Malheureusement pour les salariés de TUI France, l'été sera des plus tendus.
Après avoir appris l'ampleur du plan social (583 salariés qui se retrouveront prochainement sur le carreau), chaque jour apporte son lot de nouvelles révélations sur les coulisses de ce PSE.
Ce jeudi 30 juillet 2020, nous apprenions que Worldia figurerait en bonne place pour se substituer à Passion des Îles, le tour-opérateur maison.
Quelque heures plus tôt se tenait un CSE avec, d'un côté de la table, deux adversaires visiblement peu enclins à voir converger leurs positions.
A droite une direction arc-boutée sur les lignes directrices de son plan, à gauche des salariés bien décidés à ne pas plier et obtenir le maximum.
Nous avons pu assister à la retranscription, par les représentants du personnel, au staff de la filiale française du voyagiste allemand.
"Des réunions se sont tenues depuis quelques temps, mais elles n'ont pas donné grand-chose. Hier c'était un CSE très chaud" annonce en préambule Lazare Razkallah, secrétaire du Comité social économique (CSE) de TUI France.
Voilà qui donne le ton d'une réunion Zoom mouvementée.
Après avoir appris l'ampleur du plan social (583 salariés qui se retrouveront prochainement sur le carreau), chaque jour apporte son lot de nouvelles révélations sur les coulisses de ce PSE.
Ce jeudi 30 juillet 2020, nous apprenions que Worldia figurerait en bonne place pour se substituer à Passion des Îles, le tour-opérateur maison.
Quelque heures plus tôt se tenait un CSE avec, d'un côté de la table, deux adversaires visiblement peu enclins à voir converger leurs positions.
A droite une direction arc-boutée sur les lignes directrices de son plan, à gauche des salariés bien décidés à ne pas plier et obtenir le maximum.
Nous avons pu assister à la retranscription, par les représentants du personnel, au staff de la filiale française du voyagiste allemand.
"Des réunions se sont tenues depuis quelques temps, mais elles n'ont pas donné grand-chose. Hier c'était un CSE très chaud" annonce en préambule Lazare Razkallah, secrétaire du Comité social économique (CSE) de TUI France.
Voilà qui donne le ton d'une réunion Zoom mouvementée.
"Nous ne pouvons pas continuer dans l'affrontement..."
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Dorénavant, l'histoire de TUI France a franchi un nouveau cap en devenant [quasiment] exclusivement un enjeu social.
L'économie et la façon de rebondir de la filiale sont de moins en moins des sujets prégnants, tant les deux parties paraissent irréconciliables.
"Les indemnités de départ n'existent pas pour le moment. Les congés de reclassement, ce n'est pas ça. Le budget formation a été augmenté mais à la marge," déplore le représentant du personnel.
Pire même, "M. Van de Velde est rentré du Maroc, il nous insulte. Il nous provoque".
Dans de telles conditions, comment les deux camps peuvent-ils renégocier pour éviter que la situation ne dégénère ?
Les élus du CSE ont décidé de la présence d'un médiateur aux débats, prouvant ainsi leur bonne foi et mettant la Direction au pied du mur.
"Nous avons demandé de faire appel à un médiateur, avec la Direction. Les avocats des deux parties vont discuter ensemble, pour décrisper les choses," rapporte Lazare Razkallah.
En renvoyant les discussions sur un terrain neutre, les représentants du personnel espèrent dépassionner les échanges.
La médiation devrait débuter fin août et durer quelques semaines.
"Elle portera sur l'absence de progrès et sur les mesures d'accompagnement offertes. C'est un appel serein et déterminé. Il faut sortir de la logique financiarisée," précise Xavier Van Geit, l'avocat du CSE de TUI France.
Reste à savoir si la direction voudra bien entamer une discussion sur terrain neutre et si elle aura les moyens d'accéder aux demandes du personnel licencié.
"Bien sûr, il faudra faire des concessions réciproques, mais nous sommes quasiment dans le néant au niveau des propositions de la Direction," ajoute l'avocat.
L'économie et la façon de rebondir de la filiale sont de moins en moins des sujets prégnants, tant les deux parties paraissent irréconciliables.
