Saint-Engrâce vit avec son temps. Ici, l’élevage et le tourisme ont encore leur mot à dire pour maintenir les gens « au pays » - DR : J.-F.R.
Le photographe Hans Silvester a signé à Saint-Engrâce deux de ses plus beaux reportages.
En suivant à dix ans d’intervalle les habitants, il a éclairé le public sur l’évolution d’un village considéré comme un creuset de l’identité rurale basque.
Est-on influencé par son travail de photo-ethnologue ? Toujours est-il qu’en arrivant à Saint-Engrâce, le sentiment d’un « ailleurs » prévaut.
Cela tient sans doute aux 11 km de route tortueuse nécessaire pour rejoindre le village de Haute-Soule depuis la route de Larrau.
Ou à cette position en cul de sac, au pied des reliefs pyrénéens, décor ultime valant certificat d’isolement. Ou bien à ces noms de quartiers ou de maisons à rallonge, Ekhi-Altia, Dolainty-Urrutia, Azkarateilla, Etchecopar-Hia, Arhantzeta, qui semblent claquer mieux qu’ailleurs comme des preuves irréfutables d’identité basque.
Cela tient aussi, probablement, à cette église du 11e s., exemple dissymétrique mais abouti d’architecture rurale. Et à ces disques hélicoïdaux du cimetière, à ce fronton et ce vieux trinquet posés à l’articulation du village, pôles de ralliement pour les habitants disséminés des « quartiers ».
Ou, enfin, à ces gémissements stridents de tronçonneuses entendus dans les versants, rappels lancinants et invisibles d’une vieille activité sylvicole (bois de chauffage, charpente, meubles, outils…).
En suivant à dix ans d’intervalle les habitants, il a éclairé le public sur l’évolution d’un village considéré comme un creuset de l’identité rurale basque.
Est-on influencé par son travail de photo-ethnologue ? Toujours est-il qu’en arrivant à Saint-Engrâce, le sentiment d’un « ailleurs » prévaut.
Cela tient sans doute aux 11 km de route tortueuse nécessaire pour rejoindre le village de Haute-Soule depuis la route de Larrau.
Ou à cette position en cul de sac, au pied des reliefs pyrénéens, décor ultime valant certificat d’isolement. Ou bien à ces noms de quartiers ou de maisons à rallonge, Ekhi-Altia, Dolainty-Urrutia, Azkarateilla, Etchecopar-Hia, Arhantzeta, qui semblent claquer mieux qu’ailleurs comme des preuves irréfutables d’identité basque.
Cela tient aussi, probablement, à cette église du 11e s., exemple dissymétrique mais abouti d’architecture rurale. Et à ces disques hélicoïdaux du cimetière, à ce fronton et ce vieux trinquet posés à l’articulation du village, pôles de ralliement pour les habitants disséminés des « quartiers ».
Ou, enfin, à ces gémissements stridents de tronçonneuses entendus dans les versants, rappels lancinants et invisibles d’une vieille activité sylvicole (bois de chauffage, charpente, meubles, outils…).
Un monde préservé
Qu’on ne s’y méprenne pas, Saint-Engrâce vit avec son temps.
Parmi les 200 habitants permanents, on trouve des retraités mais encore une vingtaine de familles d’agriculteurs. Et une poignée d’élèves à l’école, preuve que l’élevage et le tourisme ont encore leur mot à dire pour maintenir les gens « au pays ».
Parmi les attractions, justement, se trouvent les gorges de Kakuetta. Il faut y venir tôt, avant que le flot d’estivants et les cars de tourisme ne rompent le charme.
Ce corridor profond et obscur conduit les marcheurs, par des passerelles suspendues, jusqu’à une cascade et une grotte, en sautant d’une rive à l’autre.
L’eau bleutée et translucide de la rivière tranche avec les verts soutenus des mousses et des fougères, dont les feuilles dansent sous la caresse de l’air frais glissant comme un feu follet.
Parmi les 200 habitants permanents, on trouve des retraités mais encore une vingtaine de familles d’agriculteurs. Et une poignée d’élèves à l’école, preuve que l’élevage et le tourisme ont encore leur mot à dire pour maintenir les gens « au pays ».
Parmi les attractions, justement, se trouvent les gorges de Kakuetta. Il faut y venir tôt, avant que le flot d’estivants et les cars de tourisme ne rompent le charme.
Ce corridor profond et obscur conduit les marcheurs, par des passerelles suspendues, jusqu’à une cascade et une grotte, en sautant d’une rive à l’autre.
L’eau bleutée et translucide de la rivière tranche avec les verts soutenus des mousses et des fougères, dont les feuilles dansent sous la caresse de l’air frais glissant comme un feu follet.
Basajaun, héros de la mythologie basque
L’eau provient des infiltrations du plateau de la Pierre Saint-Martin, un des plus importants réseaux karstiques d’Europe.
Des lichens proches d’espèces tropicales ont été répertoriés dans ces gorges qui abritent aussi le rare et discret desman (petit mammifère aquatique) et la grenouille rousse.
Mais l’habitant des lieux le plus célèbre est Basajaun. Mi-homme, mi-Dieu, velu et corpulent, c’est le héros de la mythologie basque.
En cas d’orage, il a l’habitude de crier pour avertir le berger du danger.
Aujourd’hui, ce sont des sirènes qui se déclenchent en cas de crue subite dans les gorges. Mais vous n’êtes pas obligés de nous croire…
Des lichens proches d’espèces tropicales ont été répertoriés dans ces gorges qui abritent aussi le rare et discret desman (petit mammifère aquatique) et la grenouille rousse.
Mais l’habitant des lieux le plus célèbre est Basajaun. Mi-homme, mi-Dieu, velu et corpulent, c’est le héros de la mythologie basque.
En cas d’orage, il a l’habitude de crier pour avertir le berger du danger.
Aujourd’hui, ce sont des sirènes qui se déclenchent en cas de crue subite dans les gorges. Mais vous n’êtes pas obligés de nous croire…