Pourquoi part on au Kirghizstan ? Pour les yourtes ; les montagnes à plus de 6 000 m ; les bergers transhumants et leurs troupeaux de chevaux, vaches et moutons ; les yacks, poilus et grognant comme des cochons ...Photo JFR
Plateau de Son-Kul, à 3 000 m d’altitude. Après une nuit agitée sous la yourte, la lumière qui transperce la porte en feutre remplit d’allégresse. Le soleil, enfin ! Les heures précédentes furent difficiles : vent, orage, pluie, froid… Les paupières lourdes et sans espoir de café, je mets le nez dehors. Il est 6h30, le choc est époustouflant.
Des cavaliers se découpent au loin sur l’herbe rase du plateau ; des yourtes voisines éclatent de blancheur ; des vaches broutent au milieu des boutons d’or ; des hauts versants sont couverts d’une fine pellicule de neige fraîche ; et le bleu sage du lac Son-Kul resplendit.
L’air est sec, la lumière, tranchée. Le spectacle sera de courte durée. Un banc de nuages se déploie et noie en moins de dix minutes ce décor de rêve. Spectacle fascinant… et un brin angoissant.
Des cavaliers se découpent au loin sur l’herbe rase du plateau ; des yourtes voisines éclatent de blancheur ; des vaches broutent au milieu des boutons d’or ; des hauts versants sont couverts d’une fine pellicule de neige fraîche ; et le bleu sage du lac Son-Kul resplendit.
L’air est sec, la lumière, tranchée. Le spectacle sera de courte durée. Un banc de nuages se déploie et noie en moins de dix minutes ce décor de rêve. Spectacle fascinant… et un brin angoissant.
Bergers transhumants
C’est pour cela que l’on vient au Kirghizstan. Pour les yourtes ; les montagnes à plus de 6 000 m ; les bergers transhumants et leurs troupeaux de chevaux, vaches et moutons ; les yacks, poilus et grognant comme des cochons ; les plateaux d’altitude suspendus entre ciel et terre ; les lacs gigantesques…
Qu’il pleuve, gèle ou vente, Tolok, Aitchurok, Juma et Elmira n’en n’ont cure. Ce sont nos hôtes à Son-Kul. Comme chaque été depuis des années, cette famille d’éleveurs monte au lac faire paître ses vaches et ses chevaux, dès qu’une des pistes d’accès à ce monde perché est déneigée – c’est-à-dire pas avant fin mai.
Qu’il pleuve, gèle ou vente, Tolok, Aitchurok, Juma et Elmira n’en n’ont cure. Ce sont nos hôtes à Son-Kul. Comme chaque été depuis des années, cette famille d’éleveurs monte au lac faire paître ses vaches et ses chevaux, dès qu’une des pistes d’accès à ce monde perché est déneigée – c’est-à-dire pas avant fin mai.
Kirghizstan : Vie austère
Quatre mois « d’alpages » dans des conditions rudimentaires et sous un air plus rare, à utiliser l’eau de pluie et des « toilettes sèches » (quatre tôles et un trou dans le sol).
Elmira fait la moue quand on lui en parle. Dans ses habits traditionnels (chaussettes rouges et blanches, bas en laine, robe noire épaisse et foulard coloré sur la tête), elle admet à demi-mot que la vie est dure à 3 000 m. Elle est infirmière, sans travail et veille sur ses enfants Adelina, 5 ans, joues rosies par le froid, et Nur Sultan, 2 ans.
Elle est l’épouse de Juma, fils de Tolok et d’Aitchurok. Leur quotidien ? Traire les vaches et les juments. Les déplacer au gré des pâturages. Veiller à ce que le loup n’attaque pas la nuit… Sans surprise, Aitchurok et Elmira s’affairent plutôt aux tâches ménagères.
Et s’occupent de leurs rares clients, des touristes comme nous qui découvrent cette vie austère… et les bienfaits de la soupe et du thé, immuables fortifiants pour montagnards fatigués.
Elmira fait la moue quand on lui en parle. Dans ses habits traditionnels (chaussettes rouges et blanches, bas en laine, robe noire épaisse et foulard coloré sur la tête), elle admet à demi-mot que la vie est dure à 3 000 m. Elle est infirmière, sans travail et veille sur ses enfants Adelina, 5 ans, joues rosies par le froid, et Nur Sultan, 2 ans.
