L’AFTM a réuni autour de la table des acteurs du voyage d’affaires, jeudi 25 janvier 2024, pour débattre de son actualité. – capture d’ecran
Comment se profile 2024 ? Si l’inflation était le grand sujet de l’année 2023, elle s’invite également en 2024 !
« La maîtrise de l’inflation est une priorité en 2024. Nous la ressentons sur l’ensemble des prestations. Les renouvellements de contrats sont compliqués. L’accueil des JO 2024 est également anxiogène.
Il y a une période opaque de juin à septembre. Mis bout à bout, beaucoup de critères sont à prendre en compte dans nos nouvelles négociations et nous manquons de visibilité », indique Delphine Brousset, global travel manager chez Decathlon.
« En revanche, le critère RSE est de plus en plus important au sein des sociétés. Ce volet sera plus complexe à identifier, à traduire au sein d’un déplacement professionnel.
Démarche écoresponsable ne rime pas forcément avec économie. Il faut savoir où mettre le curseur », poursuit Delphine Brousset, également déléguée à l’évènementiel à l’AFTM.
Même ambition en 2024 pour Romain Moreau, travel Manager au sein du Groupe Covéa : «Nous avons essuyé des hausses assez fortes en 2022 et 2023. Les attentes de nos directions sont tournées vers l’aspect budgétaire. Nous avons un vrai warning sur l’attention à donner à cela au niveau budget. »
Selon Romain Lecorvaisier, director key account chez Hertz, l’activité de la location de voitures reste sur une phase de recouvrement, avec « au global -30% de transactions et de volume en 2023 versus 2019. Nous avons une grosse contrainte de disponibilité de flotte, qui est en train de se relâcher pour 2024.
Il y a quelques zones d’ombre sur la période des JO entre l’augmentation des coûts et l’afflux de personnes. »
De son côté, Uber a retrouvé suffisamment de chauffeurs et d’heures disponibles pour offrir une meilleure expérience utilisateur et réduire le nombre de courses annulées.
« Le début d’année est bon et encourageant pour 2024. Nous sommes en train de nous ajuster pour être prêts à affronter les JO. Nous avons mené un sondage auprès de 2500 chauffeurs franciliens. 94% d’entre-eux nous ont confirmé leur mobilisation pour répondre à l’afflux de visiteurs. 15 millions sont attendus », assure Franck Monsauret, directeur France d’Uber for Business.
« La reprise a été très forte en janvier sur le marché du voyage d’affaires, avec une croissance de 25% versus 2023 », constate Eric Estegassy, fondateur et CEO de la centrale hôtelière DJOCA qui anticipe « une augmentation entre 5 et 8% de l’hôtellerie versus 2023. Les prix ont eu tendance à se stabiliser en province. A Paris, ils ont stagné, voire baissé pour améliorer le taux de remplissage en fin d’année 2023. »
A cette hausse des tarifs, il faudra également ajouter l’augmentation de taxe de séjour de 200%.
« La maîtrise de l’inflation est une priorité en 2024. Nous la ressentons sur l’ensemble des prestations. Les renouvellements de contrats sont compliqués. L’accueil des JO 2024 est également anxiogène.
Il y a une période opaque de juin à septembre. Mis bout à bout, beaucoup de critères sont à prendre en compte dans nos nouvelles négociations et nous manquons de visibilité », indique Delphine Brousset, global travel manager chez Decathlon.
« En revanche, le critère RSE est de plus en plus important au sein des sociétés. Ce volet sera plus complexe à identifier, à traduire au sein d’un déplacement professionnel.
Démarche écoresponsable ne rime pas forcément avec économie. Il faut savoir où mettre le curseur », poursuit Delphine Brousset, également déléguée à l’évènementiel à l’AFTM.
