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Du côté de Mandelieu-La Napoule, sur la "route du mimosa"

de Bormes dans le Var jusqu’à Grasse


La « route du mimosa » court sur 131 km, de Bormes dans le Var jusqu’à Grasse, dans les Alpes Maritimes. C'est un itinéraire idéal à parcourir en hiver lorsqu’éclosent les fleurs d’or de cet arbre originaire d‘Australie. Presque au bout de cette route, Mandelieu-La Napoule, "capitale du mimosa", mérite plus qu’une courte halte.


Rédigé par le Mercredi 7 Février 2024

En cette fin janvier, il fait doux. Partout, dans les bourgs, sur le bord des routes, dans les jardins, dans les collines entre Bormes-les-Mimosas, dans le Var, et Grasse, dans les Alpes Maritimes, la côte méditerranéenne a commencé à se parer de l’or des mimosas.

A Pégomas (06), les Reynaud sont producteurs d’eucalyptus et de mimosas depuis trois générations.

Depuis quelques jours, chez eux, c'est un véritable « coup de feu ». Il leur faut couper, tous les jours, des branches de mimosas déjà fleuris -ou sur le point fleurir- dans leurs plantations installées sur des restanques autour de Pégomas et de Tanneron.

"Coup de feu" chez les mimosistes

Chez les Reynaud (sur la photo, Céline, la fille), la culture du mimosa est une tradition qui se perpétue depuis trois générations (©PB)
Chez les Reynaud (sur la photo, Céline, la fille), la culture du mimosa est une tradition qui se perpétue depuis trois générations (©PB)
Il faut ensuite « forcer » dans une pièce humide chauffée à 26 degrés les branches portant des glomérules (c’est le nom des fleurs de mimosa) encore un peu verts, pour les faire éclore plus vite.

Il faut enfin placer les bottes dans des seaux remplis d'un peu d'eau et les charger sur des camions pour les expédier, chaque jour, chez un grossiste de Rungis.

Il faut aussi préparer les bouquets à envoyer par la Poste aux particuliers qui ont passé commande sur le site internet familial baptisé « La colline des mimosas ». Il en coûte 18 € pour un bouquet de ... 800 grammes, car le mimosa est une fleur –la seule- qui se vend au poids.

Même si, pour étaler la charge de travail, les Reynaud, comme les autres mimosistes - c’est le nom de ces horticulteurs spécialisés- ont pris soin de planter plusieurs variétés de mimosa, plus ou moins précoces, ce rythme infernal dure de mi-janvier à début mars.

Parfois un peu moins lorsque, comme cet hiver, la floraison débute avec quinze jours de retard à cause de la sécheresse de l’été dernier.

A la manœuvre, Jean-Paul, le patriarche, sa fille Cécile, son fils Fabien et l’épouse de ce dernier, Marine. En attendant, espèrent-ils, la reprise de l’exploitation par la nouvelle génération.

« C’est un métier de passion. C’est aussi un métier de plein air, très saisonnier, très physique, impossible à mécaniser. C’est beaucoup de travail et de contraintes », insiste Cécile Reynaud.

De son côté, Marine Reynaud assure : « Il faut accepter toutes ces contraintes mais ce métier est passionnant parce que le travail à effectuer n’est jamais pareil». Et puis, ajoute-t-elle, « ça marche plutôt bien ».

Malgré tout, le nombre de « mimosistes » s’étiole. Dans le « triangle d’or » du mimosa entre Tanneron, Pégomas et Mandelieu-La Napoule, ils ne seraient plus qu'une quinzaine.

Sans doute parce que la charge de travail, les difficultés de trouver de la main d’œuvre et les contraintes -pour un revenu pas toujours formidable- finissent par lasser. Dans le passé, des producteurs ont aussi été découragés par les incendies et le gel dans le Tanneron. En sus, de l’avis général, les dérèglements climatiques actuels rendent le métier plus difficile encore.

131 km de couleurs et de senteurs

En raison du jaune éclatant de ses fleurs, le mimosa est surnommé le "soleil d'hiver" (©PB)
En raison du jaune éclatant de ses fleurs, le mimosa est surnommé le "soleil d'hiver" (©PB)
Ceux qui apprécient le mimosa et la Côte d‘azur n’ont pas forcément conscience de toutes ces contingences. Quoiqu’il en soit, l’hiver est la saison idéale pour découvrir l’itinéraire estampillé « route du mimosa".