"Les indemnités de départ n'existent pas pour le moment. Les congés de reclassement, ce n'est pas ça. Le budget formation a été augmenté mais à la marge," déplore le représentant du personnel.
Pire même, "M. Van de Velde est rentré du Maroc, il nous insulte. Il nous provoque".
Dans de telles conditions, comment les deux camps peuvent-ils renégocier pour éviter que la situation ne dégénère ?
Les élus du CSE ont décidé de la présence d'un médiateur aux débats, prouvant ainsi leur bonne foi et mettant la Direction au pied du mur.
"Nous avons demandé de faire appel à un médiateur, avec la Direction. Les avocats des deux parties vont discuter ensemble, pour décrisper les choses," rapporte Lazare Razkallah.
En renvoyant les discussions sur un terrain neutre, les représentants du personnel espèrent dépassionner les échanges.
La médiation devrait débuter fin août et durer quelques semaines.
"Elle portera sur l'absence de progrès et sur les mesures d'accompagnement offertes. C'est un appel serein et déterminé. Il faut sortir de la logique financiarisée," précise Xavier Van Geit, l'avocat du CSE de TUI France.
Reste à savoir si la direction voudra bien entamer une discussion sur terrain neutre et si elle aura les moyens d'accéder aux demandes du personnel licencié.
"Bien sûr, il faudra faire des concessions réciproques, mais nous sommes quasiment dans le néant au niveau des propositions de la Direction," ajoute l'avocat.
"Une telle restructuration avec si peu de moyens, c'est un réel scandale"
Ce fameux néant est tout de même quantifié. Ainsi 90 millions d’euros ont été confiés par le Groupe à TUI France pour mener à bien l'opération PSE et restructuration.
Une somme jugée bien inférieure au minimum légal, compte tenu des moyens du Groupe. Ce que dément la direction de la filiale française.
"Le Groupe soutient TUI France pour un plan social et aussi pour absorber la perte financière de cette année. Au regard du contexte de la crise du Covid, ses moyens financiers sont fortement impactés," nous confie un porte-parole de l'état-major.
Sauf que, selon l'un des représentants du personnel présent lors de la réunion, le groupe bénéficierait d'une capacité de financement estimée à 3 milliards d'euros.
"Une telle restructuration avec si peu de moyens à notre sens, c'est un réel scandale, au regard de ce qu'il se passe. Nous espérons que la DIRRECTE sera sensible à cela," analyse Laurent Tricot, consultant pour le Cabinet Apex Isast, un conseiller du CSE.
Pire selon les syndicalistes, cette somme de 90 M€ n'aurait pas vraiment de justification. "Ils refusent aussi d'expliquer comment s'articule cette somme. Nous voulons notre dû et pour cela, il faudra se bagarrer.
Il faut continuer à se mobiliser, ça payera. Le pire est à venir," prévient Lazare Razkallah, secrétaire du Comité social économique (CSE) de TUI France.
Une somme jugée bien inférieure au minimum légal, compte tenu des moyens du Groupe. Ce que dément la direction de la filiale française.
"Le Groupe soutient TUI France pour un plan social et aussi pour absorber la perte financière de cette année. Au regard du contexte de la crise du Covid, ses moyens financiers sont fortement impactés," nous confie un porte-parole de l'état-major.
Sauf que, selon l'un des représentants du personnel présent lors de la réunion, le groupe bénéficierait d'une capacité de financement estimée à 3 milliards d'euros.
"Une telle restructuration avec si peu de moyens à notre sens, c'est un réel scandale, au regard de ce qu'il se passe. Nous espérons que la DIRRECTE sera sensible à cela," analyse Laurent Tricot, consultant pour le Cabinet Apex Isast, un conseiller du CSE.
Pire selon les syndicalistes, cette somme de 90 M€ n'aurait pas vraiment de justification. "Ils refusent aussi d'expliquer comment s'articule cette somme. Nous voulons notre dû et pour cela, il faudra se bagarrer.
Il faut continuer à se mobiliser, ça payera. Le pire est à venir," prévient Lazare Razkallah, secrétaire du Comité social économique (CSE) de TUI France.