Même ambition en 2024 pour Romain Moreau, travel Manager au sein du Groupe Covéa : «Nous avons essuyé des hausses assez fortes en 2022 et 2023. Les attentes de nos directions sont tournées vers l’aspect budgétaire. Nous avons un vrai warning sur l’attention à donner à cela au niveau budget. »
Selon Romain Lecorvaisier, director key account chez Hertz, l’activité de la location de voitures reste sur une phase de recouvrement, avec « au global -30% de transactions et de volume en 2023 versus 2019. Nous avons une grosse contrainte de disponibilité de flotte, qui est en train de se relâcher pour 2024.
Il y a quelques zones d’ombre sur la période des JO entre l’augmentation des coûts et l’afflux de personnes. »
De son côté, Uber a retrouvé suffisamment de chauffeurs et d’heures disponibles pour offrir une meilleure expérience utilisateur et réduire le nombre de courses annulées.
« Le début d’année est bon et encourageant pour 2024. Nous sommes en train de nous ajuster pour être prêts à affronter les JO. Nous avons mené un sondage auprès de 2500 chauffeurs franciliens. 94% d’entre-eux nous ont confirmé leur mobilisation pour répondre à l’afflux de visiteurs. 15 millions sont attendus », assure Franck Monsauret, directeur France d’Uber for Business.
« La reprise a été très forte en janvier sur le marché du voyage d’affaires, avec une croissance de 25% versus 2023 », constate Eric Estegassy, fondateur et CEO de la centrale hôtelière DJOCA qui anticipe « une augmentation entre 5 et 8% de l’hôtellerie versus 2023. Les prix ont eu tendance à se stabiliser en province. A Paris, ils ont stagné, voire baissé pour améliorer le taux de remplissage en fin d’année 2023. »
A cette hausse des tarifs, il faudra également ajouter l’augmentation de taxe de séjour de 200%.
Quid de la location de voitures ?
Si la hausse conséquente des tarifs hôteliers a fait couler beaucoup d’encre, la location de voitures n’est pas épargnée par l’inflation.
« Il y a une forte augmentation des tarifs sur les renouvellements de contrats , confirme Delphine Brousset, global travel manager chez Decathlon. Selon les loueurs elle est plus ou moins importante. »
« Cette inflation est négociable, nous arrivons à avoir un accord mais c’est plus compliqué que les années passées, car il y a beaucoup de facteurs économiques et écologiques à prendre en compte et qui justifient de négocier différemment », reconnait Delphine Brousset.
Romain Moreau observe des majorations de « 20 à 30% sur les deux années cumulées, 2022 et 2023. Nous sommes sur des pourcentages de hausse bien plus importants que dans les secteurs de l’hôtellerie, de l’aviation ou du ferroviaire. Heureusement, 2024 sera plus raisonnable même s’il faudra rester vigilant par rapport aux frais annexes, telle que la livraison sur site. Sans oublier l’augmentation des coûts des carburants. »
« Il faut voir d’où l’on part, répond Romain Lecorvaisier, director key account chez Hertz. Quand j’ai rejoint Hertz en 2018, la location de voiture était moins chère que celle d’un vélo électrique ou d’une trottinette. Les dernières années ont subi une augmentation pour essayer de retrouver un équilibrage. Nous avons dû impacter les augmentations que l’on avait et la diminution de flotte disponible pour les corporate et le loisir. »
Quid des frais annexes ? « On avait l’habitude de louer des véhicules ou de se faire livrer des véhicules pour presque zéro. Les services qui étaient peu valorisés et monétisés ont subi un impact bien supérieur à 30% », confirme Romain Lecorvaisier, qui se veut également rassurant : « Les hausses vont être inférieures cette année car le marché se détend. Les constructeurs répondent à la demande de volume, il y a une volonté d’écouler plus de volume que les années précédentes. »
Lire aussi : Voyage d'affaires : l'hôtel, toujours plus cher en 2024 🔑
« Il y a une forte augmentation des tarifs sur les renouvellements de contrats , confirme Delphine Brousset, global travel manager chez Decathlon. Selon les loueurs elle est plus ou moins importante. »
« Cette inflation est négociable, nous arrivons à avoir un accord mais c’est plus compliqué que les années passées, car il y a beaucoup de facteurs économiques et écologiques à prendre en compte et qui justifient de négocier différemment », reconnait Delphine Brousset.