Cette route sinueuse mais extraordinairement parfumée et pittoresque, longue de 131 km, conduit de Bormes (83) à Grasse (06) et traverse huit communes (quatre dans le Var, quatre dans les Alpes-Maritimes), soucieuses d’attirer des touristes « hors saison ».

LIRE AUSSI : Un guide pour la Route du Mimosa

C’est avec délice que l’on succombe à l’invite. En plein hiver, admirer et même s’enivrer de la couleur jaune et de l’odeur des fleurs du mimosa, regonfle le moral.

Et puis, la Côte d’Azur, pénible à l’été à cause de la chaleur et des embouteillages, est très agréable dans la douceur hivernale. Et, ce qui ne gâte rien, on peut se garer presque partout et gratuitement.

Bien mieux, le mimosa ne s’est cantonné ni aux jardins privés, ni à quelques domaines d’exception comme Le Rayol - propriété du Conservatoire du littoral, - qui, juché sur la corniche des Maures, en face des îles d’Hyères, dans le Var, entre Le Lavandou et Saint-Tropez, en possède une belle collection.

En ce milieu d‘hiver, toutes les collines du massif du Tanneron ont pris la couleur dorée des mimosas fleuris, au dessus de Mandelieu-La Napoule.

Ce matin de fin janvier, une fois traversé le Capitou –quartier traditionnel des mimosistes à Mandelieu, Caroline Saunier, accompagnatrice de l’agence de randonnées Argos, délaisse le circuit le plus fréquenté à travers la forêt municipale du Grand Duc, pour s’engager sur un sentier pentu mais plus confidentiel dans le vallon de la Vernède.

Mimosa, une plante venue d'Australie

Dans le Tanneron, la marche peut durer plusieurs heures car le GR 51 qui longe la côte de Menton à Marseille, traverse tout le massif (©PB)
Dans le Tanneron, la marche peut durer plusieurs heures car le GR 51 qui longe la côte de Menton à Marseille, traverse tout le massif (©PB)
D'entrée, Caroline se lance dans des explications sur le grand voyage du mimosa. Découvert en Australie à la fin du XVIII siècle lors d’un voyage du capitaine Cook, puis par une expédition de savants français envoyée en Australie par Napoléon Bonaparte alors Premier consul, cet acacia a d’abord fait un crochet par Londres et les jardins de Kew avant d’être planté, au siècle suivant, sur la Côte d’Azur par les Anglais fortunés qui y séjournaient alors l’hiver. Et voulaient avoir des jardins fleuris.

Une fois installé sur la côte méditerranéenne, cet arbuste aux racines traçantes et aux graines baladeuses, a colonisé les collines dès que le sol s’y prêtait (le mimosa ne supporte pas le calcaire, sauf s’il est greffé).

« Ici, le mimosa se plaît car le sol est acide, le climat sec et chaud », précise encore Caroline.

LIRE AUSSI : A Bormes-les-Mimosas, le musée peut se visiter en provençal

b[Dans le massif du Tanneron, où vit, à l’état sauvage, l’espèce appelée Acacia dealbata, le mimosa ne cesse de progresser, au détriment souvent de la flore locale.]b En revanche, dans le massif de l’Esterel voisin, la propagation du mimosa semble contenue.

Tout en devisant, Caroline et les randonneurs continuent à se faufiler au milieu des mimosas en fleurs et des eucalyptus, jusqu'à atteindre un promontoire d’où la vue est éblouissante sur la baie de Cannes.

En contrebas, s’étend la ville de Mandelieu et son golf arboré à 27 trous, coupé en deux par la rivière Siagne sur laquelle sont proposées des balades en petit bateau électrique.

La marche peut continuer, ainsi, plusieurs heures car le GR 51 qui longe la côte de Menton à Marseille, traverse tout le Tanneron.

Si l’on a du temps, la journée ne sera pas de trop pour y respirer à plein poumon la douceur de l’hiver azuréen. Il faut simplement emporter un pique-nique. Et si l’on veut être accompagné par un guide comme Caroline, il faut prendre soin de réserver à l'avance sa randonnée à l’Office de tourisme de Mandelieu-La Napoule.