Elle est l’épouse de Juma, fils de Tolok et d’Aitchurok. Leur quotidien ? Traire les vaches et les juments. Les déplacer au gré des pâturages. Veiller à ce que le loup n’attaque pas la nuit… Sans surprise, Aitchurok et Elmira s’affairent plutôt aux tâches ménagères.
Et s’occupent de leurs rares clients, des touristes comme nous qui découvrent cette vie austère… et les bienfaits de la soupe et du thé, immuables fortifiants pour montagnards fatigués.
Apprendre à marcher… et à monter à cheval
Ce pays d’immense nature propose des conditions de voyage rudimentaires. On doit s’en accommoder si on veut toucher son cœur. De Son-Kul à la province de Naryn, la descente interminable (au moins 50 km) traverse des paysages de montagne plus forestiers.
Au bas de la pente, une gamine nous rattrape à cheval, mi intriguée, mi souriante. Ici, on apprend presque le trot avant de savoir marcher.
Le village de Jangy-Talap offre peu d’intérêt si ce n’est celui de respirer l’air de la vie rurale : les hommes accroupis devant leurs jardinets, kalpaks (chapeaux traditionnels) sur la tête ; les petites épiceries comme autrefois ; les champs de trèfles… Même empreint de la patte du soviétisme, avec des immeubles staliniens, de larges avenues, de grandes places et des statues de Lénine dans les villes, comme à Bishkek, la capitale, le pays est demeuré à l’état brut.
Au bas de la pente, une gamine nous rattrape à cheval, mi intriguée, mi souriante. Ici, on apprend presque le trot avant de savoir marcher.
Le village de Jangy-Talap offre peu d’intérêt si ce n’est celui de respirer l’air de la vie rurale : les hommes accroupis devant leurs jardinets, kalpaks (chapeaux traditionnels) sur la tête ; les petites épiceries comme autrefois ; les champs de trèfles… Même empreint de la patte du soviétisme, avec des immeubles staliniens, de larges avenues, de grandes places et des statues de Lénine dans les villes, comme à Bishkek, la capitale, le pays est demeuré à l’état brut.
Tash-Rabat, fortin à dôme de pierre
C’est encore le cas à Tash-Rabat, non loin de la frontière chinoise, au sud du pays. Là, au bout d’une piste de montagne tracée dans un haut-vallon, surgit un improbable caravansérail à dôme de pierre. Planté à près de 3 500 m d’altitude, le fortin était utilisé comme « relais de poste » par les marchands venus de Chine, dès le 16ème s. Frissons devant le décor froid de la trentaine de chambres et des pièces communes.
L’extérieur est plus riant et rappelle nos alpages savoyards. Installé sous les yourtes confortables de Nazira, une éleveuse de yacks et de chevaux vivant en famille, j’écoute siffler les marmottes, replètes comme des blaireaux. Des moutons à forte toison s’accrochent aux pentes, deux oies cacardent dans un marécage, des rapaces planent au ras des cimes… Nature triomphante. Depuis Tash Rabat, des excursions à cheval permettent de rejoindre le lac Chatyr-Kul, quasi frontalier avec la Chine.
L’extérieur est plus riant et rappelle nos alpages savoyards. Installé sous les yourtes confortables de Nazira, une éleveuse de yacks et de chevaux vivant en famille, j’écoute siffler les marmottes, replètes comme des blaireaux. Des moutons à forte toison s’accrochent aux pentes, deux oies cacardent dans un marécage, des rapaces planent au ras des cimes… Nature triomphante. Depuis Tash Rabat, des excursions à cheval permettent de rejoindre le lac Chatyr-Kul, quasi frontalier avec la Chine.
Issyk-Kul, lac de villégiature
Le voyage s’achève à Issyk-Kul, immense lac (180 km sur 60 km, plutôt une mer intérieure) du pays. Sur la route, toujours des montagnes, arides, plissées, vertes, forestières, acérées, douces, enneigées, pelées comme des djebels… Même au bord du lac, cerné au sud de stations-villages sommaires et d’hôtels-clubs plus modernes, impossible de les oublier.
Elles trônent sur les lignes d’horizons, majestueuses dans ce pays resté vierge par la force des éléments.
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