Romain Moreau observe des majorations de « 20 à 30% sur les deux années cumulées, 2022 et 2023. Nous sommes sur des pourcentages de hausse bien plus importants que dans les secteurs de l’hôtellerie, de l’aviation ou du ferroviaire. Heureusement, 2024 sera plus raisonnable même s’il faudra rester vigilant par rapport aux frais annexes, telle que la livraison sur site. Sans oublier l’augmentation des coûts des carburants. »
« Il faut voir d’où l’on part, répond Romain Lecorvaisier, director key account chez Hertz. Quand j’ai rejoint Hertz en 2018, la location de voiture était moins chère que celle d’un vélo électrique ou d’une trottinette. Les dernières années ont subi une augmentation pour essayer de retrouver un équilibrage. Nous avons dû impacter les augmentations que l’on avait et la diminution de flotte disponible pour les corporate et le loisir. »
Quid des frais annexes ? « On avait l’habitude de louer des véhicules ou de se faire livrer des véhicules pour presque zéro. Les services qui étaient peu valorisés et monétisés ont subi un impact bien supérieur à 30% », confirme Romain Lecorvaisier, qui se veut également rassurant : « Les hausses vont être inférieures cette année car le marché se détend. Les constructeurs répondent à la demande de volume, il y a une volonté d’écouler plus de volume que les années précédentes. »
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Le désamour pour les véhicules électriques
Quand la loi de l'offre et la demande se confronte aux enjeux de transition écologique. Le 11 janvier dernier, Hertz a annoncé se séparer de 20 000 véhicules électriques de sa flotte américaine pour les remplacer par… des véhicules thermiques.
S’agit-il d’un retour en arrière sur l’électrique ? Est-ce la fin des grandes ambitions RSE ?
« C’est un épiphénomène. Les marchés américains et européens sont très différents. La France est soumise à la loi Lom », veut rassurer Romain Lecorvaisier, director key account chez Hertz, qui ambitionne de doubler sa flotte électrique en France.
« Un loueur de véhicule adapte sa flotte aux demandes des clients. Nous avons à ce jour un taux d’utilisation bien inférieur, entre 10 et 15 points, entre les véhicules thermiques et l’électrique. Il y a un vrai frein à l’utilisation de l’électrique. Nous arrivons péniblement à 5% de taux d’utilisation sur un panel normal d’une entreprise corporate », justifie-t-il.
« C’est compliqué d’utiliser l’électrique, convient Delphine Brousset. Il y a une certaine appréhension, la peur de l’autonomie, la crainte de ne pas trouver la borne de recharge.
Malgré la communication, la crainte reste. Nous travaillons à une nouvelle politique de voyages pour mettre en avant les véhicules électriques. Le choix du VTC est plus facile, car c’est le chauffeur qui a la responsabilité de la gestion de la recharge. »
« Nous sommes sur 5% de taux d’utilisation de l’électrique, voire en dessous chez Covéa », confirme Romain Moreau. Nous voyons des signes intéressants sur des autonomies plus importantes annoncées par les constructeurs en 2024. Cela va permettre de lever des freins. »
S’agit-il d’un retour en arrière sur l’électrique ? Est-ce la fin des grandes ambitions RSE ?
« C’est un épiphénomène. Les marchés américains et européens sont très différents. La France est soumise à la loi Lom », veut rassurer Romain Lecorvaisier, director key account chez Hertz, qui ambitionne de doubler sa flotte électrique en France.