Karavel et Marrietton jouent-ils en duo pour racheter TUI France ?
Ainsi, selon la théorie exposée par le représentant du personnel, derrière ce plan social, plane la cession pure et simple de la branche française.
En quelque sorte, la direction aurait décidé de rendre la mariée plus belle pour la conduire directement à l'autel.
Une hypothèse corroborée par l'avocat de l'instance. "Ceux qui restent ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. Elle sera peut-être moins-disante. Nous savons effectivement que la société prépare la deuxième vague derrière ce premier PSE," rapporte Xavier Van Geit.
Une thèse que dément toujours la direction.
"La stratégie de TUI France n’est pas basée sur la reprise de TUI France par un repreneur. La stratégie de TUI France reste de se concentrer sur les produits cœur de métier : Club Marmara, Club Lookéa et Circuits Nouvelles Frontières avec le groupe TUI comme actionnaire."
Et pourtant le discours du secrétaire du CSE de la filiale française ne laisse que peu de place au doute, à l'entendre. Après avoir échangé avec des potentiels repreneurs, il est convaincu de la vente prochaine de l'entreprise.
"Laurent Abitbol nous a dit : TUI nous a fait le ménage, je vais prendre une entreprise nettoyée. Les agences, je ne veux pas en entendre parler, j'en ai plus qu'il n'en faut." Une information formellement démentie par le principal intéressé. Toutefois, les agences de voyages aiguisent l'appétit d'autres prétendants.
"TUI France a reçu des marques d’intérêt pour des agences du réseau intégré. Il y aura des transferts possibles pour les collaborateurs des agences qui seraient reprises par des repreneurs potentiels," nous précise la direction.
Depuis quelques jours, des lettres d’intention d’acquéreurs potentiels seraient arrivées, ce qui permettrait de limiter socialement la casse.
Et l'élu de poursuivre, toujours sur le patron de Marietton."Ce qui l'intéresse c'est le tour-operating et ses marques. Je sais aussi que Karavel est sur l'affaire."
En quelque sorte, la direction aurait décidé de rendre la mariée plus belle pour la conduire directement à l'autel.
Une hypothèse corroborée par l'avocat de l'instance. "Ceux qui restent ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. Elle sera peut-être moins-disante. Nous savons effectivement que la société prépare la deuxième vague derrière ce premier PSE," rapporte Xavier Van Geit.
Une thèse que dément toujours la direction.
"La stratégie de TUI France n’est pas basée sur la reprise de TUI France par un repreneur. La stratégie de TUI France reste de se concentrer sur les produits cœur de métier : Club Marmara, Club Lookéa et Circuits Nouvelles Frontières avec le groupe TUI comme actionnaire."
Et pourtant le discours du secrétaire du CSE de la filiale française ne laisse que peu de place au doute, à l'entendre. Après avoir échangé avec des potentiels repreneurs, il est convaincu de la vente prochaine de l'entreprise.
"Laurent Abitbol nous a dit : TUI nous a fait le ménage, je vais prendre une entreprise nettoyée. Les agences, je ne veux pas en entendre parler, j'en ai plus qu'il n'en faut." Une information formellement démentie par le principal intéressé. Toutefois, les agences de voyages aiguisent l'appétit d'autres prétendants.
"TUI France a reçu des marques d’intérêt pour des agences du réseau intégré. Il y aura des transferts possibles pour les collaborateurs des agences qui seraient reprises par des repreneurs potentiels," nous précise la direction.
Depuis quelques jours, des lettres d’intention d’acquéreurs potentiels seraient arrivées, ce qui permettrait de limiter socialement la casse.
Et l'élu de poursuivre, toujours sur le patron de Marietton."Ce qui l'intéresse c'est le tour-operating et ses marques. Je sais aussi que Karavel est sur l'affaire."
La direction ferait du chantage
L'incertitude est pesante pour les salariés. Surtout que des craintes circulent toujours, dans les rangs de TUI France, sur une possible liquidation judiciaire de l'entreprise.