La Route du Mimosa : au cœur de l'hiver, des "fêtes du mimosa"

Organisée depuis 1931, la Fête du mimosa de Mandelieu-La Napoule reste un succès populaire (© Camille Moirenc/OT Mandelieu)
Organisée depuis 1931, la Fête du mimosa de Mandelieu-La Napoule reste un succès populaire (© Camille Moirenc/OT Mandelieu)
Si l’on n’est pas très sportif, on se contentera de parcourir la « route du mimosa » en voiture. Au départ de l’itinéraire, dans le Var, Bormes plonge dans le ravissement.

En effet, l'hiver, les rues tortueuses, les passages couverts, les maisons de pierre, les placettes, et les deux églises de ce gros bourg de 8000 habitants baignent littéralement dans l’or des mimosas.

Une centaine de kilomètres plus loin, dans les Alpes Maritimes cette fois-ci, Mandelieu-La Napoule n’est pas moins séduisante. Ici aussi, les doigts de fées des mimosas en fleurs déposent partout leur « soleil d’hiver ».

La ville axe d'ailleurs une bonne partie de sa communication sur la « fleur d’or » qu’elle fête, comme les principales localités environnantes, avec éclat. Et, ceci depuis 1931.

Cette année, à Mandelieu-La Napoule, la « fête du mimosa » aura lieu du 14 au 18 février 2024, avec, comme il est de tradition, fleurissement des rues et des marchés, corsos fleuris, carnaval des enfants, animations, déambulations, expositions, etc.

Même si on ne peut pas participer à cette fête populaire bon enfant qui continue d’attirer les foules, on gagnera tout de même à séjourner un peu à Mandelieu-La Napoule. Cette petite ville de 22000 habitants ne manque pas d’hébergements de qualité et compte pas moins de quatre hôtels quatre étoiles.

Si chacun a des vertus, le Pullman -et ses 212 chambres contemporaines- aux lignes épurées a l’avantage d’être installé quasiment les "pieds dans l'eau", au bord d’une plage privée de sable fin, face à la baie de Cannes. Ceux qui ont occupent une chambre avec vue sur la mer profitent à plein du lever du soleil et du coucher du jour sur la Méditerranée.

Le Pullman possède aussi un Spa et un casino Joa. Et son offre de restauration est appréciable. Toutefois, à Mandelieu-La Napoule, les amateurs de cuisine raffinée ont aussi intérêt à s’offrir une halte au golf Old Course qui, créé en 1891, est l’un des plus vieux de France : ouvert à tous, son restaurant sert une délicieuse cuisine aux accents très méditerranéens.

Des trésors d'allure médiévale

Soucieux de cultiver l'image de "capitale mimosa" qui est attachée à Mandelieu-La Napoule, son Office du tourisme a installé un énorme coeur habillé de mimosa dans les jardins du château des Clews (© PB)
Soucieux de cultiver l'image de "capitale mimosa" qui est attachée à Mandelieu-La Napoule, son Office du tourisme a installé un énorme coeur habillé de mimosa dans les jardins du château des Clews (© PB)
Mandelieu-La Napoule abrite d’autres trésors. Pour commencer, ses deux châteaux d‘allure médiévale.

L’un d’eux, le château d'Agecroft, est juché sur une petite hauteur, au-dessus du port de la Rague, dans la direction de Théoule-sur-Mer. C’est un lord anglais, Harry Leland de Langley, qui l’a fait construire de toutes pièces au début du XXe siècle, en pierres rousses de l’Estérel.

Racheté en 1947 par les Houillères du Nord et du Pas-de-Calais pour y installer un centre de vacances pour les mineurs et leurs familles, le domaine est passé, plus tard, dans les mains du CCAS d’EDF et de la RATP qui lui ont conservé cette vocation de centre de vacances populaires. Le domaine compte aujourd’hui 90 chambres en formule pension et 75 appartements en location.

L’autre château de Mandelieu, bâti en plein centre-ville, a été érigé quasiment au ras des flots. Si ses deux tours datent du XVIe, il ne faut pas se laisser abuser : il a été complètement restauré -et même largement reconstruit- au début du XXe siècle -également en pierres rousses de l’Estérel- par un couple d’artistes américains fortunés, Henry et Marie Clews.

Partout, et jusque dans les murs et les colonnades mais aussi dans l’ancien atelier d'artiste, on peut voir les œuvres de pierre, de plâtre et de bronze de Henry Clews, à la fois peintre et (surtout) sculpteur.

Cet homme qui n’a jamais voulu exposer ou vendre, a consacré une bonne partie de sa vie à sculpter, complètement à rebours des tendances de l’art du début du XXe, un bestiaire fantastique et -aussi- des bustes d’un classicisme absolu.