« Un loueur de véhicule adapte sa flotte aux demandes des clients. Nous avons à ce jour un taux d’utilisation bien inférieur, entre 10 et 15 points, entre les véhicules thermiques et l’électrique. Il y a un vrai frein à l’utilisation de l’électrique. Nous arrivons péniblement à 5% de taux d’utilisation sur un panel normal d’une entreprise corporate », justifie-t-il.
« C’est compliqué d’utiliser l’électrique, convient Delphine Brousset. Il y a une certaine appréhension, la peur de l’autonomie, la crainte de ne pas trouver la borne de recharge.
Malgré la communication, la crainte reste. Nous travaillons à une nouvelle politique de voyages pour mettre en avant les véhicules électriques. Le choix du VTC est plus facile, car c’est le chauffeur qui a la responsabilité de la gestion de la recharge. »
« Nous sommes sur 5% de taux d’utilisation de l’électrique, voire en dessous chez Covéa », confirme Romain Moreau. Nous voyons des signes intéressants sur des autonomies plus importantes annoncées par les constructeurs en 2024. Cela va permettre de lever des freins. »
L’argent, le nerf de la guerre
Autre explication, le coût de l’électrique. « Nos outils sont affichés en best buy, et encore récemment l’électrique sortait après le thermique », explique le travel manager de Covéa.
« Aujourd’hui, c’est moins vrai, car nous arrivons à avoir des contrats avec une infime différence entre les deux tarifs. Et ça va continuer dans ce sens», exprime Delphine Brousset. De quoi lever un frein.
Le renforcement de la loi Lom devrait encourager le développement d’infrastructures de recharges dans les parkings publics et privés en 2025.
« Nous sommes à un moment de bascule. Les choses vont s’accélérer sur ces sujets en LCD ou LLD (ndlr : Location courte durée ou Longue durée) Cela va dans le sens du rééquilibrage du mixte énergétique », souligne Romain Moreau.
Uber a développé une option, Uber Green, qui rassemble des véhicules hybrides et électriques. « 80% de la flotte est intégrées dans cette option. En un an, nous avons multiplié par 3 le volume de courses sous cette option », expose Franck Monsauret, directeur France de Uber for Business.
Comment l’expliquer ? « Aujourd’hui, c’est l’offre la plus économique dans l’application. Pour booster son utilisation nous l’avons rendu la moins chère », ajoute-t-il.
Un constat partagé par Eric Estegassy qui est également à la tête d’une TMC et fondateur de RateGreen, système de notation RSE du voyage : « Tant que les acheteurs continuent à se baser sur le prix et non le sur Green, ça ne décollera pas ! L’électrique devrait être beaucoup moins cher si on veut qu’il soit réellement adopté. »
« Aujourd’hui, c’est moins vrai, car nous arrivons à avoir des contrats avec une infime différence entre les deux tarifs. Et ça va continuer dans ce sens», exprime Delphine Brousset. De quoi lever un frein.
Le renforcement de la loi Lom devrait encourager le développement d’infrastructures de recharges dans les parkings publics et privés en 2025.
« Nous sommes à un moment de bascule. Les choses vont s’accélérer sur ces sujets en LCD ou LLD (ndlr : Location courte durée ou Longue durée) Cela va dans le sens du rééquilibrage du mixte énergétique », souligne Romain Moreau.
Uber a développé une option, Uber Green, qui rassemble des véhicules hybrides et électriques. « 80% de la flotte est intégrées dans cette option. En un an, nous avons multiplié par 3 le volume de courses sous cette option », expose Franck Monsauret, directeur France de Uber for Business.
Comment l’expliquer ? « Aujourd’hui, c’est l’offre la plus économique dans l’application. Pour booster son utilisation nous l’avons rendu la moins chère », ajoute-t-il.
Un constat partagé par Eric Estegassy qui est également à la tête d’une TMC et fondateur de RateGreen, système de notation RSE du voyage : « Tant que les acheteurs continuent à se baser sur le prix et non le sur Green, ça ne décollera pas ! L’électrique devrait être beaucoup moins cher si on veut qu’il soit réellement adopté. »