Une rumeur aussitôt balayée d'un revers de main par le représentant du personnel. "C'est faux, la liquidation judiciaire serait une faillite frauduleuse. M. Van de Velde a agité le chiffon de la liquidation judiciaire devant le gouvernement, pour faire passer le PSE."
En quelque sorte, la direction ferait du chantage pour faire avaler des couleuvres aux salariés. "C'est une fable pour nous faire peur. Du chantage à la Thomas Cook. Résultat : ils n'ont pas fait de bruit et ils sont morts dans l'indifférence."
Un destin tragique que veulent éviter les quelque 300 salariés présents lors de la visioconférence.
Surtout que pour le moment, au niveau des postes concernés par les licenciements, une zone d'ombre demeure. "Ce sont les catégories professionnelles et les critères d'ordre qui vont jouer leur rôle de juge de paix. D'ailleurs à ce niveau, il y a des choses illégales," précise Lazare Razkallah.
Des points qui seront remontés prochainement au ministère du Travail, tout comme les délocalisations de certains services.
"Les postes de SAV, des opérateurs, de set-up, dans la comptabilité seront envoyés au Maroc, en Belgique et en Tunisie," croit savoir l'élu du CSE. Une décision qui hérisse quelque peu les représentants du personnel.
"C'est le scandale des scandales. Le PSE veut dire Plan de Sauvegarde de l'Emploi, sauf que chez TUI ça ne passe pas comme ça. "
Une rumeur aussitôt balayée d'un revers de main par le représentant du personnel. "C'est faux, la liquidation judiciaire serait une faillite frauduleuse. M. Van de Velde a agité le chiffon de la liquidation judiciaire devant le gouvernement, pour faire passer le PSE."
En quelque sorte, la direction ferait du chantage pour faire avaler des couleuvres aux salariés. "C'est une fable pour nous faire peur. Du chantage à la Thomas Cook. Résultat : ils n'ont pas fait de bruit et ils sont morts dans l'indifférence."
Un destin tragique que veulent éviter les quelque 300 salariés présents lors de la visioconférence.
Surtout que pour le moment, au niveau des postes concernés par les licenciements, une zone d'ombre demeure. "Ce sont les catégories professionnelles et les critères d'ordre qui vont jouer leur rôle de juge de paix. D'ailleurs à ce niveau, il y a des choses illégales," précise Lazare Razkallah.
Des points qui seront remontés prochainement au ministère du Travail, tout comme les délocalisations de certains services.
"Les postes de SAV, des opérateurs, de set-up, dans la comptabilité seront envoyés au Maroc, en Belgique et en Tunisie," croit savoir l'élu du CSE. Une décision qui hérisse quelque peu les représentants du personnel.
"C'est le scandale des scandales. Le PSE veut dire Plan de Sauvegarde de l'Emploi, sauf que chez TUI ça ne passe pas comme ça. "
"M. Van de Velde n'a pas demandé de PGE, il avait dit qu'il le ferait"
Un peu à l'image de Worldia ou encore des agences de voyages, des services seront à l'avenir externalisés. Et comme rien ne semble se passer comme il se doit, du point de vue des élus du CSE, dans ce dossier, Lazare Razkallah y est allé de sa confidence.
"Nous avons appris (par le cabinet du ministère du travail, ndlr) que M. Van de Velde n'a pas demandé de PGE, alors qu'il nous a dit qu'il le ferait."
Une décision qui aurait même surpris l'interlocuteur de l'exécutif.
Dans cette ambiance chaude, la visioconférence s'est terminée par une session de règlements de comptes entre salariés. Un épisode qui témoigne de la grande tension qui anime actuellement les bureaux de TUI France.
Mais dans pareille situation, pouvait-il en être autrement ?
"Nous avons appris (par le cabinet du ministère du travail, ndlr) que M. Van de Velde n'a pas demandé de PGE, alors qu'il nous a dit qu'il le ferait."
Une décision qui aurait même surpris l'interlocuteur de l'exécutif.
Dans cette ambiance chaude, la visioconférence s'est terminée par une session de règlements de comptes entre salariés. Un épisode qui témoigne de la grande tension qui anime actuellement les bureaux de TUI France.
Mais dans pareille situation, pouvait-il en être autrement ?