire par son histoire, l’île de Djerba traverse les siècles dans une douceur de vivre anachronique.
Malgré sa vocation d’île-resort, Djerba n’a rien d’une île bétonnée. Elle possède le charme tranquille d’une oasis qui éparpille ses palmiers jusqu’aux rivages. Le plan d’aménagement hôtelier est concentré sur une vingtaine de kilomètres de littoral (sur un total de 160). Il est situé en bordure de quelques-unes des plus belles plages du pays.
Sable fin aux reflets nacrés. Le plan d’aménagement touristique a respecté l’architecture traditionnelle. Les infrastructures hôtelières ne dépassent pas la hauteur des palmiers.
La route – une ancienne voie romaine - qui relie Djerba au continent par El Kantara et l’aérodrome de Mélita qui la relie au reste du monde n’efface en rien son caractère insulaire.
Pourquoi l’île des Lotophages ?
Il faut remonter aux temps héroïques de la prise de Troie pour trouver dans l’Histoire la premières mention de l’île de Djerba. Après s’être couvert de gloire Ulysse y oublie Pénélope. Homère l’affirme dans son Odyssée. Avant de regagner son royaume d’Ithaque il fait étape à Djerba connue par les Anciens comme l’île des Lotophages . Le peuple s’y nourrit du fruits de la fleur de Lotos dont la saveur fait oublier les souvenirs les plus chers. Quel était ce fruit mystérieux ? Le mystère demeure. L’île qui a gardé son secret possède toujours ce charme indéfinissable qui favorise l’oubli.
Djerba et les attentats
Dans son histoire la synagogue de la Ghriba n’a pas été épargnée par les attentats. En 1985 un soldat tunisien chargé de maintenir l'ordre ouvre le feu dans son enceinte et tue cinq personnes, dont quatre Juifs. En 2002, au volant d’un camion-citerne rempli de gaz un kamikaze franco-tunisien de 25 ans lié au réseau terroriste Al-Qaïda se fait exploser sur la synagogue. Il y aura 21 victimes comme le rappelle une plaque déposée à l’entrée du
Malgré sa vocation d’île-resort, Djerba n’a rien d’une île bétonnée. Elle possède le charme tranquille d’une oasis qui éparpille ses palmiers jusqu’aux rivages. Le plan d’aménagement hôtelier est concentré sur une vingtaine de kilomètres de littoral (sur un total de 160). Il est situé en bordure de quelques-unes des plus belles plages du pays.
Sable fin aux reflets nacrés. Le plan d’aménagement touristique a respecté l’architecture traditionnelle. Les infrastructures hôtelières ne dépassent pas la hauteur des palmiers.
La route – une ancienne voie romaine - qui relie Djerba au continent par El Kantara et l’aérodrome de Mélita qui la relie au reste du monde n’efface en rien son caractère insulaire.
Pourquoi l’île des Lotophages ?
Il faut remonter aux temps héroïques de la prise de Troie pour trouver dans l’Histoire la premières mention de l’île de Djerba. Après s’être couvert de gloire Ulysse y oublie Pénélope. Homère l’affirme dans son Odyssée. Avant de regagner son royaume d’Ithaque il fait étape à Djerba connue par les Anciens comme l’île des Lotophages . Le peuple s’y nourrit du fruits de la fleur de Lotos dont la saveur fait oublier les souvenirs les plus chers. Quel était ce fruit mystérieux ? Le mystère demeure. L’île qui a gardé son secret possède toujours ce charme indéfinissable qui favorise l’oubli.
Djerba et les attentats
Dans son histoire la synagogue de la Ghriba n’a pas été épargnée par les attentats. En 1985 un soldat tunisien chargé de maintenir l'ordre ouvre le feu dans son enceinte et tue cinq personnes, dont quatre Juifs. En 2002, au volant d’un camion-citerne rempli de gaz un kamikaze franco-tunisien de 25 ans lié au réseau terroriste Al-Qaïda se fait exploser sur la synagogue. Il y aura 21 victimes comme le rappelle une plaque déposée à l’entrée du