Ce château-là ne risque pas d’être, un jour, transformé en hôtel. Il est en effet la propriété de la Fondation créée par les Clews et accueille des artistes en résidence et des expositions. Il se découvre à l’occasion de visites guidées.

Dommage que l’on ne puisse plus, comme autrefois, s’offrir un thé sur la terrasse. C’est l’une des plus belles de la Côte d’Azur. La mer clapote juste en contrebas…

A défaut, la balade se poursuit longuement dans les jardins –labellisés « jardins remarquables »-, aménagés pour moitié « à la française » avec des topiaire bien taillés, pour moitié « à l’anglaise » avec des espaces organisés plus librement.

Un véritable Musée du Mimosa en plein air...

La borne indiquant que Mandelieu-La Napoule se trouve au Km 108 de la route du mimosa, est désormais installée dans le parc Emmanuelle de la Marande (© PB)
La borne indiquant que Mandelieu-La Napoule se trouve au Km 108 de la route du mimosa, est désormais installée dans le parc Emmanuelle de la Marande (© PB)
Surprise ! En cette fin janvier, l’Office de tourisme a installé dans les jardins du château un immense cœur habillé de mimosa en fleurs. Il est vrai qu’à Mandelieu-La Napoule, ville qui s'affiche « capitale du mimosa ». On ne rate pas une occasion d‘honorer comme il se doit cette vocation historique.

C'est aussi avec ce dessein que cette commune a planté 200 arbres de mimosas -d’une centaine de variétés différentes- dans le Parc « Emmanuelle de Marande », du nom de la comtesse parisienne qui lui a rétrocédé ce vaste terrain autrefois très boisé.

C'est, sur 10 000 m2, un véritable Musée du Mimosa en plein air ! Les promeneurs peuvent y admirer aussi bien le dealbata qui peuple les collines du Tanneron que des variétés cultivées par les horticulteurs -Mirandole, Gaulois, etc.- car leurs glomérules sont plus gros, leurs feuilles plus vertes, leur floraison soit plus précoce, soit -au contraire- plus tardive. Et aussi d’étranges mimosas venus du monde entier, les uns sont pleureurs, d’autres à feuilles jaunes ou pourpres, d’autres encore pourvus de redoutables épines.

C’est Bernard Buttelli, le responsable municipal du cadre de vie, qui veille sur cette précieuse collection. Encore une histoire de famille ! Au milieu du XXe siècle, ses grands-parents tressaient les paniers en osier dans lequel étaient transportés les bouquets de mimosas. A cette époque, l’utilisation des cartons n’étaient pas encore entrée dans les mœurs.

... et aussi une tarte au mimosa !

Lors de ce séjour hivernal du côté de Mandelieu-La Napoule, il sera bien difficile d’oublier le mimosa, ne serait-ce que quelques instants.

Non seulement parce qu’il est omniprésent dans la nature mais aussi parce que de Bormes à Grasse, des boutiques -y compris celle de l'Office de tourisme de Mandelieu- proposent une foule de produits dérivés du mimosa.

En effet, cette petit fleur d'or sert de motifs pour décorer affiches, nappes, sets de tables, magnets, mugs et autres vaisselles. Des parfumeurs, d'hier comme d'aujourd'hui, l'utilisent dans leurs compositions, des fabricants de cosmétiques, des chocolatiers, des confiseurs et des pâtissiers dans leurs préparations (bougies, savons, gelées, sirops, glaces, desserts, etc.) et des traiteurs dans leurs plats.

Enfin, si, à Mandelieu, on a la bonne idée de s’offrir un déjeuner au soleil sur le port de la Rague, au restaurant « Le Repère », chez Nicolas Decherchi, on profitera d’une vue panoramique sur la baie de Cannes et d’une bonne cuisine méditerranéenne.

On pourra également, à condition de commander à l’avance, déguster une ... tarte au mimosa dont la pâtissière maison, Marjolaine Caillard, a le secret. Un véritable délice où l'on retrouve la couleur éclatante et le parfum des glomérules combiné à un arrière-goût d'amande et à quelques cacahuètes à croquer.

PAULA BOYER Publié par Paula Boyer Responsable rubrique LuxuryTravelMaG - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Édith le 07/02/2024 08:23 | Alerter
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Bonjour
Très bel article très enrichissant
Cordialement

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